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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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RAISON D'ÊTRE (II)

2ème Partie : 2003....à aujourd'hui



Requiem for Abandoned Souls
(Cold Meat Industry, 2003)



1- In Abandoned Places,
2- The Shadow Of The Soul
3- Disintegrates From Within,
4- Towards Desolation,
5- Becoming The Void Of Nothingness



Dans la droite lignée de « The Empty Hollow Unfolds », « Requiem for Abandoned Souls » est une superbe messe industrielle et ambiante, l’un de ces albums dont on ne ressort pas indemne. Intervenant après une longue volée de cloche et construit sur une ligne de fond de remous industriels, au-dessus de laquelle surnage douloureusement des voix esseulées et graves, des voix qui semblent déformer par la distance, par la profondeur, le premier titre « In Abandoned Places, » donne le ton de l’album.
Ce sera donc la douleur, le recueillement, la solitude qui émergeront de cette marée crépusculaires de sons. Témoin le fantastique « The Shadow Of The Soul », lent, fascinant et trouble comme les eaux qui viennent battre, à minuit, les quais délaissés de nos villes. Les cliquetis, les tintements discrets, les éclats sourds qui viennent créer des remous soudains autour des chœurs lointains, des synthés, évoquent la beauté visuelle des tableaux de ce peintre méconnu et talentueux qu’est John Atkinson Grimshaw, avec ces paysages nocturnes, ces ruelles crépusculaires abandonnées à quelque silhouette hâtive, ces bords de mers perdus sous des clairs de lune fantomatiques… Le morceau devient, en sa seconde partie, d’une beauté mystique et hantée qui ne pourra laisser indifférent.
Tout aussi ambiant, rampant, et perdu en ces remugles industriels, « Disintegrates From Within, » évoque à merveille les cinq différentes photos utilisées pour servir de couverture à « Requiem for Abandoned Souls ». Chants douloureux et traînants remontant de quelques mines abandonnées, grincements lointains de métal se répercutant en échos dans une friche industrielle, grondements souterrains ne semblant venir de nulle part, mais se glissant le long de corridors arachnéens, souffle imprécis qui vous glace le sang sans que l’on sache vraiment pourquoi en ces lieux désolés.
« Towards Desolation, » poursuit ce funèbre requiem pour les âmes abandonnées, celles qui errent en ces souterrains, ces galeries perdues à jamais, ouvrant les voies pour le fatidique et ultime titre : « Becoming The Void Of Nothingness ».
Et jusqu’au bout, « Requiem for Abandoned Souls » aura tenus ces douloureuses promesses.

Metamorphyses
(Cold Meat Industry, 2006)



1- Metamorphyses I
2- Metamorphyses II
3- Metamorphyses III
4- Metamorphyses IV
5- Metamorphyses V
6- Metamorphyses VI

Plus sombre, plus chtonien que jamais, « Metamorphyses » est fait de mélodies rampantes, de grondements souterrains, les voix y sont rares, mêmes les synthés, quand ils sont présents, se perdent dans les drones mouvants, dans le bouillonnement de sons inquiétants qui nous entoure.
Un peu à la manière de New Risen Throne, de certains des titres les plus ambiants du regretté Heid ou d’Inanna. On songe aussi à Lustmord bien sûr, mais RAISON D’ÊTRE ne devient en aucun cas une copie de ces formations, « Metamorphyses » n’est que le prolongement des recherches musicales de Peter Andersson, une approche plus abyssale de son œuvre.
Le premier titre, « Metamorphyses I », est une réussite du genre, lourd, aquatique, grinçant, profond comme un album d’Olhon, bouillonnant comme certain des meilleurs passages de Kraken, il tisse lentement son sortilège de sonorités imbriquées, entremêlées en un noir maelström, autour de notre esprit.
Le court « Metamorphyses II » ne parvient pas à détendre l’atmosphère mais annonce déjà la lente montée chromatique du titre suivant. On retrouve ici certaines des ambiances propres à Bocksholm dans ces instants les plus sournois, le côté percussif et bruitiste en moins, car si les grincements, les bruits torturés de métal, les échos sourds et gémissants, s’enflent, forment un tourbillon noir de sons qui égare l’esprit, comme avec « Metamorphyses IV », les morceaux restent toujours ambiants.
La tension ne s'évacue pas, demeure palpable, avec « Metamorphyses V », et on retrouve là aussi ces drones infinis, tourbillonnants, hypnotiques et multiformes, comme dans les œuvres les plus réussies de Troum, d’Aidan Baker, mais de façon beaucoup plus personnelle, comme un attribut supplémentaire qui se superposent à un fond ambiant et industriel déjà très riche.
Le dernier titre reste dans ce même esprit, ces spires bourdonnantes et plaintives de sons qui enflent lentement, s’étirent, se mêlent en une étrange osmose. Assez réussi, mais malgré tout, à l’écoute de ces derniers titres, on regrettera juste, et c’était déjà le cas depuis « The Empty Hollow Unfolds », qu’une part de la magie, de l’envoûtement présent dans les albums « In Sadness, Silence and Solitude » et « Within the Depths of Silence and Phormations » soit absente de ce CD, et que, d’album en album, les traces en deviennent de plus en plus rares.

The Luminous Experience (Live In Enschede 2008)
(Cold Meat Industry, 2008)


1- The Invisible Gate Of The Temple
2- Metal Stone Mental Heart
3- The Luminous Shield
4- Metamorphyses - Phase III
5- Metamorphyses - Phase IV
6- Wasteland
7- Mouldering The Forlorned - Part I
8- Pathfinder
9- The End Of The Key



« The Luminous Experience » reprend l’intégralité d’un live datant de 2008 ; l’essentiel des titres sont inédits ou proposent des versions adaptées pour l’occasion de titres déjà existants et issus de « The Empty Hollow Unfolds » ou de « Metamorphyses ».
« The Invisible Gate Of The Temple » marque un retour vers les œuvres plus sacrée de RAISON D’ÊTRE, même si le fond industriel, les cliquetis et autres grincements métalliques, restent toujours présents, les voix s’élèvent de nouveau de ce brouillard mélancolique de sonorités riches et hantées que nous offre ce premier titre.
« Metal Stone Mental Heart » reste en revanche beaucoup plus anodin ; en effet, on y retrouve pas la magie hantée et mélancolique d’« In Sadness, Silence and Solitude » ni la noirceur rampante des albums suivants dans ces boucles répétitives de cliquetis, ces échos métalliques lancinants.
« The Luminous Shield » commence en douceur, offre lui aussi les mêmes boucles mouvantes de sons, riches, multiples, superposées en des phases complexes qui forment un tout, et on atteint ici une richesse des textures que même les spécialistes du genre comme Troum atteignent rarement. Bribes oniriques de voix féminines, de chants, de cloches, ajoutent au mystère de ce titre qui va crescendo.
Les deux titres suivants renouent avec la noirceur de «Metamorphyse » et semblent assez proche des originaux. En revanche les voix sont plus absentes de « Wasteland » et n’envahissent pas l’espace avec autant de grâce qu’elles le font dans l’original. Le morceau parait donc plus sombre, plus proche des titres de « Metamorphyses ».
Autre inédit, « Mouldering The Forlorned - Part I » est sans contexte le titre phare de l’album, celui qui renoue avec la magie du passé, avec ce côté rituel et hypnotique que revêtaient certaines des œuvres plus anciennes de RAISON D’ÊTRE. Percussions discrètes mais fatidiques, marquant tout un univers de tintements, d’échos, dont s’élèvent la pureté désenchantée des voix et des synthés. La magie est bien de retour avec ce titre…
« Pathfinder » se révèle plus menaçant, plus inquiétant avec ces notes sifflantes, ces multiples échos dont émergent des bourdonnements, des notes perdues de cloches.
Et on termine cet album live avec « The End Of The Key ». Tout aussi beau que « Mouldering The Forlorned - Part I », le titre commence en douceur, avec des échos résiduels de cloches qui se fondent dans un éther de synthés, de voix naissantes, de remous marins et de bruits qui plongent l’esprit dans une sorte de rêverie hypnagogique. Les sons s’intensifient, s’amplifient, plongeant l’esprit avec plus de force dans cette espèce de songe hypnotique. Là aussi, la magie des meilleurs moments de RAISON D’ÊTRE n’est pas loin… On peut la sentir glisser en un flot mystérieux, impondérable, insaisissable, du début à la fin du titre…et, dans la grisaille des jours, cela fait drôlement du bien…



The Stains of the Embodied Sacrifice
(Cold Meat Industry, 2009)


01. If It Bears Thorns Its End Is to Be Burned
02. Withstand the Fire
03. The Spirit Will Not Share the Guilt
04. Desecrated by the Blood
05. Purified with Fire
06. Without the Shedding There Is No Forgiveness
07. Death in the Body but Made Alive by the Spirit
08. The Temple Is Eternal Sacred

Avec le temps, au fil des ans et d’une œuvre de plus en plus riche, on se rend compte que chaque album de RAISON D’ÊTRE est à lui seul l’archétype de ce que tout bon album de dark ambient devrait être : à savoir un savant compromis de beauté et de douleur, de lueurs et de ténèbres : une douloureuse invocation des ténèbres, une lente introspection au sein de l’ambiguïté de l’esprit humain, de son manichéisme à jamais souillé par l’ambivalence d’une âme qui ne trouvera jamais le repos, mais qui, pourtant, n’aura de cesse de le rechercher.
THE STAINS OF THE EMBODIED SACRIFICE peut se décomposer par thématiques, d’abord de courts morceaux industriels, grinçants, gémissants, faits de métal tordu, au-delà desquels pointent des synthés imperturbables. C’est le cas du second titre et de « Purified with Fire », puis de longues œuvres éthérées et mystérieuses, mêlant synthés, drones, voix, à des éléments plus industriels.
Et on entre réellement dans le vif du sujet avec « The Spirit Will Not Share the Guilt » : là tout le savoir-faire de Peter Andersson pour créer des atmosphères tristes et éthérées, mélancoliques et oniriques, se met lentement en place au travers de plages de synthés brumeuses, de notes égarées de piano, de voix discrètes et envoûtantes, et même si le morceau n’atteint pas les instants les plus fascinants, les plus magiques, de l’œuvre du suédois, il reste néanmoins efficace et marque presque un léger retour en arrière par son style de composition. 
Avec « Desecrated by the Blood », tout commence dans un gémissement de notes, de violons aux stridulations maîtrisées, qui s’étirent lentement et se parent peu à peu de sonorités industrielles, de drones caverneux, d’une marée montante de sons qui s’imbriquent, se complètent, et éclatent parfois en fracas, se dispersent en cliquetis, et dont quelques notes émergent, quelques harmonies à peine ébauchées.
« Without the Shedding There Is No Forgiveness » est sans doute le titre le plus onirique, le plus chargé émotionnellement de l’album, celui qui plonge l’auditeur avec le plus de force dans  l’univers inénarrable de Peter Andersson. En effet, la magie est là, elle se cristallise autour de nous, formant d’étranges motifs en notre esprit,  réveillant de curieuses formes oubliées, des fantômes qui s’étirent et se parent de mille souvenirs.
On poursuit dans cette même optique avec « Death in the Body but Made Alive by the Spirit ». Et la mystique, l’hermétique des titres se répercute dans l’œuvre, la nourrissant de son ambiguïté, de ses méditations nocturnes, de ses mortifications les plus secrètes. Lent, méditatif, introspectif, religieux et hanté, la musique de ce titre est faite pour célébrer de bien curieuses vêpres, en des chapelles oubliées, des cathédrales abandonnées…
Et que dire de « The Temple Is Eternal Sacred » ? Morceau d’une beauté envoûtante… longues volées de cloches à demi noyées dans un brouillard onirique de sons…
Une fois de plus, avec THE STAINS OF THE EMBODIED SACRIFICE, on se rend compte que RAISON D’ÊTRE est unique ! Tout simplement : UNIQUE…



Live Archive
Infinite Fog Productions, 3CD, 2010


















1-1 Reflecting In Shadows
1-2 In Absence Of Light
1-3 The Well Of Sadness
1-4 Deep Enshrouded
1-5 Moulding And Destruction I
1-6 The Eternal Horizon
2-1 The Transformal Landscape
2-2 The End Of The Key
2-3 Metamorphyses Phase IV
2-4 Mouldering The Forlorned - I
2-5 The Transformal Landscape
2-6 The End Of The Key
3-1 Dawn Of The Metal Projection
3-2 Dawn Of The Metal Projection
3-3 The End Of The Key

When the Earth Dissolves in Ashes (live 2010/2011)
Cold Meat Industry, CD, 2012




















1- The Everlasting Fire (Linecheck) 
2- Summoning
3- The Unclean Spirit 
4- Shedding
5- Darken My Soul 
6- The Water Of Cleansing 
7- Disowned Before The Angels Of God
8- The Dark Age Will Come
9- Spira Mirabilis
10- Sharing The Guilt 
11- My Soul Is Darkened 
12- The Everlasting Fire 
13- Reconstructing The Void 
14-  Shadow Weaver

Bien que live, WHEN THE EARTH DISSOLVES IN ASHES est un album à part entière puisque tous les titres sont ici inédits, et ce,  même s’ils utilisent des sonorités, des bribes de morceaux tirés d’albums passés (In Sadness, Silence And Solitude et Metamorphyses, de même que le précédent album : The Stains Of The Embodied Sacrifice), cela reste en fait totalement indiscernable, et les morceaux ne donnent pas lieu à des versions alternatives de titres déjà existants, mais forment un ensemble original, puissant et évocateur.
WHEN THE EARTH DISSOLVES IN ASHES est un album tout en clair-obscur, de la semi lumière (ou pénombre !) de The Unclean Spirit ou Sharing The Guilt, à la beauté onirique de My Soul Is Darkened, du lancinant Shadow Weaver et surtout de Shedding, morceau lent, mystérieux, dont on trouve certains échos dans les productions récentes de chez Cyclic Law (PARHELION, SHRINE…) mais peut-être moins puissant qu'ici. On passe aux voix plus méditatives de Darken My Soul, avec toujours ce mélange de chants discrets, en contrepoint, sur un fond industriel où se noient des drones profonds, des nappes éparses et douloureuses de sons ; on retrouve aussi des titres où le métal gémit, grince et cliquette en arrière plan (The Everlasting Fire & Reconstructing The Void) parfois sur des drones mystérieux, lancinant, qui occupent l’espace, comme sur The Water Of Cleansing .
Disowned Before The Angels Of God est sans doute le morceau le plus sinistre de l’album, celui où le côté industriel, bouillonnant et gémissant, ressort le plus ; celui où tout parait sombrer dans une torpeur roide et grinçante de lendemain d’apocalypse. Ici les gémissements du métal emplissent l’espace, deviennent souffrance, cris, et le morceau rappelle les deux superbes titres du LUCIFUGUS d’OLHON. Quelques chœurs noirs et hantés portent le morceau vers de nouvelles souffrances.
Certains titres sont plus froids, plus désolées, comme The Dark Age Will Come et Spira Mirabilis, mais l’ensemble de l’album forme un tout varié où quelques rêves, quelques espoirs fallacieux, accrochent ici et là leurs reflets mourants au hasard d’un univers de cendre et de ruines.
Encore une réussite pour Peter Andersson...


Mise en Abyme
Transgredient Records, CD, 2014


















1- Abyssos
2- Infernos
3- Katharos
4- Agraphos


1ère Partie : 1991 - 2002

http://raison-detre.info/main.html
https://www.youtube.com/user/raisondetremusic

Projets parallèles de Peter Andersson :
Atomine Elektrine
Bocksholm
Cataclyst
D:Combe (pré-Raison d’Être)
Grismannen
Necrophorus
Panzar
Stratvm Terror
Svasti-Ayanam

2 commentaires:

Anonyme a dit…

b

In Abscence of Light a dit…

Très beau blog. Cela fait plaisir de savoir que l'on est pas le seul à évoluer dans cet univers. Merci.