REVELATION
Reue Um Reue / Just Another Winter, LP, 2009
A- HIS DIVINE GRACE - De Grâce
B1- DE GRÂCE - Les Signes Des Temps
B2 - DE GRÂCE -Entendez!
B3 - DE GRÂCE - Révélation
Signe des temps, de la fin des temps, du jugement dernier qui approche à grands pas (cf la pochette tirée de l’œuvre d'Hans Memling), voilà donc l'album qui met un terme à l'aventure musicale d'HIS DIVINE GRACE. Chapitre final d'une longue histoire ponctuée de quelques très beaux albums, RÉVÉLATION marque le passage des pouvoirs entre HIS DIVINE GRACE et le nouveau projet de Moonchild Erik, DE GRÂCE. On abandonne donc le dark ambient, les morceaux industriels des débuts, l'ambient rêveuse, onirique et romantique de Die Schlangenkönigin, pour une musique plus orientée vers une sorte de post black metal ambiant.
La différence entre les deux projet est d'ailleurs quasi imperceptible sur ce vinyle : que ce soit sur la face A ou B, on retrouve les mêmes ambiances tristes et désolées. Une simplicité dans l'exécution, une naïveté, issue en droite ligne des premiers albums de MORTIIS (CRYPT OF THE WIZARD), et de façon générale, d'une certaine forme de black metal qui, lorsqu'il devient ambiant, lorsque les guitares saturées ne sont plus que des éléments d'arrière-plan encore présent ici et là pour appuyer la noirceur du propos, en devient presque touchant : évocation des temps anciens, d'un moyen-âge fantasmé, des épopées vikings ou d'un monde issu de la littérature de fantasy (Tolkien chez URUK-HAI par exemple) ou simplement du désespoir, de la solitude, de tous les thèmes du depressive black metal.
Malgré cette simplicité, quelques mélodies, quelques notes de synthés étirées sur un ciel gris, les rares guitares qui emplissent cette musique crépusculaire (Entendez!), les quelques hurlements lointains de De Grâce, RÉVÉLATION reste un album attachant, aux mélodies claires, répétitives, pleines d'une grande tristesse. Révélation ou Les Signes des Temps en sont les meilleurs exemple, mais aussi le long titre de plus de 18 minutes d'HIS DIVINE GRACE qui, de fait, en devient un requiem des plus honorables.
Alors faut-il regretter HIS DIVINE GRACE ? Bien sûr, il faut le regretter, car dans ces dernières œuvres, le projet de Moonchild Erik était devenu d'une grande beauté. Je pense d'ailleurs que les deux projets sont complémentaires, suffisamment riches, pour évoluer parallèlement. Mais hélas, à ce qu'il semblerait, il faudra aussi regretter DE GRÂCE, car, depuis 2009, à ma connaissance, aucun des deux projets n'a donné de ses nouvelles...
Manifestement le jugement dernier a eu lieu...
Alors nous sommes tous morts...
Et à ce qu'il semblerait, nous sommes restés en enfer...
En fait, bien peu s'en rendent compte, mais tous y contribuent...
Reue Um Reue, CD, 2006
1- Les Chevaux De Feu
2- Les Gardiens Du Grand Secret
3- Verbum, Lux Et Vita
4- Le Voile Levé (La Mort De Sekens Murdock)
5- De La Nécessité De Se Taire
6- Frayeurs Initiatiques
7- Pourquoi... Toujours Pourquoi!
8- L'Opposition Tacite
9- Le Quatre-Heure De Cristal (La Mort De Leontin Voigt Abilgaard)
10- Le Principe Immuable
Après Ernst Jünger et« Die Schlangenkönigin » HIS DIVINE GRACE retourne aux références littéraires pour « Le Grand Secret » avec cette fois, sérieusement ou non (?), une interprétation des œuvres philosophiques de Sekens Murdock et Leontin V. Abilgaard… dont l’histoire ne semble pas avoir gardé une grande trace, mais il est vrai que les plus belles œuvres sont aussi parfois les plus méconnues, les plus secrètes, les plus imaginaires… Laissons-nous donc porter par ses auteurs « hors du commun », par leurs étranges réflexions sur les rapports de la réalité et des mots, qui ont conduit au décès inexplicable de l’un, poignardé par des mots justement, et au suicide de l’autre, lisant le livre du premier… Cet étrange état de fait constaté, attachons nous à présent à la musique, aux morceaux répartis en trois chapitres.
Thèse – Sekens Murdock
« Le Grand Secret » nous offre 70 min d’une musique propices aux sombres méditations, à l’introspection ; c’est aussi une invitation à partir pour un voyage intérieur ésotérique et mystérieux. De l’industrielle ambiante pleine de craquements des débuts de « Les Chevaux de Feu » au recueillement nostalgique de « Les Gardiens du Grand Secret » c’est le tumulte intime des sentiments secrets de l’âme qui déroule son film crépusculaire devant nous : toutes les grisailles de la vie, ses tourments secrets y sont révélés au grand jour.
Puis les morceaux s’enchaînent sur des samples tirés d’un film de Cocteau (Orphée), l’avant-gardiste « Verbum, Lux et Vita » et le très rituel et hanté « Le voile Levé (la mort de Sekens Murdock) » allant crescendo comme une curieuse et fatidique cérémonie de mort : « …. la vierge au masque de fer… ».
Antithèse – Leontin Voigt Abilgaard
Plus insidieux « De la nécessité de se Taire » et ses mélodies vibrantes, menaçantes, qui s’élèvent dans l’air, de plus en plus fortes, affirmant leur détresse, laissant sortir le mal qui s’y tient à l’affût… « Frayeurs Initiatiques » rythmé par un thème lent et répétitif qui gagne en noirceur à mesure que des souffles, des échos emplissent l’espace. Sournois et mauvais comme la lune brillant sur les dalles brisées d’un cimetière.
Plus insidieux « De la nécessité de se Taire » et ses mélodies vibrantes, menaçantes, qui s’élèvent dans l’air, de plus en plus fortes, affirmant leur détresse, laissant sortir le mal qui s’y tient à l’affût… « Frayeurs Initiatiques » rythmé par un thème lent et répétitif qui gagne en noirceur à mesure que des souffles, des échos emplissent l’espace. Sournois et mauvais comme la lune brillant sur les dalles brisées d’un cimetière.
Des vagues infinies et monotones de sons, mêlés de voix, qui s’éteignent lentement comme les dernières lueurs du crépuscule caractérise « Pourquoi… toujours Pourquoi ! ». Puis on replonge aussitôt dans un univers de sons imbriqués, inextricables, avec des échos confus de chant, des bruits épars, des résonances moribondes, une atmosphère beaucoup plus sombre « L’Opposition Tacite ». Et le dernier morceau de cette antithèse « Le quatre-heure de Cristal (La Mort de Leontin Voigt Abilgaard » dans le même esprit mais plus expérimental encore et dont émane finalement une lueur distante avec ses voix modulées, évanescentes, qui disparaissent dans une dernière échancrure de nuage.
Dernier chapitre avec « Synthèse et Syncrétisme » et son unique morceau : « Le Principe Immuable » d’une lenteur calculée, dispensant ses notes avec parcimonie, il est là pour ponctuer au minima le dernier chapitre d’une histoire. On regrette d’abord les autres morceaux, puis on s’éprend peu à peu de cette journée grise, sans vie, même si ma préférence va au reste de l’album.
EURYDICE
Dark Vinyl, CD, 2005
1- Phénixologie
2- La Science de l’Âme
3- Hibiscus (Cette Fleur Morte)
4- La Clé des Songes
5- Miroirs
6- La peine de Vivre
Dans la lignée de« Die Schlangenkönigin », « Eurydice » poursuit l’exploration de ses ambiances intemporelles, oniriques, - hors de l’Espace, hors du Temps, aurait dit le poète – avec toujours cette nostalgie terrible qui émane de chaque morceau.
Boucles hypnotiques, étourdissantes, avec « Phénixologie » et « La Science de l’Âme »qui entraînent l’esprit vers de curieux rivages intérieurs. « Hibiscus (Cette Fleur Morte) » se révèle presque plus onirique, plus éthérée que l’ensemble de l’album, comme si l’on se trouvait, pour un bref moment, dans l’œil d’un cyclone cérébrale.
L’album, dans son essentiel, est sans doute moins riche, plus épuré que « Die Schlangenkönigin » mais il réussit aussi à nous porter vers des contrées nébuleuses (La Clé des Songes).
Chaque morceau tourne autour des mêmes sonorités, aiguës et graves imbriqués en une note unique, ou bien vibrations plus complexes qui se recouvrent, se transforment, et changent de forme au gré des boucles, de leur évolution, comme les métaux dans l’athanor d’un alchimiste.
L’album s’étire comme un rêve, dont on ne garderait, au réveil, que des bribes éparses, insaisissables, et dont rien ne se dégage vraiment, sinon cette sensation étrange et tenace d’avoir été ailleurs.
1- Marina I
2- Die Rautenklause
3- Der In Den Blättern Lebt
4- Das Rote Waldvögelein
5- Der Kommt Am Weitesten, Der Nicht Weiß, Wohin Er Geht (Toujours Plus Loin, Toujours Plus Haut)
6- Marina II
7- Die Wüste Wächst - Weh Dem, Der Wüsten Birgt (Herméneutique De L'Isolation)
8- Marina III
9- Eburnum
10- Marina IV
Hypnotique, nostalgique, His Divine Grace s’éloigne avec cet album de ses débuts plus minimaliste, expérimental et industriel ; certes, les notes s’étirent, les harmonies se rejoignent, s’éloignent et se dissolvent les unes dans les autres, mais c’est une triste rêverie qui en résulte ( Die Rautenklause). La recherche d’une osmose avec la nature, d’une sorte de romantisme méditatif qui s’affirme lentement. Et en effet, l'album est inspiré de « Sur les Falaises de Marbre » de l’écrivain allemand Ernst Jünger, décrivant la vie paisible de deux ermites perdus au milieu d'une nature sauvage. Et l’on se prend aussi à songer à l’univers de certains romantiques allemands tels que Novalis, Jean-Paul… ou plus proche de nous à l’écrivain français Marcel Brion pour cet envoûtement de la nature, cette fascination mêlée de mystère et de nostalgie.
« Die Schlangenkönigin » pousse plus loin cette idée de boucles hypnotiques entreprise avec l'album précédent « Reverse Aleph », ou, en tout cas, en est une version aboutie, épurée… réussie…Et de ses boucles méditatives, rituels, qui sont comme l’appel d’un ailleurs inaccessible, on se souvient aussi des premières productions du label Dark Vinyl avec Hoedh, Hostia, Die Wappen Des Thodt… les compilations Ordo Catharis Templi dont « Der in der Blättern Lebt » est très proche.
Et le surprenant «Das Rote Waldvögelein » enroule ses mélopées nostalgiques, mêlées de vent, dans notre esprit, et c’est une fois de plus la vision de montagnes désolées, de hauteurs inatteignables, qui s’imposent à nous.
HIS DIVINE GRACE nous laisse ici une œuvre intemporelle : « Der Kommt am Weitesten… » fascinante comme la contemplation du vide – seul – face à la nature. Il faut se laisser porter par les vagues sonores, les silences, les soupirs de cette musique belle et triste. On a presque l’impression de vivre les derniers instants d’un homme, au crépuscule de son existence, et dont toute la vie, toutes les désillusions, les déceptions, défilent devant les yeux alors qu’il se tient loin de tout, au milieu d’une nature sauvage.
Et l’orage approche « Die Wüste Wächst… » et la musique devient un chant à la gloire de toute nos déceptions, une longue mélopée enivrante alors que plus rien ne compte que l’abîme qui s’ouvre devant nous, en nous, et grandit, grandit jusqu’à nous engloutir. Et si il y a de l’espoir, cette ailleurs inaccessible que l’on sent pourtant si proche, et qui nous appelle, qui nous hante comme un souvenir d’enfance, on sait très bien en cet instant que ce n’est qu’une illusion de plus…
« Die Schlangenkönigin » est l’album des espoirs déçus, de tout ce dont on se souvient au seuil de la mort, et de cette nature sauvage, si proche de nos aspirations les plus secrètes, de nos désespoirs les plus vertigineux.
REVERSE ALEPH
Long morceau mystérieux, « Reverse Aleph » égraine ses boucles oniriques, impénétrables et arcaniques sur plus de 66min, un peu à la façon des deux albums que le défunt Hoedh avait sortis il y a quelques années, sauf qu’ici tout semble se perdre avec davantage de puissance dans une brume intemporelle, un brouillard intérieur sans fin.
Et même s’il y a une certaine répétition dans ces boucles, il s’en dégage une impression de calme, une pérennité substantielle, un sentiment presque mystique de révélation , ou, à défaut, de mystère cosmique. Les boucles évoluent lentement, se fondent en une nouvelle perspective sonore au bout de plusieurs minutes, et cela jusqu’à la fin de l’album ; et, déjà, on sent poindre le His Divine Grace des albums futurs.
LEVIATHAN I, II, III, V, VI
Gigabrosaurus Recs, CDr, 2001 / 2004
LIVE IN ENGELSBERG
Gigabrosaurus Recs, CDr, 1999
Radicalement différents des albums de HIS DIVINE GRACE les plus connues et critiqués ci-dessus, la série des LEVIATHAN est bien plus minimaliste et nous offre de longs morceaux de 66 min faits de drones infinis, de nappes grinçantes, quasi statiques. Bref, nous sommes ici très loin des atmosphères mélancoliques, tristes, de « Die Schlangenkönigin » par exemple. Aucun des albums de la série ne marque une réelle différence avec les autres et pour les réfractaires à ce style de musique l’ennui peut gagner rapidement.
Pour les vrais fans de drones et de minimalisme.
Plus varié le « Live in Engelsberg » propose aussi de longs drones sans fin, des gémissements industriels, des grincements souterrains, mais avec ici et là des passages dissonants et expérimentaux, des fréquences étirées à l’infini, des voix spectrales et morbides, toute une suite de passages contrastés. Certes on reste très loin des travaux les plus connus d’HIS DIVINE GRACE, plus sombre et plus inquiétant ici, et moins monotone que la série des LEVIATHAN, et même si l’ensemble ne passionne pas, ce live reste malgré tout digne d’intérêt.
Pour les vrais fans de drones et de minimalisme.
Plus varié le « Live in Engelsberg » propose aussi de longs drones sans fin, des gémissements industriels, des grincements souterrains, mais avec ici et là des passages dissonants et expérimentaux, des fréquences étirées à l’infini, des voix spectrales et morbides, toute une suite de passages contrastés. Certes on reste très loin des travaux les plus connus d’HIS DIVINE GRACE, plus sombre et plus inquiétant ici, et moins monotone que la série des LEVIATHAN, et même si l’ensemble ne passionne pas, ce live reste malgré tout digne d’intérêt.
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