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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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FALSE MIRROR



CHRONOSTATIC SCENES
dataObscura, 2007, CDr




















01-Plato's Last Dream
02-A Divine Passage
03-Beyond The White Plainscapes
04-The Tower Of Deception
05- Drift Towards Zero
06-The Subterranean Border
07-Instant Drowning
08-Caught In A Spray Of Time

Tout commence dans un état de semi rêve, un demi-sommeil méditatif, où l’élément liquide – déjà – est omniprésent. Lent, mystérieux, douloureux catalyseur qui par ces remuements, ces égouttures, ces clapotis, éveille la conscience à autre chose, à une autre réalité qui peut, tour à tour dans l’œuvre de Tobias Hornberger, revêtir un caractère onirique ou ténébreux.
Tout commence donc avec une sorte de douceur onirique, forcément, dira-t-on, puisque CHRONOSTATIC SCENES est l’évocation d’une suite de rêves, de rêveries, qu’il faut écouter dans un état évoluant entre le rêve et l’éveil. Douceur en effet, avec les trois premiers titres, ambiants, lents et méditatifs, où l’on sent l’esprit glisser dans le sommeil, quitter les berges grisâtres du quotidien pour celles plus étranges, plus improbables, du rêve. Les sons s’étirent, se fondent dans une aura imprécise, tel A Divine Passage, longue plage de synthés déréalisant, planants, qui s’étirent en une apparente tranquillité, une fallacieuse impression de calme ; car si les sonorités ont quelque chose d’oniriques, on sent malgré tout percer une certaine inquiétude au travers des notes, comme en ces songes où, toujours, on se doute bien qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’ils s’assombrissent, se parent de couleurs inquiétantes, et – finalement – virent au cauchemar.
Et en effet, si Tobias Hornberger commence ce premier album dans une relative douceur, là n’est pas l’essentiel de son propos, comme le confirmeront les œuvres ultérieures, non, FALSE MIRROR évolue dans un univers gris, hanté, un monde crépusculaire où tout s’étiole, se désagrége, révélant par la même son vrai visage d’obscurité.
Si la littérature fantastique est – en principe – une manière de dépasser les apparences, de traverser les décors pour appréhender la réalité dans toute sa noirceur sous-jacente, le dark-ambient est une transposition abyssale du quotidien, d’une existence dont tous les faux-semblants sont abandonnés derrière soi pour laisser l’individu, le moi, à nu, au sein d’un univers ténébreux, marqué par le sceau du néant.
Et on se rend compte de ce glissement dès The Tower of Deception, dont l’ambiance se noircit, l’eau s’écoule, s’égoutte, formant de temps à autres de curieux remous au sein de cet univers que l’on sent lentement glisser, s’effacer, véritable déesse des abysses subissant l’appel des profondeurs.
On sent que l’eau s’infiltre de partout, eau-delà, eut dit l’écrivain fantastique Marcel Schneider, et il n’y aura pas d’échappatoire…
Mais il est encore une certaine lumière, douce, un lointain reflet d’aquarium au fond d’une pièce obscure, envahie par l’eau, et c’est le cas du beau, du lent et mystérieux Drift Toward Zero, qui a quelque chose du magnifique Drifting in Motion, de NECROPHORUS. Cet éclat improbable, sournois, où l’eau se moire et se perd en reflets indéfinissables.
Inquiétant, cette fois, The Subterrenean Border, notes graves, lentes, échos noyés de voix. Et, forcément, la noirceur se poursuit avec Instant Drowning, plus discret, révélant cet instant où, du dessous, on voit le corps descendre, glisser vers les profondeurs, lentement, ballotté par les flots, apaisé, calme. Noyé.
Le temps d’un dernier titre, Caught in a Spray of Time, plein de bruits de marée, de courants souterrains et la messe est dite. Paix aux âmes des noyés, de ceux qui ont disparus dans les profondeurs instables, glauques, fatidiques, de leurs propres rêves.


NORTH
Thonar Records, 2007, CD





















01-Drift Ice
02-12 Bft
   03-Novaya Zemlya
   04-Tracepath
   05-Blurred Visions / Kyrill

Avec Drift Ice, NORTH commence en fait là où s’arrête CHRONOSTATIC SCENES, dans un univers pénombreux, mystérieux, plein d’égouttures, de bruits d’eau, auxquels il faut ajouter ici les grincements, les craquements de la glace qui fond, bouge, se déplace comme une gigantesque créature. On reste ici assez proche de l’esprit de CHRONOSTATIC SCENES, mais en une version boréale, gémissante, et plus tumultueuse.
Ce premier titre fait penser au crépusculaire In Poor Visibility, de Tom WHITE ; il restitue toute la solitude, la désolation d’un paysage glacé, balayé par les vents,
NORTH est assez différent de ces deux autres grandes œuvres qui s’attachent à transcrire les mouvements de la glace, de la désolation du nord, avec, d’une part, Endurance d’IREZUMI, album qui se focalise plus sur l’aventure humaine, sorte de saga mystique, transcendantale, et d’autre part, Drifting in Motion de NECROPHORUS, plus axé lui sur les crispations de la glace, ces spasmes imprévisibles que traversent la lumière en des jeux irréels. NORTH lui s’intéresse d’avantage à décrire des paysages désolés, ce sentiment de solitude, d’abandon.
Ici tout s’obscurcit, tout gèle, la glace enserre les âmes, emprisonne l’esprit, et rien ne semble jamais devoir en briser le charme douloureux : 12 BFT. La glace qui fond, l’eau qui s’écoule, la lente déréliction d’un univers noir et sans horizon, où le Nord est la latitude de l’âme, et la noirceur sa longitude.
NORTH est riche en field recordings, pour témoin Novaya Zemlya, dont les remous, les bruits d’égouttures, créent à eux seuls toute une ambiance,  moins dépouillé cependant que les œuvres d’HAZARD ou de Tomas KÖNER, car le titre n’est pas soutenu par de longs drones angoissés, par des notes crispées en une éternelle interrogation, mais juste par quelques notes éparses, inquiétantes, qui ne font que le renforcer.
Plus méditatif peut-être, Tracepath, proche aussi peut-être des premiers titres de CHRONOSTATIC SCENES, mais en une version plus mélancolique, pleine de doutes et d’interrogations, et où les bruits, le field recordings, reprennent lentement leurs droits vers la fin. L’eau investit l’espace. Et on se prend ici à songer au roman de l’écrivain français, Marcel Brion, Algues, qui retrace l’engloutissement progressif d’une étrange et somptueuse Venise du Nord.
L’album se termine en beauté avec le très réussi Blurred Visions, morceau qui atteint peu à peu la beauté envoutante de certain morceaux de PETER ANDERSSON. Lente spirale de sons, de voix, qui élève l’âme, la pousse vers d’hypothétiques et inatteignables cimes.
Les dernières minutes du morceau sont consacré à un enregistrement – en fait le morceau caché Kyrill – live de la tempête Kyrill réalisé par Tobias Hornberger lui-même ! Comme si vous y étiez…
   


















LIVE AT KULTURNACHT ULM
dataObscura, MP3 File, 160kbs, 2007


(picture taken from : http://www.falsemirror.de/about )

01-Live At Kulturnacht Ulm, Synästhesiewerkstatt

D’abord doux, onirique et ambiant, LIVE AT KULTURNACHT ULM débute dans un mélange de calme, de longues plages de synthés atonales, mélancoliques, et belles. Jamais lassant, dans cet exercice pourtant difficile, Tobias Hornberger parvient à maintenir une certaine tension, une impression de crépuscule hivernal qui perdure le premier quart d’heure. On songe parfois ici au PETER ANDERSSON de Music for Film and Exhibition, premier opus, notamment les titres crées pour le film avorté, Tulpa.
Puis la nuit tombe, les eaux grondent quelque part, et les ambiances deviennent de plus en plus sombres, industrielles, et on sait – avec la certitude des condamnés – qu’il sera de plus en plus difficile de sortir la tête de l’eau. Tout devient grondements, souffles, notes esseulées, tristesse et abandon dans cet océan sans espoirs. Et même lorsque les sons se délitent, se font plus ténues, cette terrible impression de noirceur demeure.
Et si lumière il y a, mais une lueur indécise, fluctuante, entre deux eaux, elle renaît dans les derniers instants du live.
Passé les premières minutes, LIVE AT KULTURNACHT s’avère beaucoup plus sombre que le LIVE AT PHOBOS, réalisé deux années plus tard, et dont il n’est finalement pas qu’une pâle copie, révélant ainsi que chaque concert de FALSE MIRROR  est unique, différent, et complémentaire. 



LIVE AT PHOBOS 2009
Not on Label, Flac File, 2009


(picture taken from : http://www.falsemirror.de/about )

01-Live At Phobos 2009

Jolie live de 44 minutes enregistré à Wuppertal, en 2009, aux côtés d’INADE ou d’HERBST9, LIVE AT PHOBOS 2009 est un titre d’une grande richesse, qui alterne les ambiances, surprend, et ne déçoit jamais.
Après un début onirique, mystérieux, au doux bruissement marin, naissent des échos métalliques, presque rythmés, puis on sent que l’on plonge, que s’amorce une lente descente sous les flots, pleine de remous, de courants secrets. Étonnement, quelques arpèges de guitares viennent ensuite rider la surface de cet océan, puis des rythmes marqués, et l’on découvre une face inconnu de FALSE MIRROR, quelque chose de plus ambiant, plus proche peut-être de ROBERT RICH, VIDNA OBMANA ou du meilleur de RAPOON.
Mais ce n’est qu’une parenthèse, et l’on replonge rapidement sous les flots, la musique reste ambiante, pleine de magie et de mystère… mais elle s’opacifie aussi, se noircit et se brouille en un lavis inquiétant et fantomatique.
Alternant les passage sombres, hantés, avec des séquences plus ambiantes, plus mélodieuses, LIVE AT PHOBOS est une réussite, il permet de découvrir FALSE MIRROR sous un autre jour.
On reconnaîtra bien sûr, ici et là, les ambiances marines, tempétueuses, oniriques ou inquiétantes, qui ont fait la marque de fabrique de Tobias Hornberger

Ce live est disponible sur le site de FALSE MIRROR : http://www.falsemirror.de/shop


PHELIOS & FALSE MIRROR
ENTROPY REVERSED
Audiophob, MP3 File,2009





















01-Entropy Reversed
02-Entropy Reversed (Mandelbrot Remix)

ENTROPY REVERSED est un morceau de 16 minutes, hanté, trouble, qui rappelle certaines œuvres des débuts de CAUL (Reliquary, par exemple). Le morceau devient plus ambiant, plus lumineux dans sa seconde moitié. Un titre qui semble plus proche de FALSE MIRROR que de PHELIOS, auquel on doit le très réussi Astral Unity, chez Malignant Records. Ou s’il se rapproche de PHELIOS, c’est alors du premier album, plus ambiant, Images and Spheres, mais en une version plus complexe. 
Le second titre est un jolie remix de MANDELBROT qui n'enlève rien à la noirceur, à l'étrangeté de l'album.

Télécharger l'album chez Audiophob 

PHELIOS : http://www.phelios.de/


DERELICT WORLD
Malignant Records, 2010, CD


















01-The Vent
02-Constant Descent
03-Wasteland
04-Landfall
05-Aftermath
06-Uncertain Shelter
07-A Sunken Dream
08-The Sea Of Oblivion / Untitled

Pur album de dark ambient tour à tour souffreteux, noir, hanté, mais non exempt d’une certaine lumière, d’une richesse d’éclairage qui ajoute à la complexité de l’œuvre, du propos, DERELICT WORLD atteint ce degré de perfection que l’on sentait si proche dans NORTH, notamment dans le dernier titre, Blurred Visions.
On retrouve dans DERELICT WORLD ce même contraste d’ambiances, cette même ambivalence d’atmosphères, ce clair-obscur à la fois délicieux et angoissant qui baigne parfois l’œuvre de projets comme DESIDERII MARGINIS, LETUM ou RAISON D’ÊTRE. Pour témoin, Constant Descent, tout en notes de synthés mêlées de voix désincarnées. Si la descente est terrifiante, il en résulte une certaine beauté dans la chute, un esthétisme douloureux qui s’affirme dans le plus hanté Wasteland.
Les voix sont chœurs désenchantés, les notes tourbillonnent et s’étirent en une lenteur chavirante, tout semble disparaitre, descendre avec nous dans cet abîme sans fond, ce gouffre où la réalité poudroie et le monde se désagrège irrémédiablement.
On retrouve les ambiances lacustres, les égouttements, les clapotis, avec Landfall, tout cet univers de noirceur moite et montante comme une marée de ténèbres. Mais DERELICT WORLD se distingue par ces ambiances troubles, ces moiteurs lugubres, ces évocations de ruines englouties, de souterrains baignés par une lueur incertaine, hésitante, qui donne aux lieux un curieux relief, à la fois inquiétant et fantastique, magique et onirique, tel Aftermath ou Uncertain Shelter, révélant tout un univers d’étrangeté, de désagrégation, d’obscurité mêlée de remous lumineux. On pourrait d’ailleurs aussi citer Sunken Dream, long travelling au milieu d’un paysage engloutis, ambiance fouillée et franchement réussie, et on peut dire que Tobias Hornberger a véritablement trouvé son propre style dans ces évocations sous-marines et tristes, ces remous ambiants autour desquels se cristallisent toute la noirceur du monde, sa lente désagrégation, son pourrissement somptueux et inéluctable.
Et ce n’est pas le magique et gémissant The Sea of Oblivion qui viendra contredire le propos.
Magique oui, car il y a de la magie, une beauté entêtante qui se dégage de ces titres, une beauté renforcée par ce sentiment de fin du monde, d’un univers qui sombre à jamais, auxquels s’ajoute le sentiment de tristesse, de perte, d’errance de l’esprit dans ces profondeurs mystérieuses. En fait, DERELICT WORLD est tout simplement un chef-d’œuvre d’ambiances troubles où le délitement du monde, sa lente chute vers l’abîme, se concrétise dans les profondeurs d’océans sournois et plein de remous, d’où naissent toutes les horreurs mais aussi, une certaine magie, une certaine beauté dans la douleur.




















SCYLLA & CHARYBDIS
Soundcloud, MP3, 2011














 







01-Scylla
02-Charybdis

 

Scylla est un morceau de field recordings hanté, tempétueux, où les sons industriels se mêlent aux enregistrements de bruits d’eau, aux grincements divers. Un titre en apnée, qui exhale toute la noirceur d’un univers mauvais, et où de discrètes notes de synthés, lointaines, irréels, apportent un semblant de lumière.
Moins de field recordings pour Charybdis, mais le morceau est franchement spectral, l’ambiance est prenante, notamment les trois dernières minutes et on ne se lasse pas de le réécouter.
Il est vrai que Scylla & Charybdis est un thème qui colle parfaitement aux ambiances habituellement traités par FALSE MIRROR. Et puisque l’on parle de thème, il serait fascinant de voir ce que Tobias Hornberger pourrait faire d’une adaptation des œuvres de l’écrivain anglais, William Hope Hodgson, dont les œuvres exhalent tout la noirceur, toute l’étrangeté et les horreurs de l’océan.

Télécharger l'EP via Soundcloud

http://www.falsemirror.de/ 
http://soundcloud.com/false_mirror

Merci  Ol_ pour les conseils...  ;)

UNDER A DEPRESSIVE SUN

Haunted & Depressive Soundscapes


In My Haunted Garden
Onirys Records, CDr, 2011

















I-    Silent Home
II-   Solitude
III-  Engulfed by the Ocean of Memory
IV-  Realm of the Deceits
V-   Witching Hour
VI-  Invocation of the Daemons
VII- In Sadness
VIII-Nacht I
IX-  The Dark River
X-   In my Haunted Garden

Premier CD à sortir chez Onirys Records, UNDER A DEPRESSIVE SUN nous propose ici dix titres hantés et dépressifs, mêlant les ambiances fantomatiques à celle plus noires, plus sinistres et désespérés que laissait présumer le nom du projet. Les morceaux ont en commun ce travaille sur l'ambiance, étrange compromis entre une certaine nostalgie, une sourde mélancolie, des passages plus oniriques, et souvent une note fantastique qui donne aux titres cette impression que quelque chose de fantomatique approche. Et nombre de  titres ont ce côté hanté, justement, comme l'ensorcelé Witching Hour, noire et onirique évocation d'un sabbat baigné par un clair de lune où s'agitent des ombres inquiétantes. Parfois, au sein de cet univers spectral et rêveur, la mélancolie prend le dessus, comme The Dark River, long cheminement au sein d’un univers baigné par le clair-obscur trouble d’un soleil que l’on sent à l’agonie. 
Notons aussi le plus lacustre Engulfed by the Ocean of Memory, où l'on imagine sans problème un long travelling mélancolique, triste, au-dessus d’une cité engloutie, ville d'Ys  imaginaire et autre Venise spectrale, pour l'exploration d'un royaume désolé. Monde de l'abîme où ne peuvent évoluer que des fantômes, des ombres désenchantées, lointains reflets de souvenirs que l’on croyait à jamais perdus. 
Certains titres sont plus courts, comme Solitude et ses notes de pianos, ses chœurs évanescents et ses samples de voix, mais aussi Realm of the Deceits, plus noir, plus lugubre, et servent d’interlude aux titres plus longs et ambiants où se rencontrent des spectres et se croisent, en des routes solitaires et silencieuses, nos propres fantômes, nos doutes les plus secrets.
Survient aussi le démoniaque Invocation of the Daemons, plein de souffre et de voix mauvaises, au rythme  industriel. 
IN MY HAUNTED GARDEN est un album ambiant, noir et ensorcelant à la fois, dont il suffit d’écouter les extraits ci-dessous pour se laisser emporter en quelques rêves étranges et fatidiques.

Buy/Acheter l'album chez ONIRYS RECORDS ou via DISCOGS 

CD dans un boîtier DVD noir avec ces trois photos insérées à l'intérieur.

FJERNLYS

Formation intemporelle, pleine de douceur, et empreint d'une certaine magie que l'on retrouve dans ces titres cosmiques, inspirés par les paysages du Nord, par une nature mystérieuse, FJERNLYS est le projet de Knut Enderlein (INADE), auquel il faut ajouter la collaboration de CKS, et, à partir de WITHIN THE MIND OF A GHOST, celle de Johannes Riedel de CIRCULAR.

ASCENDING TRIADS & LUMINOUS ARCS




















Ascending Triads & Luminous Arcs
1-1 Flash Crimson
1-2 Intermediate Nature
1-3 All Sun's Ceaseless Falling
1-4 Trunkene Flut
1-5 Lunar Sphere
1-6 Rising To A Challenge
1-7 Solar Loka
1-8 Nocturnal Wine
1-9 Enduring Surviving

Ascending Remixes & Luminous Interpretations
2-1 Intermediate Nature (Bad Sector Rmx)
2-2 Lunar Sphere (Alternative Version)
2-3 Nocturnal Wine (Antlers Mulm Rmx)
2-4 Trunkene Flut (Lovespell Rmx)
2-5 All Sun's Ceaseless Falling (First Law Rmx)

CD1
Dès le premier titre, Flash Crimson, on se rend compte que FJERNLYS sera de ces formations capables de tisser des atmosphères d'une grande simplicité, mais néanmoins efficaces, distillant une magie de l’instant, subtile et discrète, et, chose assez rare, tout de suite reconnaissable.
Et si magie il y a, elle prend forme avec le très beau, calme, intemporel et hypnotique,  Intermediate Nature, et on comprend tout de suite pourquoi ce titre a réussi à inspirer, avec autant de force et de majesté, Massimo Magrini, pour son remix figurant sur le second CD !
Certains morceaux d’ASCENDING TRIADS sont plus cosmiques, comme le très réussi All Sun's Ceaseless, proche, dans l’esprit, d’INADE, tant au niveau des voix que de la composition, d’autres titres sont plus orchestraux, axés sur le chant, comme Rising To A Challenge. L'ensemble des titres dégage ce mélange particulier de calme beauté dont on sent toujours percer, en arrière-fond, une certain nostalgie, une certaine inquiétude, qui donne tout le relief aux morceaux.
Pour un premier album, ASCENDING TRIADS & LUMINOUS ARCS est donc une réussite ; il suffit de se laisser porter par l’ensemble de ces titres pour s’en convaincre.

CD2
Ahhh Massimo Magrini, génial compositeur de BAD SECTOR (mais aussi d'OLHON avec son comparse Zairo, de WHERE). En effet, génial : non le mot n’est pas utilisé de façon légère, il suffit pour cela d’écouter le remix d'Intermediate Nature, plus qu’un simple remix d’ailleurs, puisque le titre est transcendé, métamorphosé, d’une pureté, d’une beauté rare. Un titre magique qui élève l’esprit, et réussit à le tirer, un instant, de la fange de ce monde gris et malade.
Difficile, donc, de passer après un tel morceau, et pourtant, FJERNLYS en réussit le pari, avec la jolie version alternative de Lunar Sphere, portée par la voix de CKS.
ANTLERS MULM, avec Nocturnal Wine, réussi à retranscrire dans ce remix les ambiances propre à FJERNLYS, tout comme LOVESPELL, mais qui substitue une voix de femme à la voix masculine de la version originelle de Trunkene Flut .
Et pour finir FIRST LAW, qui, bien que ne parvenant pas totalement à faire oublier le morceau de FJERNLYS, surtout au niveau de la voix, nous propose finalement une version assez personnelle de ce titre, plus proche de l’esprit de FIRST LAW sans doute…

















WITHIN THE MIND OF A GHOST
Skogholt, LP, 2007




















A1 Arrival FTM
A2 The Point Of Light
A3 A Gilded Sign
A4 Flash Crimson
B1 Frozen Sun
B2 A Dress Of Stars
B3 Wings Of Desire
B4 Nocturnal Wine

FJERNLYS nous offre ici un bien jolie vinyle, alors n’hésitez pas, laissez votre esprit errer dans la forêt intérieur de WITHIN THE MIND OF A GHOST, se perdre dans les jeux de lumières incessants et étranges qui baignent les contours de ces arbres énigmatiques et brumeux.
FJERNLYS c’est un mélange d’arpèges électroniques, lents, hypnotiques, de percussions sourdes et discrètes, de basses profondes, qui servent de révélateurs à des mélodies entêtantes de synthés, d’une douceur rêveuse et mélancolique. 
Et si, lorsque l’on écoute FJERNLYS, il nous arrive parfois de penser à INADE (forcément, présence de Knut Enderlein oblige), notamment au niveau de l’utilisation des voix, ou à certains titres de PREDOMINANCE, dans les arrangements, ce n’est qu’un élément de comparaison, car nos trois comparses tissent leurs propres atmosphères, leurs propres ambiances calmes et intemporelles, pleine de mélodies d’une douceur méditative, d’une légèreté boréale, comme la traversée d’un fjord par un frais crépuscule d’automne. Et on s’en rend tout de suite compte avec le second morceau, The Point of Light, doucement électronique, aux rythmes lents, qui dégage au travers de ces multiples samples de voix, de ces mélodies de synthés, une ambiance poétique qui traverse l’album, et de façon plus générale l’œuvre de FJERNLYS.
La plupart des titres de WITHIN THE MIND OF A GHOST sont vraiment réussis : A Gilded Sign, Flash Crimson, A Dress of Stars, ou Nocturnal Wine, déjà présent, comme Flash Crimson, sur ASCENDING TRIADS ; les mélodies sont simples, pures, si bien que l’on a l’impression que ces titres ont toujours fait partie de notre paysage sonore, qu’ils se tenaient, là, quelque part au fond de notre esprit, et que FJERNLYS a su les révéler.
Écouter FJERNLYS revient à une expérience simple, évidente, et dans la complexité ridicule de nos vies modernes, c’est une chose précieuse à côté de laquelle il ne faut pas passer. 




















A noter : WITHIN THE MIND OF A GHOST est ressorti en CD, en 2011, chez LOKI FOUNDATION.




















BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE


















1 Formless & Perfect
2 Silence
3 Whisper In White
4 A Letter To...
5 Beyond The North
6 Constellation
7 Involution
8 Star's Orbit
9 Elemental Movement
10 Zodiac

FJERNLYS poursuit son voyage sonore avec BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE, et nous offre dix titres cristallins, intemporels, on l’on retrouve la calme mélancolie des précédents albums. Dix titres à la poésie cosmique, plein de crépuscules silencieux, de brasillements instables à la surface d’un océan serein, mais où, toujours, comme dans A Letter To..., les sons se parent d’une certaine mélancolie, d’une lenteur méditative, de quelques reflets plus profond, plus sombre, issu de ces eaux en apparence calmes. Comme si, en définitive, toute forme de beauté, de méditation, devait nécessairement se parer d’une certaine noirceur intrinsèque qui lui confère toute sa grandeur, toute sa beauté, ne faisant pas de ces visions de simples cartes postales, mais leur donnant une profondeur métaphorique.
Et on sent, au travers de titres comme A Letter To... et Zodiac, une certaine affinité entre BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE et le WHALE RIDER de Lisa Gerrard. Cette douceur dans la tristesse, cette profondeur dans la beauté, qui évoque les grandes œuvres. Une vision à la fois mystique et triste de la nature, exprimée dans le calme, la douceur des morceaux.
La magie née lentement des spires musicales, en un curieux rituel, un ensorcellement, loin de toute exubérance, car on sait qu’il touchera tôt ou tard notre esprit.
Bien entendu, comme toujours chez FJERNLYS,- cela tient-il à la présence de Knutt, d’INADE ? -, il y a ce côté cosmique, toujours en retrait, et certes pas le bouillonnement d’INADE, les spires mystiques et abyssales de VISIONS où les échappées stellaires de GUSTAF HILDEBRAND, mais néanmoins présent, en corrélation avec cette évocation récurrente de la nature, dont l’espace, symboliquement, est la vision ultime.
Le chant, les voix de façon générales (dont celle de CKS), sont moins marquées dans cet album, mais se fondent davantage dans la musique, à l’image de Star's Orbit.
On pense aussi à TOR LUNDVALL, dans ces titres discrets, aux chuchotements lointains, comme Elemental Movement.
BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE évoque donc tout un univers intérieur, révélé dans le miroir de paysages sans fin, solitaires, de fjords somptueux, et uniquement troublé, à sa surface, par les  remous d’une âme sensible.


IREZUMI

IREZUMI est le projet de Manuel Mesdag, connu aussi pour des œuvres plus techno, mais qui nous livre ici, avec Endurance, un superbe album d'ambient profonde et mystique, d'une beauté complexe et... rare... 
Le CD est sorti dans un jolie digipack chez Snwoblood, le label de Nicolas Faure, d'Asmorod.

ENDURANCE
Snowblood, 2008



















Untitled 1 à 10


Endurance est l’expression d’une quête désespérée, d’une aventure humaine poussée à l’extrême, sorte d’envolée mystique et sombre qui symbolise à elle seule la lutte inégale et perpétuelle de la vie contre la mort, en ces immensités glacées, blanches, où les âmes noires des hommes ne cessent de se perdre. Car Endurance est un hommage à l’expédition de Sir Ernest Shackleton dont la traversée du Pôle Sud fut un échec, en 1914, échec du point de vue de ces objectifs de départ, puisque, à l’exception des chiens de traineaux et du chat mascotte du navire, abattu par l’équipage sur ordre de Shackleton, tous survécurent après 22 mois de souffrances dans cet enfer blanc, poussés par cette rage de vivre, de survivre (1).
Il y a quelque chose d’intemporel dans cette musique, quelque chose qui fige l’instant, le retient, le rend éternel et sacré, comme ces œuvres dont on sait, avec une certitude sans faille, qu’elles sont en connexions directes avec l’âme. Endurance est cet instant sublime, tragique, où l’âme demeure brut, loin des contingences futile de l’existence, face à l’infini, face à ce Dieu cruel qu’est la Nature – la Vie, alors que jamais, elle n’a été aussi proche de la mort.
Mais loin d’être grandiloquent, tous les tourments de l’âme sont exprimés dans ces morceaux avec une surprenante retenue, comme dans Untitled 3, d’une calme tristesse, d’une terrible fatalité ou Untitled 2, enivrant avec ces boucle de voix, ce chant égaré et intérieur d’une âme poussée dans ces derniers retranchements, là où les futilités, les querelles bénignes, sont balayées, car il ne reste plus que l’âme mise à nue, seule, au milieu des immensités – seul face à Dieu, un Dieu immense et blanc, un Dieu glacé et dont il ne faut attendre aucune aide - alors, finalement, n’est-ce pas là une belle métaphore existentielle ?
Citons aussi le fabuleux Untitled 4 : I will not let them – bloody – die ! L’âme prend son envol, l’individu s’efface devant son destin, devant la pureté de ces aspirations, devant ce désir frénétique de vivre, de survivre, d’aller jusqu’au bout de ce combat inégal, qui semble perdu d’avance, comme toute vie est vouée à la mort par définition.
On est proche du sacrifice quasi religieux présent dans l’œuvre de Tarkovski, l’homme, l’individu s’efface devant son destin, devant la portée de son message, il n’est plus que ce sacrifice d’une âme qui, pour un instant dans sa vie, s’éloigne de cet océan de fange qu’est l’existence.
Après être monté en un crescendo mystique, la tension semble presque retomber avec Untitled 5, mais ce n’est qu’une illusion, beau, magique et pur, ce titre est la succession logique des premiers morceaux, et d’ailleurs, aucun des titres suivants ne laissera retomber cette tension mystique et tragique qui traverse l’album. Comme dans Untitled 8 : plein de souffrance, d’âme, de douleur et d’humanité.
Calme, magnifique et terrifiant à la fois, Endurance est un album qui, au travers de son ambient profonde, presque onirique et surtout mystique, sait exprimer tous les conflits d’une âme mise à nue par la rigueur des éléments, par une situation extrême, et nous permet ainsi, au-delà de sa douceur apparente, de saisir les drames intimes de l’esprit égaré en ces solitudes. Tous les conflits ouverts ou secrets qui ont pu opposer ces hommes, les doutes, la souffrance de l’âme et de la chair, dans cette prison blanche.
Et justement, face à l’omnipotence de la chair, d’une pensée sclérosée par des sociétés diverses, opposées, mais qui se retrouvent dans la médiocrité et la haine, Endurance nous montre que, parfois, la chair s’efface, disparait, guidée par le souffle impondérable de l’esprit.
Si Dieu n’existe pas, parfois, au travers de rares œuvres, on peut en rencontrer le fantôme.

(1) Rendons ici hommage aux 69 chiens, et à Mrs Chippy, le chat de l’expédition, abattus par les membres de l’équipage, bien que, à ce qu’il semblerait, la nourriture n’est jamais réellement manquée. Car bien entendu, comme toujours chez l’homme, il lui faut mêler à sa folie, à sa démesure, des animaux quand ces semblables ne lui suffisent pas…



















A noter, les dernières copies de ce chef-d'œuvre sont disponibles chez Deep Audio.






































Merci Nicolas ;)

THO-SO-AA



















THO-SO-AA est le projet de Lutz Rach qui a su développer au fil des albums toute une palette de couleurs, allant des titres ambiants, plus calmes, presque lumineux qui parsèment son œuvre, jusqu'à un dark ambient sinistre, parfois hanté, et souvent marqué par un onirisme trouble, qui abouti aux superbes albums que sont MINUS et IDENTIFY.

ENRIELLE
Art Konkret, Cassette 1996 / CD 2002
 




















1-Archive No.7
2-GE (V)        
3-Stole Figure 
4-Enrielle        
5-Intermission 
6-Enrielle II     
7-Sleep
8-P.T. II

Réédition des cinq titres d’une cassette sortie en 1995, auxquels s’ajoutent trois inédits, ENRIELLE est un album riche, aux atmosphères variées, qui seront vite faire oublier les deux ou trois titres plus faibles de ce premier essai.
Pour témoin, le CD commence avec un morceau beau et hanté : Archive No.7”.  Titre hypnotique, rituel, dont les boucles de sons se mêlent, vont et viennent entre les barrières fragiles de ce monde et de l’au-delà, évoquant quelque étrange sphère, un autre monde entrevu au cours de curieuses expérimentations. Le titre n’est pas a franchement parler terrifiant, mais il évoque à merveille un univers parallèle, à la manière d’anciens auteurs comme les passionnants récits de science-fiction de Rosny-Ainé ou le somptueux Clark Ashton Smith.
Toujours aussi enivrant, GE (V), rappelant quelque cérémonie païenne et magique dans ces tintements de clochettes, ces boucles obsédantes, ce titre reste dans un registre rituel, proche de certains passages de l’incantatoire The Soul Extinguished de SCHLOSS TEGAL.
Plus rampant, plus gris, Stole Figure rappelle lui certains morceaux des débuts de NEW RISEN THRONE, et contribue lui aussi à la richesse de l’album. Et on plonge encore davantage dans la grisaille, dans une certaine forme de mélancolie aussi, avec Enrielle, lent à démarrer, mais dont la sourde tristesse devient peu à peu évidente, étouffante.
Plus monotone en revanche, et moins marquant, Intermission, qui se rapproche davantage d’un dark ambient minimaliste jouant avec la palette monochrome,  avec les différentes nuances de gris, d’un peintre dépressif. Toujours aussi minimaliste, Enrielle II reste dans le même registre et ne parvient pas davantage à convaincre, rappelant une sorte de version alternative de GE (V) en moins envoutante.                     
Sleep quant à lui fait penser à certaine expérimentation sonore du regretté DIE SONNE SATAN, avec les cassettes Fac Totum et Omega.
On termine avec le jolie et onirique P.T. II. Lent, calme, méditatif aussi bien qu’onirique, ce titre rappelle certains passage de NUMINA, dont il reprend toute la quiétude et le mystère, mais se rapproche surtout de JANNICK SCHOU sur l’album Night.
ENRIELLE est un album de qualité, doté d’une certaine puissance évocatrice, et paré d’une aura magique et sulfureuse digne d’intérêt. 

Epoch Pt.1
Art Konkret, 1996



















1-Section I
2-Section II
3-Section III
4-Section IV
5-Section V

Passée la grisaille du long premier titre, EPOCH Pt.1 est un album qui oscille entre une forme d’ambient tour à tour calme et hypnotique, et un dark ambient plus sournois, tout en grisaille imprécise, en remous furtifs, mais non dénué d’une certaine forme d’onirisme dans le propos.
Sobre mais pas totalement minimaliste, à l’image du second titre ; le réussi Section II est un morceau calme, méditatif, avec quelques discrets accords de guitares, et de lointaines voix religieuses qui lui donne un relief bien particulier, le rapprochant de certains titres à la douce mélancolie de DESIDERII MARGINIS.
Tout aussi réussi, Section III, quelque part entre les premières œuvres de NORTHAUNT et une ambient bercé d’échos marins, mi-apaisante mi-inquiétante comme SOSTRAH TINNITUS en est parfois capable (A Rain Water Stratum on The Sea). Un morceau donc à l’atmosphère de plus en plus marquée, qui laisse une certaine tension s’installer au fil des minutes, de ces grondements sourds et lointains, de ces drones aquatiques, et de ces échos imprécis de sons qui s’étirent et se perdent en bribes de mélodies tristes.
Puis viennent les boucles de voix attristées et religieuses de Section IV, qui, même s’il se termine dans un dark ambient assez sinistre, rappelle certains passages, un certain phrasé musical à la fois hypnotique, lancinant et religieux que l’on retrouve dans les albums du regretté HOEDH. Ce genre de morceau d’une grande subjectivité, d’une grande sensibilité, et sur lequel on peut plaquer tout un tas de sentiments parfois contradictoires, liés à notre humeur du moment. On retrouve cette même influence dans le dernier titre Section V : boucles hypnotiques, ambiantes, s’élevant en un étrange compromis entre HOEDH et certains morceaux de TROUM .
En résumé, Epoch Pt.1 est un album riche, varié, mais dont la diversité, à l’exception du premier titre peut-être, forme une sorte de d’ensemble à la fois mystérieux, sombre et paré de lueurs envoutantes.


Index 1.0 Coma
Art Konkret, 1998




















1-Index1.0(coma)
2-Index1.5OPHEA
3-Index2.0T.A.K
4-Index3.0-S-OPHIE (sid)     
5-Index4.0RE/ARP

Des échos sourds, espacés, des drones figés et gris, ainsi commence Index1.0(coma), long morceau gris, à peine remué par ces échos sourds plus ou moins réguliers. Un premier titre que l’on imagine symboliser le coma, sa grisaille douloureuse, à peine tachée de visions fugitives, et enfin, une certaine lueur, encore hésitante, se dessine au loin, derrière toute cette grisaille. Le morceau est agréable, mais certainement pas le meilleur de l’album. Il faut attendre les dernières minutes pour entrevoir, au travers d’une  plage de synthés minimaliste, un peu de lumière.
Sur un fond de drones oscillants, instables et presque inquiétants, s’égrainent quelques tintements, des notes de xylophones graves et mystérieuses qui deviennent peu à peu une sorte de mélodies répétitives aux – très – lointaines consonances ethniques. Index1.5OPHEA reste dans la tradition ambiante des certains albums de Robert Rich, surtout de ses premières œuvres.
Mais l’album décolle vraiment avec Index2.0T.A.K, jolie morceau, calme, mais suffisamment étrange, dans ces bribes déformés d’arpèges qui passent en boucles, pour ne pas être ennuyeux.
Autre morceau gris, au relief limité, Index3.0-S-OPHIE (sid). Un titre comateux,  ne présentant réellement d’intérêt que dans ses dernières minutes, qui, une fois de plus, mènent à une sorte de lueur diffuse, parfait préambule aux plus réussi et onirique Index4.0RE/ARP. D’abord onirique donc, et magique,  Index4.0RE/ARP justifie presque à lui seul l’achat de ce CD, et se pare peu à peu d’arpèges discrètement électroniques sur fond de plages de synthés étirées et magiques, proche ici de certains albums de Thom Brennan.
Peut-être le plus faible des albums de THO-SO-AA à ce jour, Index 1.0 Coma,  que l'on peut comparer à une foule de compositeurs ambiants capable de produire des œuvres agréables, mais sans grande originalité, est un l’album assez inégale, au minimalisme grisâtre, mais dont émane ici et là une certaine forme de beauté, notamment avec des titres comme Index2.0T.A.K et Index4.0RE/ARP donc, pas si négatif que çà...

ABSORB
Art Konkret, 2000





















1-How Does That Feel?
 2-Fault
3-What Should I Do To Her?
4-Lost In Experimental Garbage
5-I Lost A Teeth In A Dream
6-Integrated
7-Disintegrated           
8-Alone
9-Absorb

Album atypique dans la discographie de THO-SO-AA, ABSORB offre une succession de titres aux rythmes lents, sournois, dont les percussions discrètes et souterrainnes sont le plus souvent accompagnées par des mélodies tout aussi discrètes et obscures. 
Passé un premier titre franchement quelconque, mais c’est un peu une habitude avec les albums de THO-SO-AA, le second titre, Fault, ne réussi pas non plus à convaincre.
Il faut vraiment attendre  What Should I Do To Her? pour trouver un titre intéressant, mais c’est surtout le plus électronique et presque rituel, Lost In Experimental Garbage, qui interpelle avec son rythme mélancolique, ses boucles de sons  fatidiques, titre qui permet à ce style de musique de prendre toute son ampleur. 
I Lost A Teeth In A Dream poursuit cette exploration de rythmes souterrains, accompagnés de basses mélancoliques et sournoises, avec une certaine réussite, et ce malgré son minimalisme. 
Franchement sombre et inquiétant en revanche, Integrated, avec ses rythmes répétitifs, ses notes lugubres qui passent en boucles, toujours d’une grande simplicité, mais efficace.
En fait, une constatation s'impose : passé les deux premiers titres, ABSORB fonctionne plutôt bien dans ce registre peu commun, où CAUL s’est engagé aussi, mais en plus dub, avec l’album KAIROS ; mais on songe surtout à SCORN ou AH-CAMA-SOTZ, en une version beaucoup plus soft bien sûr...
On trouve ensuite le plus ambiant et légèrement électronique, Disintegrated, à l’ambiance plus légère, mais agréable, à la manière de certains compositeurs ambiants, comme LOSCIL.
Titre ambiant, énigmatique, Alone rappelle lui aussi beaucoup de nom de ce courant musical.
On termine avec un morceau plus quelconque, Absorb, à l’ambiance incertaine, hésitante, qui ne réussi pas à marquer.
ABSORB est donc une fois de plus un album inégal, mais dont l’essentiel des titres restent de qualité, et capables de générer de réelles ambiances, de réussir le difficile parie d’un album aux rythmes lents, au "dub" discret et sombre. Pas si facile…

MINUS
Art Konkret, CD 2004



















1-Introduction For A Demon
2-Minus
3-It's A Nightmare
4-Below Peace & Happiness  
5-Zero Faith Zero       
6-A Perfect Collapse  
7-Darkness

Sans doute l’un des meilleurs albums de Lutz Rach, proche dans l’esprit d’ Index 1.0 Coma, mais en une version nettement plus sombre et aboutie, MINUS est un album au dark ambiant rampant, menaçant, où l’on ne ressent que très peu la touche ambiante des précédentes œuvres, et bien loin aussi des boucles rythmées d’ABSORB.
Toujours empreint d’un certain minimalisme, le dark ambient de MINUS fonctionne plutôt bien ici : drones sournois, couches de sons qui se superposent discrètement, voix étouffées comme dans Introduction For A Demon ou le plus discret, aux lointains souffles industriels, It's A Nightmare qui rappelle la face la plus ambiante de MEGAPTERA où les premiers travaux de NEW RISEN THRONE. On songe aussi, à l’écoute du réussi Below Peace & Happiness, avec ses échos sourds, ses drones sifflants et ses bruits en arrière-fonds, à certains travaux du méconnu LAMIA IS.
L’album s’écoute à fort volume, de façon à pouvoir en saisir toute la noirceur, toute l’angoisse larvée au sein de ces drones superposés et inquiétants, de ces souffles profonds et ténébreux.
Certains titres sortent du lot, comme le fantomatique Zero Faith Zero, mystérieux, inquiétant, où des notes, des bribes de voix se noient dans un flou sonore des plus réussi.
A Perfect Collapse est aussi à mon sens une des réussites de l’album, d’abord parce qu’il parvient à faire la synthèse des ambiances oniriques ou spectrales qui traversent l’œuvre de THO-SO-AA, et de celles plus sombres, plus obscurs, comme l’essentiel des titres de MINUS, les mêlant en une sorte de long drone tournoyant, répétitif et hypnotiques, comme on en trouve parfois chez TROUM.
Citons aussi le titre Minus, qui lui aussi forme un étrange compromis entre les œuvres ambiantes et la face la plus sombre de THO-SO-AA.
On termine avec la noirceur (forcément…) de Darkness, sans doute le meilleur titre de l’album avec Zero Faith Zero. Morceau plein de souffles, de mélodies éteintes ponctuées de notes rauques, qui, tout en restant subtil, réussi à créer une réelle atmosphère hantée et inquiétante, dont émerge, dans ces derniers instants, une lueur  incertaine et mélancolique.

THO-SO-AA & WILHELM HERICH
Schwester Mein... (Sister Mine)
:Ikonen: Media, DVDr, 2004




















1 Schwester Mein... (Sister Mine) 16:26
1.1 Chapter 1 7:23
1.2 Chapter 2 4:34
1.3 Chapter 3 2:44
1.4 Chapter 4 1:45
Trailer :
Schwester Mein... (Sister Mine) 1:02
Performance :
“Die Kleine Gruftschlampe” : 11:27
Bonusfilm :
-Traumspiel 6:03
-Opfer 4:46 Musique : Brian Bray / Lutz Rach
-Male (Medea) 4:49
-Male (Medea) Trailer 1:00 Musique : Lutz Rach
-New York 1989 7:36 Musique : Tho-So-Aa
-Audio Kommentar 16:26

C’est un avis personnelle, mais j’avoue ne pas être fan de ce genre de courts-métrages qui alignent des plans sombres, des successions de rues sinistres, la nuit, avec un scénario minimaliste, qui, s’il peut suffire à illustrer des lives de projets industriels, ne suffit pas en revanche à l’élaboration d’une œuvre en tant que telle. Sans doute faut-il s’appeler Tarkovsky pour réussir à susciter de la beauté dans la lenteur et l’inertie des plans. Schwester Mein... est l’histoire assez banale, somme toute, d’un meurtre, révélé à son meurtrier supposé amnésique, par son propre fantôme performeur…
Quant à la musique de Lutz Rach,  assez classique, voire fade, dans les premières minutes du court-métrage : souffles à la limite du grondement suivant les errements nocturnes du personnage, devient de plus en plus étrange au fil des minutes, se pare de chuchotements, devient rituelle lors de la performance, rappelant Hybryds, jusqu’à prendre toute sa puissance dans les derniers instants oniriques et angoissés du court-métrage. Ce dernier passage, il est vrai, et sans doute grâce à la musique, devient d’une étrange et fascinante beauté qui mérite à lui seul l’achat du DVD.
Wilhelm Herich est crédité pour la musique au générique ; je ne sais donc qui, de Lutz Rach ou de lui, en est l’auteur, ni s’il s’agit d’une collaboration, mais il fait penser aux passages les plus étranges et hantés de KRAKEN.
Passons à présent aux bonus, d’abord la bande-annonce, dont la musique est une sorte de houle mystérieuse, de pulsation aux confins de l’industrielle et de l’ambiante
La version alternative de la performance, propose une musique aux rythmes électroniques et sourds, proche là aussi de certains passages d’Hybryds.
Male (Medea) court-métrage  dont la musique est pleine de vent, de sifflements, soutenus par une voix désolée de femme. Pas de crédit ici pour la musique, faut-il en déduire qu’elle est de Lutz Rach, puisque le trailer, ultérieur de deux années tout de même - et dont la musique est différente - le crédite ?
Pour les bonus, Traumspiel est de loin le plus intéressant avec ces vues industrielles et urbaines désolées, abandonnées ; musicalement d’abord industriel, puis aux rythmes soutenus, ponctué de notes de piano. Musique non créditée à la fin du court-métrage, donc, par défaut, on peut supposer que Lutz Rach en est l’auteur, même si la dernière partie du morceau donne dans un style auquel il avait jusque là – malgré ABSORB – peu œuvré.
Etranges boucles de sons pour les vues anodines de New York 1989, le morceau s’étoffe lentement de rythmes, de collages sonores, de notes sourdes et angoissantes de synthés, pour un titre franchement réussi, quelque part entre John Carpenter, Cordell Klier et Die Wappen Des Thodt ! Le meilleur titre du DVD avec le morceau onirique de Schwester Mein…
Moins marquant en revanche la musique d’Opfer, en collaboration avec Brian Bray, et de son psycho killer qui découvre au dernier moment que sa proie est une goule.
On l’aura compris, dommage, donc, que les morceaux issus de ce DVD ne soient pas sortis en CD à ce jour – et à ma connaissance.

DYING REVEAL
Drone Records, 2005 7”






















A-Dying Reveal          
B-The Undefined

Pas d’annotation sur le vinyle pour savoir quel titre est la face A ou la face B, admettons donc que le meilleur des deux soit Dying Reveal
Dying Reveal est assez proche en fait des 7" de PROFANE GRACE ( In Death Silent Embrace et The Seal of Xasthur) avec ces échos déformés de grondements, de voix, sur lesquels planent des boucles de notes mauvaises, plutôt sinistres, entremêlés d’un fouillis de voix d’une douceur cauchemardesque. Comme si l’on mettait les pieds dans un  jardin d’enfants diaboliques, l’île de Sa Majesté des Mouches, de William Golding.
On retrouve les mêmes samples de voix déformées, un peu moins inquiétantes, dans The Undefined, mais en une version faites de longs drones et de sifflements discrets, qui se terminent en curieux samples de musiques anciennes. Moins fort donc que la supposée face A, ce titre reste néanmoins dans le style inquiétant que l’on retrouvera plus tard sur SPOILER.

SPOILER
Not on Label, CDr 2007




















1-Spoiler        
2-No Way To Go
3-Dem(on)      

Un sympathique CD, malheureusement assez rare pour ceux qui souhaitent se le procurer, car vendu uniquement – et en très petite quantité – lors d’un concert en Lituanie. Dommage car l’œuvre est sombre, plus sombre même que ce à quoi Lutz Rach nous habitue d’habitude. SPOILER nous offre un dark ambient franchement noir, quelque part entre SVARTSINN, NEW RISEN THRONE, voir MEGAPTERA pour les drones sourds et lancinant, chargés de voix, de cris.
Le CD commence en douceur, avec le titre éponyme Spoiler, lent, lugubre, mais les hostilités s’engagent réellement avec No Way To Go. Bruits d’eau, d’égouttements, remous industriels, le tout des plus convaincant, un peu à la manière de l’excellent OLHON, et peu à peu remplacé par des drones lourds et mauvais, dans le style du MEGAPTERA de Curse of the Scarecrow. Hypnotique et noir…
Le CD atteint son maximum avec le cauchemardesque Dem(on), boucles hantés, noires et répétitives supportées par des hurlements lointains, presque irréels. Rien de plus en fait, mais le morceau fonctionne plutôt bien.
Franchement sympathique.

IDENTIFY
Tesco Organisation, CD 2010

















0-(Meta)          
1-Is It Worth? 
2-FYGDM
3-Death Penalty
4-Abused       
5-The Ritual
6-Marching To Your Destiny  
7-I Finally Made It      

Lent, sombre, hanté et sinistre, IDENTIFY est une agréable surprise dans l’œuvre de THO-SO-AA, un album aux atmosphères riches et marquées par un subtil compromis entre certains titres ambiants, oniriques et fantomatiques des débuts, et le dark ambient rampant et discrets qui a fait la marque de fabrique de Lutz Rach, comme sur le très réussi Is It worth? qui rappelle les boucles hantées et oniriques de A Perfect Collapse présent sur MINUS. Et justement, IDENTIFY est le digne successeur de MINUS, mais en une version encore plus fascinante.
A ce titre, (Meta), premier morceau du CD, donne le ton de l’album ; un titre noir, hanté, aux boucles rituelles et oniriques qui envahissent l’esprit, s’y égarent, et l’entraînent vers de curieux et fatidiques endroits baignés par un clair de lune mauvais.
Et pour ceux qui sortent indemne du très beau Is It worth?, on poursuit avec FYGDM et ces samples de voix mi-prophétiques, mi-démentes, comme on en trouve régulièrement dans les albums de MEGAPTERA ou sur le FLESHARVEST de LAMIA IS.
Et soudain, passées les sourdes menaces de Death Penalty, on arrive à la partie la plus aboutie de ce CD, avec Abused qui inaugure une suite de titres au dark ambient spectral, tout imprégné d’angoisse, de mystère et de brume, et franchement efficace. Tel le lent et habité, The Ritual, avec ses chœurs sourds, ses notes flûtés et spectrales, évoquant quelque cérémonie impie, quelque vision fugitive et fantomatique entr’aperçue au détour d’un couloir sinistre, d’une ruine au crépuscule. Franchement réussi !
Suit le très beau, onirique et triste Marching To Your Destiny, sans doute le meilleur titre de l’album. Un titre magique, aux boucles de sons fascinantes, empreint d’une terrible aura de fatalité, et dans lequel on sent toute la beauté, tout le côté tragique et sinistre que peut revêtir la destinée humaine.
On termine sur la sourde grisaille de I Finally Made It, tout en retenue, mais dont on sent qu’il est porteur de quelque drame secret.
Pour ceux qui aiment les ambiances noires et spectrales, IDENTIFY sera très certainement le chef-d’œuvre de Lutz Rach, un album que se doit de posséder tout amateur du genre.


LPZG / BLGM Live
Tesco Organisation, LP, 2014



















A- Recorded Live In Leipzig 2008 
B-  Recorded Live In Belgium 2003


SLEEPING EXPLORER
Tesco Organisation, 2CD, 2014




















CD1 
SLPR
1-1/1-5  
CD2 
XPLRR
2-1/2-7