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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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LIGHT UNDER WATER

LIGHT UNDER WATER est le projet des deux guitaristes Dima T. Pilot et A.B., membres de la formation post-rock ambiante et expérimentale Bosch’s With You, auxquels il faut ajouter les claviers de Nick Zavriev. Projet éphémère en raison de la mort prématurée de l’un de ses membres, Dima T. Pilot, en 2009, LIGHT UNDER WATER nous laissera en guise de testament SKY NOISE TEMPERATURE, album onirique, d’une beauté à couper le souffle… Tout simplement.

SKY NOISE TEMPERATURE
Thonar Record, MP3


















1- Lantern in the Sky
2- Hear the Grass Grow
3- Spring And Autumn In Japan
4- Sky Noise Temperature
5- Awake

Empreint d’une terrible nostalgie, d’une mélancolie pleine d’embrun, de lueurs imprécises, l’œuvre par trop méconnu de LIGHT UNDER WATER est faite de boucles entêtantes de sons, distillées avec une lenteur calculée, d’effets de réverbérations quasi hypnotiques, où les arpèges des deux guitaristes du groupe forment de curieux repères au sein de ces espaces sonores. Pour témoin l’entêtant et fatidique « Lantern in the sky », dont les boucles fragiles de sons, les arpèges répétitifs plongent l’auditeur dans une terrible langueur. Et malgré ces répétitions, où dérivent de curieuses trouées lumineuses, que viennent percer sur la fin la fragilité des arpèges, malgré ces boucles de sons, jamais la lassitude ne s’installe.
Après un tel morceau, « Hear the Grass Grow » en semblerait presque plus fade, mais c’est sans compter sur la magie des sons propres à LIGHT UNDER WATER qui intervient dans le dernier tiers du titre en une sorte de crescendo magique.
Tout aussi douloureux et envoûtant que le premier titre, « Spring And Autumn In Japan » nous ensorcelle de nouveau de ces synthés fragiles, de ces notes éphémères à la beauté onirique et où les arpèges reviennent comme le leitmotiv imprécis d’un rêve, sorte de canevas brumeux dont on sent qu’il est fait de tristesse, de contemplation et de beauté.
Apparemment plus en retrait, « Sky Noise Temperature » n’en reste pas moins chargé d’un onirisme prenant, d’une langueur mélancolique jamais lassante malgré la longueur du titre, et cela bien entendu en raison de la beauté des synthés, des arpèges et des mélodies qui émaillent le titre et s’étirent, en lentes circonvolutions sonores, vers un devenir incertain.
L’album se termine en beauté avec « Awake », sorte de clair-obscur intangible de sons, où d’illusoires lueurs traversent les cieux pour éclairer des paysages intérieurs de rêveries, de doutes, de contemplation…
L’album marque une sorte de progression, des premiers titres plus structurés, surtout l’envoûtant « Lantern in the sky », il en devient plus imprécis à chaque instant, les harmonies se perdent dans la brume des synthés, les arpèges ne sont plus que de lointains remous, pour atteindre, avec les deux derniers morceaux, ce flou onirique de sonorités entremêlées, de couches superposées de sons en constante évolution, que l’on ne retrouve que dans le meilleur d’Aidan Baker, faisant de cet album une lente montée – ou descente – chromatique vers les univers intérieurs du rêves où se mêlent toutes les déceptions, les regrets et les rares instants de magie qui traversent nos grises existences.
Alors me direz-vous, où trouver cette merveille ?
Eh bien, hélas, comme beaucoup d'albums critiqués ici, il faudra sans doute se contenter des MP3 que l'on trouve ici et là... Un CD est bien sorti en 2013, chez R.A.IG. Records, mais à un prix prohibitif (63$ + port) et avec un tirage - très - limité... Vraiment dommage... Le titre a été changé et trois titres inédits figurent au sommaire :

2006-2009
R.A.I.G. Records, CDr, 2013

Light Under Water "2006-2009" cover art

1- Lantern in the Sky
2- Hear the Grass Grow
3- Spring And Autumn In Japan
4- Sky Noise Temperature
5- Awake
6- Opposite Light
7- The Other Side of Dawn
8- Wormwood


REFLECTIVE LANDSCAPES OF NOWHERE 
Accessory Takes, MP3 / CD-R














1- At dawn (the lilac sun)
2- Halfway down the well (marengo version)
3- The cinnamon caesar (live)
4- Instant velocity (live)

REFLECTIVE LANDSCAPES OF NOWHERE reprend ce mystérieux mélange de guitares, d'arpèges, de notes cristallines et de longues nappes de synthés qui dégage une impression de douce nostalgie, d'intemporalité, évoquant la beauté un peu frileuse d'un matin d'automne.On songe parfois, au hasard de certains passages de cet album, à Tor Lundvall, et même si on ne retrouve pas dans une bonne partie des ces quatre titres, la magie de SKY NOISE TEMPERATURE, l'ensemble des titres est vraiment agréable, pour témoin la fin de "At dawn (the lilac sun)".
Quelque part entre Thom Brennan, Troum et Klaus Schulze, "Halfway down the well (marengo version)" est sans doute le meilleur titre de l'album, celui qui réussit le mieux à recréer, dans son lent crescendo, une atmosphère onirique, notamment dans sa seconde partie. Cette fois-ci, la magie refait de nouveau surface, et on la sent brasiller à la surface de cet étrange, de cet énigmatique océan sonore qui nous fait face.
Jolies arpèges de guitares pour "The cinnamon caesar (live)" et on finit sur les synthés tristes et méditatifs du second titre live : "Instant velocity (live)".
REFLECTIVE LANDSCAPES OF NOWHERE est un bon album ambiant, proche des nombreuses œuvres du genre,  mais qui supporte cependant difficilement la comparaison avec le fabuleux SKY NOISE TEMPERATURE.

LEGAL DOWNLOAD from R.A.I.G. Accessory Takes 
LIGHT UNDER WATER / REFLECTIVE LANDSCAPES OF NOWHERE (2008)
F R E E - T O - D O W N L O A D (zip-file w/ artwork)

LACUS SOMNIORUM

TIDESHAPER
Cyclic Law 2008


1- Tideshaper
2- An Intangible World
3- Hinterland
4- Beyond All Things Is The Ocean
5- Point Of No Ascent
6- Phasis
7- Sentient Abyss
8- 11°22'N 142°36'E

Tout ce que l’on peut espérer de cette collaboration entre GUSTAF HILDEBRAND et AMANDA VOTTA, c’est qu’elle ne soit pas éphémère, comme nombre de projets du genre, car les ambiances que l’on trouve au sein de TIDESHAPER sont des plus réussies. Et justement, toute la puissance de LACUS SOMNIORUM réside dans cette fusion de deux univers, de la rencontre du dark ambient spatial et profond de GUSTAF HILDEBRAND, avec l’ambient étrange, faite de flûtes païennes, doucereuses, à la malignité latente, qu’AMANDA VOTTA développe dans son projet : The Floating World. Ce côté sournois et infernal de la flûte, mêlé aux remous industriels,  aux vents cosmiques, qui fait de LACUS SOMNIORUM un projet unique.
Tout commence dès « Tideshaper » et ses souffles profonds, interstellaires, ses remous de machineries rouillées, ses cliquetis lancinant, au-dessus desquels émerge soudain la flûte inquiétante d’AMANDA VOTTA, évoquant un univers parallèle, inconnu ; comme si soudain le voile des apparences se soulevait, révélant quelque réalité sous-jacente, tout un monde occulte et abscons que la musique met ainsi en évidence. Et pour ceux qui connaissent l’œuvre de The Floating World et trouve que l’omniprésence de cette flûte mystique, païenne et hantée, peut être lassante, il n’en est rien ici. Distillée avec mesure, parfaitement intégrée à la musique, elle ne fait que renforcer le propos développé dans l’ensemble des titres : à savoir l’exploration d’un monde caché à l’œil inexpérimenté des profanes, un peu à la manière du roman d’Arthur Machen, « Le Grand Dieu Pan », où le docteur Raymond réalise une opération chirurgicale sur le cerveau de son épouse, lui permettant de soulever le voile des apparences, pour y découvrir toute la malignité, toute la fange existentielle, et l’horreur qui se cache derrière les façades de nos vies incertaines.
On pourrait évoquer ainsi de nombreuses autres œuvres, allant de Lovecraft à Rosny-Ainé, mais le propos ici est plus contrasté ; certes cette réalité paraît bien inquiétante, pleine de zones d’ombres et porteuse d’angoisse, mais il y a aussi une sorte d’impression de calme, de sérénité, à la contemplation de ces mystères, notamment dans certains titres comme « Phasis » ou « Beyond All Things Is The Ocean ». Et aucun morceau ne se dépare de cette impression de révélation, de découverte d’un univers occulte (An Intangible World), que ce soit au travers des comptines et voix fantomatiques de « Point Of No Ascent », des chœurs évanescents de « Hinterland » ou du plus indus « Sentient Abyss ».
Pour ceux qui apprécient l’œuvre déjà riche de GUSTAF HILDEBRAND, LACUS SOMNIORUM en est tout simplement le prolongement, la branche occulte qui s’attache à l’étude des civilisations extra-terrestres disparues et des mondes paranormaux… vaste sujet qui mérite au moins une encyclopédie sonore !

















LOSCIL

CALME TRISTESSE
PART 1 : 2002/2010



















Si l’on semble ici s’éloigner des berges tourmentées du dark-ambient avec le projet de Scott Morgan, LOSCIL, c’est pour mieux explorer cette lisière qui se tient, fragile, entre les ténèbres de la forêt profonde et, de l’autre côté, l’ondoiement des collines baignées par la lueur irisée du couchant. Jamais désespérée, jamais enjouée, l’œuvre de LOSCIL évolue dans cette sorte d’entre-deux vaporeux, cherchant à saisir un instant, le reflet d’une lueur ténue, l’ondoiement imprécis de soleil à la surface miroitante d’un lac, d’une vitre, où se reflète le gris songeur d’un horizon voilé…

SUBMERS
Kranky 2002


















1- Argonaut I
2- Gymnote
3- Mute
4- Nautilus
5- Diable Marin
6- Resurgam
7- Le Plongeur
8- Triton
9- Kursk

SUBMERS est le second CD de LOSCIL à sortir, après TRIPLE POINT, chez Kranky.

Lent et onirique, méditatif et nostalgique, à l’écoute de SUBMERS, on songe à certaines œuvres du regretté duo Celer, à Lähtö, Keith Fullerton Whitman, Jannick Schou, et bien d’autres, sans pour autant s’en rapprocher réellement.
Synthés ondoyants, vibrants, « Argonaut 1 » ouvre cette étrange ballet de reflets éphémères qu’est SUBMERS.
Des quelques discrets éléments d’electronica de « Gymnote », on passe aux pulsations souterraines de « Mute » avant d’arriver au trouble et évanescent « Nautilus », fait de remous, de curieuses réfractions sonores, perturbées par des rythmes à la mécanique discrète. On songe une fois de plus au lointain reflet de la pochette, discret, insaisissable…
Arpèges noyés en des réverbérations tournoyantes pour le jolie « Diable Marin » structurés par des rythmes électroniques tout aussi discrets.
Viennent ensuite le mystérieux « Resurgam » et le d’abord lent et hypnotique « Le Plongeur », qui gagne rapidement en rythme, en échos, en ondoiements sonores.
« Triton » est sans doute le meilleur titre de l’album, mêlant avec cette douceur si particulière à LOSCIL, des éléments d’électroacoustique, sobrement teinté d’électronique, à des plages ambiantes pleine de remous mesurés.
Et s’il y avait jusque là une certaine nostalgie dans le propos, une tristesse imprécise qui s’attardait ici et là, on termine sur une note plus sombre, avec « Kursk », lente et triste montée chromatique.
Et même si d’autres artistes, au hasard de leur discographie fournie (Aidan Baker, Tim Hecker, Fennesz, Celer…) ont parfois fait mieux, cet album est pour ceux dont le lointain reflet du soleil, à la surface des eaux troubles d’un lac, d’une lagune, sert de point de départ à de curieuses et incessantes méditations.

FIRST NARROWS
Kranky 2004


















1- Sickbay
2- Lucy Dub
3- First Narrows
4- Ema
5- Mode
6- Brittle
7- Cloister

Doucereux, triste, discret, FIRST NARROWS est une succession de souvenirs étranges, sans réelle importance, figés en quelques brume intérieure, mais qui sont toujours là, quelque part en nous.
Alternant titres plus ambiants à ceux ou l’ambiante se pare d’éléments électronique minimaliste et épurés, FIRST NARROWS se révèle malgré tout plus électronique que son prédécesseur. Les vagues étirées de sons, de synthés, venant souvent en contrepoint de rythmes, toujours discrets, mais plus présents que par le passé.
Aucun titre ne se dégage vraiment de FIRST NARROWS, l’ensemble garde ce côté rêveur, à la fois contemplatif et nostalgique, et les morceaux s’étirent lentement, parfois assez fades, comme « Lucy Dub » ou « First Narrows », et à d’autres moments les ambiances fonctionnent : la douce rêverie de « Britlle » ou le doux-amer « Ema » qui plonge l’esprit dans une rêverie pleine de nostalgie, de souvenirs baignés de notes brumeuses de guitares, de synthés vaporeux et perdus en quelques réminiscences lointaines…
Plus en retrait de nouveau, « Sickbay » ou « Mode », et leur mélange d’arpèges électroniques et de sons planants, agréables, presque atonaux, volontairement discrets, qui cherchent à figer ces instants que l’on croit sans importance – un geste, un reflet de soleil au hasard d’une promenade, un regard, mais qui n’atteignent jamais - hélas – ce que l’on pourrait souhaiter d’un tel album, ou, à tout le moins, cette espèce de lointain scintillement sonore, à la fois méditatif et nostalgique, que le dernier titre, « Cloister », parvient à créer.
FIRST NARROWS est un album en demi-teinte, sans doute trop discret, qui ne parvient pas suffisamment à éveiller l’attention de l’auditeur, dommage, car il y a malgré tout de bons moments dans cet album.

PLUME
Kranky 2006



















1-Motoc
2-Rorschach
3-Zephyr
4-Steam
5-Chinook
6-Bellows
7-Halcyon
8-Charlie
9-Mistral

D’une douceur électronique et ambiante, à la fois porteur de rêveries, de langueur mélancolique, PLUME renoue avec la beauté hypnotique de SUBMERS. Bien entendu, les morceaux n’ont pas le côté « ondoyant » propre à ce dernier, mais la calme magie que Scott Morgan arrive à donner à certain de ces titres, fonctionne ici sur l’ensemble de l’album…
Du paisible et fragile « Motoc », au rythme discret, aux arpèges doux, émaillés ici et là de notes cristallines, au lent et rêveur « Zephyr » ou au plus lumineux et entêtant « Chinook », PLUME est une collection de morceaux discrets et calmes, comme Scott Morgan aime à en créer, et au-delà de ces bribes fragiles de souvenirs volés au passé, d’évocations douces et rêveuses, se dégage une tenace impression de survoler des paysages baignés par les lueurs iridescentes du couchant, un calme soir d’automne, comme si l’on suivait certains de ces vents, évoqués dans PLUME, au travers de leur périple millénaires.
Bien entendu, chacun verra, ressentira, imaginera ce qu’il souhaite dans les arpèges et l’électronique suave de « Charlie » ou de « Mistral », (comme de tous les titres de l’album), de paysages scintillants et vallonnés, au souvenir le plus secret, porteur d’affect positif, autant que d’une trouble tristesse. D’ailleurs, « Rorschach » pourrait servir de titre à bon nombre de morceaux ambiants…
Certes PLUME n’apporte aucune innovation à un courant ambiant qui peine parfois à se renouveler, il ne faut attendre de cet album aucune surprise, aucune prise de risque, comme dans les albums expérimentaux et audacieux de Fennesz ou de Tim Hecker, mais, une fois encore, PLUME est l’évocation d’une calme soirée d’automne, passé devant sa fenêtre ouverte, à rester là, pensif, laissant un flot irrésistible de pensées entrer par les battants ouverts, et çà, c’est déjà une sacrée réussite…

STASES
One 2006




















1- Cotom
2- Nautical2
3- Sous-marin
4- Biced
5- Still Upon The Ocean Floor
6- Subaquatic
7- Resurgence
8- B15-A
9- Micro Hydro
10- Windless
11- Faint Liquid
12- Stratus

Plus neutre, minimaliste et ambiant que d’habitude, STASES n’est sans doute pas le meilleur album pour découvrir l’œuvre de Scott Morgan ; dommage car cet album est proposé en téléchargement libre sur le site du net label One.
On commence par le très anodin « Cotom » qui ne se différencie en rien de nombre d’autres productions ; on pense notamment aux travaux les plus fades d’Oöphoi, à « Objectlessness » de Troum, ou de façon plus générale à toutes les œuvres les moins marquantes de la scène ambiantes…
On espère alors retrouver un peu de la magie de SUBMERS avec des titres à consonances marines comme « Nautical2 », « Sous-Marin », « Subaquatic » etc… mais il n’en est rien. Les morceaux ne se départissent jamais de cette ambiante minimaliste, de notes étirées sans fin, brumeuses, aux évolutions, involutions, lentes.
Peut-être est-ce le format mp3 qui fait perdre de la richesse à cet album, mais je n’en suis pas convaincu… Il s’agit sans doute d’une volonté délibérée de la part de Scott Morgan, de créer une œuvre épurée, minimale, qui ne s’égare pas en fioritures. Dans ce cas, c’est réussi, mais il manque à STASES ce petit quelque chose qui fait glisser une œuvre ambiante de l’ennui à l’envoûtement.

http://one.dot9.ca/2/releases.php?id=027

STRATHCONA VARIATIONS
Ghostly International 2009











1- Strathcona
2- Union Dusk
3- Midnight on Princess

Plus sombre, plus menaçant que ce à quoi LOSCIL nous avait habitué jusque là, le premier titre « Strathcona » revêt un côté nocturne et presque douloureux dans ces notes brumeuses, crépusculaires, qui s’étirent sur un paysages brouillé et opaque. Passées les deux trois premières minutes, le titre fonctionne plutôt bien, et les vagues répétitives de sons, les mélopées bourdonnantes, les harmonies nocturnes en deviennent presque entêtantes.
En revanche, «Union Dusk » renoue avec ce mélange ambiant/électronique discret que l’on retrouve, notamment, sur FIRST NARROWS, et même s’il n’atteint pas la puissance des titres les plus fortement évocateur de LOSCIL, ce second morceau trouve dans ces mélodies répétitives et ce mélanges d’arpèges électroniques, une certaine beauté.
On retourne à un titre purement ambiant avec « Midnight on Princess », méditatif, sombre, dépouillé, fait de notes étirées de synthés, mais malheureusement plus faible que « Strathcona », dont il semble n’être qu’une sorte de « brouillon » dépouillé.

ENDLESS FALLS
Kranky 2010

1-Endless Falls
2-Estuarine
3-Shallow Water Blackout
4-Dub For Cascadia
5-Fern And Robin
6-Lake Orchard
7-Showers Of Ink
8-The Making Of Grief Point

La pluie qui intervient au début et à la fin du CD donne tout de suite la tonalité d’ENDLESS FALLS : cet album est la bande son d’une longue journée de pluie. Intemporel, calme, d’une grisaille bercée de lointaines lueurs, cet album, loin des évocations pluvieuses et tourmentées d’Invercauld avec « Stormy Night » ou du sublime « Tiamhaidh », reste, à son habitude, d’une douce tristesse.
Certes il pleut, les rues, les collines se noient en une sorte de lavis brouillées de formes, la vie, elle-même, disparait en un flou taché de gouttelettes qui glissent inlassablement le long des vitres, entraînant nos problèmes, nos joies, nos envies, et nous laissant presque vide d’émotions.
Et si ce genre de temps incite à une certaine mélancolie, c’est plus une sorte de contemplation mi-nostalgique mi-rêveuse, presque détaché qui s’impose à nous, comme si, soudainement noyée, la réalité perdait de sa consistance, de son importance, comme si tout se détachait de nous avec la douceur d’un rêve, du sommeil qui nous engourdit…
Là aussi, pas d’audace dans le propos, comme toujours chez LOSCIL, mais comme souvent aussi une certaine forme d’alchimie rare, fragile, du propos, qui fonctionnera chez certains auditeurs tout en en laissant d’autre de marbre. Et pour ces derniers, ENDLESS FALLS ne sera qu'un énième album ambiant.
Prenons la peine de citer certains titres, les très nostalgique « Estuarine » et « Shallow Water Blackout », le trouble et fatidique « Lake Orchard » ou le plus lent et méditatif « Showers Of Ink ». Terminons, ou plutôt commençons, par le plus douloureux « Endless Falls ».
S’il y a un grand vide en vous : ni joie, ni douleur ; si vous ne désirez rien d’autre que de regarder la pluie tomber par la fenêtre, alors ENDLESS FALLS saura vous toucher.

VERSIONS
MP3/FLAC, 2010

                              
1-Emma
2-Estuarine
3-The Making Of Grief Point (Instrumental)

Voici donc trois « Versions » légèrement plus courtes de morceaux déjà présents sur d’autres albums.
FIRST NARROWS pour "Ema" ou "Emma" et ENDLESS FALLS pour les deux derniers titres.
Choix plutôt judicieux pour cet album proposé en téléchargement uniquement, car les morceaux sont tous les trois générateurs des ambiances si particulière à LOSCIL.
A noter que la version instrumentale de « The Making Of Grief Point » en devient, ainsi dépouillée de sa voix, de la pluie, beaucoup plus onirique. Un peu à la manière de certaines BO de Clint Mansell (Requiem for a Dream ; The Fountain).

http://loscil.bandcamp.com/album/versions                                                            

VISIONS

VISIONS OU LA METAPHYSIQUE DU VIDE CELESTE

VISIONS est le projet personnel de Frédéric Arbour (Instincts, Longing For Dawn) grand maître de cérémonie de l’excellent label Cyclic Law, où l’on retrouve des noms aussi prestigieux que Kammarheit, Northaunt, Arcana, Gustaf Hildebrand, Lacus Somniorum, Svartsinn, Karjalan Sissit…et j’en passe… C’est dire si l’œuvre de VISIONS se devait de tenir la route…
Car les différents albums de VISIONS sont autant de sondes lancées à la découverte des espaces infinis, du vide stellaire, de la noirceur sans borne d’un univers où le vide n’est jamais entrecoupé que de rares éclats de lumières, qui s’agitent et meurent dans l’indifférence générale, et où la vie n’est, après tout, elle aussi qu’un épiphénomène sans réelle importance… mais c’est encore une injustice que de dire cela, car l’œuvre de VISIONS est bien plus complexe, elle n’est pas de ces drones sans fin qui s’étirent à longueur d’album, non, elle exprime aussi toute la complexité d’un univers en perpétuelle changement, instable, gigantesque, où l’homme n’est qu’une poussière dans les rouages cosmiques…

LAPSE
Cyclic Law 2005
 


1- Abyssal Gaze
2-Auroral Glare
3-Visions
4-Passage
5-Lapsing
6-Devoid Of Shadows
7-Lightless

Le ton est donné dès le premier titre, « Abyssal Gaze » : drones profonds, monastiques, sorte de mantra cosmique et douloureux, mêlés de chœur désincarnés, de tintements mystérieux et d’une foule d’échos, de sonorités fatidiques qui expriment à la fois la noirceur abyssale de l’univers, toute sa beauté terrifiantes, et la solitude sans borne de l’homme perdu au milieu de ces splendeurs glacées.
Et là où chez NEW RISEN THRONE, par exemple, on ne retrouve que la noirceur d’une vie abhorrée, il y a des instants d’une calme – et spectrale - beauté chez VISIONS, pour exemple « Lightless » ou le troisième titre « Visions », à la fois calmes, hantés, spatiaux et dotés d’un lyrisme cosmique ; et même si l’on sent que les ténèbres, le doute, les déceptions ne sont jamais loin, on retrouve toujours ce subtile mélange de noirceur et de lumière propre aux grands noms du genre : RAISON D'ÊTRE, DESIDERII MARGINIS, CAUL...
Témoin de cette ambivalence, l’obscur et inquiétant « Passage », qui offre une vision exceptionnelle des espaces inexplorés et hostiles, de soleils rougeoyants en de multiples nuages gazeux, mais aussi de l’incommensurable finitude et petitesse de l’homme, de la vie.
Les plus mesurés « Auroral Glare» et « Lapsing », n’en demeurent pas moins inquiétants, surtout ce dernier, mêlant sonorités industrielles à un dark ambient spatial et fantomatique que l’on retrouve aussi dans « Devoid Of Shadows ».
Pas de doute, Frédéric Arbour mérite bien son titre de grand maître de Cyclic Law


CELESTIAL SPHERE
.Angle.Rec. 2006 10”

A- Celestial Sphere
B- Stellar Echo

CELESTIAL SPHERE propose deux longs morceaux fascinants et hantés ; la face A tout d’abord, « Celestial Sphere », qui reprend ce subtile mélange de chœurs, de drones pulsants, de lointains tintements que l’on trouvait dans « Lightless », tiré du précédent album, et qui donnent au titre une fascinante aura de mystère, de beauté, à la fois trouble et éthéré.
Puis la face B, avec « Stellar Echo » qui joue sur le même registre, mais une note plus inquiétante, une sorte de menace sous-jacente dans les spirales de sons qui s’agitent sur les ténèbres tachées de vagues lueurs de ces lointaines galaxies ou VISIONS nous entraine à chaque album…
Limité à 270 exemplaires, ce vinyle sorti chez .Angle.Rec. (à qui on doit - entre autre - un très bon split de Monstrare/Wilt ou des albums d’Aidan Baker) CELESTIAL SPHERE est un album à part entière et mérite vraiment que l’on s’y intéresse.

SUMMONING THE VOID









 
 
 
 
 
 
 
 



1- Dawning
2- Summoning The Void
3- In The Midst Of Infinity
4- Vortexed
5- Invocation

Nous voilà avec SUMMONING THE VOID, là où LAPSE nous avez abandonné : c’est-à-dire perdu en pleine espace, loin de tout repère, déchiré par l’aveuglante beauté des nébuleuses qui s’étirent à l’infini, par les spires démesurées des galaxies, et ce sentiment de solitude sans borne qui renvoi l’homme, une fois de plus, à sa véritable place dans l’univers : celle d’atome éphémère et insignifiant…
Et dès « Dawning » : souffles cosmiques, tintements, voix gutturales, issus de quelque sombre monastère interstellaire, on sent que le voyage sera encore beau… beau et terrifiant, à la manière de ceux de GUSTAF HILDEBRAND, dont l’espace est l’océan ultime.
Et dès ce premier titre, on sent cette influence lointainement, discrètement, secrètement, asiatique qui transparait ici et là en filigrane de l’œuvre de VISIONS : « Summoning The Void » ou « In The Midst Of Infinity » avec leurs sonorités flûtées, à peine reconnaissables et venues droit d’un monastère tibétain ; mais toujours aussi dans les drones qui ont ce phrasé guttural, ici modifié bien sûr, mais que l’on retrouve dans les chants bouddhiques, de même que les tintements rituels.
Tout cela n’est évidemment pas là pour revendiquer tel ou tel appartenance religieuse, mais pour donner à l’œuvre cette profondeur sacrale, presque mystique, que Frédéric Arbour cherche à conférer à ces ambiances spatiales, ou, plus généralement, à la vision de l’espace qu’il développe au travers de son œuvre.
Et l’on retrouve ces influences dans chaque titre, perdues dans les couches de sons planants, rauques, les souffles intersidéraux, les échos meurtris et les bruits qui apportent à cet œuvre la noirceur, la terrifiante solitude de l’espace, de l’univers, mêlés à la curieuse ambivalence de ces splendeurs démesurées et fascinante.
Chaque titre devient alors un fragile compromis entre ces trois facteurs : les ténèbres ou le néant philosophique de l’espace, la beauté incommensurable de ces phénomènes célestes, et l’infini terrifiant de l’univers, qui dépasse l’entendement humain, et en devient, de fait, presque mystique…
Néant spatial, beauté céleste et infini mystique se partagent alors chaque morceau, créant ces ambiances particulières à VISIONS, où chaque titre laisse percer avec plus de force l’obscurité, la magnificence glacée, où la terreur quasi primitive que l’homme peut ressentir face à ces immensités. On reconnait ainsi la majesté envoûtante de « Invocation », le calme trouble de « Dawning », où la magie douloureuse de « Vortexed ».
Et s’il doit être un seul Dieu, ce sera l’univers : beau, immense, impitoyable, ténébreux, néantique et terrifiant ! Où l’homme n’est rien, et ne doit s’attendre à rien, sinon de contempler, en d’éphémères moments, la marche glorieuse des sphères célestes dont il sera à jamais exempt.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

...TROIS VOYAGES...



Car les plus beaux voyages sont ceux de l’esprit, des rêves, de l’imagination…
Voici trois voyages magiques, hors du temps, en des lieux mythiques ou fantasmés…
Trois voyages…

CELER
CAPRI
Humming Conch 2009



1. Mouthfeels of Capreae 2. Polaroid Family Portrait 3. Unequal Temperament 4. Ascensionaires 5. A Pause 6. An Erne Of A Sigh 7. With Ice, Anent The Steam 8. We Missed You Favonian 9. Listen To The Inverted Sounds, Falling 10. Op.0 11. Is Lands 12. Bracelets Passed to Spanish Hands 13. Paired Plateaus 14. When Ice Makes You Weep 15. Transposing Piano 16. In Characteristic Form 17. Transcribe This Past 18. Still Running 19. In A Past Of Haze, These Beaches 20. I’ve Got My Love to Keep Me Warm 21. Sonata for Dual, Unaccompanied Piano 22. Craven Gardens 23. Lint White 24. Others World 25. Symtolomny 26. Anacapri 27. Lists of Sycophants and Wishing 28. Rich Telescopes 29. A Sorted Ending

Commençons notre voyage avec le regretté duo CELER qui, l’espace de quelques jours, posa ses valises à Capri, île fascinante, hors du temps, avec son interminables imbroglios de ruelles en pente, ses vieilles villas lorgnant le golfe de Naples depuis d’innombrables années, et les mystérieux jeux de lumière de la Grotte Bleu…
« CAPRI » est une œuvre intemporelle, d’une lenteur hypnotique, faites de notes suspendues, d’échos langoureux, qui évoluent lentement, se métamorphosent au gré des jeux de lumières qui glissent sur la baie, se perdent dans les arrière-cours ombreuses, dans les jardins en terrasses. Tout un espace sonore magnétique, fragile, empli de nostalgie « Polaroid Family Portrait », « Transcribe This Past » ou le court « In A Past Of Haze, These Beaches»…
« CAPRI » c’est cet instant ou l’on s’arrête, seul, au-dessus d’un promontoire, alors que le soleil joue avec les nuages, les vagues, glissent sur les toitures et que le vent caresse notre visage ; on se dit que des milliers d’autres fantômes ont vu cela, qu’ils sont à nos côtés, issu d’un lointain passé, et que nous même, tôt ou tard, nous les rejoindrons ; et il y a ce calme, cette douce mélancolie, et plein d’images, de souvenirs beaux et tristes défilent au plus profond de nous… Voilà, « CAPRI » n’est rien de plus que cette magie de l’instant, indéfinissable, complexe, contradictoire…


FENNESZ
VENICE
Touch 2004



1- Rivers of Sand
2- Château rouge
3- City of light
4- Onsra
5- Circassian
6- Onsay
7- The other face
8- Transit
9- The point of it all
10- Laguna
11- Asusu
12- The stone of impermanence

Ville onirique par excellence, hantée de rêves, de chimères, Venise est un espace parallèle de désirs étranges et brumeux ; et c’est avec le plus grand plaisir que Christian FENNESZ s’est abandonné à la magie des lieux. Bien entendu, pour évoquer les voyages « Black Sea », autre album de FENNESZ, aurait lui aussi pu être choisi, sans parler du fantasmatique – fantastique – « Hotel Paral.lel », mais « VENICE » est moins expérimental, plus ambiant, à l’exemple de « City of light », et convient mieux à la singularité calme et majestueuse des lieux.
Ici tout se joue sur la richesse des textures, les remous aquatiques qui agitent la plupart des morceaux, comme « Château Rouge » ou « The Other Face ». Et pour témoin le lyrique, grésillant et mystérieux à la fois, « Rivers of Sand » qui ouvre cette exploration, que l’on imagine solitaire, de la ville lacustre.
Seul titre à perturber la surface des eaux troubles de la lagune, « Transit », qui conviendrait mieux à un album de folk, mais heureusement, le fascinant « The Point of it All », titre suivant, replonge l’esprit dans la mélancolie ondoyante des reflets qui s’agitent à la surface des canaux…
Et loin d’être statique, « VENICE » est toujours en mouvements, comme les eaux qui battent inlassablement, hypnotiquement, ses murs, ses pontons, la musique évolue, les vagues de sons s’agitent en un mouvement perpétuel : « Circassian » ou le final « The Stone of Impermanence ». Venir à Venise, c’est déjà mettre un pied dans un univers à la fois fantastique, mélancolique et intemporel, FENNESZ en a fait la bande-son…

TIM HECKER
AN IMAGINARY COUNTRY
KRANK 2009



Cette fois-ci nous avons définitivement fait le pas… Nous sommes de l’autre côté, là où les rêves deviennent des voyages intérieurs « The Inner Shore », des errances au sein d’un univers brumeux et phantasmatique, fait de Venise enivrante, de contrées du bout du monde, de sentiers jamais explorés, où l’esprit sinue et se perd à la faveur des distorsions hypnagogiques du crépuscule délicieux qui berce nos sens.
Nous avons atteint les limites du monde : « Borderlands », où tout se perd en un éther intangible de formes, de constructions mouvantes, de ruelles changeantes, qui ne sont ni de ce monde, ni de l’autre, mais qui sont l’essence même de ce que nous cherchons, au plus profond de nous, au travers de ces errances oniriques.
« AN IMAGINARY COUNTRY » est un album envoûtant, une invitation aux voyages immobiles, qu’ils soient purement imaginaires, nostalgiques « 100 Years Ago », ou simple évocation introspective d’un univers baigné d’ombres et de lueurs incertaines : « Her Black Horizon » ou le plus douloureux « Where Shadows Make Shadows »
Et jamais les boucles de sons, les réverbérations subtiles, les notes fragiles et éphémères, les mélopées entêtantes ne lassent l’esprit, jamais, car elles sont l’essence même de nos rêves, de ces espaces enchevêtrés et singulier que notre esprit atteint, au plus profond de la nuit, et où il retrouve ce à quoi il aspire au plus profond de lui : le souvenir de l’éclat lancinant du soleil à la surface d’une vitre, par une soirée brumeuse d’été, il y a longtemps, dans notre enfance, ou peut-être, oui, peut-être demain…

GUSTAF HILDEBRAND



STARSCAPE
Cyclic Law 2004


1- Eta Carinae
2- Dead Transmissions
3- Journey To Orion
4- Worlds Of A Distant Sun
5- The Cygnus Loop
6- Descending Into The Silent Depths

Mystérieux, grinçant, envoûtant, ce premier titre de « STARSCAPE », « Eta Carinae », donne le ton. Ici les drones gémissent comme de vieux vaisseaux, les vagues de sons se superposent, rejetant sur les berges de mondes lointains toute une écume attristée de sonorités, de bruits, où se mêlent des notes imprécises de synthés, des tintements lointains de cloches. Et les paysages célestes s’étirent, s’espacent, deviennent lointains, insaisissables, et se perdent dans une poussière d’étoiles, comme avec « Dead Transmissions ». Et, plus glacial que le premier titre, ce second morceau est à rapprocher – correspondance de thème oblige – du dark ambient industrialisant d’ « Interstellar » de NORDVARGR. De discrètes voix d’astronautes se perdent dans les boucles de sons, et, même s’il reste sans doute le titre le plus faible de l’album, « Dead Transmissions » réussi malgré tout à évoquer les espaces désolés qui s’étendent entre les étoiles solitaires.
Plus complexe en revanche, « Journey To Orion » avec son fond sonore hanté fait de drones profonds, de sifflements, de sons évasifs qui ponctuent le titre, et les voix, les voix surtout, religieuses, curieusement modulées, comme on en trouve dans les albums les plus récents de Raison d’Être, et qui confèrent au morceau une profondeur douloureuse.
Vient ensuite le très introspectif et méditatif « Worlds Of A Distant Sun » dont toute l’ambiance réside en une superposition de sons ; un mélange fascinant, toujours en mouvement, qui porte en lui une foule de souvenirs, de sentiments, de visions grandioses et désolées de mondes inatteignables, d’étoiles à l’agonie, de soleil aux couleurs improbables.
« The Cygnus Loop », du nom d’un signal capté dans la constellation du cygne (notamment utilisé par Peter Andersson avec son projet parallèle Atomine Elektrine), et plus inquiétant, plus sombre, porteur de doutes, d’interrogations, à l’image de tout signal venu du tréfonds de l’univers.
Très sombre aussi, et angoissant, « Descending Into The Silent Depths » est une lente descente sans espoir, pleine de souffles, de déflagrations, d’une houle de sons imbriqués, indéfinissables, qui confère à ce morceau toute sa noirceur.
Un premier coup de maître pour GUSTAF HILDEBRAND

Primordial Resonance
Cyclic Law 2005


1- Omega Continuum
2- Post Oblivion Fields
3- The Hollow Structures
4- Omnivoid
5- Ruins Of A Failed Utopia
6- Wanderer Of Strange Spheres

Beau, énigmatique, véritable clair-obscur sonore, évocation sompteueuse de planètes lointaines, de soleils agonisants, de nébuleuses aux couleurs improbables, « PRIMORDIAL RESONANCE » est une œuvre forte dont chaque morceau est à lui seul un voyage aux travers d’espaces insoupçonnés, des contrées que jamais l’œil de l’homme ne contemplera.
Et le périple stellaire commence dés le premier titre, « Omega Continuum », fait d’un brouillard superposé de sons, de drones sinueux, de mélodies denses et profondes, qui s’étirent, se modulent en d’étranges corps célestes. Et la magie se poursuit avec « Post Oblivion Fields », qui trace devant nous les contours indéterminés de lointaines constellations, faisant danser devant nos yeux des lueurs vagues, pleine de remous d’obscurité, de taches fantasmagoriques de couleurs ; et les tintements, les clapotis, les plages étirés de synthés, donne au titre une étrange profondeur mystique. Un peu à la manière des voyages fantastiques décrit par l’écrivain anglais, Olaf Stapledon, avec son chef-d’œuvre : Créateur d’Etoiles.
Et on songe aussi, d’un point de vue musical, aux explorations célestes de Frédéric Arbour avec son projet : Visions.
Tout aussi mystérieux et hanté par les fantômes d’étoiles mortes, de corps stellaires impossibles à identifier, « The Hollow Structures » est un ballet tournoyants de sons, de drones instables, mêlés de voix lointaines d’enfants, de gémissements sonores, de grincements comme on en rencontre chez Raison d’Être ou Lithivm (autre projet mémorable de GUSTAF HILDEBRAND dont l’unique album est sorti chez Cold Meat en 2003).
« Omnivoid » est plus introspectif, plus sombre, empli de souffles, d’échos métalliques, et des chœurs hantés, venus des régions les plus éloignées de l’univers, le parent d’une étrange aura crépusculaire.
Les voix religieuses, les grincements métalliques de « Ruins Of A Failed Utopia » replongent l’auditeur dans cet étonnant - et très réussi - compromis entre Raison d’Être, Lithivm et Visions.
L’album se termine avec le plus dépouillé « Wanderer Of Strange Spheres », plus dépouillé car il ne subsiste ici que les drones cosmiques, le plasma obscur et pernicieux de sons, qui organisait les précédents titres.
Doit-on espérer un autre album de GUSTAF HILDEBRAND, où doit-on se rabattre sur le tout aussi excellent Lacus Somniurum, qui semble être le nouveau projet du scandinave, toujours hébergé par Cyclic Law, et dans lequel il officie aux côtés d’Amanda Votta et de son étrange flûte ?
La réponse est oui, voici HELIOPAUSE...

 

Heliopause
Cyclic Law, 2012





















1 Cataclysmic Variable
2 Array
3 Nomadic Singularity
4 Heterodyne 5
5 Manifold
6 Decaying Orbit 5
7 Nucleus
8 Accretion
9 Vacuum Geometry

Bouillonnant, cosmique, fait de drones pulsant dans l’infini d’un espace ou la vie n’est qu’un hasard, un épiphénomène sans importance, éphémère et ingrat, que l’on ne perçoit que comme une étincelle ridicule, HELIOPAUSE semble plus diversifié que les précédent albums et marque un léger tournant dans la discographie de GUSTAF HILDEBRAND.
Au-delà de cette approche personnelle d’un dark ambient noir et cosmique, proche en cela de VISIONS, le projet de Frédéric Arbour, de Cyclic Law, on sent percer une certaine similarité au niveau des ambiances entre HELIOPAUSE et les dernières productions d’HERBST9, et peut-être plus encore d’INADE, vague similarité, lointaine influence, mais pas copie bien sûr. On sent surtout cette légère influence sur le très beau premier titre, Cataclysmic Variable, mais aussi sur Array, avec ses bourdonnements répétitifs, ses souffles stellaires, ses samples de voix déshumanisés. Bien entendu cette influence était sans doute déjà présente, notamment sur PRIMORDIAL RESONANCE, mais de façon encore plus diffuse, plus lointaine.
Et si HELIOPAUSE rappelle lointainement INADE, c’est en une version moins mécanique, aux sonorités plus dispersées, plus floues, qui se déchirent, se froissent et se dispersent dans un éther de sensations confuses, comme sur Manifold, presque violent, déchirant, ou sur les gémissements du métal torturé d’Heterodyne.
Ensuite, les morceaux deviennent parfois presque cataclysmiques, et semblent se déconstruire, éclater de plus en plus à mesure que l’album touche à sa fin. Bien entendu, ma préférence ira plutôt vers les premiers titres, noirs et cosmiques, ou les derniers, plus fantomatiques, mais ils génèrent malgré tout une persistante impression de chaos, de naissance et de mort d’un monde, d’un univers qui s’effondre, s’affaisse et se répand en longues spirales écarlates sur la noirceur sans borne de l’univers. Les voix désolées de Nucleus n’apportent qu’un calme relatif, un apaisement illusoire, au sein de cet univers tourmenté.
L’album se termine sur deux titres plus fantomatiques donc, Vacuum Geometry et surtout le spectral et angoissant Accretion, en cela plus proche des deux premiers albums.
L’ensemble des morceaux, si l’on y retrouve toujours ces lueurs froides, distantes, l’éclat torturé d’une mécanique stellaire déshumanisée, glaciale et indifférente, semblent plus diversifiés que par le passé et marque un certain renouveau dans le processus créatif de GUSTAF HILDEBRAND, toute proportion gardée bien sûr puisque j’ai trouvé la collaboration avec Amanda Votta de THE FLOATING WORLD pour leur projet commun, LACUS SOMNIORUM, plus efficace.

http://www.myspace.com/gustafhildebrand