AU SEUIL DE LA FOLIE…
Torturée, dérangée, sentant la rouille et la maladie mentale, l’œuvre de LITHIVM est un superbe témoignage sur la noirceur de l’âme humaine, quintessence de ce que l’écurie Cold Meat, quant elle ne s’égare pas trop, parvient à enfanter des profondeurs de ces aciéries infernales…
THRESHOLD TO DISHARMONY
(Cold Meat Industry) 2003
Torturée, dérangée, sentant la rouille et la maladie mentale, l’œuvre de LITHIVM est un superbe témoignage sur la noirceur de l’âme humaine, quintessence de ce que l’écurie Cold Meat, quant elle ne s’égare pas trop, parvient à enfanter des profondeurs de ces aciéries infernales…
THRESHOLD TO DISHARMONY
(Cold Meat Industry) 2003
1- Threshold to Disharmony
2- Distortion Cell
3- Last Sleep
4- The Entropy Within
5- Monstrum
6- Disturbed Asylum
7- The Dormant Urge
8- City of Machines – Segment I
9- City of Machines – Segment II
Projet parallèle de Gustaf Hildebrand, LITHIVM s’éloigne ici des ambiances cosmiques des deux albums sortis chez l’excellent label Cyclic Law.
Ce CD s’inscrit parfaitement dans la droite lignée des productions Cold Meat de l’époque : drones grondants, machineries rouillées, nappes glaciales et ténébreuses. On pense parfois à Letvm, Atrium Carceri, parfois Leak ou même Raison d’Être. Mais on se rapproche aussi par moments de Brighter Death Now et de certains passages de Megaptera.
Apparemment éphémère, ce projet nous offre un véritable album de dark-ambient grinçant, froid et désespéré, pour les puristes…
Tout commence avec le très beau « Threshold to Disharmony » quelques notes étirées de synthé, tristes, fatalistes, n’annonçant rien de bon, comme la voix désenchanté qui suit. Puis les grondements sourds, les échos distordus, les notes tourbillonnantes envahissent l’espace formant des couches successives de sons qui donnent l’impression d’entrer en un lieu maléfique, chargé de haine, où des vies ont été brisées, où se sont déroulés des drames sordides. Un endroit insane que renforcent les grincements de métal, les gémissements de tôles, le tout perdu dans un fouillis dérangeant de sons.
« Distortion Cell » poursuit cette exploration pour le moins névrosée. Tourbillons de sons, de souffles, de grincements, de notes angoissantes qui se succèdent, s’étirent, se recouvrent en un Pandémonium mauvais qui confine à la folie. Nous voici donc en quelque usine désaffectée, en quelque asile oublié, quelque hôpital livré aux rats, à l’obscurité et aux fantômes qui remontent, geignant, d’un passé torturé et douloureux. Car c’est bien de la folie, du mal, de la douleur, dont il est ici question.
Commençant par des notes graves et lugubres, par des drones souterrains qui servent de trame au morceau, rapidement rejoint par des martèlements de machineries, et toujours ce flou sonore riche et envoûtant qui plonge l’œuvre au cœur de quelque cauchemar récurrent, « Last Sleep » est tout aussi réussi que les précédents titres.
« The Entropy Within » ne laisse aucun espoir sur l’avenir de l’humanité, de cette humanité sombre, tourmentée, haineuse, dont il est ici question. Drones lourds et menaçants, échos fiévreux, voix émergeant d’une noirceur dont aucune lumière ne semble jamais devoir sourdre… le voyage au bout de nos propres ténèbres se poursuit inéluctablement…
Vient ensuite le maladif et dérangeant « Monstrum ». Tôles distordues comme on en rencontre chez Where, et auxquelles font échos des hurlements de femmes, des bourdonnements incessants, distorsions, venus d’on ne sait où. Glacial et terrifiant.
Tout aussi malade et décalé, « Disturbed Asylum » qui porte bien son nom. Les mêmes grondements, geignements de tôles, cris, au-dessus desquels une mélodie désarticulé issue du spectacle d’un cirque dépravé et dont les membres, les clients, semblent bons pour l’internement…
Retournant de prime abord à un dark-ambient/industrial plus introspectif, « The Dormant Urge » redevient rapidement agité de spasmes, de ses tourbillons sonores habituels ; tout aussi noir que les autres morceaux, on trouve derrière ses drones rituels tout une série de souffles, de grondements indéterminés, de vibrations mauvaises.
Mélodies glaciales, souffles menaçants, rythmes grondants et chtoniens, « City of Machines – Segment I » révèle une nouvelle facette de LITHIVM, un dark-ambient organisé, qui n’est plus ce souffle hanté et tourmenté des autres morceaux, mais une lourde et ténébreuse machinerie régulière et terrifiante.
Tout aussi superbe « City of Machines – Segment II » et dans le même style, basses lugubres, bourdonnantes, qui tournent en boucle, échos rythmés de sons industriels, et gémissements de métal qui s’enchaînent en un espace rituel et trouble. Excellent…
Même si elle reprend l’essentiel des poncifs du genre, l’œuvre de LITHIVM réussie à les transcender, à former un œuvre noire et torturée comme on aimerait en entendre plus souvent.
Même étouffement, même claustrophobie que dans le premier CD d'Atrium Carceri. Cette impression d’enfermement, de prostration, au milieu d’un univers de machineries rouillées, d’usines désaffectées, qui persiste jusqu’à la fin de l’album.
Indispensable…
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