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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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PARHELION

MIDNIGHT SUN
Cyclic Law, 2010





















1- Tunturia (Part II)
2- Midnight Sun
3- Polar Night
4- Echoes From A Restless Sea
5- A Lament For Whales
6- Interlude
7- Meditation Over Open Waters
8- The Transmission
9- Atmospheric Refraction
10- Beneath
11- Forgotten Outpost
12- Solitude

MIDNIGHT SUN est le premier album de PARHELION. Album dont le concept est né, comme souvent dans le dark-ambient, de la passion de son auteur, Ihor Dawidiuk, pour les paysages désolés de l’arctique (North de FALSE MIRROR, Endurance d’IREZUMI, etc…), et forcément, avec ce point de départ, il faut s’attendre à une musique sombre, lente, d’une beauté mystique et froide tel le second morceau, Midnight Sun, avec ses longues mélodies tristes, pleine de miroitements indécis, de lointains cliquetis, d’échos fondus dans un arrière-plan de souvenirs tout en clair-obscur, pour un morceau d’une grande douceur, d’une nostalgie et d’une tristesse prenante.
Et on retrouvera cette douceur onirique, cette beauté teintée de nostalgie tout au long de l’album, des spires fragiles, des mélodies voilées de Meditation Over Open Waters, aux abîmes délicats, aux arpèges lumineux,  de The Transmission, et ce, jusqu’à la conclusion, avec le majestueux Solitude.
En effet, la plupart des titres baignent dans cette ambiance, dans cette grisaille feutrée, comme A Lament For Whales, traversée par quelques lueurs fugaces, qui émergent de ses drones où se noient des mélodies presque indiscernables, et dont ne se dégagent que quelques notes éparses, avant que les drones tournoyants ne reprennent possession de l’espace.
La plus belle réussite de l’album reste sans doute le mélancolique et hypnotique Forgotten Outpost, d’une terrible nostalgie, d’une douceur rêveuse où se cristallisent tous les souvenirs douloureux et magnifiques qui font de nos vies autre chose que cet écrin gris et mensonger que nous montre le quotidien. 
Et si quelques titres ne rompent pas avec la production habituelle du genre, et font songer à certains albums peut-être moins prenant et sortis à la même période chez Cyclic Law, notamment Oneironaut de PSYCHOMANTEUMBlack Pyramid de AUN ou Leviathan Device de TRIANGULAR ASCENSION, MIDNIGHT SUN vaut par ces quelques titres rares, emprunt de tristesse, de mélancolie, comme Midnight Sun, Meditation Over Open Waters, The Transmission ou le magnifique Forgotten Outpost qui rappelle certain titres du fabuleux UNDERNEATH THE SPIRIT OF TRANQUILITY de NECROPHORUS ou quelques passages à la douceur mélancolique et attristée de DESIDERII MARGINIS.
Un album toujours triste, mélancolique, aux lointains reflets oniriques, mais aussi avec un je ne sais quoi de glacial, de désenchanté qui se glisse au sein des titres les moins lumineux, ceux où les rêves, la beauté, la tristesse semblent se figer, se transformer en quelque chose de plus irrémédiable (Beneath), même si ces derniers ne sont pas à classer parmi les plus envoûtants. Et si tous les titres n’ont pas cette beauté, car certains semblent plus gris, plus crépusculaires, comme Polar Night ou Atmospheric Refraction par exemple, ils finissent toujours baignés par quelques ondoiements oniriques vers la fin.
Un album ambiant, noyé dans la froide grisaille d’une vie qui s’étiole, d’un soleil crépusculaire s’attardant au dessus d’un paysage arctique, souvent triste, toujours gris, et parfois d’une grande beauté. Une œuvre symbolique et enchanteresse.


TEMPLES IN ICE
Kalpamantra, MP3/CDr, 2013



















1- Descending To The Depths
2- Reflections In Ice 
3- Within The Primordial Cathedral  

Un peu de field recording, des tourbillons de synthés, quelques bruits d'eau, de vent, des arpèges de guitare (la fin de Within The Primordial Cathedral ), quelques bruissements industriels et discrets, pour ces trois titres mystiques, évoquant une fois de plus la froide majesté du Nord, des icebergs élevés vers les cieux en des cathédrales de cristal passées au prisme du soleil de minuit. 
Jamais lassant ce TEMPLES IN ICE, un peu comme la lumière qui se reflète à la surface de la glace, qui la transperce et se perd en une multitude de scintillements. Des morceaux délicats, évocateurs, qui se perdent dans un ondoiement sans fin. Trois jolis titres faits d'un tissus de sons qui se chevauchent, se poursuivent et se complètent. On notera particulièrement la beauté de Within The Primordial Cathedral, digne des meilleurs moments de NORTHAUNT.
Seul regret : le tirage très (trop!) limité de ce CDr ! 
A écouter ou à télécharger sur la page bandcamp de Kalpamantra : 
http://kalpamantra.bandcamp.com/album/temples-in-ice


PARHELION & ZAC KEILLER
FARTHEST NORTH
Cyclic Law, CD + DVD, 2013




















 1- Sunless Sea
2- Perfect Desolation
3- Smokey God
4- Abode of Light
5- Opal Sky
6- In the Midst of Eternal Ice
7- Farthest North
DVD Farthest North

Dans la droite lignée de MIDNIGHT SUN ou de TEMPLES IN ICE, plus proche sans doute aussi de l’œuvre de PARHELION que de celle de ZAC KEILLER, généralement plus éclectique ou en tout cas plus ambiante, FARTHEST NORTH c'est un peu la bande-son d'un monde nocturne, glacé, au-delà d'un océan aux vagues ténébreuse (Sunless Sea) et où l'homme n'a plus sa place. On imagine facilement une ville du bout du monde, loin par-delà le cercle polaire, perdue dans les ténèbres glacées d'une nuit irréelle et où plus rien ne semble pouvoir vivre. On a vraiment ce sentiment sur Perfect Desolation, celui d'un monde désolée, battu par des tempêtes sans fin; mais un univers que l'on sent aussi peu à peu hanté par des puissances effrayantes. Un monde qui va devenir de plus en plus fantastique à mesure que le morceau progresse, comme si des choses rôdaient à l'extérieur, hurlaient et grondaient dans les tempêtes éternelles, et ce sentiment, cette quasi certitude, trouve son apogée dans le noir et fantastique Smokey God, où l'on a vraiment l'impression que ce Nord extrême ne fait plus vraiment partie de ce monde, qu'il est au-delà, et qu'avec cet univers de glace, nocturne, on pénètre dans un autre monde. 
Puis la lumière arrive soudain, avec Abode of Light. Lointaine d'abord, parcimonieuse, et on la sent briller sur la glace, s'y refléter et l'agiter de mille reflets, d'une magie tourbillonnante. C'est éphémère, bien sûr. Peut-être n'est-ce d'ailleurs qu'une aurore boréale ? Qui sait ? Puis avec Opal Sky on replonge dans une certaine étrangeté, toujours cet univers glacé, peuplé de rares fantômes, de silhouettes perdues dans le blizzard; mais la lumière, certaines notes cristallines, quelques arpèges de guitare, instrument fétiche de ZAC KEILLER, attisent quelques reflets encore hésitants, et c'est tout un univers qui se transforme sous nos yeux, qui s'éveille et revient à la vie. 
Et on replonge dans le Nord éternel avec In the Midst of Eternal Ice, morceau désolé, et relativement triste aussi sur la fin. Avec Farthest North, on attaque sans doute le plus beau titre de l'album, celui où toute l'étrangeté de ce monde nous est enfin révélée. Il faut quelques minutes de prélude, puis soudain toute cette beauté terrifiante, ce royaume de glace, hors du monde, prend forme sous nos yeux. D'une terrible nostalgie, d'une grande beauté, voici - une fois encore - le meilleur titre de l'album. 
Noir, désolé, magique, cristallin et envoûtant, FARTHEST NORTH est un album à ne pas manquer ; simplement parce que ses compositions sont le fruit de ce que l'on peut imaginer comme une passion commune pour le Nord, une lente maturation issue d'heures observations, de rêveries, de moments d'introspection, et parce que ses compositions sont à la fois d'une grande richesse et d'une simplicité d’exécution que seules des mélodies prenantes, évidentes, peuvent rendre attachantes. Superbe !

Quelques mots sur le DVD, seul point faible à mon avis de cet album. Rien à redire côté musique : il s'agit là d'une sorte de medley de différents morceaux de l'album, mais les visuels, en revanche, sont assez pauvres. Si l'on omet le début et la fin, avec ces plans plus ou moins fixes d'un océan aux vagues ténébreuses, inquiétant, le reste ne comprend que des images d'archives qui sentent un peu la poussière - sans que cela leur donne le moindre cachet d'ailleurs. Pas la peine de faire appel à un à certain James Wright pour obtenir un résultat aussi quelconque. Un peu décevant, mais bon, le CD est excellent alors tant pis.

Notons que le mixage de l'album a été réalisé par un artiste peu connu, hélas, RAFAEL ANTON IRISARRI, qui a lui même travaillé sur un album dédié au Nord, THE NORTH BEND, et à qui l'on doit aussi, parmi plusieurs autres albums de qualité, le très jolie et d'une grande sensibilité DAYDREAMING, à mon sens l'une des œuvres les plus abouties du compositeur (bien qu'il s'agisse de son premier CD/LP). 
http://rafaelantonirisarri.bandcamp.com/
Notons aussi que le très jolie ATLANTIS IS DEAD, de ZAC KEILLER, parmi d'autres œuvres (les trois EP de STAY, MIGRATION et VENTURE, par exemple, qui sont en téléchargement libre) peut être écouté ou téléchargé pour moins de 2€ à l'heure où j'écris ces lignes, à l'adresse suivante :
http://tryharddarkness.tumblr.com/post/6930485883/atlantis-is-dead
Et téléchargements libres pour les trois EP :
http://tryharddarkness.tumblr.com/post/6750905794/stay-venture-migration