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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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ONIROT

Toujours en mouvement, toujours changeante, l’œuvre d’ONIROT est destinée à ceux qui aiment les bandes-sons fantastiques, les musiques étranges et oniriques, exprimant tout le mystère, toute la sombreur de cet univers inexploré et nocturne, dont elle est la parfaite transcription, le parfait catalyseur. D'origine italienne, ONIROT est le projet de Herr Doktor A.P. et Von Ingolstadt...

AVGVSTA TAVRINORVM
(Inner Gravity Records) 2001





















1- Walking Through Villa Genero
2- Trompe D'oeil
3- Piazza Statuto (Passage To Hell)
4- Church Of S.Filippo Neri And The Alchemic Gold
5- Torino And The Devil
6- The Gran Madre And Directions Towards The Graal
7- Corso Francia The Way Towards The Peak
8- Crocetta, Liberty: A Style...
9- Video Track - Mental Bukkake






« Avgvsta Tavrinorvm » est le premier volet d’une trilogie qui se termine avec « Deus Ex Machina ».
« Walking Through Villa Genero » commence par des échos sourds, des voix troublantes, suivis par une musique calme et éthérée entrecoupée par des déchirements vocaux, des éclats bruitistes, le tout formant un surprenant contraste. Le morceau se termine sur un passage d’une beauté sombre et spectrale qui donne déjà le ton du reste de l’album.
D’un onirisme noir, comme l’essentiel de l’album, mêlant bourdonnements instables, souffles profonds, samples de voix religieuses, et mélodies oscillant entre bande-son fantastique et dark-ambient, « Trompe D'œil » révèle toute la puissance cinématographique de l’œuvre d’ONIROT.
Court morceau utilisant les claviers « Piazza Statuto (Passage To Hell) » rappelle parfois certains morceaux inquiétants, à l’onirisme équivoque, comme on en trouve parfois chez Caul (Reliquary).
Sombre, mystérieux, utilisant le même mélange de claviers/bruits « Church Of S.Filippo Neri And The Alchemic Gold » reste dans cet esprit de semi-torpeur onirique, de rêve inquiétant qui ne demande qu’à basculer dans le cauchemar. On y retrouve des chants tristes, désenchantés, où des mélodies sourdes viennent se perdre, s’égarer dans le mystère de certaines sonorités à demi éteintes.
Beaucoup plus hanté, « Torino And The Devil », mais tout aussi trouble et jouant une fois de plus sur cette limite entre rêve et cauchemar, cet état hypnagogique inquiétant, qui fait de nous une sorte de voyageur égaré entre deux mondes, entre deux réalités. On pense parfois à Kerovnian dans ces mélodies fantomatiques qui se noient les unes dans les autres au milieu d’échos indistincts. Franchement réussi.
Suit le très insidieux « The Gran Madre And Directions Towards The Graal » qui n’a rien de mystique comme pourrait le laisser présumer le titre, mais ressemble plus à la lente montée d’un mauvais rêve. Echos feutrés de sons, de mélodies susurrantes, spectrales ici aussi, qui distillent une fois de plus quelque chose de trouble et de malsain. Des bribes de notes, de mélodies, traversent cet espace grisâtre comme de lointaines réminiscences.
Sans doute le titre le plus réellement onirique de l’album « Corso Francia the Way Toward the Peak » est un compromis très réussi entre Caul, Kerovnian et certains morceaux peu connus et profondément oniriques de Klaus Schulze pour le film « Next of Kin ».
Le 8ème titre, noté au dos du CD, ne fonctionnant que sur certains ordinateurs – et pas le mien en tout cas ni ceux que j’ai pu essayer – difficile par conséquent d’en parler…
La vidéo nous montre, sur une musique triste de claviers, une succession d’images choquantes de crimes de guerres, de dissections, de cadavres, d’exécutions sommaires et d’images tirées de films (Dario Argento entre autres) qui ne donnent certainement pas une haute opinion de l’humanité ni une grande fascination, autre que morbide, sur le devenir de la chair. Mais sans idée vraiment directrice, sans autres explications que l’horreur de chaque image, comme toutes les vidéos de ce genre, elle semble bien vaine et juste montée dans le but de choquer. Dommage car la musique reste vraiment de grande qualité, et l’adéquation entre les images et le son, aurait donné une plus grande profondeur encore à cette œuvre.

DEUS EX MACHINA
(Inner Gravity Records) 2006





















1- To Set
2- To Aos
3- To Therion
4- To Aradia
5- To Nè Nè























Si « Avgvsta Tavrinorvm » marquait un premier essai réussi, on peut facilement dire qu’ONIROT se hisse à présent au niveau des plus grands noms du dark-ambient avec ce nouvel album. Plus cinématographique que jamais, dédié à différentes divinités (comme Bad Sector avec « Ampos »), ONIROT propose une fois de plus avec « Deus Ex Machina » une recherche autour d’atmosphères troubles et oniriques.
D’une grande richesse « To Set » s’articule autour d’une succession de thèmes, qui se confondent, se perdent les uns dans les autres, demeurant de fait très éloigné dans l’esprit de ces longs morceaux de vingt minutes proposant toujours le même thème médiocre passé en boucle. On assiste ici à une succession cinématographique de scènes, une réelle recherche sur les atmosphères qui glisse de mélodies en mélodies de claviers, auxquelles différents bruits, souffles et grondements, apportent une profondeur. Le tout parfaitement homogène, on passe d’une nappe sourde, à une triste mélodie au piano accompagné de chœurs distants, qui émergent lentement avant de disparaître dans un souffle, dans un grondement sourd qui donne naissance à quelque drone mystérieux. Parfait.
Tout aussi beau, et pouvant illustrer bon nombre de films au fantastiques troubles, quelques œuvres étranges et magiques du septième art, « To Aos » alterne les claviers, les nappes inquiétantes avec des sonorités industrielles. Quelques thèmes superbes émergent ici de la brume onirique, semblant tirés de la beauté de certains Raison d’Être ou Desiderii Marginis, mais avec une touche personnelle. Tout se termine dans un gémissement de tôles, d’échos indistincts, digne de la grande période Cold Meat.
« To Therion » se perd dans un tumulte mesuré de sonorités indistinctes, puis des mélodies semblent sourdre de quelques profondeurs malsaines, graves, menaçantes, et le bouillonnement semi cauchemardesque semi oniriques et industriel reprend. Quelque part entre cauchemar et rêve étrange, le titre se poursuit, renouvelant sans cesse ces spires inquiétantes.
Dans la même veine « To Aradia » est une étrange plongée en un univers pernicieux, pulsant, fait de sonorités doucement grinçantes, de voix fébriles presque méconnaissable, et de mélodies sourdes qui évoluent, s’estompent et renaissent dans une nouvelle complexité. Décidemment, si un terme doit définir cet album, c’est la richesse des sons qui évoluent, se suivent, s’imbriquent les uns dans les autres, avec une parfaite maîtrise, et sans jamais créer le moindre ennui. On songe à Die Sonne Satan pour certains sons, à Letum et Raison d’Être pour ce mélange d’industriel, de chants évanescents et de nappes attristées, mais cela sonne toujours comme du ONIROT… Superbe…
« To Nè Nè » conclut en beauté ce superbe troisième album. Beaucoup plus onirique et enchanteur, que les titres précédents, tout commence par un sample fluctuant, insaisissable, de chant religieux, renforcé par des arpèges discrets, des notes mystérieuses. Des voix se mêlent au sample, des chœurs plus ou moins lointains, et des mélodies s’agitent dans un fond sonore cristallin en une parfaite osmose.
Un album rare… trop rare… Tourbillon fantastique, onirique, enchanté et sombre de sons qui égarent l’esprit ailleurs, ailleurs, vers ce monde terrible, beau et fascinant des rêves…



A train leaving from the plains to face a dark journey...
...through cold, endless tunnels.
A mechanical snake carrying man to the industrial soul
of the city and to the obliteration of his own.

 A noter aussi l’existence du split album avec MORD (second volet de la trilogie) :

MORD / ONIROT
RITUALIS
(Pagan Moon Organization) Cd-r 2002 88ex



MORD
Rituale D'Accesso Alle Gallerie Nascoste
1- Untitled
2- Untitled
3- Untitled
4- Untitled
ONIROT
Viaggio Alchemico In V.I.T.R.I.O.L. Con Solve Et Coagula In Grande Madre
5- Untitled
6- Untitled
7- Untitled
8- Untitled

MORD, formation totalement inconnue – et à ne pas confondre avec le groupe de black metal du même nom déjà un peu plus intéressant -  nous propose ici 4 titres technoisant, noisy et expérimentaux sans grandes originalités hélas. On pourrait même dire franchement mauvais…
Passons donc rapidement à ONIROT et, là aussi, la surprise n’est pas très bonne. En effet, on regrette d’emblée le gouffre qui sépare RITUALIS des superbes Avgvsta Tavrinorvm et Deus Ex Machina.
L’ambiance générale reste funèbre, pas désagréable, mais sans originalité ni puissance dans le propos. Souffles, drones, auxquels se superposent des notes de synthés lugubres pour les deux premiers titres. Ambiance un peu plus expérimentale et bruitiste pour le second, c’est tout.
On songe ici à des tas de projets de secondes zones et autres formations à mi chemin entre black metal/doom et indus/dark ambiant pas toujours très convaincants.
Décevant donc, si ce n’est le troisième morceau qui rappelle avec force les premiers travaux de PETER ANDERSSON pour RAISON D’ÊTRE. Un titre agréable mais qui ne suffit pas à relever le niveau.
En revanche les choses se gâtent sévèrement pour le dernier morceau : environ 15 minutes divisées en deux parties.  La première partie, rythme électronique, sur fond de notes de synthés obscures. Le morceau se termine en plein courant électro, le tout, une fois de plus, fade et sans originalité. On pense un moment, au début, à du mauvais John Carpenter.
Le pire est à venir avec la dernière partie : expérimentations sonores à la limite du supportable ( !) qui se termine sur de la techno insipide (pas la techno, hein, le morceau…). Tout cela rappelle d’ailleurs MORD et on se demande s’il ne s’agit pas ici des mêmes « compositeurs ».
Bref, retournons écouter les envoutants Avgvsta Tavrinorvm et Deus Ex Machina ! Dommage, vraiment dommage.

Pour ceux qui lisent l’italien, une interview est disponible à l’adresse suivante :
http://www.occidentalcongress.com/interviews/Interview_oniroT.html

discographie : www.discogs.com

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