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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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PROFANE GRACE

Cult black demonic act !!!



Fantasme absolu de tout fan de black-ambient et de black metal, PROFANE GRACE se révèle dans ses premières œuvres d’une démonialité jamais éprouvée. Grondements, voix spectrales jetées sur des mélodies morbides, ce sont les portes de l’enfer qui s’entrouvrent lentement devant nous...
D’abord véritable abcès sur un paysage sonore de désespoir et de tombes, œuvre gémissante et malsaine, PROFANE GRACE évoluera lentement vers des compositions plus atmosphériques, mais toujours aussi mortuaires, lugubres et tristes.

THE SEAL OF XASTUR
(So It Is Done) 1994 - 7”



A- The Seal of Xastur
B- The Seal of Xastur

Sombre, mortuaire, démoniaque, le premier vinyle de Profane Grace est la parfaite introduction à « The Divination of Souls » qui sortira l’année suivante. Conçu comme une bande-son fantastique : orage, mélodies caverneuses et noires, petites comptines délétères au synthé, et bien sûr, gémissements, claquements, grincements, voix death, soupirs fantomatiques, tout est là, mais agencé en un véritable morceau qui se prolonge sur les deux faces.
Et en ce sens, certainement moins « impressionniste » aussi que « The Divination of Souls ».
Invocation faite au plus profond d’une nuit sans espoir, « The Seal of Xastur » ne décevra pas les fans des ambiances cryptiques du début…
A noter, le morceau sera réédité en 1999 sur le CD-r « Ages in Dust ».

THE DIVINATION OF SOULS
(Gothic Records) 1995



1- The Divination of Souls
2- Cryptic Ambiance
3- Shadowlight
4- The Death of Enaucturus
5- I. Rites of the Dawn
6- II. Ascension
7- III. Falling

Sans doute l’œuvre la plus malsaine, la plus viscéralement démoniaque de Profane Grace, « The Divination of Souls » est une messe noire de grognements, de craquements, d'ossements brisés, rehaussés par des mélodies lugubres, par les harmonies désespérées de vents venus d’au-delà des bords du monde.
Le premier morceau « The Divination of Souls » nous rappelle le meilleur des intros de black metal : boucles funestes, répétitives, évoluant lentement mais inéluctablement vers quelque destinée fatidique. Pourtant, on est encore très loin d’imaginer ce qui nous attend…
« Cryptic Ambience » commence par un bruit de vent lugubre, déformé, modulé en une mélodie sinistre. Et on ne perçoit d’abord que des râles, des chuchotements exécrables, puis des grondements, des voix sourdes, grinçantes et plaintives, s’élèvent une à une, issues des plus noirs abysses du death metal, rauques, profondes, qui s’entremêlent et semblent sorties d’un cauchemar. Une sorte de morne cantique proféré par une horde de démons. Et le vent demeure, il y a des cliquetis, des craquements qui se perdent en échos, des voix plus humaines aussi, par moment, mais toujours aussi désolées.
« Shadowlight » poursuit cette exploration morbide de sonorités funèbres et de borborygmes mauvais. Cet étrange pandémonium de voix qui confinent à la folie ; lente descente en enfer dont on ne semble jamais devoir se remettre. Les voix deviennent chuchotements, hululements macabres, grincements sataniques, et les mélodies malignes tournent en boucles dans notre tête.
C’est presque l’expression d’une maladie mentale, car en effet, si jamais œuvre a été insane, celle-ci l’est vraiment. Et on peut s’interroger à ce moment sur les raisons qui peuvent nous pousser à écouter ce genre de musique extrême. Peut-être est-ce simplement par sincérité. Par lucidité. Pour célébrer, pour exorciser, pour révéler à la face du monde toute la noirceur de l’univers qui nous entoure, toute l’horreur de l’existence, la bêtise de l’homme et la haine qui nous enferme en nous-mêmes. Toutes ces choses que l’on refuse de voir, mais qui se cachent derrière les décors, derrière les façades malades de nos vies, de la société, de la famille, de la religion. L’abîme infernal de vérité qui nous guette… Et s’il n’y a rien d’optimiste ici, c’est que l’on a trop gratté la surface de la vie, que l’on en a fait apparaître la chair faisandée…
Hélas les morceaux suivants se révèlent moins forts, la singulière alchimie de mélodies lugubres, de craquements, de voix démoniaques et gémissantes fonctionnent moins bien. Certes les ambiances mortuaires sont toujours là, mais elles ne confinent pas à la malignité, elles n’ont pas ce degré hypnotique, et restent plus ambiantes, comme la fin de « Ascension » avec ses « vocalises » navrées, ces hululements dépressifs.
Malgré cela, « The Divination of Souls » reste un chef-d’œuvre noir de black-ambient, un hymne désespéré, démoniaques et ténébreux à ne pas mettre entre toutes les oreilles…

… IN DEATH SILENT EMBRACE…
(Stateart) 1997 - 7”



A- ... In Death Silent Embrace...
B- Fall of the Divine
B- The Ires of Sorrow

Dans la droite lignée de « The Seal of Xastur », « …In Death Silent Embrace… » nous offre ici trois courtes pièces envoûtantes, trois paysages sonores funèbres et lugubres...
La face A et le titre « …In Death Silent Embrace… » est une ode dépréssives à la mort, avec sa curieuse voix nasillarde, lointaine, éraillée, qui susurre un chant dérangeant sur une mélodie grave. Des claquements résonnent dans l’abîme de notre propre existence ; des souffles ponctuent ce poème fait pour errer entre les tombes à minuit…
Il faut quitter toutes les souffrances de ce monde pour un un au-delà obscur...
La face B commence par « Fall of the Divine », plus ambiant, lente descente désolée dans un puits de souffrance et de désespoir. Aucun espoir à attendre donc, c’est la chute, les dieux ne sont que des ombres fugaces dans l’esprit des hommes, quelques tumeur sur le néant de l’existence…
Puis vient l’excellent « The Ires of Sorrow ». L’ambiance est la même mais cette fois-ci les voix reviennent, mauvaises, proches de «The Divination of Souls» et un chant hanté de femme, quelques phrases au ton désolé, dite par une enfant, renforce un noir sentiment de désolation, cette impression de cantique gémissant, dédié à toutes les créatures de l’abîme.

AGES IN DUST
(Stateart) 1998



01- Ages In Dust
02- ...Of Virtuous Grievance...
03- In Dampened Earth I Lie
04- The Seal Of Xastur
05- Void Of Lifeless Dreams
06- The Night Fades In Residual Silence

Album de la transition entre la noirceur sépulcrale des débuts et la sourde mélancolie de l’album « Epitaph of Shattered Dreams », « Ages in Dust » débute par un long morceau au titre éponyme de plus de 17 min.
Délaissant ici les voix morbides et ne s’en servant guère plus que comme une sorte de contrepoint, un élément d'arrière-fond qui renforce la mélancolie d’une mélodie de synthé, ici un chant désenchanté qui n’a hélas ni la puissance évocatrice des premières œuvres ni la beauté navrée des dernière, PROFANE GRACE essaye avec cet album de renouveler la sombreur néantique que distillent ses morceaux.
Le second titre « …Of Virtuous Grievance… » reste malheureusement dans le même style, en fait, c’est un peu comme si on n'avait gardé des premières œuvres que le fond sonores, lavé de toute voix morbides, démoniaques ; et on sent bien qu’il manque ici quelque chose.
Heureusement « In Dampened Earth I Lie », morceau de près de vingt minutes, se révèle plus intéressant. Longue pièce ambiante et industrielle avec ses chœurs étouffés de voix perdues dans les mélodies sourdes, les échos, et qui va crescendo, se perdant dans un tourbillon de sons, peut-être comme certaines des œuvres les plus noires de TROUM ou de MAEROR TRI. Tout s’effrite ensuite lentement, glissant vers de sombres méditations.
Vient ensuite la réédition du très réussi « The Seal of Xasthur », sauvage, primitif, mauvais et terriblement lugubre…
« Void of Lifeless Dreams » reprend le voyage à la fin de « In Dampened Earth I Lie ». Beaucoup plus proche du dark-ambient, sombre, mais ne sentant pas le souffre… il nous conduit sur les rivages désolés de quelque monde intérieur. Ici pas de rêves : uniquement de mornes pensées qui dérivent sans but, égarées dans les profondeurs de quelque Achéron…
« The Night Fades In Residual Silence » reste très proche de cet esprit, délivrant un dark-ambient blafard, mortifié, et on regrette juste que l’exploration ne se soit pas poursuivit au travers d’autres albums.

SERENITY OF THE ENDLESS GRAVES
(Dark Vinyl – Memento Mori) 1998



1- Awakening of the Celestial Demons
2- The Adorned Gates of Anador
3- Protectress of the Dead
4- Fentazera Dimension I
5- On Broken Black Wings
6- Fentazera Dimension II
7- Serenity of the Endless Graves

Très certainement l’album le plus réussi de PROFANE GRACE, « Serenity of the Endless Graves » atteint une sorte d’équilibre entre les débuts death et lugubre, toujours très présents, et les recherches d’atmosphères mélancolique qui prennent ici leur essor.
Le premier morceau est une sombre méditation, chant monacal, peut-être tibétain, accompagné de tintements sourds de cloches, de bruits divers ; mais l’album commence vraiment avec « The Adorned Gates of Anador » ou l’on reconnait tout de suite les bruits, les échos, les lointaines voix désincarnées des débuts, mais cette fois la musique revendique sa place. Morne, vaincue, elle se fond dans les gémissements et les résonances glauques en une parfaite osmose. Bien entendu on reste encore ici très proche des vinyles et du premier CD.
Vient ensuite le très mélancolique et ambiant « Protectress of the Dead », lente et douloureuse sonorités au synthé s’échappant dans l’obscurité de la nuit. Ici la face mortuaire de PROFANE GRACE s’estompe presque, disparait dans une tristesse d’une sourde beauté. Il y a encore des gémissements, des échos fanés de voix, mais ils ne font que renforcer cette impression tenace de solitude. On songe évidemment à KEROVNIAN dans ces harmonies planantes, ces ambiances tristes et outre-tombales.
Suit le noir « Fentazera Dimension I », démoniaque et gémissant à souhait et l’on revient avec « On Broken Black Wings » a une œuvre plus méditative.
« Fentazera Dimension II » long morceau hanté et lugubre de plus de dix minutes nous replonge dans « The Divination of Souls » mais avec, et c’est vraiment ce qui caractérise cet album, un parfait équilibre entre la recherche d’ambiances au travers de mélodies, de sonorités rauques et de bruits divers, et ces chants démoniaques et désespérées qui imprégnent chaque morceau.
Le dernier titre de l’album « Serenity of the Endless Graves » ne fait pas exception à la règle. Accablé, dépérissant avec ses voix exprimant la souffrance, le mal qui hante nos existences, nos esprits torturés…
Un très grand album de black-ambient, hanté, souffreteux et… méditatif…

EPITAPH OF SHATTERED DREAMS
(Dark Vinyl – Memento Mori) 1999



1- Forever Sleep
2- The Silenthorn of Death
3- Orchestra for the Damned
4- Transmutation of Flesh into Dreams
5- Veiled in the Mists of Obscurity
6- Falling Petals of Black Roses
7- By Darkness Embraced
8- Epitaph of Shattered Dreams
9- The Sorrowful Scent of Funeral Flowers

Album de la mélancolie, du doute, de la solitude « Epitaph of Shattered Dreams » est l’expression de la face la plus atmosphérique de Profane Grace ici à son apogée. On retrouve bien sûr les mélodies funestes et moribondes qui ont traversées l’œuvre du groupe, toute la noirceur désespérée des autres albums.
Pour les amoureux de nuits de pluie, de tempêtes, passées sous le porche d’une vieille église en ruine…
Et en effet tout commence avec le vent, la pluie, une mélodie lente et sinistre comme un soir d’hiver bruineux. Pas de voix ici, juste cette ambiance de triste contemplation, de réflexions au bord de l’abîme, mais c’est efficace.
« The Silenthorn of Death » est une lente et funèbre méditation ; un chant qui s’élève pour les moribonds quelques heures avant l’aube, au plus sombre de la nuit.
« Orchestra for the Damned » est plus épique, et contraste avec le reste de l’album, sans doute parce qu’il a été composé par un membre occasionnel de PROFANE GRACE.
« Transmutation of Flesh into Dreams » retourne aux ambiances tristes et sépulcrales, à l’errance existentielle d’un esprit torturé. Discrètes, des voix apparaissent dans « Veiled in the Mists of Obscurity » mais c’est avec le fatidique « Falling Petals of Black Roses » et son titre un peu kitsch qu’elles refont vraiment surface, renforçant l’impression de profonde mélancolie qui se dégage de l’ensemble. Beau et triste…
Expression de quelque hantise secrète, de quelque obsession fantastique, le septième morceau distille une atmosphère irréelle, surnaturelle, et de toute cette noirceur, de tout ce désespoir, c’est une curieuse procession de spectres qui prend forme devant nous.
Presque aussi hanté et douloureux « Epitaph of Shatterd Dreams » poursuit cette mise en abîme.
L’album se termine par le très ambiant et triste « The Sorrowful Scent of Funeral Flowers », ou l’on retrouve la pluie, l’orage, les mélodies fascinantes et éplorées.
Autre très belle réussite dans la noire discographie de PROFANE GRACE.

CAST IN THE MOLD OF THE ANCIENTS
(Dark Vinyl – Memento Mori) 2003



1- Beyond the Sphere of Eternity
2- Cryptic Ambience II
3- When Only Dark Suns Rises and Set
4- Shadowlight II
5- Descent into Primordial Chaos
6- Haunted Tomb of Vladisil II
7- Cast in the Mold of the Ancients
8- Trilogy of the Unangled Plane I
9- Sanctum of Desolation II
10- The Specter of Sardorhelven
11- Trilogy of the Unangled Plane II
12- Angelcarrion

L’album commence par une étrange boucle de son plaintifs : « Beyond the Sphere of Eternity ». Puis l’on enchaîne avec un morceau plus quelconque « Cryptic Ambience II », qui porte mal son nom car il n’a rien à voir avec le « Cryptic Ambience » de « The Divination of Souls ». Glas funèbre, chœurs funèbres et spoken words, mais il manque hélas quelque chose pour que l’on accroche réellement au thème.
Avec « When Only Dark Suns Rises and Set » on se rapproche de l’album précédent. Atmosphère de tristesse, lente imprégnation désenchantée, mais encore trop loin du meilleur de PROFANE GRACE. De plus, ici et là, on reconnait les hurlements morbides, les grognements de « The Divination of Souls », noyée dans une ambiance plutôt réussie mais qui ne décolle jamais vraiment.
« Shadowlight II » ressemble au second morceau, texte lu sur un morceau quelque peu épique mais terriblement fade…
Et enfin « Descent into Primordial Chaos » qui renoue avec la noirceur des premières œuvres. Forcément dira-ton, car il n’est qu’une version réarrangée de différents passage de « The Divination of Souls »…..
Certes il est plaisant de découvrir cette nouvelle version, mais le problème c’est qu’elle ne semble être que le seul point positif de « Cast in the Mold of the Ancients » qui, de fait, porte bien son nom.
« Sanctum of Desolation II » ressort un peu de lot, fatidique, fantastique, trouble rémanence d’un lointain passé… de même que « Trilogy of the Unangled Plane II » et ses bruits d’eau, ses soupirs, sa mélodie insidieuse.
On ne peut dire que l’ensemble soit franchement décevant, l’album s’écoute facilement, mais il reste très loin de la qualité obtenue lors des précédents albums. Donc rien d’infernal ici, aucune évocation d’une beauté trouble et mélancolique, mais, à ce jour, comme adieu, c’est toujours mieux que rien…

NOCTURNAL OMNISCIENCE
(Ewers Tonkunst & Indiestate Distribution 2010)



1- Nocturnal Omniscience
2- Mourning The Ancient
3- From Shadowlands... Dying...
4- ...Of Virtuous Grievance
5- Guardian Of The Astral Gate
6- Sardonic Burial
7- The Resurrection Of Immorbium
8- Trilogy Of The Unangled Plane III
9- Hymns To Selket

PROFANE GRACE n’est donc pas mort… Après sept année d’exorcismes soutenues, de désenvoûtements répétés, rien n’a pu y faire, les démons reviennent, le sabbat reprend ses droits au cœur des cryptes les plus noires, des forêts les plus reculées…
Car Nocturnal Omniscience marque le retour de PROFANE GRACE à ses débuts : synthés dépouillés et graves, martèlements sournois, voix susurrantes et mauvaises, grondements exécrables, et même si la frénésie morbide et démoniaque des premières œuvres n’est pas toujours au rendez-vous, c’est avec plaisir que tout fan de black ambiant démoniaque écoutera ce nouvel album.
Les quatre premiers titres sont un compromis entre la musique dépouillé de « THE DIVINATION OF SOULS » et l’ambient désolée d’« EPITAPH OF SHATTERED DREAMS », mais la terrible et omnipotente mélancolie de ce dernier en moins, car les titres se veulent plus noir, plus abyssaux.
« Nocturnal Omniscience » est la parfaite introduction à cet album, titre lent, monotone, menaçant, puis « Mourning The Ancient » et « From Shadowlands... Dying...» tout aussi lent et mortuaire, créant au travers de mélodie simples, d’échos répétitifs, de martèlements étouffés, toute une ambiance funèbre et désolée.
Après le plus anodin track 4, « Guardian Of The Astral Gate » marque le début des titres les plus noirs, les plus proches des ambiances cryptiques de « THE DIVINATION OF SOULS ». Cinq titres hantés, lugubres, d’une noirceur douloureuse. Tout y est, souffles, spirales délétères de vent, mélodies sinistres, sonorités persiflant, hululements, grondements sournois, et même si les voix démoniaques se font plus discrètes, moins saturées - car l’accent est volontairement mis sur les ambiances -, elles demeurent malgré tout omniprésentes. Et l’invocation se poursuit avec « Sardonic Burial » : parfaite bande-son d’une nuit de sabbat, d’une cérémonie tourmentée au fond d’une clairière baignée par la lueur atrophiée d’une lune exsangue…
« The Resurrection Of Immorbium » propose les mêmes ambiances noires et fatidiques, d’une sombreur néantique, les vents spectraux sont là, des choses gémissent derrière la portes, les os craquent, des créatures insanes hurlent leurs désespoir dans les ténèbres ensorcelées de la proche forêt…et le pire, le pire est encore ce qui nous guettent dans un au-delà effrayant, habités par des succubes voraces, des démons affamés et sanguinaires…
La précédente version de « Trilogy Of The Unangled Plane » étant déjà réussi, celle-ci ne déçoit pas non plus avec ces boucles de mélodies lugubres et redoutables. Et l’album se termine avec « Hymns To Selket », longue pièce sonore et oppressante, où l’on retrouve avec bonheur tous les attributs dépressifs et démoniaques qui caractérisent le meilleur des œuvres de PROFANE GRACE.
Du plus profonds des enfers, les démons ont accepté les milliers de sacrifices que les hommes leurs font tous les ans, au travers de leurs guerres, de leurs meurtres ; ils se sont reconnus dans la haine des hommes, dans sa sournoiserie, sa méchanceté, sa médiocrité, dans sa capacité inouïe à détruire et corrompre tout ce qu’il touche, et ils reviennent sur terre… la preuve… PROFANE GRACE a enregistré leurs présences, leurs grondements, dans les lieux les plus déserts…
Mais bientôt, et si l’homme continue ainsi son œuvre de destruction, nul doute qu’ils seront partout… en chacun de nous…
D’ailleurs, peut-être est-il déjà trop tard ?

OLHON

SONGS FROM THE DEPTHS…

Né en 2001 de la collaboration fructueuse entre Massimo Magrini (Bad Sector) et Zairo (Where), OLHON explore les profondeurs ténébreuses des caves, lacs, et autres lieux inexplorés et lacustres à partir d’un impressionnant et angoissant travail de field recordings…
Zairo : on-site recordings, treatments
Massimo Magrini : treatments, final mix

VEIOVIS
(Spectre – Nautilus) 2001


1- Untitled 1
2- Untitled 2
3- Untitled 3
4- Untitled 4
5- Untitled 5
6- Untitled 6
7- Untitled 7

Suite de ténébreuses plongées aux fonds de lacs volcaniques italiens (Lago Boracifero, Lago Scuro…) reconnus comme d’anciens lieux de cultes préromains, « Veiovis » est une immersion totale dans ses profondeurs glacées, claustrophobiques, en témoigne le terrible et abyssal premier morceau, fait de grincements, de grondements, de craquements sur la gangue de métal recouvrant le micro parfois plongé à plus de deux cents mètres. On sent la pression terrible, la noirceur de cet univers inconnu. Les souffles inquiétants ainsi recueillis se combinent en une mélodie spectrale, exhalaison hantée, née de ces noirs abîmes. Car aucun synthé n’intervient ici, les sons - et c’est ce qui est fascinant à un tel degré - ne sont que mixés et non réellement modifiés, mais ils réussissent à créer un véritable morceau – longues nappes bourdonnantes, bruits incongrus, persiflant, lointain écho hululant dans les profondeurs, le tout ponctué - rythmé - par des grondements terribles. Le second morceau est tout aussi impressionnant. On sent ici toute la noirceur, la face cauchemardesque des albums de Where avec « Creatures of the Wind » et « Wererat ».
En revanche, le troisième morceau, même s’il reste ponctué d’échos bourdonnants et distants, exprime plus la part onirique, irréelle de Bad Sector. C’est comme si l’on remontait pour un instant à la surface, atteignant une grotte baignée par une lueur magique, nous révélant quelques royaumes engloutis… plein de colonnes festonnés de corail… de statues de dieux morts et oubliés depuis longtemps…
Puis l’on replonge avec le morceau suivant dans les ténèbres, la pression nous écrase de nouveau, fait gémir la structure de notre submersible, et des choses cognent contre la coque, agitent à l’extérieur leurs formes improbables…
Le cinquième morceau est d’une facture plus « classique »mais toujours aussi porteur. Sorte de lente noyade rituelle, suffocante, qui nous rappelle certain passages d’un autre album sorti chez Nautilus : « Aquanaut » marquant les débuts prometteurs de Kraken. Et toujours aussi loin d'un certain minimalisme comme on pourrait le croire, cette œuvre foisonne de sonorités, de chuchotements évanescents… et chaque plage est une nouvelle descente.
Quant au dernier morceau il retrouve cette sorte d’ivresse des profondeurs que l’on avait dans le troisième morceau, mais avec une plus grande part d’obscurité, qui va crescendo, encore une fois très proche des œuvres de Bad Sector.
Un grand premier album, résolument voué à ne plaire qu’à de très rares auditeurs, mais terrible, beau, envoutant… et rare… comme quelques créatures des abysses…

SINKHOLE
(Eibon Records) 2006



1- Descent
2- On sea Level (- 70 m)
3- Olhon Sounding-Line (-91 m)
4- Speleosub (-100 m)
5- R.O.V. Mercurio (-210 m)
6- Hiball 300 R.O.V. (-310 m)
7- R.O.V. Prometeo (-392 m)
8- Groundless (-400 m)
9- Deeper
10- Unexplored

Seconde immersion angoissante avec cet album qui nous plonge dans les profondeurs du « Pozzo del Merro », trou d’eau ou « sink-hole » qui ne semble pas avoir de fond…
Chaque morceau ayant été réalisé à une profondeur spécifique allant jusqu’à - 400 mètres, nous commençons donc la plongée avec « Descent ». La pression devient de plus en plus forte, elle nous étouffe lentement, des claquements retentissent, des bruits indéfinissables nous parviennent, déformés par l’eau, pas de doute, nous sommes en route pour un monde étrange.
Avec « On sea Level (- 70 m) » c’est tout un univers grinçant, bourdonnant, plein d’échos qui se révèle à nous. Et si une lueur perce encore, c’est n’est plus qu’un lointain ectoplasme, un ondoiement blafard qui nous révèle des formes troubles, des remuements inquiétants, tout un tas de choses qui se déplacent à la limite des ténèbres.
Et avec « Olhon Sounding-Line (-91 m) », il n’y a plus que des grattements, des chuintements, des claquements assourdis, avec ses hululements imprécis qui rythme le morceau. Et la descente se poursuit, toujours aussi claustrophobique, délaissant à présent toute clarté, n’utilisant plus les harmonies oniriques que l’on trouvait ici et là dans « Veiovis ».
Tout devient échos avec « R.O.V. Mercurio (-210 m) », les voix, les sons, le moindre bruit se déforme, disparait, revient, avec toujours, en arrière ce grondement d’abysse qui va et vient au gré de courants secrets.
Les morceaux sont toujours aussi hantés, à témoin « Hiball 300 R.O.V. (-310 m)» ou « R.O.V. Prometeo (-392 m) » qui transforment ces profondeurs en véritable au-delà. Et au fur et à mesure de la descente, les sons se font de plus en plus indiscernables les uns des autres, ils forment un tout mouvant, une texture riche et en constante mutation.
« Groundless (-400 m) » ne fait pas exception à la règle, sorte de souffle hanté, imprécation inquiétante née dans les profondeurs de ce trou d’eau.
En revanche « Deeper » se révèle moins riche au début ; sorte de long vrombissement sur lequel les mêmes sons feutrés s’ajoutent un à un en des boucles lancinantes. Et « Unexplored » clôture ce voyage avec ses cliquetis, ses lentes remontées de sons étouffants.
Pour tous ceux qui gardent un mauvais souvenir de leur première descente en batiscaphe, de leur premier voyage en sous-marins…

UNDERWATER PASSAGE
(Eibon Records) 2008


















1- Entrance
2- Underwater Calls I
3- Underwater Calls II
4- Exit

Cette fois-ci Massimo Magrini et Zairo ont accroché leur micro à une ligne téléphonique abandonnée, quelque part au sud de Livorno, en Italie, le laissant courir à une profondeur d’une quarantaine de mètres et recueillant ainsi toutes sortes de bruits, de fréquences modulées puis démodulées en studio, obtenant de la sorte un large spectre de fréquences.
Après les curieux bourdonnements de fréquences de la courte introduction (Entrance), c’est un long morceau de plus de vingt minutes qui commence.
« Underwater Passage » se révèle d’emblée beaucoup moins oppressant que les deux précédents albums.
Avec « Underwater Calls I » c’est une lente immersion dans un univers calme, mystérieux, plein de bruits intemporels, de fréquences qui traversent l’espace avec la grâce de quelques créatures des grands fonds, et même s’il demeure une part de crainte, elle reste en arrière-fond, voilée par l’étrangeté de cette exploration. Nous avons quitté les trous d’eau obscurs, suffocants, nous sommes en pleine mer, et s’il y a de la vie, on la sent aussi moins menaçante.
On est ici plus proche de l’œuvre de Bad Sector que celle de Where. Boucles oniriques, drones aériens, échos bourdonnants, vibrations qui se perdent dans l’espace, tout est là pour nous faire rêver. Certes, ces travaux oniriques, quoique réussis, me semblent moins fort que les deux superbes morceaux du même style qui figuraient sur « Veiovis » (Untitled 3 et 7), mais ici l’espace se délaye, c’est une douce rêverie qui en résulte, et non l’enchantement ressenti sur le premier album.
Le morceau suivant « Underwater Calls II » commence par une succession de craquements rapprochés qui se perdent en résonances, en réverbérations, puis une mélodie grave, bourdonnante, en arrière-fond, fait son apparition. Tout s’amplifie, devient vibration, drone oscillant. Les sonorités se succèdent, se confondent, parfois presque expérimentales.
Et c’est un compromis entre les anciens albums et la face plus enchanteresse d’Olhon qui nous est offert. Mais là encore, même si l’ensemble reste agréable, on est loin de l’effroi de l’un ou de la beauté de l’autre.
« Underwater Passage » semble être un album transitoire, sorte de pallier de décompression marquant une pause, menant à autre chose… mais vers quelle cité engloutie ou vers quel nouveau cauchemar ?
…A suivre…

LUCIFUGUS


A- Homo Lucifugus
B- Vox Lucifuga

Tout simplement génial ce nouvel album d’OLHON… A ceux qui doutent encore de la puissance évocatrice du field recordings, des invocations spectrales dont un micro placé en un lieu stratégique est capable, Lucifugus est l’album qui balaiera leurs doutes d’un écho gémissant de son, d’un grattement douloureux de branche, à minuit, sur le métal rongé d’une cuve.
Car cette fois-ci, Massimo Magrini et Zairo ont plongé leur micro dans une série de vieilles cuves rouillées, au milieu d’une forêt, et ont commencé l’enregistrement par une nuit venteuse de septembre finissant…
Le travail de recherches sonores des deux comparses atteint ici un niveau rarement atteint par le passé. Les sons y sont d’une pureté, d’une profondeur, d’une étrangeté incroyable. Véritables mélodies gémissantes, douloureuses, profondes et terrifiantes ; certains sons, remplaçant ici les nappes de synthés, forment la base de cette face A ; ils s’étirent, geignent, tournoient de façon indéfinissable, d’une beauté fantastique et sinistre, au-delà de ce que toute machine aurait pu produire. Homo Lucifugus ouvre à lui seul les portes d’un univers spectral, inquiétant, car tous les sons issus de cet enregistrement nocturne sont à la fois troublants et dérangeants, du moindre craquement, aux échos bourdonnants, aux gémissements irrités du métal.
Suit la face B, avec le tortueux Vox Lucifuga. Ici les grincements, les échos meurtris prennent le pas sur les mélopées gémissantes de sons. Vox Lucifuga est à lui seul une bande son horrifique, et ne lasse pas de faire penser aux vers de Lovecraft :
I ‘am the voice of mother Earth,
From whence all horrors have their birth.
Car c’est de l’horreur, du mystère, de l’étrangeté de la vie, de l’existence, de l’univers et de la matière, dont il est ici question. Et si les croyants de toutes confessions lisent la vérité dans des livres qui ne sont, en définitive, que des légendes de plus dans la grande histoire sordide de l’humanité, qui aurait pu dire qu’il suffisait de plonger un micro au fond d’une vieille cuve pour savoir à quel point la nuit est noir et la lumière illusoire…

ASMOROD

…Hypnotique, rituelle, distillant ses ambiances sombres et oniriques, l’œuvre d’Asmorod s’écoute en des salles obscures à l’heure où les anges pleurent la mort de Dieu et l’avènement d’un royaume hanté…

HYSOPE
(Steinklang Industries) 2006



















1- The Third Secret
2- Nobody Knows
3- Forbidden Daughter of God
4- Unborn
5- Dark-Heart Procession
6- Angel of Silent Heaven
7- Abode of the Dead
8- Night of the Skies
9- Enlightening Fire
10- False Hypothesis

Moins industriel que les deux précédents albums et beaucoup plus atmosphérique, sorte de compromis entre l’album « Derelict » et le regretté projet parallèle de Nicolas D. Faure Kurotokage, « Hysope » est une œuvre onirique et sombre.
Tout commence par « The Third Secret » et son long chant de moines tibétains qui s’étire, énigmatique, porté par des sons intemporels, appelant à la contemplation, à une sorte de rêverie triste et inquiétante. Porte ouverte vers un autre monde qui n’est ni celui du rêve, ni celui de la vie réelle, mais une sorte d’univers hypnagogique, entre l’état de veille et le sommeil. Un monde qui révèle peu à peu son obscurité par des voix plus aériennes, fantomatiques, mêlés à des souffles, des échos, des nappes profondes de synthé.
« Nobody Knows » reste dans cet univers de plus en plus fantomatique et triste. Une morne litanie au synthé, affligée, répétitive, des souffles et des échos venus d’outre-tombe, qui nous laissent à la limite de cet autre monde suggéré.
Le morceau suivant « Forbidden Daughter of God » ne lasse pas de rappeler – et non copier -Raison d’Être et l’album « Within the Depths of Silence and Phormations » avec des titres oniriques, beau et tristes comme « In Abscence of Subsequent Ambivalance » ou le superbe « Dream’s Essence » puis le côté hanté de la musique reprend le dessus dans la deuxième partie du morceau.
Et cette fois, avec « Unborn » l’obscurité est vraiment tombée, et les fantômes reviennent, se glissent jusqu’à nous. On explore une sorte d’entre-monde crépusculaire, de purgatoire ombreux où vivent les esprits des disparus. Et à l’inverse du morceau précédent, les longues nappes tristes de sons, de synthés, les échos moribonds, reviennent à la fin du morceau, jetant sur cet au-delà sonore une lueur triste. « Dark-Heart Procession » retourne par certaines sonorités au japon spectrale de « Call to the Deep » de Kurotokage.
Et les histoires de fantômes s’enchainent, si l’on ne connaissait la passion d’Asmorod pour le japon, on songerait aussi à des écrivains comme Montagues Rhode James ou Sheridan le Fanu, ou à quelque noire et ténébreuse philosophie, quelques visions désenchantée de l’au-delà. A témoin, le très habité et superbe « Angel of Silent Heaven » plein de soupirs désincarnés, de bruits d’eau, de souffles d’outre-tombe, et où l’on retrouve les mêmes mélodies riches et imprécatoires. A rapprocher peut-être aussi de « Reliquary » de Caul.
Ensuite nous nous embarquons pour un voyage dans le regard éternel des morts : « Abode of the Dead » tout aussi évocateur.
Mais le plus envoûtant de tous reste sans doute l’inoubliable « Enlightening Fire », boucles oniriques de mélodies fascinantes, irréelles, c’est l’appel d’un ailleurs triste et magnifique.
Inoubliable !!!



Pochette initialement prévue pour HYSOPE qui devait aussi être un double CD...

DERELICT
(Tesco) 1999















1- Suspended Motion
2- Vaporscreen
3- Glass no Kamen II - Vitreous Structures
4- Anaesthetic Season
5- Glass no Kamen I - Collapse

Aaahh ! « Derelict » et ses samples de voix envoutantes, comme au début de « Suspended Motion » ! Et peu à peu, par-dessus ces voix, un bourdonnement angoissé empli l’espace, rythmé par des bruits, supporté par des notes distendues, vibrantes, qui fond leur apparition tandis que les voix reviennent. Et c’est un curieux hymne industriel, ambiant, mauvais qui assaille notre esprit.
Suit ensuite l’infernal et majestueux « Vaporscreen » : boucles hantées, grondements, martèlements lents et mélodies mortuaires, auxquels s’ajoutent une fois de plus des samples fatidiques. Beau et fascinant comme une lente procession de spectres par un soir de pleine lune dans un jardin hanté… Cris et hululements désenchantés s’enchaînent sur cet hymne nocturne et lugubre… Un autre chef-d’œuvre de dark-ambient rituel…
«Glass no Kamen II - Vitreous Structures» retourne à cet univers atmosphérique ponctué de sonorités industrielles qui caractérise Asmorod. Bruit d’eau, grincements, sorte de sonar lancinant et martelant en arrière-fond, voix saturées, qui se succèdent et créent une pièce sonore.
« Anaesthetic Season » révèle les mêmes structures mornes et grinçantes : bruits de pas, eau, grésillements et voix sur des mélodies atmosphériques.
A quand la réédition de cette œuvre majeur épuisée depuis longtemps ?
















A FAINT LIGHT BELOW
(Bastet Records) 1998


















1- Marble Whorefucking
2- Red Sore Shojo
3- Onna Goroshi
4- Seï Hanzaï

Fascinant album aux confins du dark-ambient, du death-industrial, ou même du bruitisme et de l’ambient, « A Faint Light Below » commence par le rituel « Marble Whorefucking » au rythme sourd, ponctué de grincements, et d’une litanie inquiétante - sorte de boucle au synthé - auxquels s’ajoutent divers grincements, des sonorités distordues, le tout formant un rituel enivrant. Le morceau se termine sur la même mélodie perverse, vibrante, pleine de grincements.
« Red Sore Shojo» est beaucoup plus ambiant et industriel à la fois, ambiant par l’atmosphère qu’il dégage, et industriel par les sonorités qu’il emploie. Utilisant toujours les mêmes sons rêches, susurrants, sur des bruits d’eau samplés et déformés, des échos de grincements, et avec toujours le même leitmotiv sonore ambigu fait de quelques notes passées en boucle. Des voix curieusement modulés, des bourdonnements saturent la fin du morceau.
«Onna Goroshi» commence par des notes aigues, vibrantes et distantes à la fois, puis un morceau sans doute asiatique, une chanson emplie l’espace, et lentement une mélodie sourde, lugubre, s’élève, efface tout, et des chuchotements, des voix hâtives, effrayées, font écho à cette mélodie de plus en plus riche, où des vibrations, de lointaines distorsions émergent ici et là de l’ensemble. Et tout devient mécanique, rythmé, les voix, les sons, formant de nouveau un curieux rituel de mort et de souffrance auxquels s’ajoutent quelques machineries inhumaines. Puis les hurlements torturés, les drones fluctuant, les machines mauvaises de « Seï Hanzaï» ouvrent sur un univers pervers de mort et de douleur. Et les boucles mélodiques reviennent se greffer sur les gémissements, toujours aussi hanté dans cet univers lugubre.

INVOLUTION TOWARD CHTONIAN DEPTHS
(Solistitium Records) 1997



1- Poison - Transcendance
2- De Cantico Funebri
3- For A Brighter Faint Light (Fragile Salicacée Sous Un Terne Suaire)
4- Through Oceanic Calls
5- Ïa! Ïa! Cthulhu Fhtagn!
6- Subplutonary Incubation I
7- Subplutonary Incubation II (Abandon À La Morphine Céleste)
8- Chtonian Transubtantiation : Lorsqu'ils Rient Mais Ne Sourient Plus

Premier CD à sortir sous le nom d’Asmorod, « Involution Toward Chtonian Depths » n’a que très peu de rapport avec les œuvres ultérieur de Nicolas D. Faure. A l’époque Cédric Codognet, parti par la suite fonder Sator Absentia, faisait encore parti du projet.
Album gothic, heavenly voices, acoustique, ambient, indus et électronique à l’occasion « Involution Toward Chtonian Depths » est plus un album fourre-tout, expérimental, contenant difficilement les deux personnalités marquées de ces membres respectifs.
On passe ainsi des drones chtoniens du début de « Poison » à des chœurs gothiques dans la seconde partie « Transcendance ».
« De Cantico Funebri » continue dans le même esprit de voix/chœurs mornes et funèbres, puis des boucles électroniques et rythmées entrent en jeux, ressemblant à certains des albums futurs de Sator Absentia : « The True Meaning of Golgotha » ou « Fluid Artefacts ».
Percussions et ambiances plus ou moins inquiétantes pour « For a Brighter Faint Light ».
Puis un jolie morceau de guitare acoustique avec une toute aussi jolie voix, de femme cette fois-ci, typique de certain projet heavenly voices.
« Through Oceanic Calls » revient à un univers plus ambient, boucles océaniques, drones suivant le cours de quelque courant secret, qui peut se comparer à certaines œuvres d’Aidan Baker par exemple. Puis le violon inquiet de Cédric Codognet entre en jeux, mais bien en deçà des meilleurs moments du superbe et sinistres album de dark-ambient de Sator Absentia : « Mercurian Orgasms ».
« Ïa ! Ïa ! CHTULHU FHTAGN ! » commence par des drones, continue comme un morceau plus instrumental, d’un néo-classicisme rappelant lointainement Dead Can Dance, Arcana voire Ontario Blue/Endvra avec la même jolie voix de femme. Puis on repart dans un univers industriel ou seul subsiste la voix, sorte de leitmotiv lancinant… etc… On aurait de toute façon espéré quelque chose de plus… Lovecraftien…
Les autres titres restent dans cet esprit mi-instrumental/heavenly, mi-ambient/drones et percussions.
Bref, un album loin d’être mauvais, mais qui ne ravira pas systématiquement les fans de dark-ambient. Ceux-là, bénirons les seigneurs des abysses d’avoir séparé les deux comparses afin qu’ils suivent chacun leur propre et ténébreux chemin.

KUROTOKAGE

Défunt projet parallèle de Nicolas D. Faure d’Asmorod, KUROTOKAGE nous plonge dans un univers spectral, inquiétant, dont émane toute la noirceur opiacée de l’Asie fantasmé. Beau et inoubliable… mais aussi hommage à l’écrivain de roman policier japonais Edogawa Ranpo dont "Kuro-tokage" (1934, 黒蜥蜴; Le Lézard noir) est un roman.

CALL TO THE DEEP
(Fluttering Dragon) 2002



1- Vagrant
2- EBB
3- Hungry Ghost
4- Nest
5- Flow
6- Lair
7- Black Hair
8- Fireflies
9- Cocoon
10- Threads

Bande son fantastique, sans doute conçue, fantasmée, (même inconsciemment...) pour illustrer quelque film de fantôme japonais. On est ici à mi chemin entre les musiques de film et Raison d'Être (Reflections from the Time of Opening) ou bien Land tel que nous le démontre le très beau « EBB »avec ses voix irréelles, ses mélodies entêtantes, allant crescendo, s’immisçant dans notre esprit comme la vision d’un spectre émergeant des profondeurs d’une vitre.
« Call to the Deep » est plein de détails, de mélodies sous-terraines, qui s’enchaînent les unes après les autres. Un album pour faire danser les spectres, pour invoquer l’esprit d’une ancienne amante, et la regarder s’approcher de nous sur cette grande route blanche, délavée de lune, qui conduit à nos cauchemars.
La fin de « Hungry Ghost » nous rappelle le meilleur de certaines bandes sons ( Jay Fergusson : Elm Street V ; Mark Isham : The Hitcher ; Fred Mollin : Friday the 13th – the series ou encore Mark Snow et MilleniuM ). Mais la référence qui revient le plus souvent à l’écoute de l’album, c’est le fantomatique « Jack Burton » de John Carpenter; cette même richesse de compostion, ses harmonies désincarnées, vibrantes : comme dans « Nest », « Lair », « Black Hair » et « Fireflies » qui sont autant de visites de maisons hantées.
Et on retrouve dans « Flow » - idem pour la fin de « Black Hair » - ce cocktail enivrant d'ASMOROD (période Hysope), de soundtracks fantastiques et de Land, voire aussi le meilleur d'Endvra, en une version rythmé, langoureuse et surnaturelle… Curieux ballet lascif de mort et de désirs…
Nous sommes ici au cœur du japon spectral propre à l’écrivain américain, puis naturalisé japonais, Lafcadio Hearn (auteur de Kwaïdan).
« Cocoon » est tout aussi enivrant et « Threads », sorte de ballet onirique, opiumnique, qui nous porte vers des contrées mystérieuses et… terribles.
« Call to the Deep » est d’une rare beauté, loin, très loin de tous ces efforts pathétiques pour créer un univers fantastique que l’on nous sert régulièrement, à travers le dark ambient, le néo-classicisme ou le black métal.
Nous tenons ici l’une des meilleurs bande son fantastique à ce jour.

A noter, hélas, KUROTOKAGE est complétement abandonné à ce jour ; et comme le précise Nicolas dans les commentaires, le second album de ce projet ne verra jamais le jour... Dommage, je me souviens de certains extraits franchement sympas...



Site officiel : http://www.myspace.com/asmorod
Discographie :
http://www.discogs.com/
Mp3 :
http://www.myspace.com/asmorod
Achats :
http://www.steinklang-records.at/

HIS DIVINE GRACE

HIS DIVINE GRACE / DE GRÂCE
REVELATION
Reue Um Reue / Just Another Winter, LP, 2009


















A- HIS DIVINE GRACE - De Grâce
B1- DE GRÂCE - Les Signes Des Temps
B2 - DE GRÂCE -Entendez!
B3 - DE GRÂCE - Révélation

Signe des temps, de la fin des temps, du jugement dernier qui approche à grands pas (cf la pochette tirée de l’œuvre d'Hans Memling), voilà donc l'album qui met un terme à l'aventure musicale d'HIS DIVINE GRACE. Chapitre final d'une longue histoire ponctuée de quelques très beaux albums, RÉVÉLATION marque le passage des pouvoirs entre HIS DIVINE GRACE et le nouveau projet de Moonchild Erik, DE GRÂCE. On abandonne donc le dark ambient, les morceaux industriels des débuts, l'ambient rêveuse, onirique et romantique de Die Schlangenkönigin, pour une musique plus orientée vers une sorte de post black metal ambiant. 
La différence entre les deux projet est d'ailleurs quasi imperceptible sur ce vinyle : que ce soit sur la face A ou B, on retrouve les mêmes ambiances tristes et désolées. Une simplicité dans l'exécution, une naïveté, issue en droite ligne des premiers albums de MORTIIS (CRYPT OF THE WIZARD), et de façon générale, d'une certaine forme de black metal qui, lorsqu'il devient ambiant, lorsque les guitares saturées ne sont plus que des éléments d'arrière-plan encore présent ici et là pour appuyer la noirceur du propos, en devient presque touchant : évocation des temps anciens, d'un moyen-âge fantasmé, des épopées vikings ou d'un monde issu de la littérature de fantasy (Tolkien chez URUK-HAI par exemple) ou simplement du désespoir, de la solitude, de tous les thèmes du depressive black metal. 
Malgré cette simplicité, quelques mélodies, quelques notes de synthés étirées sur un ciel gris, les rares guitares qui emplissent cette musique crépusculaire (Entendez!), les quelques hurlements lointains de De Grâce, RÉVÉLATION reste un album attachant, aux mélodies claires, répétitives, pleines d'une grande tristesse. Révélation ou Les Signes des Temps en sont les meilleurs exemple, mais aussi le long titre de plus de 18 minutes d'HIS DIVINE GRACE qui, de fait, en devient un requiem des plus honorables.
Alors faut-il regretter HIS DIVINE GRACE ? Bien sûr, il faut le regretter, car dans ces dernières œuvres, le projet de Moonchild Erik était devenu d'une grande beauté. Je pense d'ailleurs que les deux projets sont complémentaires, suffisamment riches, pour évoluer parallèlement. Mais hélas, à ce qu'il semblerait, il faudra aussi regretter DE GRÂCE, car, depuis 2009, à ma connaissance, aucun des deux projets n'a donné de ses nouvelles... 
Manifestement le jugement dernier a eu lieu...
Alors nous sommes tous morts...
Et à ce qu'il semblerait, nous sommes restés en enfer...
En fait, bien peu s'en rendent compte, mais tous y contribuent...


LE GRAND SECRET
Reue Um Reue, CD, 2006























1- Les Chevaux De Feu
2- Les Gardiens Du Grand Secret
3- Verbum, Lux Et Vita
4- Le Voile Levé (La Mort De Sekens Murdock)
5- De La Nécessité De Se Taire
6- Frayeurs Initiatiques
7- Pourquoi... Toujours Pourquoi!
8- L'Opposition Tacite
9- Le Quatre-Heure De Cristal (La Mort De Leontin Voigt Abilgaard)
10- Le Principe Immuable

Après Ernst Jünger et« Die Schlangenkönigin » HIS DIVINE GRACE retourne aux références littéraires pour « Le Grand Secret » avec cette fois, sérieusement ou non (?), une interprétation des œuvres philosophiques de Sekens Murdock et Leontin V. Abilgaard… dont l’histoire ne semble pas avoir gardé une grande trace, mais il est vrai que les plus belles œuvres sont aussi parfois les plus méconnues, les plus secrètes, les plus imaginaires… Laissons-nous donc porter par ses auteurs « hors du commun », par leurs étranges réflexions sur les rapports de la réalité et des mots, qui ont conduit au décès inexplicable de l’un, poignardé par des mots justement, et au suicide de l’autre, lisant le livre du premier… Cet étrange état de fait constaté, attachons nous à présent à la musique, aux morceaux répartis en trois chapitres.
Thèse – Sekens Murdock
« Le Grand Secret » nous offre 70 min d’une musique propices aux sombres méditations, à l’introspection ; c’est aussi une invitation à partir pour un voyage intérieur ésotérique et mystérieux. De l’industrielle ambiante pleine de craquements des débuts de « Les Chevaux de Feu » au recueillement nostalgique de « Les Gardiens du Grand Secret » c’est le tumulte intime des sentiments secrets de l’âme qui déroule son film crépusculaire devant nous : toutes les grisailles de la vie, ses tourments secrets y sont révélés au grand jour.
Puis les morceaux s’enchaînent sur des samples tirés d’un film de Cocteau (Orphée), l’avant-gardiste « Verbum, Lux et Vita » et le très rituel et hanté « Le voile Levé (la mort de Sekens Murdock) » allant crescendo comme une curieuse et fatidique cérémonie de mort : « …. la vierge au masque de fer… ».
Antithèse – Leontin Voigt Abilgaard
Plus insidieux « De la nécessité de se Taire » et ses mélodies vibrantes, menaçantes, qui s’élèvent dans l’air, de plus en plus fortes, affirmant leur détresse, laissant sortir le mal qui s’y tient à l’affût… « Frayeurs Initiatiques » rythmé par un thème lent et répétitif qui gagne en noirceur à mesure que des souffles, des échos emplissent l’espace. Sournois et mauvais comme la lune brillant sur les dalles brisées d’un cimetière.
Des vagues infinies et monotones de sons, mêlés de voix, qui s’éteignent lentement comme les dernières lueurs du crépuscule caractérise « Pourquoi… toujours Pourquoi ! ». Puis on replonge aussitôt dans un univers de sons imbriqués, inextricables, avec des échos confus de chant, des bruits épars, des résonances moribondes, une atmosphère beaucoup plus sombre « L’Opposition Tacite ». Et le dernier morceau de cette antithèse « Le quatre-heure de Cristal (La Mort de Leontin Voigt Abilgaard » dans le même esprit mais plus expérimental encore et dont émane finalement une lueur distante avec ses voix modulées, évanescentes, qui disparaissent dans une dernière échancrure de nuage.
Dernier chapitre avec « Synthèse et Syncrétisme » et son unique morceau : « Le Principe Immuable » d’une lenteur calculée, dispensant ses notes avec parcimonie, il est là pour ponctuer au minima le dernier chapitre d’une histoire. On regrette d’abord les autres morceaux, puis on s’éprend peu à peu de cette journée grise, sans vie, même si ma préférence va au reste de l’album.


EURYDICE
Dark Vinyl, CD, 2005




















1- Phénixologie
2- La Science de l’Âme
3- Hibiscus (Cette Fleur Morte)
4- La Clé des Songes
5- Miroirs
6- La peine de Vivre

Dans la lignée de« Die Schlangenkönigin », « Eurydice » poursuit l’exploration de ses ambiances intemporelles, oniriques, - hors de l’Espace, hors du Temps, aurait dit le poète – avec toujours cette nostalgie terrible qui émane de chaque morceau.
Boucles hypnotiques, étourdissantes, avec « Phénixologie » et « La Science de l’Âme »qui entraînent l’esprit vers de curieux rivages intérieurs. « Hibiscus (Cette Fleur Morte) » se révèle presque plus onirique, plus éthérée que l’ensemble de l’album, comme si l’on se trouvait, pour un bref moment, dans l’œil d’un cyclone cérébrale.
L’album, dans son essentiel, est sans doute moins riche, plus épuré que « Die Schlangenkönigin » mais il réussit aussi à nous porter vers des contrées nébuleuses (La Clé des Songes).
Chaque morceau tourne autour des mêmes sonorités, aiguës et graves imbriqués en une note unique, ou bien vibrations plus complexes qui se recouvrent, se transforment, et changent de forme au gré des boucles, de leur évolution, comme les métaux dans l’athanor d’un alchimiste.
L’album s’étire comme un rêve, dont on ne garderait, au réveil, que des bribes éparses, insaisissables, et dont rien ne se dégage vraiment, sinon cette sensation étrange et tenace d’avoir été ailleurs.


DIE SCHLANGENKÖNIGIN
Hau Ruck!, CD, 2003


















1- Marina I
2- Die Rautenklause
3- Der In Den Blättern Lebt
4- Das Rote Waldvögelein
5- Der Kommt Am Weitesten, Der Nicht Weiß, Wohin Er Geht (Toujours Plus Loin, Toujours Plus Haut)
6- Marina II
7- Die Wüste Wächst - Weh Dem, Der Wüsten Birgt (Herméneutique De L'Isolation)
8- Marina III
9- Eburnum
10- Marina IV

Hypnotique, nostalgique, His Divine Grace s’éloigne avec cet album de ses débuts plus minimaliste, expérimental et industriel ; certes, les notes s’étirent, les harmonies se rejoignent, s’éloignent et se dissolvent les unes dans les autres, mais c’est une triste rêverie qui en résulte ( Die Rautenklause). La recherche d’une osmose avec la nature, d’une sorte de romantisme méditatif qui s’affirme lentement. Et en effet, l'album est inspiré de « Sur les Falaises de Marbre » de l’écrivain allemand Ernst Jünger, décrivant la vie paisible de deux ermites perdus au milieu d'une nature sauvage. Et l’on se prend aussi à songer à l’univers de certains romantiques allemands tels que Novalis, Jean-Paul… ou plus proche de nous à l’écrivain français Marcel Brion pour cet envoûtement de la nature, cette fascination mêlée de mystère et de nostalgie.
« Die Schlangenkönigin » pousse plus loin cette idée de boucles hypnotiques entreprise avec l'album précédent « Reverse Aleph », ou, en tout cas, en est une version aboutie, épurée… réussie…Et de ses boucles méditatives, rituels, qui sont comme l’appel d’un ailleurs inaccessible, on se souvient aussi des premières productions du label Dark Vinyl avec Hoedh, Hostia, Die Wappen Des Thodt… les compilations Ordo Catharis Templi dont « Der in der Blättern Lebt » est très proche.
Et le surprenant «Das Rote Waldvögelein » enroule ses mélopées nostalgiques, mêlées de vent, dans notre esprit, et c’est une fois de plus la vision de montagnes désolées, de hauteurs inatteignables, qui s’imposent à nous.
HIS DIVINE GRACE nous laisse ici une œuvre intemporelle : « Der Kommt am Weitesten… » fascinante comme la contemplation du vide – seul – face à la nature. Il faut se laisser porter par les vagues sonores, les silences, les soupirs de cette musique belle et triste. On a presque l’impression de vivre les derniers instants d’un homme, au crépuscule de son existence, et dont toute la vie, toutes les désillusions, les déceptions, défilent devant les yeux alors qu’il se tient loin de tout, au milieu d’une nature sauvage.
Et l’orage approche « Die Wüste Wächst… » et la musique devient un chant à la gloire de toute nos déceptions, une longue mélopée enivrante alors que plus rien ne compte que l’abîme qui s’ouvre devant nous, en nous, et grandit, grandit jusqu’à nous engloutir. Et si il y a de l’espoir, cette ailleurs inaccessible que l’on sent pourtant si proche, et qui nous appelle, qui nous hante comme un souvenir d’enfance, on sait très bien en cet instant que ce n’est qu’une illusion de plus…
« Die Schlangenkönigin » est l’album des espoirs déçus, de tout ce dont on se souvient au seuil de la mort, et de cette nature sauvage, si proche de nos aspirations les plus secrètes, de nos désespoirs les plus vertigineux.


REVERSE ALEPH
Hau Ruck!, CD, 2001



















Long morceau mystérieux, « Reverse Aleph » égraine ses boucles oniriques, impénétrables et arcaniques sur plus de 66min, un peu à la façon des deux albums que le défunt Hoedh avait sortis il y a quelques années, sauf qu’ici tout semble se perdre avec davantage de puissance dans une brume intemporelle, un brouillard intérieur sans fin.
Et même s’il y a une certaine répétition dans ces boucles, il s’en dégage une impression de calme, une pérennité substantielle, un sentiment presque mystique de révélation , ou, à défaut, de mystère cosmique. Les boucles évoluent lentement, se fondent en une nouvelle perspective sonore au bout de plusieurs minutes, et cela jusqu’à la fin de l’album ; et, déjà, on sent poindre le His Divine Grace des albums futurs.


LEVIATHAN I, II, III, V, VI
Gigabrosaurus Recs, CDr, 2001 / 2004
LIVE IN ENGELSBERG
Gigabrosaurus Recs, CDr, 1999



Radicalement différents des albums de HIS DIVINE GRACE les plus connues et critiqués ci-dessus, la série des LEVIATHAN est bien plus minimaliste et nous offre de longs morceaux de 66 min faits de drones infinis, de nappes grinçantes, quasi statiques. Bref, nous sommes ici très loin des atmosphères mélancoliques, tristes, de « Die Schlangenkönigin » par exemple. Aucun des albums de la série ne marque une réelle différence avec les autres et pour les réfractaires à ce style de musique l’ennui peut gagner rapidement.
Pour les vrais fans de drones et de minimalisme.

Plus varié le « Live in Engelsberg » propose aussi de longs drones sans fin, des gémissements industriels, des grincements souterrains, mais avec ici et là des passages dissonants et expérimentaux, des fréquences étirées à l’infini, des voix spectrales et morbides, toute une suite de passages contrastés. Certes on reste très loin des travaux les plus connus d’HIS DIVINE GRACE, plus sombre et plus inquiétant ici, et moins monotone que la série des LEVIATHAN, et même si l’ensemble ne passionne pas, ce live reste malgré tout digne d’intérêt.

KEROVNIAN

VOYAGE DANS LES LIMBES...

Insidieux, fascinant, le défunt projet KEROVNIAN est une lente immersion dans un univers nocturne qui n’est pas celui de la rêverie, du cauchemar, non, il s'agit ici de la suggestion : l’invisible, le mal sont là, à l’extérieur, à l’intérieur… Il n’y a pas d’issue : nous sommes enfermés dans ces ténèbres mauvaises…

FAR BEYOND, BEFORE THE TIME
(Cold Spring) 1999 CD






















1 - Those Beneath The Moaning Castle
2 - Far Beyond, Before The Time
3 - The Godless Keep
4 - From The Lands Where The Winds Die
5 - As They Dug Their Way Out Into The Machinery Of Death
6 - Before The Oblivion

D’étranges créatures gémissent dans la nuit, cela montent du sol, des profondeurs de la terre, et des souffles, de curieuses machineries entrent en actions. « Far Beyond, Before the Time » est la bande son d’un monde nocturne, du « Pays de la Nuit » cher à l’écrivain anglais William Hope Hodgson ; tout y est ténèbres, des ténèbres emplies de choses rampantes, de bruits impossibles à identifier. Les mélodies y sont tristes, lugubres, fantastiques, elles nous renvoient à cet univers mauvais, mauvais car l’on sent que tout proche, là, devant nos yeux qui restent aveugles, cette barrière de ténèbres tachée de grisaille, de lueurs mortes, des choses s’agitent et nous détestent.
« Those Beneath the Moaning Castle » nous plonge tout de suite dans cet univers pernicieux puis le titre éponyme « Far Beyond, Before the Time » se révèle tout aussi lancinant : tintements, voix spectrales, échos bourdonnants, chuintements, tissent autour de nous une atmosphère létale. Pas de doute possible, quelque chose nous regarde des ténèbres, sur cette terre malsaine, peut-être est-ce l’au-delà… Qui sait ? Nous sommes peut-être déjà mort et ces voix insanes, qui s’élèvent, déformées, ici et là, ne sont que les âmes des morts lancées à notre poursuite ?
« The Godless Keep » se révèle plus informel ouvrant la porte à la tristesse de « From the Lands where the Winds Die » et les créatures de « As they Dug their Way out » hurlent leurs désespoirs, leurs haines dans la grisaille de ce purgatoire sans que l’on ne sache vraiment à quel moment elles nous atteindront, ni qui elles sont, quelles formes elles empruntent.
« Far Beyond, Before the Time » est un véritable album de black-ambient.
Pour ceux qui se doutent déjà qu’ils ne sont pas seuls dans le noir…


FROM THE DEPTHS OF HARON
(Cold Spring) 2001 CD





















1- Dripping in the Form of Styx
2- Morgue of Human Sanity
3- The Worm of the Broken Urn
4- Let Yourself to Float… To the Flute of Death
5- Litany of Lonely Corpse
6- The Silence was Unmade
7- The Shadows were Unmade
8- A Cry from the Maze

Toujours aussi suggestif, évocateur d’un mal latent, le second et hélas dernier album de KEROVNIAN nous entraîne une fois de plus aux confins d’un monde noir.
C’est sur les berges encreuses du Styx « Dripping in the form of Styx »que nous abandonne chaque titre : mélodies susurrantes, où des ombres défilent, des formes passent près de nous dans cet au-delà sans espoir « Morgue of Human Sanity », lent, triste, où l’âme s’étiole et désespère au milieu de créatures décharnées et rampantes. Vient ensuite le grinçant et funeste « The Worm of the Broken Urn » plein de couinements évocateurs, lointains, de grincements enregistrés qui ponctuent une mélodie sinistre.
Décidément, cet au-delà, ce qui nous attend après la mort ne laisse rien augurer de bon dans les titres qui suivent : « Let Yourself to Float… To the Flute of Death » et « Litany of Lonely Corpse ». Et en effet, dans le premier, d’une grande beauté, c’est toute la tristesse de l’existence qui s’appesantit sur vous, et l’appel, l’appel fascinant de la mort qui retentit ; et la voix blanche d’une certaine M. Empress Sigyn s’élève au milieu des hululements amers… Beau et enivrant à la fois… mais ne portant aucun réel espoir comme nous l’énonce : « Litany of Lonely Corpse »…
Moins fort en revanche et sans doute aussi moins personnel « The Silence was Unmade » dont certain font des albums entiers… Mais les deux derniers morceaux sont là pour nous replonger dans cet univers triste et étiolé plein de fantômes et de choses sans noms. « A cry from the Maze ». Quel est ce labyrinthe ? Celui de la vie, de l’âme, de l’éternité ? De l’âme emprisonnée pour l’éternité dans une existence sinistre ?
« And the eternal flow of Styx carried me away . There was no Time I could count, nor Death I could await. They both died. Now, there is no Emptiness. Just this abominated river, the Cause and the End. »
Et en ouvrant une fois de plus le livret intérieur, c’est bien de cet au-delà qu’il s’agit comme nous l’explique les textes :

« And as the faces stared at me, their evil gazes took me into their shapes, and I saw legions of souls, hurling chaotic winds melted with infernal bells in one fraction of a second… »

Un album indispensable pour tout fan de musique sombre, pour tous ceux qui cherchent à fouailler les profondeurs suppurantes de l’au-delà… le royaume de la mort s’ouvre à vous…

NORTHAUNT

LES TÉNÈBRES DU NORD...



Longues plages pleines de craquements ponctuées d’harmonies sombres, planantes, qui se perdent dans un horizon crépusculaire ; souffles solitaires mêlés de notes distantes, de pianos égarés évoquant la tristesse d’une fin de journée au bout du monde, telle est la beauté de l’œuvre de Hærleif Langas, alias Northaunt.
A l’image de ses pochettes d’albums, des défilés sombres de nuages changeant planant au-dessus de terres désolés que l’on peut voir lors de ces concerts, Northaunt c’est la vision d’un crépuscule sans fin, éternelle, où l’âme se perd, consciente de la solitude de l’homme, de la tristesse infini de l’existence, prête à se noyer dans cette contemplation, dans sa passion des terres désolées, d’une nature sauvage et sans compromis.

THE OMINOUS SILENCE
(Fluttering Dragon) 2001 CD



1 - Might And Misanthropy
2 - Northaunt
3 - Der Bor En Frost Her Inne
4 - De Sorte Trær
5 - Running Out Of Time
6 - In Rain
7 - And I Fade Away
8 - Pain Is Better
9 – Øde
Vidéo : A Funeral Inside

Tout commence par la pluie : des égouttements mêlés de bourdonnements, de boucles chuintantes, et de là naissent des mélodies éparses de synthés, de pianos, d’une simplicité envoûtante – mais des plus efficaces - et avec « Might and Misanthropy », l’univers de Northaunt se révèle à nous. Puis de lointaines vibrations, inquiétantes, mauvaises comme une âme en peine rôdent dans l’air  : bruissements, chuchotements, bruits sourds mêlés de notes égarés, fantastiques, qui s’élèvent dans les ténèbres comme une invocation à quelques divinités chtoniennes « Northaunt ». Et l’on découvre « Der Bor En Frost Her Inne » et son introduction de guitare, de piano, envoûtante comme les plus belles mélodies de Johan Levin avec Desiderii Marginis lorsqu’il s’attarde aussi à user de ces instruments, à les mêler à des harmonies souffreteuses, gémissantes.
Et les morceaux s’enchaînent, évoquant les ténèbres de l’âme, de la terre, tout en samples bourdonnants, en souffles rauques imbriqués de mélodies : le monastique et sombre « Running Out of Time » ; le très simple et court « In Rain » douce rêverie au piano sur fond de… pluie ; « And I Fade Away » clapotis mêlés de guitare se transformant en une inquiétante ritournelle. Un très beau premier album, personnelle dans ses ambiances, dans le mélange de boucles hypnotiques, de fields recordings, de sons industriels mais aussi l’utilisation d’instruments qui confère à former un tout.
A noter de fugaces apparitions aux vocaux, chuchotements, mélopées désespérées, de la très – trop rare – NACHT ! ( Aghast, Nacht) dont il faut avoir entendu le somptueux hymne nihiliste « Svartsinn » dans la compilation « The Absolute Supper » de Cold Meat… mais ceci est une autre histoire…




















Le CD se termine avec le mélancolique "A Funeral Inside", proche de GATHERING COMPOSED THOUGHTS de NECROPHORUS ou de REFLECTIONS FROM THE TIME OF OPENING de RAISON D'ÊTRE. Et si le titre est réussi, la vidéo est en revanche de trop faible qualité, pour que l'on puisse réellement en profiter, dommage, mais après tout c'est la seule faiblesse de ce superbe CD !






NORTHAUNT : A Funeral Inside









A noter la réédition de THE OMINOUS SILENCE chez Cyclic Law, fin 2010. Les titres sont les mêmes, sauf pour la vidéo, A Funeral Inside, qui dans cette dernière version apparait sous forme de piste audio.


BARREN LAND
(Fluttering Dragon) 2004 CD



1 - Dying day / Dawn and ashes
2 - A Silent Battle
3 – Kapp Farvel
4 - Whiteout
5 - Laid Bare Beneath the Stars
6 - Just Another Cold Spring
7 - Lost Days
8 - Varghjerte
9 - The Fire
10 -Shadow Over the Barren Land

Quelque part entre rêverie et tristesse, mêlant drones, field recordings et instruments divers comme piano et guitare, mais de façon plus homogène encore que dans « The Ominous Silence », Barren Land s’impose comme une œuvre entière, envoûtante…
Barren Land est l’évocation des paysages sombres du Nord, de la « terre stérile » hantée par la brûlure symptomatique d’un jour à l’agonie ; la musique se perd ici en souffle, en craquements atténués par la distance au milieu desquels surnagent des mélodies tristes, de longues harmonies mortes qui prennent lentement possession de l’âme, s’immiscent dans l’esprit comme une noire certitude tout en ayant la beauté sauvage des fjords et des terres brûlées par le gel.
Et quand les souffles s’estompent, que les craquements glissent dans le néant, c’est pour se laisser pleinement envahir par ces mélodies tristes. Tout devient écho lointain, murmures tragiques, et les bribes éparses de mélodies, les drones incertains, venus du dedans, venus des profondeurs de la nuit, s’unissent pour former une mélopée lancinante.
Il est difficile de noter un morceau plus qu’un autre, car l’œuvre forme un tout et Barren Land s’écoute comme une longue rêverie triste, seul, le soir, alors que les ténèbres envahissent l’horizon, alors que d’autres ténèbres, plus profondes, montent des méandres de l’âme, et la solitude, la tristesse, la désillusion aussi bien que l’envoûtement de ces lourds nuages barrant l’horizon, vous envahissent peu à peu, prennent possession de vous.

A noter : l'album est ressorti en 2013 chez Infinite Fog Productions avec un titre inédit, Winter II et une nouvelle composition, Hopeless Dreams.




















IN THE MIDST OF LIFE, WE ARE IN DEATH
(Objective/Subjective) 2004 CDr mini




















1 - Autumn Cold, Rain From The Stars

Long morceau de plus de 20 min alternant les ambiances, les climats ; on est loin ici du drone répétitif qui tient tout le morceau… comme certains autres projets dark ambient !
Il s’agit là de créer une atmosphère, un univers de soupirs, de frôlements et de craquements soutenus par des harmonies sombres, planantes. Tout aussi méditatif, triste, insidieux que les albums, cette rareté ne déçoit pas !

A noter : IN THE MIDST OF LIFE, WE ARE IN DEATH est ressorti en 2013 chez Infinite Fog Productions sur la réédition de BARREN LAND.


HORIZONS
(Cyclic Law 2006)



1- Until Dawn Do Us Part
2- Night Came To Us
3- Horizons
4- The Autumn Sky
5- Night Alone
6- With The Stars As Witness
7- The Wilderness
Video The Wilderness (Alternative Version)



NORTHAUNT c’est la magie et la tristesse des paysages désolés, sauvages (The Wilderness et sa reprise en vidéo), battus par les vents, la neige, et que l’on contemple, seul, au milieu de cette vie glaciale.
« Until Dawn Do Us Part » est tout simplement formidable… Tout commence par un brouillard de sons qui s’étirent, s’élèvent au-dessus d’un paysage désolé, puis quelques notes, belles, tristes, émergent de ce brouillard de drones, de bruits désenchantés, et l’on se croirait plongé dans les superbes illustrations du digipack. Fjords désolés au crépuscule, pluie s’égouttant d’une toiture sur fond de ciel amer, fenêtre brisée ouvrant sur la lueur triste d’un jour famélique…
« Night Came To Us » est l’un de ces paysage sonore glacé et mouvant dont Hærleif Langas a le secret, et qui nous prouve, une fois de plus, que NORTHAUNT a su se hisser parmi les plus grand du genre, au côté de Raison d’Être, d’Atrium Carceri ou de Desiderii Marginis. Elaboré, chaque titre est à lui seul une véritable bande-son ou chaque écho, chaque souffle, chaque bourdonnement trouve sa place, agite son linceul à point nommé. Toujours en mouvement, jamais lassant, ne se contentant pas comme beaucoup d’étirer sans fin des drones laborieux, et surtout d’une noirceur fascinante, lancinante, « Horizons » ne peut décevoir les aficionados. Et si tout est noir, meurtri, les quelques lueurs qui se détachent de ces ténèbres renforcent la beauté de cette mise en abîme sonore.
Et c’est aussi ce que suggère « Horizons ». Quelques éléments de field-recordings, des nappes de sons erratiques, des tintements métalliques contenus, et la vue se perd dans la grisaille infini de l’horizon, dans ce royaume houleux de nuages, dans ces montagnes qui se dressent au loin.
On sent la solitude, la même intemporalité avec « The Autumn Sky », tout en grincements feutrés, en nappes de sons qui dérivent sans cesse, perdues dans un ciel gris, et l’on glisse lentement mais inexorablement vers la nuit avec « Night Alone » ; et les notes se perdent une fois de plus, se diluent dans les ténèbres que des souffles, des drones moribonds, et quelques notes, indemnes, mais fragiles, comme nos derniers espoirs, viennent hanter.
Et on reste dans une ambiance feutrée, intemporelle, avec « With The Stars As Witness ». Les nappes de synthés sont discrètes, se perdent dans l’éther, et, en effet, si quelqu’un, quelque chose, peut être témoin de l’âme errant – seule – en ces immensités hivernales, se sont bien les étoiles. Car elles seules posent encore leur regard sur nous.
Encore un morceau à la beauté tourmentée avec « The Wilderness », tout en retenue, en tristesse rentrée ; c’est l’évocation, une fois de plus, de paysages désolés mais somptueux. Beau et terrifiant que la lueur de la lune, se posant, une dernière fois, sur le visage d’un condamné à mort.
« The Wilderness » enchaîne les atmosphères, les sons, les crissements de pas dans la neige, le craquement des branches, les souffles et les échos sourds jusqu’aux dernières et mystérieuses notes de synthé…
Que demander de plus ? Ah si, une version alternative de « The Wilderness » en vidéo… pleine de nuages, de souffles, de solitude…


NORTHAUNT : The Wilderness




NORTHAUNT/VINTERRIKET
Split
(Flood the Earth Records)



1- VINTERRIKET - Landschaften Ewiger Einsamkeit IX
2- NORTHAUNT - Until Dawn Do Us Part
3- VINTERRIKET - Am Brennenden Nördlichen Firmanent
4- NORTHAUNT - Shadows Over The Barren Land
5- VINTERRIKET - Landschaften Ewiger Einsamkeit VII
6- NORTHAUNT - Øde
7- VINTERRIKET - Landschaften Ewiger Einsamkeit VIII

Excellent split album qui permet à la fois de découvrir NORTHAUNT et la face ambiante de VINTERRIKET.
Øde étant tiré de THE OMINOUS SILENCE et Until Dawn Do Us Part et Shadows Over The Barren Land, de l'album BARREN LAND.















NORTHAUNT / SVARTSINN
THE BORROWED WORLD
LOKI FOUNDATION, CD, 2013




















1-  If Only My Heart Were Stone
2- Ashes Of The Late World

 



...NORTHAUNT LIVE...
Festival Cyclic Law


NORTHAUNT live.... Paris, Le Klub, 05 septembre 2008