------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

GUSTAF HILDEBRAND



STARSCAPE
Cyclic Law 2004


1- Eta Carinae
2- Dead Transmissions
3- Journey To Orion
4- Worlds Of A Distant Sun
5- The Cygnus Loop
6- Descending Into The Silent Depths

Mystérieux, grinçant, envoûtant, ce premier titre de « STARSCAPE », « Eta Carinae », donne le ton. Ici les drones gémissent comme de vieux vaisseaux, les vagues de sons se superposent, rejetant sur les berges de mondes lointains toute une écume attristée de sonorités, de bruits, où se mêlent des notes imprécises de synthés, des tintements lointains de cloches. Et les paysages célestes s’étirent, s’espacent, deviennent lointains, insaisissables, et se perdent dans une poussière d’étoiles, comme avec « Dead Transmissions ». Et, plus glacial que le premier titre, ce second morceau est à rapprocher – correspondance de thème oblige – du dark ambient industrialisant d’ « Interstellar » de NORDVARGR. De discrètes voix d’astronautes se perdent dans les boucles de sons, et, même s’il reste sans doute le titre le plus faible de l’album, « Dead Transmissions » réussi malgré tout à évoquer les espaces désolés qui s’étendent entre les étoiles solitaires.
Plus complexe en revanche, « Journey To Orion » avec son fond sonore hanté fait de drones profonds, de sifflements, de sons évasifs qui ponctuent le titre, et les voix, les voix surtout, religieuses, curieusement modulées, comme on en trouve dans les albums les plus récents de Raison d’Être, et qui confèrent au morceau une profondeur douloureuse.
Vient ensuite le très introspectif et méditatif « Worlds Of A Distant Sun » dont toute l’ambiance réside en une superposition de sons ; un mélange fascinant, toujours en mouvement, qui porte en lui une foule de souvenirs, de sentiments, de visions grandioses et désolées de mondes inatteignables, d’étoiles à l’agonie, de soleil aux couleurs improbables.
« The Cygnus Loop », du nom d’un signal capté dans la constellation du cygne (notamment utilisé par Peter Andersson avec son projet parallèle Atomine Elektrine), et plus inquiétant, plus sombre, porteur de doutes, d’interrogations, à l’image de tout signal venu du tréfonds de l’univers.
Très sombre aussi, et angoissant, « Descending Into The Silent Depths » est une lente descente sans espoir, pleine de souffles, de déflagrations, d’une houle de sons imbriqués, indéfinissables, qui confère à ce morceau toute sa noirceur.
Un premier coup de maître pour GUSTAF HILDEBRAND

Primordial Resonance
Cyclic Law 2005


1- Omega Continuum
2- Post Oblivion Fields
3- The Hollow Structures
4- Omnivoid
5- Ruins Of A Failed Utopia
6- Wanderer Of Strange Spheres

Beau, énigmatique, véritable clair-obscur sonore, évocation sompteueuse de planètes lointaines, de soleils agonisants, de nébuleuses aux couleurs improbables, « PRIMORDIAL RESONANCE » est une œuvre forte dont chaque morceau est à lui seul un voyage aux travers d’espaces insoupçonnés, des contrées que jamais l’œil de l’homme ne contemplera.
Et le périple stellaire commence dés le premier titre, « Omega Continuum », fait d’un brouillard superposé de sons, de drones sinueux, de mélodies denses et profondes, qui s’étirent, se modulent en d’étranges corps célestes. Et la magie se poursuit avec « Post Oblivion Fields », qui trace devant nous les contours indéterminés de lointaines constellations, faisant danser devant nos yeux des lueurs vagues, pleine de remous d’obscurité, de taches fantasmagoriques de couleurs ; et les tintements, les clapotis, les plages étirés de synthés, donne au titre une étrange profondeur mystique. Un peu à la manière des voyages fantastiques décrit par l’écrivain anglais, Olaf Stapledon, avec son chef-d’œuvre : Créateur d’Etoiles.
Et on songe aussi, d’un point de vue musical, aux explorations célestes de Frédéric Arbour avec son projet : Visions.
Tout aussi mystérieux et hanté par les fantômes d’étoiles mortes, de corps stellaires impossibles à identifier, « The Hollow Structures » est un ballet tournoyants de sons, de drones instables, mêlés de voix lointaines d’enfants, de gémissements sonores, de grincements comme on en rencontre chez Raison d’Être ou Lithivm (autre projet mémorable de GUSTAF HILDEBRAND dont l’unique album est sorti chez Cold Meat en 2003).
« Omnivoid » est plus introspectif, plus sombre, empli de souffles, d’échos métalliques, et des chœurs hantés, venus des régions les plus éloignées de l’univers, le parent d’une étrange aura crépusculaire.
Les voix religieuses, les grincements métalliques de « Ruins Of A Failed Utopia » replongent l’auditeur dans cet étonnant - et très réussi - compromis entre Raison d’Être, Lithivm et Visions.
L’album se termine avec le plus dépouillé « Wanderer Of Strange Spheres », plus dépouillé car il ne subsiste ici que les drones cosmiques, le plasma obscur et pernicieux de sons, qui organisait les précédents titres.
Doit-on espérer un autre album de GUSTAF HILDEBRAND, où doit-on se rabattre sur le tout aussi excellent Lacus Somniurum, qui semble être le nouveau projet du scandinave, toujours hébergé par Cyclic Law, et dans lequel il officie aux côtés d’Amanda Votta et de son étrange flûte ?
La réponse est oui, voici HELIOPAUSE...

 

Heliopause
Cyclic Law, 2012





















1 Cataclysmic Variable
2 Array
3 Nomadic Singularity
4 Heterodyne 5
5 Manifold
6 Decaying Orbit 5
7 Nucleus
8 Accretion
9 Vacuum Geometry

Bouillonnant, cosmique, fait de drones pulsant dans l’infini d’un espace ou la vie n’est qu’un hasard, un épiphénomène sans importance, éphémère et ingrat, que l’on ne perçoit que comme une étincelle ridicule, HELIOPAUSE semble plus diversifié que les précédent albums et marque un léger tournant dans la discographie de GUSTAF HILDEBRAND.
Au-delà de cette approche personnelle d’un dark ambient noir et cosmique, proche en cela de VISIONS, le projet de Frédéric Arbour, de Cyclic Law, on sent percer une certaine similarité au niveau des ambiances entre HELIOPAUSE et les dernières productions d’HERBST9, et peut-être plus encore d’INADE, vague similarité, lointaine influence, mais pas copie bien sûr. On sent surtout cette légère influence sur le très beau premier titre, Cataclysmic Variable, mais aussi sur Array, avec ses bourdonnements répétitifs, ses souffles stellaires, ses samples de voix déshumanisés. Bien entendu cette influence était sans doute déjà présente, notamment sur PRIMORDIAL RESONANCE, mais de façon encore plus diffuse, plus lointaine.
Et si HELIOPAUSE rappelle lointainement INADE, c’est en une version moins mécanique, aux sonorités plus dispersées, plus floues, qui se déchirent, se froissent et se dispersent dans un éther de sensations confuses, comme sur Manifold, presque violent, déchirant, ou sur les gémissements du métal torturé d’Heterodyne.
Ensuite, les morceaux deviennent parfois presque cataclysmiques, et semblent se déconstruire, éclater de plus en plus à mesure que l’album touche à sa fin. Bien entendu, ma préférence ira plutôt vers les premiers titres, noirs et cosmiques, ou les derniers, plus fantomatiques, mais ils génèrent malgré tout une persistante impression de chaos, de naissance et de mort d’un monde, d’un univers qui s’effondre, s’affaisse et se répand en longues spirales écarlates sur la noirceur sans borne de l’univers. Les voix désolées de Nucleus n’apportent qu’un calme relatif, un apaisement illusoire, au sein de cet univers tourmenté.
L’album se termine sur deux titres plus fantomatiques donc, Vacuum Geometry et surtout le spectral et angoissant Accretion, en cela plus proche des deux premiers albums.
L’ensemble des morceaux, si l’on y retrouve toujours ces lueurs froides, distantes, l’éclat torturé d’une mécanique stellaire déshumanisée, glaciale et indifférente, semblent plus diversifiés que par le passé et marque un certain renouveau dans le processus créatif de GUSTAF HILDEBRAND, toute proportion gardée bien sûr puisque j’ai trouvé la collaboration avec Amanda Votta de THE FLOATING WORLD pour leur projet commun, LACUS SOMNIORUM, plus efficace.

http://www.myspace.com/gustafhildebrand