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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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HERBST9


DANS L’ABÎME DU TEMPS

HERBST9 est le projet d’Henry Emich et de Frank Merten, connus aussi pour leur second projet, LAND : FIRE. Après deux albums plus cosmiques, HERBST9 s’attache essentiellement, dès BURIED UNDER TIME AND SANDS, à évoquer la civilisation  sumérienne, les anciens dieux de la Mésopotamie, généralement avec beaucoup plus d’efficacité que d’autres projets comme AMON ou WULGATA ou AMENTI SUNCROWN, surtout sur THE GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON ou le premier CD d’UŠUMGAL KALAMMA. Malheureusement, à mon sens, et malgré un certain enthousiasme plutôt généralisé dans la petite nébuleuse de la presse spécialisée, les albums d’HERBST9 pêchent souvent par une trop grande inégalité : certains titres sont réellement envoûtant et réussissent à merveille à rappeler à la vie tout un monde disparu, à exhumer tout un pan de l’histoire humaine, alors que de nombreux autres restent somme toute assez fades, même si le terme paraîtra sans doute choquant aux aficionados du projet.

FROM A DARK CHASM BELOW
Loki Foundation, CD, 1999




















1- Ab Ovo
2- The Snake Of Saigon
3- In The Vein Of Purusa
4- From Below
5- Melting Spheres
6- Erdschleife
7- Manvantara
8- Causa Mortis

A écouter certains titres de FROM A DARK CHASM BELOW, on aurait pu croire qu’HERBST9 prenait le même chemin qu’INADE : celui d’une musique rituelle, ambiante, aux lointains relents industriels et aux harmonies cosmiques, mais c’était sans compter sur l’influence des anciens dieux de Sumer qui devaient, dès BURIED UNDER TIME AND SANDS, donner aux albums d’HERBST9 une toute autre dimension, au moins une touche personnelle, à une musique qui s’attachera dès lors à évoquer des civilisations depuis longtemps enfouies sous les sables de déserts millénaires.
Mais cette influence des débuts est particulièrement vrai sur Ab Ovo : tissus sonore fait de couche superposées de sons, de boucles, de samples, de voix et de chœurs, émaillés de rythmes lents, de sonorités cosmiques et de notes éparses. Ab Ovo est donc le seul titre qui colle vraiment à cette description, et où on l’on ressent cette influence ambiante et cosmique propre au label LOKI FOUNDATION (dont le meilleur exemple reste bien entendu INADE). Mélange de mantras, de sons mixés, de rythmes répétitifs, pour un morceau pas désagréable, mais sans doute trop long. Bien entendu, on ne rencontre pas chez HERBST9 le bouillonnement cosmique de VISIONS, du meilleur d’INADE ou de GUSTAF HILDEBRAND, voire aussi du totalement oublié ASIANOVA mais le résultat est parfois au rendez-vous.
On pourrait faire le même constat sur The Snake Of Saigon, même si l’intérêt baisse plus que sensiblement vers le milieu du titre, la fin, elle, rappelle certains passages de BURIED UNDER TIME AND SANDS, ce côté rythme/pulsations/chœurs païens plutôt efficace.
In The Vein Of Purusa fait penser à certains titres de A CHALLENGE OF HONOUR, mais marque lui aussi une très nette baisse d’intérêt. Les morceaux se suivent ensuite, mais sans qu’aucun ne sorte réellement du lot, il manque ce petit plus qui caractérisera les meilleurs moments de certains des albums futurs. Quelques influences asiatiques (parfois même un peu orientales) n’apportent, hélas, pas grand-chose au propos. Comme sur le très quelconque Manvantara, et semblent souvent tomber à plat, comme sur The Snake Of Saigon
Erdschleife n’est pas désagréable, quelques chœurs désolés, des mélopées de sons brumeux, on pense lointainement à TAPHEPHOBIA, mais le morceau reste néanmoins assez fade et trop long. Notons aussi, il faut bien l'avouer, les très ennuyeux Causa Mortis ou Melting Spheres, pour ne citer que ceux-là.
Un premier album très (trop) contrasté pour HERBST9 et plutôt décevant : pour ceux qui aiment les morceaux les plus ambiants de PREDOMINANCE, ou des tout débuts d’INADE, voire ceux qui apprécient le projet parallèles d’HERBST9, LAND : FIRE, les autres préféreront le split avec Z’EV ou, dans un style plus abouti, la trilogie sumérienne qui débute avec BURIED UNDER TIME AND SANDS.


:ETA CARINAE: 
Loki Foundation, CD, 2001


















1- Eta Carinae
2- Blood Whisper
3- Dhyan Chohane
4- Eclipse
5- Endless Deep
6- Face Of Fire
7- Materia Prima
8- Sulfur
9- IX

:ETA CARINAE: reste assez proche de l’esprit de FROM A DARK CHASM BELOW, trop proche sans doute, même si l’on sent que les ambiances sont parfois plus marquées, plus prenantes, et que le décor semble enfin posé. Évocation de l’espace, de l’univers, ce second album pourrait tout aussi bien, à la manière de BURIED UNDER TIME AND SANDS, évoquer un passé nébuleux, une histoire oubliée et des cités disparues dans la poussière de désert plus vieux que la mémoire.
Et cela devient évident dès le premier titre, Eta Carinae ; on sent tout de suite que le style d’HERBST9, au moins sur ce morceau, a gagné en puissance ; ce foisonnement cosmique de voix, de chœurs et de notes caverneuses que l’on retrouvera, mais de façon plus banale, sur Eclipse ou Endless Deep par exemple. Ce style, mélange de rythmes lents, de chœurs graves, antiques, qui apportent un certain mysticisme à l’œuvre, restera présent tout au long de l’album, avec des résultats hélas inégaux .
A la manière de certains titres de FROM A DARK CHASM BELOW, Blood Whisper resterait très quelconque si les rythmes, les voix, ne venaient enrichir l’espace, lui donner une dimension spatiale. Blood Whisper est lui aussi fait de percussions, de chœurs, de samples de voix, pour un morceau rituel qui évoque déjà, par son côté mystique, des civilisations anciennes, disparues, l'empire sumérien de BURIED UNDER TIME AND SANDS.
Certains morceaux plus ambiants, comme Dhyan Chohane, sont eux aussi plus réussis. Les voix y occupent davantage l’espace, évocateur de sphères lointaines, d’univers inatteignables sinon par l’imagination. Bien entendu, rien de réellement transcendant ici, mais le titre fonctionne plutôt bien.
Il faut attendre ensuite IX pour avoir un morceau réellement évocateur, un titre qui plonge l’esprit au cœur de la matière incandescente d’un univers en expansion constante.
Malgré une grande richesse de sons, :ETA CARINAE: n’arrive pas non plus, hélas, à retenir durablement l’attention. Certains morceaux, surtout les premiers, sortent du lot, et laissent imaginer ce qu’aurait pu être cet album si il y avait eu de façon plus régulière ces voix mystérieuses, millénaires, ces rythmes rituels mélangés, perdus, au milieu d’un bouillonnement de sons cosmiques. 


CONSOLAMENTUM
Loki Foundation, 12", 2003




















A- Bloodmoon Ritual
B- Consolamentum

Avec CONSOLAMENTUM, HERBST9 réussi enfin là où ses deux premiers albums semblaient peiner. Simple, mais redoutable Bloodmoon Ritual occupe la face A : chants religieux, rythme hypnotique (on songe au meilleur de TROUM), notes graves, pour un rituel franchement efficace. Un premier titre fort simple donc, comme souvent avec HERBST9, mais qui réussi à tisser une atmosphère suffisamment convaincante pour nous faire croire à ce rituel de la lune de sang. Rituel que l’on sent, pour une fois, de part ces chants religieux anciens, plonger dans les arcanes du Moyen-Âge occidental plutôt que sous les sables des déserts de Mésopotamie. La face B, avec Consolamentum, reste dans les mêmes ambiances. Et même si les rythmes hypnotiques ont disparus - seuls quelques rythmes plus lents interviennent vers la fin du titre - on retrouve ici ce mélange de souffles, de drones, de bruits sourds, d’échos et de voix, qui replongent l'esprit dans les mystères d'un lointain passé.


:ENENYLYN: 
Drone Records, 7", 2004













A- Mletkin
B- Tynemlen

Après CONSOLAMENTUM, on pourrait presque penser que le vinyle réussi mieux à HERBST9 que le CD ! Pour témoin ce très réussi premier 7 pouces. Mletkin est un titre ambiant, presque onirique par certains côtés ; un titre calme, avec de jolies notes de synthés qui génèrent une ambiance particulière, le tout appuyé par des échos sourds et des bruits industriels qui donnent plus de force au propos. Tout aussi réussi, Tynemlen rappelle le DRIFTING IN MOTION de NECROPHORUS, craquements de la glace, bruits d’eau, échos sourds, et des notes suspendues de synthés, presque des chœurs sous-marins, qui créent toute une atmosphères. On est en effet très loin ici des titres trop souvent quelconques des premiers albums.


BURIED UNDER TIME AND SANDS
Loki Foundation, CD+DVD, 2005






















CD
1- Buried Under Time And Sand
2- Lord Of The Shining Crown
3- Nanab Ishtar - Exalted Light Of Heaven
4- Etemenanki - Foundation Of Heaven And Earth
5- Sennacherib, Lugal
6- Purifying Ceremony
7- Of Gods And Demons
8- 4000 Years Of Damascus
9- From Dilmun, The Far
10- Admonish The Living
DVD
1- Bloodwhisper 2 Pass The Gate
2- Causa Mortis 2004
3- Skelmir Narh
 
Musique ambiante, rituelle et teintée d’influences ethniques propres à évoquer l’ancien empire sumérien, la Babylone fantasmée, avec ce troisième album d’HERBST9. Un album plus riche que de coutume donc, évocateur de civilisations disparues, Sumer, l’Assyrie, la Mésopotamie, y sont présents. Mondes défunts porteurs de rêves, de fantasmes (pour celui qui n’a pas vécu à cette époque j’imagine…) et de croyances obscures et inquiétantes. BURIED UNDER TIME AND SANDS tourne autour de cette thématique, s’attache à évoquer les arcanes de ce berceau des civilisations, enfoui sous les sables millénaires ; et le paradoxe de cette œuvre, c’est qu’elle pourrait tout aussi bien fonctionner avec une société futuriste. Certains titres, comme Etemenanki, pourrait sans problème évoquer le survol de quelques villes futurs hybrides, aux origines complexes, où ressurgissent des cultes oubliés, où naissent des croyances abstruses et hermétiques. Tout un monde inquiétant, déshumanisé, et ayant perdu de vue depuis longtemps ces origines, sinon pour les ressusciter en des parodies grotesques. Etemenanki - Foundation Of Heaven And Earth justement, sans doute le meilleur titre de l’album, celui le plus à même de faire renaître ces mondes obscurs, faits de cultes mystérieux, de déesses sanguinaires et de batailles depuis oubliées longtemps.
Et comme trop souvent avec HERBST9, la plupart des autres titres ne sont pas désagréables, mais oscillent entre un intérêt poli (Buried Under Time And Sand ou Purifying Ceremony) et une évocation assez réussie de ces mondes défunts (Lord Of The Shining Crown ou Nanab Ishtar - Exalted Light Of Heaven).
Certains titres, comme From Dilmun, The Far mais aussi Of Gods And Demons ou Sennacherib, Lugal, restent vraiment trop quelconques, impropre par exemple pour ce dernier à ressusciter ce haut lieu de l’empire assyrien qu’était Sennacherib. L’ensemble manque de force, reste trop flou, trop dilué, sans cette petite touche personnelle qui rend un titre fascinant. En revanche 4000 Years Of Damascus réussit assez bien à évoquer l’esprit millénaires d’une ville qui a connu, et connaîtra encore, des bouleversements ethniques, religieux, et une multitude de conflits sous les regards mauvais des dieux actuels ou passés. Mais on replonge dans un certain ennui avec les deux derniers morceaux.
Un album contrasté donc, meilleur que les précédents, mais qui ne parvient toujours pas à retenir durablement l’attention.

DVD
A l'origine sorti sur FROM A DARK CHASM BELOW, Causa Mortis apparaît ici dans une nouvelle version qui ne ressemble que très peu à l’original, et où l’apport de notes de synthés, de cloches, en plus des vues superposées de statues et autres mausolées filmés dans un cimetière, rappelle un peu le bon vieux SAKRAL WOUNDS de RAISON D’ÊTRE. Toujours est-il que la musique est nettement plus convaincante ici, en devient presque inquiétante, et s’éloigne sensiblement de l’ennui de l’original. Une bonne surprise donc.
Bloodwhisper 2 est lui aussi très différent de l’originale présent sur :ETA CARINAE:; cette seconde version est plus fourmillante, avec des samples de voix, des échos sourds, des chœurs presque spectraux, et autres drones souterrains et synthés aux sonorités cosmiques. Un bon morceau, peut-être un peu desservi par une vidéo quelconque, un peu datée, forcément, comme les autres vidéos d'ailleurs.
Le DVD se termine avec Skelmir Narh, sans doute le titre le plus proche de l’esprit de BURIED UNDER TIME AND SANDS.


















LIVE 14th WAVE GOTIK TREFFEN LEIPZIG 2005
Shortwave Transmission, DVDr + tape, 2006 




















1- Buried Under Time And Sand
2- Bloodmoon Ritual
3- E Temen An Ki
4- Lord Of The Shining Crown
5- Ni Bi Ru Rises
6- Causa Mortis
7- Blood Whisper 
8- Blood Whisper 2
9- Purifying Ceremony
10- In The Vein Of Purusa
A1- Permanence
A2- Spirit Of Green 
A3- Mamud Kur (Mountaindream) 

Une fois n’est pas coutume, je ne possède pas l’original de ce live, et c’est donc sur des mp3 que se base cette critique. Je suis d’abord étonné par la mauvaise qualité du live ; le son est très quelconque, souvent saturé, alors que l’album est sorti sur le label créée un temps par HERBST9 lui-même ! Cela vient-il des mp3 ou de l’enregistrement lui-même comme j’ai tendance à le penser ? On serait ici à un concert de métal, je comprendrai mieux le côté aléatoire de l’enregistrement, mais lorsque tout sort de machines, d’ordinateurs, je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi le son est si décevant. Et alors, pourquoi sortir un live avec un son médiocre alors qu'il serait plus simple d'attendre le prochain concert pour sortir quelque chose de valable ? Je n'ai pas la réponse.
Concert enregistré aux fameuses Wave Gotik de Treffen, qui laisse la part belle à BURIED UNDER TIME AND SANDS (le troisième titre étant le Etemenanki - Foundation Of Heaven And Earth de l’album précédemment cité). On y retrouve aussi le Bloodmoon Ritual de CONSOLAMENTUM ainsi que quelques titres des deux premiers albums. HERTST9 ayant le plus souvent délibérément choisi, expérience live oblige, des titres plus rythmés, moins ambiants, et aussi moins lassant il faut bien le dire. Sans le son "déplorable", un très bon live. Quant aux trois titres inédits qui figurent sur la cassette : Permanence et Spirit Of Green rappellent une sorte de compromis entre la face B de CONSOLAMENTUM, en une version plus méditative - nettement moins marquante aussi - et les passages les plus ambiants de BURIED UNDER TIME AND SANDS. Pas désagréables mais pas essentiels non plus. Mamud Kur (Mountaindream) a un côté plus mystérieux, plus oriental, mais ne retient pas davantage l’attention. 


SNAKE OF SAIGON / FROM BELOW
Shortwave Transmission, 7”, 2006/2009




















Snake Of Saigon
From Below

Deux nouvelles versions de titres présents sur le premier CD, FROM A DARK CHASM BELOW ; deux versions plus resserrées, mais pas forcément plus efficaces, surtout en ce qui concerne The Snake Of Saigon, on pourrait même dire que cette nouvelle version a expurgé tout ce qui faisait la force du titre original, ne gardant en fait que le milieu du morceau, c’est-à-dire le passage le plus faible, et plus ou moins réarrangé avec force xylophones et autres samples de voix pas très convaincants. Tout le mélange de rythmes/pulsations/chœurs païens qui faisait l’attrait de la première version, vers la fin du titre essentiellement, a totalement disparu. L’influence asiatique tombe tout aussi à plat que sur l’original. Quant à From Below, la nouvelle version semble un peu moins fade que la précédente, sans plus. Dommage, car le vinyle semblait plutôt bien réussir à HERBST9, si l’on songe aux réussites qu’étaient CONSOLAMENTUM et :ENENYLYN :


HERBST9 vs Z'EV
TROUGH BLEAK LANDSCAPES
Loki Foundation, CD, 2007




















1- Downward
2- Sector 3214
3- Reinvigorated (Maschinenkult Pt 1)
4- Awakening Of The Soulless
5- Steel vs Flesh
6- Life Crawls Back
7- Through Bleak Landscapes
8- Hypnophobia (Downward Pt 2)
9- Enshrinement (Maschinenkult Pt 2)
10- Coming Into Power

Ce que l’on remarque tout de suite avec TROUGH BLEAK LANDSCAPES, c’est que les rythmes composés par Z’EV viennent souvent apporter à la trop grande linéarité de la plupart des titres d’HERBST9, une force, une diversion, qui rompt assez bien la monotonie de certains morceaux, même si ceux-ci, comme sur Enshrinement (Maschinenkult Pt 2) semblent un peu trop appuyés. Car contrairement à nombre d’autres projets dark ambient ou ambient qui se passent (évidemment) très bien de rythmes, de percussions, les meilleurs morceaux du duo, notamment sur la trilogie sumérienne, semblent être les plus rythmés, ceux où des percussions aux influences tribales, des rythmes hypnotiques et lents, donnent toute sa force à ces évocations d’un lointain passé. C’est notamment le cas sur TROUGH BLEAK LANDSCAPES avec des morceaux comme Sector 3214 et surtout de Reinvigorated (Maschinenkult Pt 1), qui seraient finalement assez fades sans quelques percussions. Et ce dernier titre, sombre, rituel, sans doute le seul vraiment efficace de tout l’album, rappelle les passages les plus rythmés de THE GODS ARE SMALL BIRDS. Reinvigorated (Maschinenkult Pt 1) rappelle aussi de loin en loin PHELIOS, notamment sur ASTRAL UNITY. Cette comparaison est sans doute valable aussi pour Steel vs Flesh, même s’il semble déjà nettement moins efficace. Et comme toujours, plusieurs tires manquent vraiment d’intérêt : Through Bleak Landscapes ou Hypnophobia (Downward Pt 2), finalement assez ennuyeux. Les morceaux les plus ambiants, comme Awakening Of The Soulless ou Life Crawls Back, malgré ces chœurs profonds, venus droits de l’abîme du temps, et même s’ils semblent plus sombres que d’habitude, ne présentent hélas qu’un intérêt assez limité.
Légère parenthèse donc dans l’œuvre sumérienne d’HERBST9, TROUGH BLEAK LANDSCAPES est une fois de plus un album pas désagréable, mais franchement pas essentiel non plus. On aurait pu espérer davantage de cette collaboration, d’autant plus qu’il n’y a même pas sur cet album, comme sur les précédents, un ou deux titres phares.


THE GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON
Loki Foundation, CD, 2008


















1- The Laments Begin
2- Must I Die? (Because Of My Holy Songs)
3- Threshold Of Tears
4- Enenuru
5- The Gods Are Small Birds, But I Am The Falcon
6- White Ashes (Black Smoke)
7- ...And Everything Around Him Answered
8- Shaking Ground
9- Ilimmu

De même que sur BURIED UNDER TIME AND SANDS, mais de façon peut-être plus significative, THE GODS ARE SMALL BIRDS semble enfin réussir là où les précédents albums d’HERBST9 échouaient : à savoir, créer des titres ambiants sur une thématique bien précises, une fois de plus les civilisations disparues – Babylone, Sumer…–, avec une musique qui, sans être minimaliste bien sûr, reste assez simple, faites de notes de synthés éparses, de bribes de sons qui interviennent ici et là, de quelques samples de voix, de boucles de sons discrètes, et parfois aussi de rythmes tout aussi discrets. Et cela fonctionne plutôt bien sur cet album, même si, comme trop souvent avec HERBST9, à part l’hypnotique Shaking Ground, rien de transcendant n’attire réellement l’attention. The Gods Are Small Birds, But I Am The Falcon semble être le morceau le plus représentatif de ce style assez épuré : rythme tribaux discrets, voix, notes étirées à l’infini, pour un résultat significatif. Mais on pourrait aussi citer White Ashes (Black Smoke). On sent toujours une certaine influence ethnique, orientale, sur les samples, comme sur BURIED UNDER TIME AND SANDS, et ce, dès The Laments Begin, introduction aux samples orientaux qui met tout de suite dans l’ambiance de l’album.  
La limite est évidemment fragile, avec ce genre de musique, entre l’ennui et l’intérêt. Evoquons par exemple ...And Everything Around Him Answered, d’abord assez quelconque, mais qui s’éveille peu à peu, et l’ambiance naît simplement de quelques sonorités qui interviennent en contrepoint d’un rythme lent, de voix échantillonnées.
Le seul titre réellement envoûtant, et le mot ne me semble pas exagéré, est Shaking Ground. Rythme hypnotique, voix lourdes, notes graves, qui donnent cette impression de procession démoniaque entraperçue au fond d’un hypogée (Le Prisonnier des Pharaons de Lovecraft...). Bien entendu le morceau se disperse un peu, mais l’impression reste là. Voilà le HERBST9 que l’on aimerait entendre plus souvent.
Autre bonne surprise, Ilimmu, titre qui rappelle les meilleurs moments de FJERNYS ou de CIRCULAR. Un titre limpide, plus construit, plus organique (ce qui semble généralement bien réussir à HERBST9).
Sans doute l’album le plus convaincant d’HERBST9, même si l’esprit d’Innana, déesse sumérienne, ne souffle par sur chacun des titres, on en sent tout de même, ici et là, la présence qui rôde. A ce propos, rappelons d’ailleurs que le titre, THE GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON est emprunté à un hymne antique adressé à la déesse. 


UŚUMGAL KALAMMA
Loki Foundation, CD, 2011




















CD1
Ušumgal Kalamma
1- She Filled The Wells Of The Land With Blood
2- Napissunu Mutumma
3- Ludlul Bel Nemeqi
4- Birds Of Sorrow Are Building Nests On These Flanks
5- Ušumgal Kalamma
6- A Sacred Dwelling
7- Ereškigal, Rise From Your Throne
CD2
Edimgal Kalamma
1- Kima Šuškalli Ukattimanni Šittu
2- Ilam-Pilah
3- Ningirsu Ušumgal
4- The Sage Lord Ašimbabbar
5- Mutum Kima Imbari Izannun Elišum
6- Ašar Tallaki Ittiki Lullik
7- The Great Child Of Suen

Ušumgal Kalamma
Superbe CD qui s’ouvre sur She Filled The Wells Of The Land With Blood, jolie introduction, titre plein de mélancolie, sorte d’incantation discrète, qui oeuvre une fois de plus à recréer la magie des civilisations disparues, à ressusciter les anciens dieux de Sumer, Inanna en tête. La musique, une fois de plus, est très simple, quelques notes de synthés plutôt jolies, une voix de femmes, quelques tintements, et nous voilé plongé dans les mystères et les arcanes de l’ancien empire sumérien.
Ce premier CD reste très proche de BURIED UNDER TIME AND SANDS et de THE GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON, mais en une version transcendée, ou chaque titre nous replonge dans un passé mystérieux. Un album enfin efficace, qui ne déçoit pas et répond pour la première fois pleinement à ses aspirations (du moins sur le premier CD...). 
Certains morceaux semblent plus intimistes (Napissunu Mutumma ou A Sacred Dwelling), mais le sentiment de puissance, de mystère, de nostalgie des précédentes oeuvres, sont bien présents avec des titres comme Ereškigal, Rise From Your Throne et surtout Ludlul Bel Nemeqi qui retrouvent à merveille les ambiances rythmées des meilleurs moments des deux autres albums "sumériens". Tout ce côté rituel et ambiant, qui exhale tout le mystère, toute la magie, d’une civilisation qui continue de faire fantasmer les passionnés.  
De plus en plus, on sent que les deux compères d’HERBST9 sont à fond dans leur sujet, qu’ils ne se contentent pas d’invoquer Inanna et les autres divinités sumériennes pour assurer le spectacle, mais qu’il s’agit ici d’un réel intérêt pour cette époque. Les titres font bien référence à cet univers, les incantations et autres textes exhumés de l’époque attestent d’un évident travail de recherche qui donne  toute sa profondeur, sa richesse à la musique.
De plus la magie est enfin présente chez HERBST9 ; nous l’attendions depuis un moment, mais un titre comme Birds Of Sorrow Are Building Nests On These Flanks exhale enfin toute la magie d’une époque révolue, on plonge enfin dans les brumes - les sables - de l’histoire pour en extraire une noire décoction de souvenirs mêlés de rituels obscurs, de statues terrifiantes et de batailles grandioses. Magie, évocation du passé réussie, que l’on retrouve aussi sur Ušumgal Kalamma. Et contrairement à une bonne partie des titres des albums précédents, les morceaux les plus ambiants, comme A Sacred Dwelling, ne sont pas lassants. Les thèmes sont suffisamment riches et évocateurs pour ne pas lasser.

Edimgal Kalamma
Un second CD nettement plus contrasté. Et une constatation s’impose d’emblée avec Edimgal Kalamma, c’est qu’il nous rappelle davantage les précédentes œuvres d’HERBST9, et hélas, pas de la meilleur manière, mais en ce sens que la plupart des titres, quoique pas mauvais, n’ont souvent rien d’extraordinaires. Il y a bien entendu quelques très bons morceaux, essentiellement Ningirsu Ušumgal, mais cela n’est pas suffisant pour intéresser durablement l’auditeur. Certains titres, comme Ilam-Pilah ou Ašar Tallaki Ittiki Lullik, sont mêmes très quelconques, voire ennuyeux, et c’est d’autant plus dommage que l’on sait ce dont HERBST9 est capable.
Les morceaux plus posés, plus intimistes, comme The Sage Lord Ašimbabbar, n’ont eux aussi pas la puissance évocatrice du premier CD. Quoique pas désagréable, il  manque une certaine beauté à ce titre se voulant l’évocation de la sagesse, d’une certaine philosophie, et qui rappelle plus certaines œuvres parfois fades de A CHALLENGE OF HONOUR. On pourrait aussi citer, The Great Child Of Suen, aux lointaines influences asiatiques plus qu’orientales d’ailleurs, qui devient vite lassant, exception faite de sa dernière partie qui retrouve dans les rythmes rituels, les notes graves et ses voix, toute une part de l’envoûtement des meilleurs morceaux d’HERBST9
Mutum Kima Imbari Izannun Elišum, après un début assez quelconque, parvient lui aussi à nous faire plus ou moins croire en la puissance des anciens dieux (pas ceux de Lovecraft, hein…).  Les titres plus rythmés s’en sortent un peu mieux aussi, comme le très beau Ningirsu Ušumgal déjà évoqué ou la fin de Mutum Kima Imbari Izannun Elišum, mais de justesse pour ce dernier.
Faut-il donc, comme je le pensais avec les deux premiers albums du "cycle sumérien", qu’HERBST9 compose deux albums, et ne garde que les titres réussis pour en faire un album honnête ? C’est sans doute un jugement un peu radical, pas très conciliant, surtout que je n’ai lu que des critiques plutôt dithyrambiques des albums d’HERBST9, mais cela a au moins le mérite d’être ce que je pense.
Heureusement, il reste le superbe premier CD...

SHRINE

THE FINAL ASYLUM

Corvus Records, CD+CDr, 2006



















1-1- Binary Creation
1-2- The Prophet And The Source
1-3- The Cellular Gardens Of The New Eden
1-4- Unnatural Way
1-5- The Promised Oblivion

2-1- Emphasis

Jolies covers qui font penser à certaines oeuvres de Stephan Martiniere pour une réflexion sur un monde future, mécanique, déshumanisé, sorte de Blade Runner version steampunk, à la William Gibson, et où les barrières entre l’homme et la machine deviennent floues. THE FINAL ASYLUM aurait pu laisser présagé à un album beaucoup plus sombre, industriel ou électronique, alors qu’il reste surtout ambiant, plein de douceur, teinté d’un certain onirisme déjà, comme sur Binary Creation et The Cellular Gardens Of The New Eden. Seul peut-être The Prophet And The Source, plus industriel, plus bouillonnant, parait s’approcher, de par une noirceur toute relative, de la thématique abordée sur l’album. En fait, sont déjà présents dans THE FINAL ASYLUM les boucles de sons répétitives, les tintements cristallins, les spires de synthés à demi noyées que l’on retrouvera par la suite sur le très beau SOMNIA.
Il ne manque que le fond industriel, les bruits d’eau et autres raclements, qui donneront à la musique de SOMNIA toute sa profondeur, toute sa puissance, et, paradoxalement, apporterons à ces pièces oniriques une certaine réalité de part la richesse évocatrice des textures. C’est particulièrement vrai sur The Cellular Gardens Of The New Eden, très onirique, répétitif, mais sur lequel il manque ce fond sonore si particulier.
On sait toute la passion de Hristo Gospodinov pour PETER ANDERSSON de RAISON D’ÊTRE, aussi certain titres comme Unnatural Way, rappellent-ils des morceaux du début de RAISON D’ÊTRE (notamment sur PROSPECTUS I) ou certains albums de NECROPHORUS (GATHERING COMPOSED THOUGHTS ou MOMENTS OF SLEEPING SADNESS), même si le titre évoqué ici n’a pas la puissance des œuvres citées de PETER ANDERSSON, le morceau n’est pas désagréable.
Les titres les plus faibles restent sans doute The Prophet And The Source et Unnatural Way, mais ils sont largement contrebalancés par les trois autres morceaux qui restent mystérieux, oniriques et d’une évidente beauté.
Et si THE FINAL ASYLUM reste moins marquant que SOMNIA, il n’en est pas moins un album ambiant de qualité ; il s’en dégage déjà une magie discrète mais bien présente, comme sur Binary Creation et The Promised Oblivion, à mon avis les deux seuls titres capables de rivaliser avec l’album sorti chez Cyclic Law en 2012.
Que dire de la reprise du Deep Enshrouded  de RAISON D’ÊTRE qui figure sur le second CD de l’édition spécial tirée à 99 exemplaires ? Le titre n’est pas désagréable ; seuls les chœurs sont repris sur le titre original de PETER ANDERSSON, le reste, c’est-à-dire pas grand-chose finalement, est de SHRINE, mais fonctionne plutôt bien et ne fait pas regretter l’achat de cette édition limitée. A mon avis, comme souvent avec les CDr gravé, il vaut mieux en faire pour sois une copie lossless avant qu’il ne plante...


HARMONY, BLISS, RUST
Mirakelmusik, MP3, 2006




















1- Harmony
2- The Droning Bliss
3- Rust

Sympathique net label, auquel on doit aussi du temps de son activité le très beau et onirique DREAM STATE de MORTESIUM, Mirakelmusik nous donne ici la possibilité de découvrir librement l’œuvre de SHRINE avec trois longs titres agréables, bien dans le style des premières œuvres de l’œuvre de Hristo Gospodinov, mais où l’on reconnait déjà ce mélange d’ambiances oniriques, tristes, calmes et planantes qui atteindra son apogée sur SOMNIA. Si l’on excepte le split avec LINGUA FUNGI, les titres sont plus longs que d’habitude.
Lent, répétitif, Harmony n’est pourtant pas lassant, il dégage une certaine douceur, l’impression de contempler un paysage harmonieux au crépuscule, ou par quelque fin d’après-midi estivale, alors que l’on ressent une évidente douceur de vivre, que l'on se perd dans ces souvenirs, comme savait si bien l’évoquer l’écrivain américain de science-fiction Clifford Simak. Rien d’extraordinaire ici, mais le titre est franchement agréable, méditatif, et permet à l’esprit de se perdre, d’errer au gré de ses courants secrets.
Les deux autres titres, quoique légèrement moins évocateurs, sont construits sur le même schéma. L’ambiance y est moins méditative aussi et plus rythmée, surtout sur Rust, mais toujours génératrice d'un certain mystère, d’une certaine douceur mêlée de bribes de rêves. 
Pas essentiel. HARMONY, BLISS, RUST rappelle de nombreux autres projets ambiants bien sûr, mais reste agréable.




LINGUA FUNGI & SHRINE
STRANGE GROWTHS / WANDER
Corvus Records, CD, 2008




















LINGUA FUNGI
1- Little Saints
2- Standing In The Sand
3- Sacred Language
4- Strange Growths
SHRINE
5- There
6- Back

LINGUA FUNGI : STRANGE GROWTHS
Avec Little Saints, emprunt d’une sorte de folk rythmée et païenne plutôt efficace, on plonge dans les arcanes des mondes anciens, les évocations troublantes d'un passé à demi oublié. Dans le même style, Sacred Language sera nettement moins marquant.   
Les titres suivants sont plus quelconques, plus dans la tonalité de TLAPALLAN PANTONAL, et il faut attendre Strange Growths, avec ses jolies arpèges de guitare, quintessence de ce qu’une certaine folk païenne, inspirée par les légendes, avec des voix évoquant des chœurs ancestraux, vikings - et franchement efficace malgré la simplicité du titre - peut faire de mieux, pour retrouver un certain intérêt au propos. La suite du morceau reste plus ambiante, relativement calme, mais hélas plus quelconque aussi vers la fin.
STRANGE GROWTHS n’offre donc que quelques minutes de musique vraiment intéressante. Il faudra s’en contenter ou passer sont chemin...

SHRINE : WANDER
WANDER nous propose deux longs morceaux de plus de dix minutes chacun. Un premier titre tout en spires, en boucles de sons, avec toujours cette touche légèrement onirique, presque déréalisante, qui caractérise l’œuvre de SHRINE. Cela semblait bien parti mais le morceau, sans réelles variations, manque de souffle, et les boucles ne sont pas suffisamment envoûtantes pour retenir durablement l’attention de l’auditeur.
Le dernier morceau est plus industriel, plus fourmillant, mais là aussi, l’attention se perd, s’égare, et ne retrouve pas la beauté des meilleurs moments de SHRINE. Deux titres franchement quelconques. Dommage. On préférera les meilleurs moments de THE FINAL ASYLUM - et surtout le très beau SOMNIA.

 
DISTORTED LEGENDS Pt.1
Drone Records, 7", 2008




















A- Those Endless Fields Of Rust
B- The Silo Sanctuary

Comme souvent avec Drone Records, aucune indication ne permet de différencier la face A de la face B, mais après tout, cela n'a guère d'importance, car les titres sont tous les deux porteurs de rêves, de magie, et tout aussi réussis l'un que l'autre. Proche des ambiances de SOMNIA, DISTORTED LEGENDS en reprend tout le mystère, ces ambiances irréelles qui invitent l'esprit à explorer d'autres mondes, d'autres lieux, des paysages intérieurs, tout un ailleurs insaisissable. Des drones tourbillonnants, lumineux, des spirales de sons qui se perdent dans le crépuscule d'un soir où l'on sent que quelque chose pourrait enfin se passer, chasser la grisaille de jours sans fin. Légère préférence quand même pour le titre le plus long, dont les chœurs, les remous, les sons, semblent tout droit sorti de la machine des rêves Du Seuil Du Jardin, très beau roman d'André Hardellet (mais ceci est une autre histoire...).
On peut juste regretter que la suite (deux autres titres), prévue elle aussi chez Drone Records, n'aie jamais vu le jour, surtout que le matériel semblait être déjà prêt.
Le 7" est encore disponible sur le site de SHRINE.
 
SOMNIA
Cyclic Law, CD, 2012




















1- The Grand Design
2- Immersion
3- Lost Beauty
4- Somnia
5- The Iron Water
6- Dream Captured In Stone
7- Ruins
8- On The Edge Of The Void


Voilà sans doute l’un des plus bel album sorti depuis quelques temps. Il suffit d’écouter le premier titre, The Grand Design, pour sentir toute la puissance onirique de SOMNIA.
On retrouve sur ce premier titre les boucles de sons mystérieux, les bruits d’eau, des voix d’oiseaux ou d’animaux, très discrètes, qui semblent presque fantastiques, à la manière du UNDERNEATH THE SPIRIT OF TRANQUILITY de NECROPHORUS. Il y a ici quelque chose de magique, quelque chose qui nous fait passer derrière le voile des apparences, entrer dans un autre monde, surréaliste, intérieur, fait de méduses flottant au gré des courants instables d’un univers que seul notre esprit pourra jamais explorer. Immersion, justement, dans un univers intérieur, loin d’une réalité déjà factice, et qui tend plus au cauchemar, sinon aux mensonges, plutôt qu’aux rêves.
Lost Beauty, titre qui pourrait résumer à lui seul toute l’oeuvre de DESIDERII MARGINIS, reste dans cet univers, et transcrit lui aussi à merveille ce sentiment d’un univers fragile, mystérieux, onirique, et dont la beauté se perd, s’efface lentement au réveil, rattrapée par la vie, par le quotidien.
Et l’on retrouve sur chaque titre ce mélange de sonorités, combiné à un arrière-fond sonore fait de samples, d’arpèges, qui est beaucoup plus efficace que par le passé. La texture des morceaux, les mélodies, y acquièrent une réalité, une force, qui faisait défaut à THE FINAL ASYLUM. Là où SHRINE arrivait dans ces précédentes créations à produire quelques jolis titres, il crée à présent un univers, il plonge l’esprit au-delà du gouffre des dimensions, et c’est évident avec des titres comme Somnia ou Ruins, véritables pulsations de l’au-delà, issus de quelque rêve d’une rare beauté, qui, pour un instant au moins, éloigne l’esprit des berges nauséeuse d’une réalité de plus en plus décevante. Le monde des hommes est celui des cauchemars, d’un univers laid où quelques imbéciles se battent pour surpasser la bêtise de leur voisin, de leur collègue, alors lorsque l’on arrive parfois, ne serait-ce qu’un instant, à nous faire voir autre chose, je trouve que cela mérite vraiment d’être rapporté ; et l’album de SHRINE est de ces expériences rares qui nous laissent supposer qu’il y a, au moins au sein de quelques rêves vite oubliés au réveil, la possibilité de voir autre chose que toute cette grisaille, que ces soleils trompeurs et hypocrites auxquels on s’attache quotidiennement. On retrouve cette même impression, mais de façon plus cauchemardesque, plus ambivalente, sur le DREAMSPHERE de DAHLIA’S TEARS.
On pourrait aussi citer l’aquatique The Iron Water, le magique On The Edge Of The Void  ou le plus simple mais toujours efficace Dream Captured In Stone, en fait tous les titres de l’album…  
Rêvez… les cauchemars seront bien attendre votre réveil, la fin de l’album pour retrouver le chemin de votre esprit, de votre maison, de votre univers. 

Signalons le très jolie cover de Seung Ho Henrik Holmberg :
http://henrik.cgsociety.org/gallery/


NIHIL
Cyclic Law, CD, 2014


















1- Shadow Puppets
2- Scrinivm 
3- Carnal Euphoria
4- Hellfire 
5- Paradise
6- Nihil
7- Disintegration Of An Ego