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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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FJERNLYS

Formation intemporelle, pleine de douceur, et empreint d'une certaine magie que l'on retrouve dans ces titres cosmiques, inspirés par les paysages du Nord, par une nature mystérieuse, FJERNLYS est le projet de Knut Enderlein (INADE), auquel il faut ajouter la collaboration de CKS, et, à partir de WITHIN THE MIND OF A GHOST, celle de Johannes Riedel de CIRCULAR.

ASCENDING TRIADS & LUMINOUS ARCS




















Ascending Triads & Luminous Arcs
1-1 Flash Crimson
1-2 Intermediate Nature
1-3 All Sun's Ceaseless Falling
1-4 Trunkene Flut
1-5 Lunar Sphere
1-6 Rising To A Challenge
1-7 Solar Loka
1-8 Nocturnal Wine
1-9 Enduring Surviving

Ascending Remixes & Luminous Interpretations
2-1 Intermediate Nature (Bad Sector Rmx)
2-2 Lunar Sphere (Alternative Version)
2-3 Nocturnal Wine (Antlers Mulm Rmx)
2-4 Trunkene Flut (Lovespell Rmx)
2-5 All Sun's Ceaseless Falling (First Law Rmx)

CD1
Dès le premier titre, Flash Crimson, on se rend compte que FJERNLYS sera de ces formations capables de tisser des atmosphères d'une grande simplicité, mais néanmoins efficaces, distillant une magie de l’instant, subtile et discrète, et, chose assez rare, tout de suite reconnaissable.
Et si magie il y a, elle prend forme avec le très beau, calme, intemporel et hypnotique,  Intermediate Nature, et on comprend tout de suite pourquoi ce titre a réussi à inspirer, avec autant de force et de majesté, Massimo Magrini, pour son remix figurant sur le second CD !
Certains morceaux d’ASCENDING TRIADS sont plus cosmiques, comme le très réussi All Sun's Ceaseless, proche, dans l’esprit, d’INADE, tant au niveau des voix que de la composition, d’autres titres sont plus orchestraux, axés sur le chant, comme Rising To A Challenge. L'ensemble des titres dégage ce mélange particulier de calme beauté dont on sent toujours percer, en arrière-fond, une certain nostalgie, une certaine inquiétude, qui donne tout le relief aux morceaux.
Pour un premier album, ASCENDING TRIADS & LUMINOUS ARCS est donc une réussite ; il suffit de se laisser porter par l’ensemble de ces titres pour s’en convaincre.

CD2
Ahhh Massimo Magrini, génial compositeur de BAD SECTOR (mais aussi d'OLHON avec son comparse Zairo, de WHERE). En effet, génial : non le mot n’est pas utilisé de façon légère, il suffit pour cela d’écouter le remix d'Intermediate Nature, plus qu’un simple remix d’ailleurs, puisque le titre est transcendé, métamorphosé, d’une pureté, d’une beauté rare. Un titre magique qui élève l’esprit, et réussit à le tirer, un instant, de la fange de ce monde gris et malade.
Difficile, donc, de passer après un tel morceau, et pourtant, FJERNLYS en réussit le pari, avec la jolie version alternative de Lunar Sphere, portée par la voix de CKS.
ANTLERS MULM, avec Nocturnal Wine, réussi à retranscrire dans ce remix les ambiances propre à FJERNLYS, tout comme LOVESPELL, mais qui substitue une voix de femme à la voix masculine de la version originelle de Trunkene Flut .
Et pour finir FIRST LAW, qui, bien que ne parvenant pas totalement à faire oublier le morceau de FJERNLYS, surtout au niveau de la voix, nous propose finalement une version assez personnelle de ce titre, plus proche de l’esprit de FIRST LAW sans doute…

















WITHIN THE MIND OF A GHOST
Skogholt, LP, 2007




















A1 Arrival FTM
A2 The Point Of Light
A3 A Gilded Sign
A4 Flash Crimson
B1 Frozen Sun
B2 A Dress Of Stars
B3 Wings Of Desire
B4 Nocturnal Wine

FJERNLYS nous offre ici un bien jolie vinyle, alors n’hésitez pas, laissez votre esprit errer dans la forêt intérieur de WITHIN THE MIND OF A GHOST, se perdre dans les jeux de lumières incessants et étranges qui baignent les contours de ces arbres énigmatiques et brumeux.
FJERNLYS c’est un mélange d’arpèges électroniques, lents, hypnotiques, de percussions sourdes et discrètes, de basses profondes, qui servent de révélateurs à des mélodies entêtantes de synthés, d’une douceur rêveuse et mélancolique. 
Et si, lorsque l’on écoute FJERNLYS, il nous arrive parfois de penser à INADE (forcément, présence de Knut Enderlein oblige), notamment au niveau de l’utilisation des voix, ou à certains titres de PREDOMINANCE, dans les arrangements, ce n’est qu’un élément de comparaison, car nos trois comparses tissent leurs propres atmosphères, leurs propres ambiances calmes et intemporelles, pleine de mélodies d’une douceur méditative, d’une légèreté boréale, comme la traversée d’un fjord par un frais crépuscule d’automne. Et on s’en rend tout de suite compte avec le second morceau, The Point of Light, doucement électronique, aux rythmes lents, qui dégage au travers de ces multiples samples de voix, de ces mélodies de synthés, une ambiance poétique qui traverse l’album, et de façon plus générale l’œuvre de FJERNLYS.
La plupart des titres de WITHIN THE MIND OF A GHOST sont vraiment réussis : A Gilded Sign, Flash Crimson, A Dress of Stars, ou Nocturnal Wine, déjà présent, comme Flash Crimson, sur ASCENDING TRIADS ; les mélodies sont simples, pures, si bien que l’on a l’impression que ces titres ont toujours fait partie de notre paysage sonore, qu’ils se tenaient, là, quelque part au fond de notre esprit, et que FJERNLYS a su les révéler.
Écouter FJERNLYS revient à une expérience simple, évidente, et dans la complexité ridicule de nos vies modernes, c’est une chose précieuse à côté de laquelle il ne faut pas passer. 




















A noter : WITHIN THE MIND OF A GHOST est ressorti en CD, en 2011, chez LOKI FOUNDATION.




















BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE


















1 Formless & Perfect
2 Silence
3 Whisper In White
4 A Letter To...
5 Beyond The North
6 Constellation
7 Involution
8 Star's Orbit
9 Elemental Movement
10 Zodiac

FJERNLYS poursuit son voyage sonore avec BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE, et nous offre dix titres cristallins, intemporels, on l’on retrouve la calme mélancolie des précédents albums. Dix titres à la poésie cosmique, plein de crépuscules silencieux, de brasillements instables à la surface d’un océan serein, mais où, toujours, comme dans A Letter To..., les sons se parent d’une certaine mélancolie, d’une lenteur méditative, de quelques reflets plus profond, plus sombre, issu de ces eaux en apparence calmes. Comme si, en définitive, toute forme de beauté, de méditation, devait nécessairement se parer d’une certaine noirceur intrinsèque qui lui confère toute sa grandeur, toute sa beauté, ne faisant pas de ces visions de simples cartes postales, mais leur donnant une profondeur métaphorique.
Et on sent, au travers de titres comme A Letter To... et Zodiac, une certaine affinité entre BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE et le WHALE RIDER de Lisa Gerrard. Cette douceur dans la tristesse, cette profondeur dans la beauté, qui évoque les grandes œuvres. Une vision à la fois mystique et triste de la nature, exprimée dans le calme, la douceur des morceaux.
La magie née lentement des spires musicales, en un curieux rituel, un ensorcellement, loin de toute exubérance, car on sait qu’il touchera tôt ou tard notre esprit.
Bien entendu, comme toujours chez FJERNLYS,- cela tient-il à la présence de Knutt, d’INADE ? -, il y a ce côté cosmique, toujours en retrait, et certes pas le bouillonnement d’INADE, les spires mystiques et abyssales de VISIONS où les échappées stellaires de GUSTAF HILDEBRAND, mais néanmoins présent, en corrélation avec cette évocation récurrente de la nature, dont l’espace, symboliquement, est la vision ultime.
Le chant, les voix de façon générales (dont celle de CKS), sont moins marquées dans cet album, mais se fondent davantage dans la musique, à l’image de Star's Orbit.
On pense aussi à TOR LUNDVALL, dans ces titres discrets, aux chuchotements lointains, comme Elemental Movement.
BEYOND THE UNDULANT QUIESCENCE évoque donc tout un univers intérieur, révélé dans le miroir de paysages sans fin, solitaires, de fjords somptueux, et uniquement troublé, à sa surface, par les  remous d’une âme sensible.


IREZUMI

IREZUMI est le projet de Manuel Mesdag, connu aussi pour des œuvres plus techno, mais qui nous livre ici, avec Endurance, un superbe album d'ambient profonde et mystique, d'une beauté complexe et... rare... 
Le CD est sorti dans un jolie digipack chez Snwoblood, le label de Nicolas Faure, d'Asmorod.

ENDURANCE
Snowblood, 2008



















Untitled 1 à 10


Endurance est l’expression d’une quête désespérée, d’une aventure humaine poussée à l’extrême, sorte d’envolée mystique et sombre qui symbolise à elle seule la lutte inégale et perpétuelle de la vie contre la mort, en ces immensités glacées, blanches, où les âmes noires des hommes ne cessent de se perdre. Car Endurance est un hommage à l’expédition de Sir Ernest Shackleton dont la traversée du Pôle Sud fut un échec, en 1914, échec du point de vue de ces objectifs de départ, puisque, à l’exception des chiens de traineaux et du chat mascotte du navire, abattu par l’équipage sur ordre de Shackleton, tous survécurent après 22 mois de souffrances dans cet enfer blanc, poussés par cette rage de vivre, de survivre (1).
Il y a quelque chose d’intemporel dans cette musique, quelque chose qui fige l’instant, le retient, le rend éternel et sacré, comme ces œuvres dont on sait, avec une certitude sans faille, qu’elles sont en connexions directes avec l’âme. Endurance est cet instant sublime, tragique, où l’âme demeure brut, loin des contingences futile de l’existence, face à l’infini, face à ce Dieu cruel qu’est la Nature – la Vie, alors que jamais, elle n’a été aussi proche de la mort.
Mais loin d’être grandiloquent, tous les tourments de l’âme sont exprimés dans ces morceaux avec une surprenante retenue, comme dans Untitled 3, d’une calme tristesse, d’une terrible fatalité ou Untitled 2, enivrant avec ces boucle de voix, ce chant égaré et intérieur d’une âme poussée dans ces derniers retranchements, là où les futilités, les querelles bénignes, sont balayées, car il ne reste plus que l’âme mise à nue, seule, au milieu des immensités – seul face à Dieu, un Dieu immense et blanc, un Dieu glacé et dont il ne faut attendre aucune aide - alors, finalement, n’est-ce pas là une belle métaphore existentielle ?
Citons aussi le fabuleux Untitled 4 : I will not let them – bloody – die ! L’âme prend son envol, l’individu s’efface devant son destin, devant la pureté de ces aspirations, devant ce désir frénétique de vivre, de survivre, d’aller jusqu’au bout de ce combat inégal, qui semble perdu d’avance, comme toute vie est vouée à la mort par définition.
On est proche du sacrifice quasi religieux présent dans l’œuvre de Tarkovski, l’homme, l’individu s’efface devant son destin, devant la portée de son message, il n’est plus que ce sacrifice d’une âme qui, pour un instant dans sa vie, s’éloigne de cet océan de fange qu’est l’existence.
Après être monté en un crescendo mystique, la tension semble presque retomber avec Untitled 5, mais ce n’est qu’une illusion, beau, magique et pur, ce titre est la succession logique des premiers morceaux, et d’ailleurs, aucun des titres suivants ne laissera retomber cette tension mystique et tragique qui traverse l’album. Comme dans Untitled 8 : plein de souffrance, d’âme, de douleur et d’humanité.
Calme, magnifique et terrifiant à la fois, Endurance est un album qui, au travers de son ambient profonde, presque onirique et surtout mystique, sait exprimer tous les conflits d’une âme mise à nue par la rigueur des éléments, par une situation extrême, et nous permet ainsi, au-delà de sa douceur apparente, de saisir les drames intimes de l’esprit égaré en ces solitudes. Tous les conflits ouverts ou secrets qui ont pu opposer ces hommes, les doutes, la souffrance de l’âme et de la chair, dans cette prison blanche.
Et justement, face à l’omnipotence de la chair, d’une pensée sclérosée par des sociétés diverses, opposées, mais qui se retrouvent dans la médiocrité et la haine, Endurance nous montre que, parfois, la chair s’efface, disparait, guidée par le souffle impondérable de l’esprit.
Si Dieu n’existe pas, parfois, au travers de rares œuvres, on peut en rencontrer le fantôme.

(1) Rendons ici hommage aux 69 chiens, et à Mrs Chippy, le chat de l’expédition, abattus par les membres de l’équipage, bien que, à ce qu’il semblerait, la nourriture n’est jamais réellement manquée. Car bien entendu, comme toujours chez l’homme, il lui faut mêler à sa folie, à sa démesure, des animaux quand ces semblables ne lui suffisent pas…



















A noter, les dernières copies de ce chef-d'œuvre sont disponibles chez Deep Audio.






































Merci Nicolas ;)