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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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LĒTUM



Par-delà les abysses douloureux de la réalité, au-delà du chasme atrophié qui sépare le bonheur du malheur, il existe des projets qui confinent à l’essence même du dark-ambient, dont chaque vibration est une tristesse, chaque nappes de synthé une douleur supplémentaire sur la trame obscur de l’existence.

ENTRANCE TO SALVATION
(Cold Meat Industry) 2001



1- A Scent of a Tear
2- Ictus
3- Vague Light in the River
4- Solitude of the Dead
5- Adoration
6- Tallriksis
7- The Path of Loneliness
8- Sealed with no Belief
9- The Inner Salvation
10- The Final Process

N’ayons pas peur des mots, « Entrance to Salvation » fait partie de ses chefs-d’œuvre du dark-ambient. Sortie chez Cold Meat à une époque où le label suédois envoûtait le genre par ses multiples productions : Atrium Carceri, Raison d’Être, Lithivm, Desiderii Marginis qui ont fait et continuent de faire l’histoire confidentielle du dark-ambient.
Alliant la beauté douloureuse des atmosphères de Desiderii Marginis au dark-ambient mystique et désespéré de Raison d’Être, sans ne jamais être qu’une copie de l’un ou de l’autre, LĒTUM a su se créer un nom dans la petite nébuleuse de l’ambient ténébreuse.
Car “ENTRANCE TO SALVATION” est l’expression de la vie, une vie qui chaque jour nous apporte sa part de tristesse, de douleur, de désenchantement, mais dont tout espoir n’est pourtant pas absent, même si l’on sait que, au final, la noirceur l’emportera.
Et la magie, la puissance de LĒTUM, c’est de réussir à exprimer cela, à magnifier cette lutte désespérée, vaine, pour la vie, contre la vie.
Les premiers morceaux révèlent déjà toute la palette de sonorités riches et subtiles dont fera usage Mathias Henriksson sur tout l’album ; des nappes profondes et douloureuses de sons, qui servent de fonds sonores, et au-dessus desquels des mélodies discrètes de synthés, des notes ténues, des tintements funèbres de cloches, des voix qui portent en elles toutes les espérances déçues de l’humanité, toute la beauté d’une lutte inégale, s’étirent et tourbillonnent…
A Scent of a Tear” : les portes s’ouvrent, un grondement, un souffle, remontent des profondeurs. Des échos indéfinis s’attardent à la surface du son, rapidement rattrapés par les grincements, les cloches sonnant quelques glas inavoués, puis les notes désespérées de synthés servent de prélude à une voix digne de figurer dans n’importe quel album de Dead Can Dance (même si la comparaison est banale – et souvent fausse dans les critiques d’album !). Une voix qui a la beauté, la tristesse d’une Lisa Gerrard errant sur une grève, solitaire, après la fin des temps.
Ictus” est fait de bourdonnements sournois, qui remontent, s’étirent en écho, de synthés dépressifs, de notes égrainés et tristes, de cloches hantées… Superbe !
Tout reste beau et hanté avec le non moins superbe “ A Vague Light in the River ” bruissements, échos, bourdonnements, notes suspendues au-dessus de l’abîme… et les voix qui reviennent, religieuses, mais sans jamais réellement rappeler l’œuvre de Peter Andersson. Car il y a en elles des bribes de lumière, l’éclat lointain et a jamais perdu de ce que la vie aurait pu être, si il n’y avait pas eu les hommes, le destin, nous-mêmes… Tout se termine sur des notes étirées de piano.
Et la beauté, la tristesse, ces lointaines rémanences d’espoirs entrevues au fond du gouffre, ne nous quitterons plus jusqu’à la fin de l’album.
Le fascinant “ Solitude of the Dead ” avec ses voix qui à elles seules évoquent la solitude des âmes au bord du Styx, mais d’une façon presque lumineuse : douleur transcendée, magnifiée, par l’art, par la musique.
Suit le plus discret et délicat “Adoration”, mais tout aussi triste, fragile, tout en nuances, en plages à demi éteintes de synthés mêlées, en arrière-fond, de remous troubles et mystérieux…
Après les voix du début, “ Tallriksis ” replonge dans les remous troubles, les sonorités imprécises et flous qui remontent de quelque abîme intérieur et tourmenté, nuancés toutefois par des notes éparses de mélodies, des bribes de chants qui s’élèvent comme les fantômes de souvenirs embrouillés.
The Path of Loneliness ” réussi à nouveau ce mélange de voix, de synthés, et de sonorités plus industrielles qui s’agitent dans le lointain.
Vient ensuite l’entêtant “ Sealed with no Belief ” avec ces notes sournoises et envoûtantes qui s’égrainent sur un fond sonore industriel, se poursuivent en superbe mélodies que les meilleurs passages de Desiderii Marginis, Necrophorus, ne renieraient pas.
Idem pour “The Inner Salvation” et “ The Final Process ” qui termine en beauté ce superbe CD.

BROKEN
(Cold Meat Industry) 2006



1-Solititation
2-Attempt (Failure)
3-Broken
4-Betrayed
5-Staring At Nothing
6-Shadow
7-Silence
8-Dissolving
9-Communion
10-Tears

Après cinq longues années d’attente, d’absence – de MANQUE - LĒTUM réapparait enfin avec un second album qui rompt radicalement – au moins en apparence - avec le premier. La première écoute peut surprendre, surtout si l’on a en tête l’inoubliable “ENTRANCE TO SALVATION” et pourtant… pourtant tout est là, les remous industriels de sons, les synthés attristés, les voix, mais tout revêt un caractère plus abrupte, plus sombre aussi que dans le premier album. En fait, ici, comme le titre l’indique (BROKEN !) l’espoir a disparu. En tout cas la lumière se fait de plus en plus ténue.
Dès le premier titre, “Solititation”, on sent que quelque chose à changé, on retrouve bien les bruissements industriels en fond sonore, les voix réapparaissent rapidement aussi, mais toute vie en semble absente. Les synthés deviennent moins neutres, et au-delà de la douleur contenue du premier album, ils ont quelque chose de plus direct, créant une certaine déception malgré tout.
En revanche, le début de “Attempt (Failure)” est particulièrement réussi, plus proche dans l’esprit d’un morceau de death ambient, il garde jusqu’au bout ce mélange funèbre de bruits, de saturations, de synthés, totalement absent du premier album.
Broken” reste dans cet esprit, mais de façon plus feutré, plus sournoise, et là aussi, la beauté douloureuse du premier album est absente au profit d’un dark-ambient plus classique, à la manière de New Risen Throne, par exemple. On retrouve ici et là quelques unes des notes cristallines du premier CD, les glas funèbres, des envolées plus éthérées de sons.
Betrayed ” rappel quelque peu certain des morceaux de Coph Nia, synthé grandiloquent, spoken words, et laisse, il faut bien le dire, l’auditeur sur sa fin.
Staring at Nothing ” est un morceau ambient, tout en demi-teinte : mélodies discrètes, funèbres, et voix qui émergent des profondeurs de la nuit. Là aussi peu d’espoir…
Shadow” est un morceau de dark-ambient crépusculaire, à l’atmosphère feutrée, aux grondements souterrains, tout en nuances.
Les synthés funèbres et tristes reviennent dans “Silence” avec une certaine réussite, rappelant peut-être certain morceaux de Profane Grace, période “Epitaph of Shattered Dreams”. Un très beau titre, tout en retenu, mais à la puissance évocatrice forte.
A la manière de “Shadow”, “Dissolving” est un titre chtonien, tout se passe en-dessous de la surface, et il ne nous en reste que de vagues échos, des pulsations inquiétantes, jusqu’à l’apparition des synthés funèbres qui déchirent le silence mauvais. Très certainement différent de “ENTRANCE TO SALVATION”, peut-être aussi plus évident pour un morceau de dark-ambient, mais cependant réussi.
Communion” ne peut manquer de faire passer au premier morceau de Raison d’Être présent sur “The Ring of Isvarh” ou “Prospectus I” ou tel que la compilation “Moments of Sleeping Sadness” de Necrophorus nous en présentait aussi. Mais, puisqu’il faut bien un mais, en deçà de ces derniers. Et certains des morceaux présents sur le site de LĒTUM me semblaient bien plus dignes d’intérêt.
Tears” quant à lui rappel aussi fortement les influences précités ainsi que certain morceaux de Desiderii Marginis où se mêlent guitare et synthés. Mais cette fois-ci, malgré la grande simplicité du propos, le titre fonctionne, plongeant l’auditeur dans une tristesse sourde et… délicieuse…
Bref, étonnant album que “BROKEN”, moins marquant sans doute que le premier CD, et si l’on excepte les deux derniers morceaux qui semblent plus anciens, LĒTUM semble évoluer vers un dark-ambient plus « classique », fait de sons rauques, de grondements, de saturations plus ou moins discrètes, auxquels les synthés donnent une profondeur, une noirceur d’où la lumière a de plus en plus de mal à sortir.
Mais ne l’oublions pas, LĒTUM est le mot latin pour évoquer les morts, les démons de l’autre monde…



A noter aussi, le site official de LĒTUM propose, de façon plus au moins régulière, toute une série de titres anciens disponibles au téléchargement. Si la plupart n’ont pas la force des deux CD, ils restent toujours intéressants, sinon évocateur de l’évolution musicale de Mathias Henriksson.