THO-SO-AA est le projet de Lutz Rach qui a su développer au fil des albums toute une palette de couleurs, allant des titres ambiants, plus calmes, presque lumineux qui parsèment son œuvre, jusqu'à un dark ambient sinistre, parfois hanté, et souvent marqué par un onirisme trouble, qui abouti aux superbes albums que sont MINUS et IDENTIFY.
ENRIELLE
Art Konkret, Cassette 1996 / CD 2002
1-Archive No.7
2-GE (V)
3-Stole Figure
4-Enrielle
5-Intermission
6-Enrielle II
7-Sleep
8-P.T. II
Réédition des cinq titres d’une cassette sortie en 1995, auxquels s’ajoutent trois inédits, ENRIELLE est un album riche, aux atmosphères variées, qui seront vite faire oublier les deux ou trois titres plus faibles de ce premier essai.
Pour témoin, le CD commence avec un morceau beau et hanté : Archive No.7”. Titre hypnotique, rituel, dont les boucles de sons se mêlent, vont et viennent entre les barrières fragiles de ce monde et de l’au-delà, évoquant quelque étrange sphère, un autre monde entrevu au cours de curieuses expérimentations. Le titre n’est pas a franchement parler terrifiant, mais il évoque à merveille un univers parallèle, à la manière d’anciens auteurs comme les passionnants récits de science-fiction de Rosny-Ainé ou le somptueux Clark Ashton Smith.
Toujours aussi enivrant, GE (V), rappelant quelque cérémonie païenne et magique dans ces tintements de clochettes, ces boucles obsédantes, ce titre reste dans un registre rituel, proche de certains passages de l’incantatoire The Soul Extinguished de SCHLOSS TEGAL.
Plus rampant, plus gris, Stole Figure rappelle lui certains morceaux des débuts de NEW RISEN THRONE, et contribue lui aussi à la richesse de l’album. Et on plonge encore davantage dans la grisaille, dans une certaine forme de mélancolie aussi, avec Enrielle, lent à démarrer, mais dont la sourde tristesse devient peu à peu évidente, étouffante.
Plus monotone en revanche, et moins marquant, Intermission, qui se rapproche davantage d’un dark ambient minimaliste jouant avec la palette monochrome, avec les différentes nuances de gris, d’un peintre dépressif. Toujours aussi minimaliste, Enrielle II reste dans le même registre et ne parvient pas davantage à convaincre, rappelant une sorte de version alternative de GE (V) en moins envoutante.
Sleep quant à lui fait penser à certaine expérimentation sonore du regretté DIE SONNE SATAN, avec les cassettes Fac Totum et Omega.
On termine avec le jolie et onirique P.T. II. Lent, calme, méditatif aussi bien qu’onirique, ce titre rappelle certains passage de NUMINA, dont il reprend toute la quiétude et le mystère, mais se rapproche surtout de JANNICK SCHOU sur l’album Night.
ENRIELLE est un album de qualité, doté d’une certaine puissance évocatrice, et paré d’une aura magique et sulfureuse digne d’intérêt.
Epoch Pt.1
Art Konkret, 1996
1-Section I
2-Section II
3-Section III
4-Section IV
5-Section V
Passée la grisaille du long premier titre, EPOCH Pt.1 est un album qui oscille entre une forme d’ambient tour à tour calme et hypnotique, et un dark ambient plus sournois, tout en grisaille imprécise, en remous furtifs, mais non dénué d’une certaine forme d’onirisme dans le propos.
Sobre mais pas totalement minimaliste, à l’image du second titre ; le réussi Section II est un morceau calme, méditatif, avec quelques discrets accords de guitares, et de lointaines voix religieuses qui lui donne un relief bien particulier, le rapprochant de certains titres à la douce mélancolie de DESIDERII MARGINIS.
Tout aussi réussi, Section III, quelque part entre les premières œuvres de NORTHAUNT et une ambient bercé d’échos marins, mi-apaisante mi-inquiétante comme SOSTRAH TINNITUS en est parfois capable (A Rain Water Stratum on The Sea). Un morceau donc à l’atmosphère de plus en plus marquée, qui laisse une certaine tension s’installer au fil des minutes, de ces grondements sourds et lointains, de ces drones aquatiques, et de ces échos imprécis de sons qui s’étirent et se perdent en bribes de mélodies tristes.
Puis viennent les boucles de voix attristées et religieuses de Section IV, qui, même s’il se termine dans un dark ambient assez sinistre, rappelle certains passages, un certain phrasé musical à la fois hypnotique, lancinant et religieux que l’on retrouve dans les albums du regretté HOEDH. Ce genre de morceau d’une grande subjectivité, d’une grande sensibilité, et sur lequel on peut plaquer tout un tas de sentiments parfois contradictoires, liés à notre humeur du moment. On retrouve cette même influence dans le dernier titre Section V : boucles hypnotiques, ambiantes, s’élevant en un étrange compromis entre HOEDH et certains morceaux de TROUM .
En résumé, Epoch Pt.1 est un album riche, varié, mais dont la diversité, à l’exception du premier titre peut-être, forme une sorte de d’ensemble à la fois mystérieux, sombre et paré de lueurs envoutantes.
Index 1.0 Coma
Art Konkret, 1998
1-Index1.0(coma)
2-Index1.5OPHEA
3-Index2.0T.A.K
4-Index3.0-S-OPHIE (sid)
5-Index4.0RE/ARP
Des échos sourds, espacés, des drones figés et gris, ainsi commence Index1.0(coma), long morceau gris, à peine remué par ces échos sourds plus ou moins réguliers. Un premier titre que l’on imagine symboliser le coma, sa grisaille douloureuse, à peine tachée de visions fugitives, et enfin, une certaine lueur, encore hésitante, se dessine au loin, derrière toute cette grisaille. Le morceau est agréable, mais certainement pas le meilleur de l’album. Il faut attendre les dernières minutes pour entrevoir, au travers d’une plage de synthés minimaliste, un peu de lumière.
Sur un fond de drones oscillants, instables et presque inquiétants, s’égrainent quelques tintements, des notes de xylophones graves et mystérieuses qui deviennent peu à peu une sorte de mélodies répétitives aux – très – lointaines consonances ethniques. Index1.5OPHEA reste dans la tradition ambiante des certains albums de Robert Rich, surtout de ses premières œuvres.
Mais l’album décolle vraiment avec Index2.0T.A.K, jolie morceau, calme, mais suffisamment étrange, dans ces bribes déformés d’arpèges qui passent en boucles, pour ne pas être ennuyeux.
Autre morceau gris, au relief limité, Index3.0-S-OPHIE (sid). Un titre comateux, ne présentant réellement d’intérêt que dans ses dernières minutes, qui, une fois de plus, mènent à une sorte de lueur diffuse, parfait préambule aux plus réussi et onirique Index4.0RE/ARP. D’abord onirique donc, et magique, Index4.0RE/ARP justifie presque à lui seul l’achat de ce CD, et se pare peu à peu d’arpèges discrètement électroniques sur fond de plages de synthés étirées et magiques, proche ici de certains albums de Thom Brennan.
Peut-être le plus faible des albums de THO-SO-AA à ce jour, Index 1.0 Coma, que l'on peut comparer à une foule de compositeurs ambiants capable de produire des œuvres agréables, mais sans grande originalité, est un l’album assez inégale, au minimalisme grisâtre, mais dont émane ici et là une certaine forme de beauté, notamment avec des titres comme Index2.0T.A.K et Index4.0RE/ARP donc, pas si négatif que çà...
ABSORB
Art Konkret, 2000
1-How Does That Feel?
2-Fault
3-What Should I Do To Her?
4-Lost In Experimental Garbage
5-I Lost A Teeth In A Dream
6-Integrated
7-Disintegrated
8-Alone
9-Absorb
Album atypique dans la discographie de THO-SO-AA, ABSORB offre une succession de titres aux rythmes lents, sournois, dont les percussions discrètes et souterrainnes sont le plus souvent accompagnées par des mélodies tout aussi discrètes et obscures.
Passé un premier titre franchement quelconque, mais c’est un peu une habitude avec les albums de THO-SO-AA, le second titre, Fault, ne réussi pas non plus à convaincre.
Il faut vraiment attendre What Should I Do To Her? pour trouver un titre intéressant, mais c’est surtout le plus électronique et presque rituel, Lost In Experimental Garbage, qui interpelle avec son rythme mélancolique, ses boucles de sons fatidiques, titre qui permet à ce style de musique de prendre toute son ampleur.
I Lost A Teeth In A Dream poursuit cette exploration de rythmes souterrains, accompagnés de basses mélancoliques et sournoises, avec une certaine réussite, et ce malgré son minimalisme.
Franchement sombre et inquiétant en revanche, Integrated, avec ses rythmes répétitifs, ses notes lugubres qui passent en boucles, toujours d’une grande simplicité, mais efficace.
En fait, une constatation s'impose : passé les deux premiers titres, ABSORB fonctionne plutôt bien dans ce registre peu commun, où CAUL s’est engagé aussi, mais en plus dub, avec l’album KAIROS ; mais on songe surtout à SCORN ou AH-CAMA-SOTZ, en une version beaucoup plus soft bien sûr...
On trouve ensuite le plus ambiant et légèrement électronique, Disintegrated, à l’ambiance plus légère, mais agréable, à la manière de certains compositeurs ambiants, comme LOSCIL.
Titre ambiant, énigmatique, Alone rappelle lui aussi beaucoup de nom de ce courant musical.
On termine avec un morceau plus quelconque, Absorb, à l’ambiance incertaine, hésitante, qui ne réussi pas à marquer.
ABSORB est donc une fois de plus un album inégal, mais dont l’essentiel des titres restent de qualité, et capables de générer de réelles ambiances, de réussir le difficile parie d’un album aux rythmes lents, au "dub" discret et sombre. Pas si facile…
MINUS
Art Konkret, CD 2004
1-Introduction For A Demon
2-Minus
3-It's A Nightmare
4-Below Peace & Happiness
5-Zero Faith Zero
6-A Perfect Collapse
7-Darkness
Sans doute l’un des meilleurs albums de Lutz Rach, proche dans l’esprit d’ Index 1.0 Coma, mais en une version nettement plus sombre et aboutie, MINUS est un album au dark ambiant rampant, menaçant, où l’on ne ressent que très peu la touche ambiante des précédentes œuvres, et bien loin aussi des boucles rythmées d’ABSORB.
Toujours empreint d’un certain minimalisme, le dark ambient de MINUS fonctionne plutôt bien ici : drones sournois, couches de sons qui se superposent discrètement, voix étouffées comme dans Introduction For A Demon ou le plus discret, aux lointains souffles industriels, It's A Nightmare qui rappelle la face la plus ambiante de MEGAPTERA où les premiers travaux de NEW RISEN THRONE. On songe aussi, à l’écoute du réussi Below Peace & Happiness, avec ses échos sourds, ses drones sifflants et ses bruits en arrière-fonds, à certains travaux du méconnu LAMIA IS.
L’album s’écoute à fort volume, de façon à pouvoir en saisir toute la noirceur, toute l’angoisse larvée au sein de ces drones superposés et inquiétants, de ces souffles profonds et ténébreux.
Certains titres sortent du lot, comme le fantomatique Zero Faith Zero, mystérieux, inquiétant, où des notes, des bribes de voix se noient dans un flou sonore des plus réussi.
A Perfect Collapse est aussi à mon sens une des réussites de l’album, d’abord parce qu’il parvient à faire la synthèse des ambiances oniriques ou spectrales qui traversent l’œuvre de THO-SO-AA, et de celles plus sombres, plus obscurs, comme l’essentiel des titres de MINUS, les mêlant en une sorte de long drone tournoyant, répétitif et hypnotiques, comme on en trouve parfois chez TROUM.
Citons aussi le titre Minus, qui lui aussi forme un étrange compromis entre les œuvres ambiantes et la face la plus sombre de THO-SO-AA.
On termine avec la noirceur (forcément…) de Darkness, sans doute le meilleur titre de l’album avec Zero Faith Zero. Morceau plein de souffles, de mélodies éteintes ponctuées de notes rauques, qui, tout en restant subtil, réussi à créer une réelle atmosphère hantée et inquiétante, dont émerge, dans ces derniers instants, une lueur incertaine et mélancolique.
THO-SO-AA & WILHELM HERICH
Schwester Mein... (Sister Mine)
:Ikonen: Media, DVDr, 2004
1 Schwester Mein... (Sister Mine) 16:26
1.1 Chapter 1 7:23
1.2 Chapter 2 4:34
1.3 Chapter 3 2:44
1.4 Chapter 4 1:45
Trailer :
Schwester Mein... (Sister Mine) 1:02
Performance :
“Die Kleine Gruftschlampe” : 11:27
Bonusfilm :
-Traumspiel 6:03
-Opfer 4:46 Musique : Brian Bray / Lutz Rach
-Male (Medea) 4:49
-Male (Medea) Trailer 1:00 Musique : Lutz Rach
-New York 1989 7:36 Musique : Tho-So-Aa
-Audio Kommentar 16:26
C’est un avis personnelle, mais j’avoue ne pas être fan de ce genre de courts-métrages qui alignent des plans sombres, des successions de rues sinistres, la nuit, avec un scénario minimaliste, qui, s’il peut suffire à illustrer des lives de projets industriels, ne suffit pas en revanche à l’élaboration d’une œuvre en tant que telle. Sans doute faut-il s’appeler Tarkovsky pour réussir à susciter de la beauté dans la lenteur et l’inertie des plans. Schwester Mein... est l’histoire assez banale, somme toute, d’un meurtre, révélé à son meurtrier supposé amnésique, par son propre fantôme performeur…
Quant à la musique de Lutz Rach, assez classique, voire fade, dans les premières minutes du court-métrage : souffles à la limite du grondement suivant les errements nocturnes du personnage, devient de plus en plus étrange au fil des minutes, se pare de chuchotements, devient rituelle lors de la performance, rappelant Hybryds, jusqu’à prendre toute sa puissance dans les derniers instants oniriques et angoissés du court-métrage. Ce dernier passage, il est vrai, et sans doute grâce à la musique, devient d’une étrange et fascinante beauté qui mérite à lui seul l’achat du DVD.
Wilhelm Herich est crédité pour la musique au générique ; je ne sais donc qui, de Lutz Rach ou de lui, en est l’auteur, ni s’il s’agit d’une collaboration, mais il fait penser aux passages les plus étranges et hantés de KRAKEN.
Passons à présent aux bonus, d’abord la bande-annonce, dont la musique est une sorte de houle mystérieuse, de pulsation aux confins de l’industrielle et de l’ambiante
La version alternative de la performance, propose une musique aux rythmes électroniques et sourds, proche là aussi de certains passages d’Hybryds.
Male (Medea) court-métrage dont la musique est pleine de vent, de sifflements, soutenus par une voix désolée de femme. Pas de crédit ici pour la musique, faut-il en déduire qu’elle est de Lutz Rach, puisque le trailer, ultérieur de deux années tout de même - et dont la musique est différente - le crédite ?
Pour les bonus, Traumspiel est de loin le plus intéressant avec ces vues industrielles et urbaines désolées, abandonnées ; musicalement d’abord industriel, puis aux rythmes soutenus, ponctué de notes de piano. Musique non créditée à la fin du court-métrage, donc, par défaut, on peut supposer que Lutz Rach en est l’auteur, même si la dernière partie du morceau donne dans un style auquel il avait jusque là – malgré ABSORB – peu œuvré.
Etranges boucles de sons pour les vues anodines de New York 1989, le morceau s’étoffe lentement de rythmes, de collages sonores, de notes sourdes et angoissantes de synthés, pour un titre franchement réussi, quelque part entre John Carpenter, Cordell Klier et Die Wappen Des Thodt ! Le meilleur titre du DVD avec le morceau onirique de Schwester Mein…
Moins marquant en revanche la musique d’Opfer, en collaboration avec Brian Bray, et de son psycho killer qui découvre au dernier moment que sa proie est une goule.
On l’aura compris, dommage, donc, que les morceaux issus de ce DVD ne soient pas sortis en CD à ce jour – et à ma connaissance.
DYING REVEAL
Drone Records, 2005 7”
A-Dying Reveal
B-The Undefined
Pas d’annotation sur le vinyle pour savoir quel titre est la face A ou la face B, admettons donc que le meilleur des deux soit Dying Reveal…
Dying Reveal est assez proche en fait des 7" de PROFANE GRACE ( In Death Silent Embrace et The Seal of Xasthur) avec ces échos déformés de grondements, de voix, sur lesquels planent des boucles de notes mauvaises, plutôt sinistres, entremêlés d’un fouillis de voix d’une douceur cauchemardesque. Comme si l’on mettait les pieds dans un jardin d’enfants diaboliques, l’île de Sa Majesté des Mouches, de William Golding.
On retrouve les mêmes samples de voix déformées, un peu moins inquiétantes, dans The Undefined, mais en une version faites de longs drones et de sifflements discrets, qui se terminent en curieux samples de musiques anciennes. Moins fort donc que la supposée face A, ce titre reste néanmoins dans le style inquiétant que l’on retrouvera plus tard sur SPOILER.
SPOILER
Not on Label, CDr 2007
1-Spoiler
2-No Way To Go
3-Dem(on)
Un sympathique CD, malheureusement assez rare pour ceux qui souhaitent se le procurer, car vendu uniquement – et en très petite quantité – lors d’un concert en Lituanie. Dommage car l’œuvre est sombre, plus sombre même que ce à quoi Lutz Rach nous habitue d’habitude. SPOILER nous offre un dark ambient franchement noir, quelque part entre SVARTSINN, NEW RISEN THRONE, voir MEGAPTERA pour les drones sourds et lancinant, chargés de voix, de cris.
Le CD commence en douceur, avec le titre éponyme Spoiler, lent, lugubre, mais les hostilités s’engagent réellement avec No Way To Go. Bruits d’eau, d’égouttements, remous industriels, le tout des plus convaincant, un peu à la manière de l’excellent OLHON, et peu à peu remplacé par des drones lourds et mauvais, dans le style du MEGAPTERA de Curse of the Scarecrow. Hypnotique et noir…
Le CD atteint son maximum avec le cauchemardesque Dem(on), boucles hantés, noires et répétitives supportées par des hurlements lointains, presque irréels. Rien de plus en fait, mais le morceau fonctionne plutôt bien.
Franchement sympathique.
IDENTIFY
Tesco Organisation, CD 2010
0-(Meta)
1-Is It Worth?
2-FYGDM
3-Death Penalty
4-Abused
5-The Ritual
6-Marching To Your Destiny
7-I Finally Made It
Lent, sombre, hanté et sinistre, IDENTIFY est une agréable surprise dans l’œuvre de THO-SO-AA, un album aux atmosphères riches et marquées par un subtil compromis entre certains titres ambiants, oniriques et fantomatiques des débuts, et le dark ambient rampant et discrets qui a fait la marque de fabrique de Lutz Rach, comme sur le très réussi Is It worth? qui rappelle les boucles hantées et oniriques de A Perfect Collapse présent sur MINUS. Et justement, IDENTIFY est le digne successeur de MINUS, mais en une version encore plus fascinante.
A ce titre, (Meta), premier morceau du CD, donne le ton de l’album ; un titre noir, hanté, aux boucles rituelles et oniriques qui envahissent l’esprit, s’y égarent, et l’entraînent vers de curieux et fatidiques endroits baignés par un clair de lune mauvais.
Et pour ceux qui sortent indemne du très beau Is It worth?, on poursuit avec FYGDM et ces samples de voix mi-prophétiques, mi-démentes, comme on en trouve régulièrement dans les albums de MEGAPTERA ou sur le FLESHARVEST de LAMIA IS.
Et soudain, passées les sourdes menaces de Death Penalty, on arrive à la partie la plus aboutie de ce CD, avec Abused qui inaugure une suite de titres au dark ambient spectral, tout imprégné d’angoisse, de mystère et de brume, et franchement efficace. Tel le lent et habité, The Ritual, avec ses chœurs sourds, ses notes flûtés et spectrales, évoquant quelque cérémonie impie, quelque vision fugitive et fantomatique entr’aperçue au détour d’un couloir sinistre, d’une ruine au crépuscule. Franchement réussi !
Suit le très beau, onirique et triste Marching To Your Destiny, sans doute le meilleur titre de l’album. Un titre magique, aux boucles de sons fascinantes, empreint d’une terrible aura de fatalité, et dans lequel on sent toute la beauté, tout le côté tragique et sinistre que peut revêtir la destinée humaine.
On termine sur la sourde grisaille de I Finally Made It, tout en retenue, mais dont on sent qu’il est porteur de quelque drame secret.
Pour ceux qui aiment les ambiances noires et spectrales, IDENTIFY sera très certainement le chef-d’œuvre de Lutz Rach, un album que se doit de posséder tout amateur du genre.