Formidable créateur d’ambiances souffreteuses, sombres et oniriques, le suédois Johan Levin est l’apôtre de la beauté, de cette beauté qui nait de la souffrance, du désespoir, qui est l’expression même de nos vies.
SONGS OVER RUINS
(Cold Meat Industry) 1997/2001
1- Songs Over Ruins I
2- Scintillate II
3- Ephemeral
4- Chrism
5- Entombment
6- Ashes
7- Solemn Descent
8- The Core of Hell II
9- Embossed in Bones, Hidden…
10- Songs over Ruins II
11- Chreston
A l’écoute de ce superbe premier album de DESIDERII MARGINIS, on ne peut évidemment s’empêcher de penser au début de Raison d’Être ou de Necrophorus, mais Johan Levin a su insuffler à ce premier album une beauté, une tristesse, qui n’en font pas une simple copie mais au contraire l’expression d’un réel talent.
« Songs Over Ruins I » marque le début de cette exploration d’un monde gris et triste, un monde de ruines où règnent la solitude et la désolation. Le morceau débute par une mélodie répétitive, lancinante, au clavier, sorte de pizzicati comme on en trouve souvent dans les bandes sons fantastiques ; puis rapidement des percussions menaçantes, de lourdes nappes de synthé font leur apparition pour créer une atmosphère où plane une sorte de terrible fatalité.
On entre ensuite dans un royaume d’une tristesse envoûtante avec « Scintillate II ». Lent, planant, superposition de sons évoquant quelque tristesse onirique, de rythmes et de percussions ajoutant en contrepoint une note d’inquiétude.
Très proche aussi des premiers albums de Raison d’Être, de certains morceaux atmosphériques et mélancoliques de Die Sonne Satan, « Ephemeral » est un morceau à l’ambiance triste et méditative : nappes fluctuantes et imprécises de sons, cloches, basses sourdes et lointaines comme des voix de moines au fond d’une abbaye en ruine… Puis des percussions ténues et des samples de chant monastique renforcent cette impression de beauté et de tristesse qui traverse tout l’album.
Mélodies prenantes, boucles calmes et attristées, rythmes discrets, « Chrism » reste dans cette ambiance de ruines et de beauté.
Vient ensuite « Entombment » triste et funèbre avec ses drones lointains, ses cloches/percussions, ses échantillons de voix menaçantes rattrapés par des tourbillons de sons/voix qui égare l’esprit.
On retrouve les mêmes drones aériens et graves, les mêmes nappes de synthés tristes, les percussions mortes et égarées dans « Ashes ». Des sons industriels, des cliquetis, des froissements indéfinissables viennent s’ajouter à la musique et lui confèrent une sorte d’authenticité.
Présent sur la mythique compilation de chez Cold Meat Industry « … and even Wolves Hid their Teeth… » le titre suivant « Solemn Descent » égraine ses samples de chants religieux sur des notes de synthés vibrantes, éparses, et quelques percussions.
Lourd, rythmé, usant des mêmes nappes de synthé tristes et navrées « The Core of Hell II » poursuit cette exploration d’un monde mort. Des voix distantes, incompréhensibles, déformées, se mêlent aux harmonies fatidiques du morceau comme les derniers témoignages d’une humanité disparue.
Plus discret, réellement atmosphérique « Embossed in Bones, Hidden… » survole une fois de plus des villes abandonnées, livrées aux éléments, des paysages désolées...
Plus réussi que sa première version « Songs over Ruins II » est un superbe mélange de claviers désenchantés, de nappes oniriques, de rythmes et de percussions quasi martiales qui éveille en nous tout un tas de souvenirs douloureux et… beaux… Car décidemment cette œuvre reste d’une grande beauté, l’évocation transcendée de toutes les douleurs de l’âme, de toutes les souffrances de l’homme. Les ruines symbolisant les tragédies qui émaillent l’histoire tragique de l’humanité.
L’album se termine avec « Chreston » : boucles industrielles, voix dépérissant de moines, rythmes glacials…
Un premier coup de maître pour Johan Levin.
DEADBEAT
(Cold Meat Industry) 2001
1- Deadbeat I
2- Mantrap
3- In Harms Way
4- God’s Shadow on Earth
5- Angelus
6- And Never the Twain…
7- Souls Lost
8- Deadbeat II
9- A Bolt out of the Blues
10- Beyond Retrieval
Dans la parfaite lignée de « Songs over Ruins », « Deadbeat » en approfondit les thèmes, les ambiances s’enrichissent d’éléments industriels, les rythmes se font plus puissants, et la même idée d’une beauté sombre et triste se dégage de l’ensemble.
On commence avec « Deadbeat I » et son ambiance sombre, voire onirique, avec certaines sonorités industrielles et doucement ethnique comme l’on en trouve dans le superbe « Underneath the Spirit of Tranquility » de Necrophorus.
« Mantrap » est l’un des meilleurs titres de l’album. Rythme lourd, plombé, qui tourne en boucle sur un fond sonore imprécis de drones, de notes étirées, de crachements industriels. Noir et envoûtant… Rappelant aussi l’un des meilleur CD de Tho-So-Aa : « Absorb ».
« In Harms Way » et « God’s Shadow on Earth » nous replonge dans la beauté du premier album, ambiances tristes et fouillées, accompagnées ici et là de sonorités industrielles.
« Angelus » avec ses boucles tour à tour industrielles et rêveuses, annonce le superbe « And Never the Twain…», autre morceau au rythme pesant, indus, aux mélodies envoûtantes, qu’il est difficile de ne pas se passer en boucle…
Suivent les réverbérations oniriques, tristes, de « Souls Lost » qui porte bien son nom. Sons noyés, échos feutrés de percussions, notes éplorées et rêveuses qui semblent émaner d’un songe.
Moins réussi que sa première version « Deadbeat II » est une sorte de mélange de sonorités égarées, de rythmes perdus en réverbérations, qui plongent ici dans une sorte de semi conscience stuporeuse.
« A Bolt out of the Blues » continue à jouer sur ce registre de sonorités floues, perdues en échos, imbriquées, avec des grincements industriels, des voix erratiques qui s’élèvent ici et là. On songe à un compromis entre certaines pistes floues, multicouches, de New Risen Throne, et la religiosité triste de Raison d’Être, mais ce n’est encore une fois qu’un élément de comparaison, pas une copie !
« Beyond Retrieval » marque justement le retour à une religiosité triste et planante, avec de longues plages de synthés éthérés, désespérés, qui laisse notre âme glisser vers quelque ailleurs inaccessible, quelque beauté mortifié et douloureuse… Superbe conclusion !
On commence avec « Deadbeat I » et son ambiance sombre, voire onirique, avec certaines sonorités industrielles et doucement ethnique comme l’on en trouve dans le superbe « Underneath the Spirit of Tranquility » de Necrophorus.
« Mantrap » est l’un des meilleurs titres de l’album. Rythme lourd, plombé, qui tourne en boucle sur un fond sonore imprécis de drones, de notes étirées, de crachements industriels. Noir et envoûtant… Rappelant aussi l’un des meilleur CD de Tho-So-Aa : « Absorb ».
« In Harms Way » et « God’s Shadow on Earth » nous replonge dans la beauté du premier album, ambiances tristes et fouillées, accompagnées ici et là de sonorités industrielles.
« Angelus » avec ses boucles tour à tour industrielles et rêveuses, annonce le superbe « And Never the Twain…», autre morceau au rythme pesant, indus, aux mélodies envoûtantes, qu’il est difficile de ne pas se passer en boucle…
Suivent les réverbérations oniriques, tristes, de « Souls Lost » qui porte bien son nom. Sons noyés, échos feutrés de percussions, notes éplorées et rêveuses qui semblent émaner d’un songe.
Moins réussi que sa première version « Deadbeat II » est une sorte de mélange de sonorités égarées, de rythmes perdus en réverbérations, qui plongent ici dans une sorte de semi conscience stuporeuse.
« A Bolt out of the Blues » continue à jouer sur ce registre de sonorités floues, perdues en échos, imbriquées, avec des grincements industriels, des voix erratiques qui s’élèvent ici et là. On songe à un compromis entre certaines pistes floues, multicouches, de New Risen Throne, et la religiosité triste de Raison d’Être, mais ce n’est encore une fois qu’un élément de comparaison, pas une copie !
« Beyond Retrieval » marque justement le retour à une religiosité triste et planante, avec de longues plages de synthés éthérés, désespérés, qui laisse notre âme glisser vers quelque ailleurs inaccessible, quelque beauté mortifié et douloureuse… Superbe conclusion !
STRIFE
(Cold Meat Industry) 2004
1- Forlorn pt 2
2- Blackout
3- A Failure at Liberty
4- From Glory to Where
5- In a Nameless Place
6- Deceit
7- Nightraid
8- The Sweet Hereafter
D’emblée, avec « Forlorn pt 2 » on entre dans un univers à l’atmosphère trouble, industrielle, d’une grande richesse sonore comme seuls Atrium Carceri, Letum, et bien sûr Raison d’Être savent en produire. Sorte de fin du monde, de vision apocalyptique d’un univers agonisant, et dont ne restent que des visions décharnées de machines, de voitures rouillées, de ruines en flammes.
« Blackout» poursuit cette quête de beauté et de tristesse que l’on retrouve d’album en album, mais ici enrichie par un fond sonore emprunt de bruits typiquement industriels, sur lequel une mélodie nous délivre son message de douleur et de regrets.
« A Failure at Liberty » et ces gémissements, ces grincements de tôles, ces échos de machineries bancals, formant une longue pièce ambient et indus exhalant la même impression de survoler des paysages désolés, de longues rues désertes, offertes aux hurlements du vent. On y retrouve à la fin les nappes attristées de synthé, les rythmes morts qui émaillaient Deadbeat.
De plus en plus gémissant, industriel, « From Glory to Where » fait penser au début aux paysages sonores glauques de Lithivm ou de certains titres de New Risen Throne avant que le morceau ne s’articule autour d’un thème au synthé, que des percussions sourdes ne fassent leur apparition.
« In a Nameless Place » commence dans un grésillement spectral de sons, de crépitements, de notes suspendues en une éternelle douleur, de bruits réverbérés, le tout formant une pièce inquiète et hantée. Une mélodie discrète, de longues nappes sourdes, viennent s’ajouter aux machineries fantômes dans les dernières minutes. Un très beau morceau, inquiétant, grinçant, aux textures sonores particulièrement réussies.
« Deceit » débute par une marée montante de boucles, de sons industriels, qui enflent rapidement, s’ajoutent de rythmes grondant, de larsens à vif, d’une mélodie sourde et oppressante. Véritable catharsis sonore, terrible et grinçante...
« Nightraid » multiplie les sons, les déflagrations, les sifflements de bombes, au milieu de son paysage d’industrial gémissante, d’ambient désolée.
Plus calme, plus épuré, « The Sweet Hereafter » termine de ces notes de piano, de ces envolées presque éthérées, ce voyage au cœur d’une apocalypse si lointaine, si proche.
Délaissant quelque peu les ambiances religieuses, calmes et envoûtantes de ces débuts, DESIDERII MARGINIS nous dévoile avec cet album ses talents pour créer des paysages sonores toujours aussi tristes et douloureux, mais enrichis des grincements les plus sournois d’une industriel de fin de monde.
THE EVER GREEN TREE
(Kaoesthetik Konspiration) 2005 LP / 2007 CD
« Blackout» poursuit cette quête de beauté et de tristesse que l’on retrouve d’album en album, mais ici enrichie par un fond sonore emprunt de bruits typiquement industriels, sur lequel une mélodie nous délivre son message de douleur et de regrets.
« A Failure at Liberty » et ces gémissements, ces grincements de tôles, ces échos de machineries bancals, formant une longue pièce ambient et indus exhalant la même impression de survoler des paysages désolés, de longues rues désertes, offertes aux hurlements du vent. On y retrouve à la fin les nappes attristées de synthé, les rythmes morts qui émaillaient Deadbeat.
De plus en plus gémissant, industriel, « From Glory to Where » fait penser au début aux paysages sonores glauques de Lithivm ou de certains titres de New Risen Throne avant que le morceau ne s’articule autour d’un thème au synthé, que des percussions sourdes ne fassent leur apparition.
« In a Nameless Place » commence dans un grésillement spectral de sons, de crépitements, de notes suspendues en une éternelle douleur, de bruits réverbérés, le tout formant une pièce inquiète et hantée. Une mélodie discrète, de longues nappes sourdes, viennent s’ajouter aux machineries fantômes dans les dernières minutes. Un très beau morceau, inquiétant, grinçant, aux textures sonores particulièrement réussies.
« Deceit » débute par une marée montante de boucles, de sons industriels, qui enflent rapidement, s’ajoutent de rythmes grondant, de larsens à vif, d’une mélodie sourde et oppressante. Véritable catharsis sonore, terrible et grinçante...
« Nightraid » multiplie les sons, les déflagrations, les sifflements de bombes, au milieu de son paysage d’industrial gémissante, d’ambient désolée.
Plus calme, plus épuré, « The Sweet Hereafter » termine de ces notes de piano, de ces envolées presque éthérées, ce voyage au cœur d’une apocalypse si lointaine, si proche.
Délaissant quelque peu les ambiances religieuses, calmes et envoûtantes de ces débuts, DESIDERII MARGINIS nous dévoile avec cet album ses talents pour créer des paysages sonores toujours aussi tristes et douloureux, mais enrichis des grincements les plus sournois d’une industriel de fin de monde.
THE EVER GREEN TREE
(Kaoesthetik Konspiration) 2005 LP / 2007 CD
1- The Ever Green Tree
2- Hibernation
3- Legends
4- Stalkinghorse
5- Hallmark
6- This Vale of Tears
Encore emprunt de l’esprit industriel de « Strife », mais déjà tourné vers les paysages sonores intemporelles de « That Which is Tragic and Timeless », «The Ever Green Tree » marque un tournant dans la carrière de DESIDERII MARGINIS.
« The Ever Green Tree » exprime parfaitement ce formidable équilibre. Débutant par des frottements de métal, des raclements, posés sur quelques notes hypnotiques, le titre évolue ensuite vers le style qui marquera les deux albums suivants : longues nappes de synthés définis, presque cinématographiques, soutenues par des accords répétitifs de guitare.
Atmosphérique et lent, « Hibernation » se perd dans un flou de notes égrainées ici et là, de percussions étouffées, de bruits fugitifs. Puis des mélodies s’élèvent, de plus en plus distinctement de cette brume sonore, enivrantes et belles, évoquant quelque région déserte, des solitudes sans fin de landes et de terres abandonnées. On pense parfois au plus beau de Northaunt dans ce mélange si particulier de bruits industriels, de frottements, et de nappes attristées de synthés.
« Legends » débute par un long drone venteux, complexe, plein de phaser et de reverb, ponctué de chuintements, de grondements souterrains, de bribes de voix et de chœurs cachés.
« Stalkinghorse » reste dans le même registre, boucles lancinantes, grondements de machineries, rythmes sourds issus de « Deadbeat », et enfin des mélodies qui confèrent au morceau toute sa douloureuse beauté.
Tout aussi beau et hypnotique, froid et nordique comme les terres stériles et les fjords de Northaunt, « Hallmark » étend les spires de son étrange rêverie au plus profond de nos âmes.
Plus épuré, « This Vale of Tears » termine ce superbe CD sur une note plus méditative.
1- World’s Apart
2- Still Life
3- Secrets of the Future Past
4- The Weight of the World
5- It’s a Cold Trail
6- The Love you Find in Hell
7- Stolen Silence
8- Where I End and you Begin
9- Freedom’s Captive
Comme Deadbeat, That Which Is Tragic And Timeless (de même que certains covers de Kammarheit aussi) doit ses superbes illustrations à Viktor Kvant dont le site dreamhours mérite plus qu’un rapide coup d’œil…
http://www.dreamhours.com/intropage.shtml
http://www.dreamhours.com/desiderii.htm
http://www.dreamhours.com/intropage.shtml
http://www.dreamhours.com/desiderii.htm
Si des personnes doutaient encore jusque là de l’inventivité, du potentiel créatif de Johan Levin, « That Which is Tragic and Timeless » devrait balayer leurs derniers doutes. Véritablement intemporel, plus personnel que jamais, ce nouvel album fait référence à l’œuvre du peintre américain Mark Rothko selon laquelle l'art devrait traiter essentiellement de ce qui est tragique et sans repères dans le temps. Idée que l’on retrouve depuis le premier CD dans les survols de paysages désolés et dramatiques que forment l’essentiel des morceaux de DESIDERII MARGINIS.
Et c’est vraiment hors de l’espace, hors du temps que nous plonge cet album, une sorte d’ailleurs indéfinissable, gris, triste, onirique, traversé de rêves étranges ; des perspectives sans fin de rues désolées, brumeuses, perdu dans un flou mystérieux, et où rien ne semble devoir vivre que des ombres fuyantes, des existences fragiles. Si la comparaison avec l’œuvre de Peter Anderson revenait souvent – et trop facilement il me semble - dans les deux premiers opus, via les voix religieuses, les nappes éthérées et tristes de synthés, ici aucune comparaison n’est possible : il s’agit purement de DESIDERII MARGINIS.
Les superbes visuels de Viktor Kvant ajoutent à cette impression de déréalisation tenace qui traverse l’album de bout en bout.
« That Which is Tragic and Timeless » apparait donc comme une longue pièce énigmatique, un voyage « In a Glass Darkly », comme aurait pu le dire l’écrivain fantastique irlandais Joseph Sheridan Le Fanu.
« World’s Apart » donne la tonalité de l’album. Mélodies tristes, égarées dans un labyrinthe inextricables de ruelles nocturnes, tintements lointains, et accords discrets de guitares, toujours mélancoliques, qui accompagnent l’essentiel des morceaux. Malgré leur omniprésence, et même si je ne suis pas personnellement demandeur, il faut avouer que ceux-ci ne dénaturent en aucun cas les ambiances comme c’est souvent le cas lorsque l’ambient se nourrit de dark folk, mais au contraire, qu’ils renforcent cette terrible impression de nostalgie, d’égarement, de solitude.
Les bruits issus de l’indus qui composaient l’essentiel des morceaux de l’excellent « Strife », ont ici presque totalement disparus au profit d’un travail plus fouillé sur les nappes de synthés, les mélodies intemporelles, les accords de guitares et quelques notes de piano. Ou bien ils apparaissent plus discrets, plus souterrains comme dans « Secrets of the Future Past » et « The Weight of the World ». Ces deux morceaux étant lents, inquiétant, dégageant une terrible impression de fatalité, de mystère.
Vient ensuite le très beau « It’s a Cold Trail » rythme hypnotique, mélange envoutant de sons imprécis, de notes étirées qui disparaissent dans la brume, au détour d’une ruelle déserte… On retrouve ici toute la souffrance et la beauté qui ont fait la marque de fabrique de Johan Levin, cette idée d’un univers onirique, fantasmagorique et triste, voué à la nuit et à la solitude, à la désolation et à la tristesse.
« The Love you Find in Hell » reste dans le même esprit que « World’s Apart »
Plus ambiant, plus intériorisé, « Stolen Silence » égraine quelques notes, quelques sons, qui vont se perdre dans le silence de rues désertes, de vastes salles abandonnées.
« Where I End and you Begin » reste dans les mêmes ambiances feutrées, discrètes, avec quelque chose de doucement ethnique dans les voix, les sonorités, expression d’une philosophie lointaine et arcanique. On peut dire la même chose de « Freedom’s Captive » mais avec des ambiances plus marqués, touchant au spirituel, rappelant certaines envolées cosmiques de Voice of Eye par exemple.
Et c’est vraiment hors de l’espace, hors du temps que nous plonge cet album, une sorte d’ailleurs indéfinissable, gris, triste, onirique, traversé de rêves étranges ; des perspectives sans fin de rues désolées, brumeuses, perdu dans un flou mystérieux, et où rien ne semble devoir vivre que des ombres fuyantes, des existences fragiles. Si la comparaison avec l’œuvre de Peter Anderson revenait souvent – et trop facilement il me semble - dans les deux premiers opus, via les voix religieuses, les nappes éthérées et tristes de synthés, ici aucune comparaison n’est possible : il s’agit purement de DESIDERII MARGINIS.
Les superbes visuels de Viktor Kvant ajoutent à cette impression de déréalisation tenace qui traverse l’album de bout en bout.
« That Which is Tragic and Timeless » apparait donc comme une longue pièce énigmatique, un voyage « In a Glass Darkly », comme aurait pu le dire l’écrivain fantastique irlandais Joseph Sheridan Le Fanu.
« World’s Apart » donne la tonalité de l’album. Mélodies tristes, égarées dans un labyrinthe inextricables de ruelles nocturnes, tintements lointains, et accords discrets de guitares, toujours mélancoliques, qui accompagnent l’essentiel des morceaux. Malgré leur omniprésence, et même si je ne suis pas personnellement demandeur, il faut avouer que ceux-ci ne dénaturent en aucun cas les ambiances comme c’est souvent le cas lorsque l’ambient se nourrit de dark folk, mais au contraire, qu’ils renforcent cette terrible impression de nostalgie, d’égarement, de solitude.
Les bruits issus de l’indus qui composaient l’essentiel des morceaux de l’excellent « Strife », ont ici presque totalement disparus au profit d’un travail plus fouillé sur les nappes de synthés, les mélodies intemporelles, les accords de guitares et quelques notes de piano. Ou bien ils apparaissent plus discrets, plus souterrains comme dans « Secrets of the Future Past » et « The Weight of the World ». Ces deux morceaux étant lents, inquiétant, dégageant une terrible impression de fatalité, de mystère.
Vient ensuite le très beau « It’s a Cold Trail » rythme hypnotique, mélange envoutant de sons imprécis, de notes étirées qui disparaissent dans la brume, au détour d’une ruelle déserte… On retrouve ici toute la souffrance et la beauté qui ont fait la marque de fabrique de Johan Levin, cette idée d’un univers onirique, fantasmagorique et triste, voué à la nuit et à la solitude, à la désolation et à la tristesse.
« The Love you Find in Hell » reste dans le même esprit que « World’s Apart »
Plus ambiant, plus intériorisé, « Stolen Silence » égraine quelques notes, quelques sons, qui vont se perdre dans le silence de rues désertes, de vastes salles abandonnées.
« Where I End and you Begin » reste dans les mêmes ambiances feutrées, discrètes, avec quelque chose de doucement ethnique dans les voix, les sonorités, expression d’une philosophie lointaine et arcanique. On peut dire la même chose de « Freedom’s Captive » mais avec des ambiances plus marqués, touchant au spirituel, rappelant certaines envolées cosmiques de Voice of Eye par exemple.
SEVEN SORROWS
(Cold Meat Industry) 2007
(Cold Meat Industry) 2007
1- Constant like the Northern Stars
2- Why are you Fearful?
3- My Diamond in the Rough
4- The Bitter Potion
5- Silence will stop our Hearts
6- Lifeline
7- Night Pretenders
8- I Tell the Ancient Tale
9- Untitled
Un nouvel album très proche dans l’esprit de « The Ever Green Tree » qui marquait un compromis entre l’industriel « Drift », les deux premiers albums éthérés, et « That Which is Tragic and Timeless ».
Ce dernier dont on sent toute l’influence dans « Constant like the Northern Stars », nappes oniriques, chants lointains, accompagnés par les accords d’un instrument ancien (dulcimer ?) DESIDERII MARGINIS poursuit son exploration “de l’autre côté du miroir”, de ce monde imprécis, étrange et triste dont chacun perçoit, un jour ou l’autre, l’existence. Certes moins introspective que d’autre projet dark-ambient, l’œuvre de Johan Levin fait naître en nous, à chacun de ces albums, tout un cortège d’apparitions mystérieuses, d’images qui viennent nous hanter comme de douloureux souvenirs.
« Why are you Fearful? » se révèle plus ambient, melodies graves, râclements lointains comme dans « Drift » ou certains morceaux de « Deadbeat » puis d’amples nappes de synthés ouvrent le morceau sur un horizon mystérieux de landes sans fin, de terres abandonnées et désolées. Simple regret, les voix ou spoken words du début qui, à mon sens, gâche quelque peu le morceau, comme c’est souvent le cas dans l’œuvre de Coph Nia. Mais c’est un jugement personnel.
« My Diamond in the Rough » commence par une superbe boucle de sons oniriques et hypnotiques, dégageant une terrible impression de rêve, de douce tristesse, accrue par de lointaines sonorités industrielles, des distorsions oniriques de sons…
« The Bitter Potion » recommence hélas par des samples de voix qui, une fois de plus, me semblent gâcher la charge émotionnelle du morceau. Les nappes de synthés, les craquements et souffles industriels qui égarent l’esprit en un au-delà brumeux et mystérieux auraient largement suffit. Mais heureusement ils ne durent pas. Retour aussi ici de quelques arpèges discrets d’instruments anciens qui renforcent l’onirisme du titre.
Beaucoup plus industriel et grinçant, fait de boucles fantomatiques, de voix spectrales, de tourbillons imprécis et venteux de sons, « Silence will stop our Hearts » et une agréable parenthèse, un plaisant retour à l’album « Drift ». Beaucoup plus sombre que les autres titres de l’album, il n’en reste pas moins l’un des plus forts aussi.
Plus automnal et méditative, « Lifeline » est une lente ballade au piano sur un arrière-fond de sonorités fluctuantes, d’arpèges électroniques et discrets, d’accords de guitares tout aussi discrets.
« Night Pretenders» est un morceau dark-ambient, succession de mélodies éparses, de sons imbriqués, soutenus ici et là par des samples de voix plus intégrés à la musique que dans les titres précédents. Une critique d’Heathen Harvest nous éclaire sur leurs origines :
“At the moment of death we will not be judged according to the number of good deeds we have done or by the diplomas we have received in our lifetime. We will be judged according to the love we have put into our work.” (Mother Theresa), et plus loin : “Man is made or unmade by himself; in the armory of thought he forges the weapons by which he destroys himself; he also fashions the tools with which he builds for himself heavenly mansions of joy and strength and peace.” (tiré de “As A Man Thinketh” de James Allen).
Plus acoustique et ambient, « I Tell the Ancient Tale » poursuit avec d’autres citations de James Allen, qui, une fois de plus, rejettent quelque peu la beauté de la musique au second plan. (“Man is the master of thought, the moulder of character, and the maker and shaper of condition, environment, and destiny. As a being of power, intelligence, and love, and the lord of his own thoughts, man holds the key to every situation, and contains within himself that transforming and regenerative agency by which he may make himself what he wills.”)
Tout se termine avec le très réussi « Untitled », mélangeant boucles oniriques de claviers, mélodies de piano, accords de guitare et rythme sourd.
Ce dernier dont on sent toute l’influence dans « Constant like the Northern Stars », nappes oniriques, chants lointains, accompagnés par les accords d’un instrument ancien (dulcimer ?) DESIDERII MARGINIS poursuit son exploration “de l’autre côté du miroir”, de ce monde imprécis, étrange et triste dont chacun perçoit, un jour ou l’autre, l’existence. Certes moins introspective que d’autre projet dark-ambient, l’œuvre de Johan Levin fait naître en nous, à chacun de ces albums, tout un cortège d’apparitions mystérieuses, d’images qui viennent nous hanter comme de douloureux souvenirs.
« Why are you Fearful? » se révèle plus ambient, melodies graves, râclements lointains comme dans « Drift » ou certains morceaux de « Deadbeat » puis d’amples nappes de synthés ouvrent le morceau sur un horizon mystérieux de landes sans fin, de terres abandonnées et désolées. Simple regret, les voix ou spoken words du début qui, à mon sens, gâche quelque peu le morceau, comme c’est souvent le cas dans l’œuvre de Coph Nia. Mais c’est un jugement personnel.
« My Diamond in the Rough » commence par une superbe boucle de sons oniriques et hypnotiques, dégageant une terrible impression de rêve, de douce tristesse, accrue par de lointaines sonorités industrielles, des distorsions oniriques de sons…
« The Bitter Potion » recommence hélas par des samples de voix qui, une fois de plus, me semblent gâcher la charge émotionnelle du morceau. Les nappes de synthés, les craquements et souffles industriels qui égarent l’esprit en un au-delà brumeux et mystérieux auraient largement suffit. Mais heureusement ils ne durent pas. Retour aussi ici de quelques arpèges discrets d’instruments anciens qui renforcent l’onirisme du titre.
Beaucoup plus industriel et grinçant, fait de boucles fantomatiques, de voix spectrales, de tourbillons imprécis et venteux de sons, « Silence will stop our Hearts » et une agréable parenthèse, un plaisant retour à l’album « Drift ». Beaucoup plus sombre que les autres titres de l’album, il n’en reste pas moins l’un des plus forts aussi.
Plus automnal et méditative, « Lifeline » est une lente ballade au piano sur un arrière-fond de sonorités fluctuantes, d’arpèges électroniques et discrets, d’accords de guitares tout aussi discrets.
« Night Pretenders» est un morceau dark-ambient, succession de mélodies éparses, de sons imbriqués, soutenus ici et là par des samples de voix plus intégrés à la musique que dans les titres précédents. Une critique d’Heathen Harvest nous éclaire sur leurs origines :
“At the moment of death we will not be judged according to the number of good deeds we have done or by the diplomas we have received in our lifetime. We will be judged according to the love we have put into our work.” (Mother Theresa), et plus loin : “Man is made or unmade by himself; in the armory of thought he forges the weapons by which he destroys himself; he also fashions the tools with which he builds for himself heavenly mansions of joy and strength and peace.” (tiré de “As A Man Thinketh” de James Allen).
Plus acoustique et ambient, « I Tell the Ancient Tale » poursuit avec d’autres citations de James Allen, qui, une fois de plus, rejettent quelque peu la beauté de la musique au second plan. (“Man is the master of thought, the moulder of character, and the maker and shaper of condition, environment, and destiny. As a being of power, intelligence, and love, and the lord of his own thoughts, man holds the key to every situation, and contains within himself that transforming and regenerative agency by which he may make himself what he wills.”)
Tout se termine avec le très réussi « Untitled », mélangeant boucles oniriques de claviers, mélodies de piano, accords de guitare et rythme sourd.
YEARS LEND A GOLDEN CHARM
Eternal Pride 2009
1- Initium
2- Hostia
3- Corpus Delicti
4- Nimbus Incunabula
5- Inter Caro Et Cinis
6- Dies Mortis - Dies Natalis
7- Untitled II
8- The Garden Of Virtues Pt II
9- The Garden Of Virtues Pt III
10- The Laying On Of Hands
11- The Second Skin
12- Perish Unveiled
13- A Pace Away; The Core Of Hell
14- Memorial Ground
Voici donc, avec « Years Lend a Golden Charm », l’occasion de découvrir les débuts de DESIDERII MARGINIS avant la sortie de « Songs Over Ruins ». Évidemment, ces premières œuvres, assez inégales il faut bien l’admettre, n’atteignent que rarement la beauté, l’esthétique sonore des albums qui suivront, mais – et même si cela peut sembler convenu – demeurent un agréable témoignage de l’œuvre de Johan Levin.
Après deux premiers titres ambiants et rythmés qui nous permettent de découvrir une facette assez inhabituelle de DESIDERII MARGINIS, même si ces derniers ne décollent jamais vraiment, le troisième titre « Corpus Delicti » est déjà plus intéressant, une réelle atmosphère se dégage de ce morceau, même si, une fois de plus, on n’atteint pas la puissance évocatrice des derniers albums, son rythme, ses samples et ses mélodies fonctionnent.
Après un titre plus anodin, « Nimbus Incunabula », on trouve le fascinant « Inter Caro Et Cinis », rituel, hypnotique et magique, qui révèle déjà toute une part de l’œuvre de DESIDERII MARGINIS. Et on se dit qu’avec ce simple titre, l’achat du CD est déjà justifié ! Proche dans l’esprit de certains morceaux des albums « DEADBEAT » ou « STRIFE », mais on songe aussi à HERBST9, avec des albums tels que « The Gods Are Small Birds But I Am The Falcon » ou « Buried Under Time and Sand ». Il y a aussi quelque chose du meilleur de RUKKANOR, notamment avec l’album « DEORA », mais en moins ethnique, avec ces mélanges de rythmes, de synthés, d’électronique, de samples et d’instruments anciens.
Beaucoup moins réussi, mais subissant toujours les mêmes influences : « Dies Mortis - Dies Natalis » et l’inédit mais relativement quelconque « Untitled II ». Il faut attendre les deux versions de « The Garden Of Virtues » pour avoir des morceaux plus intéressants, proches, une fois de plus de RUKKANOR, spirituellement parlant, puisque les titres de cet album sont bien entendu largement antérieurs à ceux de ce dernier. Mais aussi du fameux SILK ROAD, en collaboration avec COLD FUSION.
« The Laying On Of Hands » est plus électronique, plus sombre aussi, et rappelle, avec ses samples de voix religieuses, les débuts de DESIDERII MARGINIS avec « Songs over Ruins ». On regrettera simplement la mélodie de synthé, intervenant ici et là, et qui, à mon sens, ne s’harmonise pas parfaitement avec l’atmosphère du morceau.
Curieux morceau de dark-wave, pas désagréable, et comme on en trouvait pas mal à une certaine époque, avec « The Second Skin », qui fait penser à Engelstaub ou Endraum, mais en bien meilleur. On songe aussi aux débuts de l’excellent LAND, avec les morceaux présents sur la compilation « 1988-1997 ». Mais aussi aux premières œuvres de LETŪM proposées, un temps, sur le site de son auteur.
Après l’anodin « Perish Unveiled », le calme et ambiant « A Pace Away; The Core Of Hell », agrémenté de quelques percussions en contrepoint, on termine l’album sur le rythme lent et solennel de « Memorial Ground ».
Evidemment, le but de cet album est de faire découvrir les premières œuvres de DESIDERII MARGINIS et ne s’adresse réellement qu’aux fans de l’œuvre de Johan Levin, pour les autres, il semble plus adapter de commencer par des albums tels que SEVEN SORROWS ou THAT WHICH IS TRAGIC AND TIMELESS, tout simplement superbes.
PROCESSION
Cyclic Law, 20121- Come Ruin And Rapture
2- Land Of Strangers
3- Her Name Is Poverty
4- Silent Messenger
5- In Brightness
6- Here's To The Future (And The Harsh Frontier)
7- Adrift
8- Procession
THAW
Zoharum, CD, 2014
1- Chaos Undivided
2- Latency
3- Animation
4- Muffled
5- Forlorn
6- Compression
7- Untitled
8- Dead Men's Choir
9- Deadbeat I Remix
10- Equinoxe
11- Equinoxe II
12- The Sleep Of Reason Produces Monsters
THAW
Zoharum, CD, 2014
1- Chaos Undivided
2- Latency
3- Animation
4- Muffled
5- Forlorn
6- Compression
7- Untitled
8- Dead Men's Choir
9- Deadbeat I Remix
10- Equinoxe
11- Equinoxe II
12- The Sleep Of Reason Produces Monsters