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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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WHERE

… E TU VIVRAI NEL TERRORE !...

Fervent adepte d’un dark-ambient extrême, sans concession, Zairo, qui officie aussi avec Massimo Magrini de Bad Sector, sur le non moins extrême et claustrophobique Olhon, nous convie à chacun de ses (trop) rares albums à une véritable plongée dans un univers d’une noirceur cauchemardesque.

THE CREATURES OF THE WIND
(Eibon Records) 1999


1- Boreas
2- Conoscenze Oscure
3- Sa’rka’ny
4- Creature del Vento
5- Cialarere
6- Streghe del Vento
7- Arpie
8- Sacro Terrore



« The Creatures of the Wind » est un hommage à toutes les divinités sombres et fatales du vent, toutes les créatures qui glissent d’un monde à l’autre sur ses ailes spectrales.
Tout commence par des drones venteux, grinçants, puis des gémissements de tôles distendues, d’épouvantables grincements de ferrailles tordues, des claquements, le tout perdu dans les tourbillonnements d’un vent venu de quelque gouffre sans retour… Voici le long « Boreas » qui commence. Les grincements restent toujours là, ressemblant parfois aux gémissements de quelque violon infernal ; le tout à la limite - atteignant le seuil de la disharmonie cher à Lithivm. Le dark-ambient gémissant, expérimental, de WHERE est né.
C’est l’évocation de quelque au-delà sans espoir, tourmenté, où ne règne que la douleur et les cris sans espoir des damnés. Et même si ce premier morceau semble parfois un peu trop long, moins envoutant que d’autres titres plus aboutis, il n’en reste pas moins une superbe introduction à l’œuvre unique de WHERE.
Vient ensuite le superbe « Conoscenze Oscure ». Même sonorités que dans le précédent titre auxquelles s’ajoutent des drones grondants, des crépitements lointains qui se perdent dans les spires du vent, les mêmes gémissements de ferrailles malmenées, mais ici les sons se fondent les uns dans les autres, de façon plus harmonieuse.
Toujours sans concession, expression d’abîmes lointains, de terres obscures vouées aux démons du vent « Sa’rka’ny » est une symphonie entêtante, sinistre, ininterrompue de grincements et de gémissements qui s’enchaînent ici en quelques bacchanales démoniaques. On se prend à repenser à l’enfer de Bosch, aux lointaines silhouettes de tours, de villes, de machineries incongrues en flammes, avec les démons, les damnés souffrant dans la solitude glacée d’une multitude de scènes. En voici la bande son gémissante et noire…
« Creature del Vento » est plus « discret », jouant davantage avec les drones lointains, les grondements sourds, les grincements insidieux qui tissent une atmosphère tout aussi noire et apocalyptique.
Hanté, spectral, mais tout aussi douloureux, « Cialarere » assure avec brio la suite de cet album. Bourdonnements, échos indéfinissables, souffles persistants, qui ne lasse pas de rappeler le plus abyssale de l’œuvre d’Olhon. Des saturations remontent jusqu’à nous, vibrant comme quelques mélodies outre-tombales, les grincements de métal sont plus rares, assourdies, noyés dans l’espace sonore occupé, fait de couches superposées de sons.
Tout aussi réussi, « Streghe del Vento » continue d’égarer nos sens dans ce maelström tournoyant. Toujours aussi inquiétant, cauchemardesque, mais ici la terreur est plus intime, moins explicite. Ce sont les gémissements intérieurs de l’âme que l’on entend. Idem pour le très court « Arpie ».
Et l’album se termine en beauté avec « Sacro Terrore » qui porte bien son nom. Enfin quelques notes lugubres, profondément sinistres, émergent de sonorités sournoises et « doucement » gémissantes. Beau comme un cauchemar…

WERERAT
(Eibon Records) 2006


1- They are Coming to Catch us
2- Chased and Hunted Down by Rats
3- Rat’s Bite
4- They are Everywhere
5- In the Eyes of a Rat




Retour au cauchemar avec ce nouvel album dédié aux rats, ou plus exactement aux wererats, jeu de mot avec le loup-garou de werewolf et les rats…
Ce n’est pas l’animal en lui-même qui est jugé ici répugnant, nuisible, etc… puisque l’on se rend bien compte aujourd’hui qu’il n’est pas de plus grand nuisible que l’homme lui-même… qui a force de tout détruire, de tout modifier, de vivre dans un environnement qui n’a plus rien de naturel, se modifie lui aussi lentement. Mais aura-t-il la capacité d’adaptation des rats ?
Le problème vient de ce que l’homme fait des rats, qui grandissent dans ses déchets, dans ses saletés, ses résidus industriels toxiques et aux effets inconnus sur l’homme comme sur l’animal lui-même. Ceux qui croissent dans le labyrinthe de ces cités et qui, comme les bactéries, les virus de nos organismes, deviennent chaque jour un peu plus résistant… C’est de cette nouvelle espèce de rat qui voit lentement le jour dont il est ici question…
Demain les wererats !...
Pure album de field recordings puisque tout les sons de cet album proviennent de lieux infestés par les rats : entrepôts, passages souterrains, fosses, puits, etc. Et on commence l’exploration de sous-monde infesté par « They are Coming to Catch us »… Mélange de sons inquiétants en arrière-fond, de remuements, de sifflements de vents, de bruits indéfinissables qui mettent tout de suite dans l’ambiance, et avec un tel titre, autant dire que cette ambiance est trouble, insane, dérangeante et toujours aussi cauchemardesque. Et quand les hurlements mauvais, rauque, de quelque animal sans pitié retentissent, lents, gémissants, sinistres et sans espoirs… on sait que ces choses sont après nous, qu’il n’y aura pas d’issue…
La même ambiance s’installe très rapidement avec « Chased and Hunted Down by Rats » et ses échos sourds, ses roulements lointains, ses clapotis d’eau insalubres. Les couloirs, les souterrains, s’étirent devant nous, sombres, voués à une perpétuelle grisaille, et plus on avance, plus on s’enfonce dans leur domaine.
Court hurlement de rats pour « Rat’s Bite » avant deux long morceaux. Le premier « They are Everywhere » est composé d’un long drone venteux, aux bruits sourds et imprécis, évoquant quelque canalisation souterraine, l’écho distant d’une ville devenu inquiétant car passé au travers du miroir déformant de tout cet univers obscur et délétère. Là où beaucoup se cassent les dents, WHERE tient la route, on a l’impression de cheminer au cœur de ce sous-monde infesté et grondant.
« In the Eyes of a Rat » est conçu sur le même principe, long drone venteux, agité de bruits fugaces, de vibrations régulières, qui nous plongent dans un cauchemar sans fin. Sinistre comme un soir de tempête passé dans le sous-sol infesté d’une grande ville.
Wererat est donc un véritable album conceptuel, puisque, au regard des quelques explications que nous offre le livret, Zairo semble avoir poussé ses recherches jusqu’à vivre dans les lieux désolées, le sous-monde obscure où vivent les rats :

..." A life among shadows, obscurity, greyness and darkness : somewhere between crepuscule and nightfall, far from the light, the penetrating sun and the flashing rays of sunlight."

Quel sera le prochain cauchemar?


"This recording is dedicated to all the animals hated by humanity"

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