DANS L’ABÎME DU TEMPS
HERBST9 est le projet d’Henry
Emich et de Frank Merten, connus aussi pour leur second projet, LAND : FIRE. Après deux albums
plus cosmiques, HERBST9
s’attache essentiellement, dès BURIED
UNDER TIME AND SANDS, à évoquer la civilisation sumérienne, les anciens dieux de la
Mésopotamie, généralement avec beaucoup plus d’efficacité que d’autres
projets comme AMON ou WULGATA ou AMENTI SUNCROWN, surtout sur THE GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE
FALCON ou le premier CD d’UŠUMGAL
KALAMMA. Malheureusement, à mon sens, et malgré un certain enthousiasme
plutôt généralisé dans la petite nébuleuse de la presse spécialisée, les albums
d’HERBST9 pêchent souvent par une
trop grande inégalité : certains titres sont réellement envoûtant et réussissent à merveille à rappeler à la vie tout un monde disparu, à exhumer tout un pan
de l’histoire humaine, alors que de nombreux autres restent somme toute assez
fades, même si le terme paraîtra sans doute choquant aux aficionados du projet.
FROM A DARK CHASM
BELOW
Loki Foundation, CD, 1999
1- Ab Ovo
2- The Snake Of Saigon
3- In The Vein Of Purusa
4- From Below
5- Melting Spheres
6- Erdschleife
7- Manvantara
8- Causa Mortis
A écouter
certains titres de FROM A DARK
CHASM BELOW, on aurait pu croire qu’HERBST9 prenait le même chemin qu’INADE : celui d’une musique
rituelle, ambiante, aux lointains relents industriels et aux harmonies
cosmiques, mais c’était sans compter sur l’influence des anciens dieux de Sumer
qui devaient, dès BURIED UNDER
TIME AND SANDS, donner aux albums d’HERBST9
une toute autre dimension, au moins une touche personnelle, à une musique qui
s’attachera dès lors à évoquer des civilisations depuis longtemps enfouies sous
les sables de déserts millénaires.
Mais cette influence des débuts
est particulièrement vrai sur Ab Ovo :
tissus sonore fait de couche superposées de sons, de boucles, de samples, de
voix et de chœurs, émaillés de rythmes lents, de sonorités cosmiques et de
notes éparses. Ab Ovo est donc le seul
titre qui colle vraiment à cette description, et où on l’on ressent cette
influence ambiante et cosmique propre au label LOKI FOUNDATION (dont le
meilleur exemple reste bien entendu INADE).
Mélange de mantras, de sons mixés, de rythmes répétitifs, pour un morceau pas désagréable,
mais sans doute trop long. Bien entendu, on ne rencontre pas chez HERBST9 le bouillonnement cosmique de VISIONS, du meilleur d’INADE ou de GUSTAF HILDEBRAND, voire aussi du totalement oublié ASIANOVA mais le résultat est parfois au rendez-vous.
On pourrait faire le même constat
sur The Snake Of Saigon, même si
l’intérêt baisse plus que sensiblement vers le milieu du titre, la fin, elle,
rappelle certains passages de BURIED
UNDER TIME AND SANDS, ce côté rythme/pulsations/chœurs païens plutôt
efficace.
In The Vein Of Purusa fait penser à certains titres de A CHALLENGE OF HONOUR, mais marque lui
aussi une très nette baisse d’intérêt. Les morceaux se suivent ensuite, mais
sans qu’aucun ne sorte réellement du lot, il manque ce petit plus qui
caractérisera les meilleurs moments de certains des albums futurs. Quelques
influences asiatiques (parfois même un peu orientales) n’apportent, hélas, pas
grand-chose au propos. Comme sur le très quelconque Manvantara, et semblent souvent tomber à plat, comme sur The Snake Of Saigon.
Erdschleife n’est pas désagréable, quelques chœurs désolés, des
mélopées de sons brumeux, on pense lointainement à TAPHEPHOBIA, mais le morceau reste néanmoins assez fade et trop
long. Notons aussi, il faut bien l'avouer, les très ennuyeux Causa Mortis ou Melting Spheres, pour ne citer que ceux-là.
Un premier album très (trop) contrasté
pour HERBST9 et plutôt décevant :
pour ceux qui aiment les morceaux les plus ambiants de PREDOMINANCE, ou des tout débuts d’INADE, voire ceux qui apprécient le projet parallèles d’HERBST9, LAND : FIRE, les autres préféreront le split avec Z’EV ou, dans un style plus abouti, la
trilogie sumérienne qui débute avec BURIED
UNDER TIME AND SANDS.
:ETA CARINAE:
Loki Foundation, CD, 2001
:ETA CARINAE:
Loki Foundation, CD, 2001
1- Eta Carinae
2- Blood Whisper
3- Dhyan Chohane
4- Eclipse
5- Endless Deep
6- Face Of Fire
7- Materia Prima
8- Sulfur
9- IX
:ETA CARINAE: reste assez proche de l’esprit de FROM A DARK CHASM BELOW, trop proche sans doute, même si l’on sent que les ambiances sont parfois plus marquées, plus prenantes, et que le décor semble enfin posé. Évocation de l’espace, de l’univers, ce second album pourrait tout aussi bien, à la manière de BURIED UNDER TIME AND SANDS, évoquer un passé nébuleux, une histoire oubliée et des cités disparues dans la poussière de désert plus vieux que la mémoire.
Et cela
devient évident dès le premier titre, Eta
Carinae ; on sent tout de suite que le style d’HERBST9, au moins sur ce morceau, a gagné en puissance ; ce foisonnement cosmique
de voix, de chœurs et de notes caverneuses que l’on retrouvera, mais de façon
plus banale, sur Eclipse ou Endless Deep par
exemple. Ce style, mélange de rythmes lents, de chœurs graves,
antiques, qui apportent un certain mysticisme à l’œuvre, restera présent tout au long de l’album, avec des
résultats hélas inégaux .
A la manière de certains titres
de FROM A DARK CHASM BELOW, Blood Whisper
resterait très quelconque si les rythmes, les voix, ne venaient enrichir
l’espace, lui donner une dimension spatiale. Blood Whisper est lui aussi fait de percussions, de chœurs, de samples de voix, pour un morceau rituel qui évoque déjà,
par son côté mystique, des civilisations anciennes, disparues, l'empire sumérien de BURIED UNDER TIME AND SANDS.
Certains morceaux plus ambiants,
comme Dhyan
Chohane, sont eux aussi plus réussis. Les voix y occupent davantage
l’espace, évocateur de sphères lointaines, d’univers inatteignables sinon par
l’imagination. Bien entendu, rien de réellement transcendant ici, mais le titre
fonctionne plutôt bien.
Il faut attendre ensuite IX pour
avoir un morceau réellement évocateur, un titre qui plonge l’esprit au cœur de
la matière incandescente d’un univers en expansion constante.
Malgré une grande richesse de
sons, :ETA CARINAE: n’arrive pas non
plus, hélas, à retenir durablement l’attention. Certains morceaux, surtout les premiers,
sortent du lot, et laissent imaginer ce qu’aurait pu être cet album si il y
avait eu de façon plus régulière ces voix mystérieuses, millénaires, ces
rythmes rituels mélangés, perdus, au milieu d’un bouillonnement de sons
cosmiques.
CONSOLAMENTUM
Loki Foundation, 12", 2003
CONSOLAMENTUM
Loki Foundation, 12", 2003
Avec CONSOLAMENTUM, HERBST9
réussi enfin là où ses deux premiers albums semblaient peiner. Simple, mais
redoutable Bloodmoon
Ritual occupe la face A : chants religieux, rythme hypnotique (on
songe au meilleur de TROUM), notes
graves, pour un rituel franchement efficace. Un premier titre fort simple donc,
comme souvent avec HERBST9, mais qui
réussi à tisser une atmosphère suffisamment convaincante pour nous faire croire
à ce rituel de la lune de sang. Rituel que l’on sent, pour une fois, de part
ces chants religieux anciens, plonger dans les arcanes du Moyen-Âge occidental
plutôt que sous les sables des déserts de Mésopotamie. La face B, avec Consolamentum, reste dans les mêmes ambiances. Et même
si les rythmes hypnotiques ont disparus - seuls quelques rythmes
plus lents interviennent vers la fin du titre - on retrouve ici ce mélange de souffles, de
drones, de bruits sourds, d’échos et de voix, qui replongent l'esprit dans les
mystères d'un lointain passé.
:ENENYLYN:
Drone Records, 7", 2004
A- Mletkin
B- Tynemlen
Après CONSOLAMENTUM, on pourrait presque
penser que le vinyle réussi mieux à HERBST9
que le CD ! Pour témoin ce très réussi premier 7 pouces. Mletkin est un titre ambiant, presque
onirique par certains côtés ; un titre calme, avec de jolies notes de synthés
qui génèrent une ambiance particulière, le tout appuyé par des échos sourds et des bruits
industriels qui donnent plus de force au propos. Tout aussi
réussi, Tynemlen rappelle le DRIFTING IN MOTION de NECROPHORUS,
craquements de la glace, bruits d’eau, échos sourds, et des notes suspendues de
synthés, presque des chœurs sous-marins, qui créent toute une atmosphères. On
est en effet très loin ici des titres trop souvent quelconques des premiers
albums.
BURIED UNDER TIME AND
SANDS
Loki Foundation, CD+DVD, 2005
CD
1- Buried Under Time And Sand
2- Lord Of The Shining
Crown
3- Nanab Ishtar - Exalted
Light Of Heaven
4- Etemenanki -
Foundation Of Heaven And Earth
5- Sennacherib, Lugal
6- Purifying Ceremony
7- Of Gods And Demons
8- 4000 Years Of
Damascus
9- From Dilmun, The Far
10- Admonish The Living
DVD
1- Bloodwhisper 2 Pass
The Gate
2- Causa Mortis 2004
3- Skelmir Narh
Musique
ambiante, rituelle et teintée d’influences ethniques propres à évoquer l’ancien
empire sumérien, la Babylone fantasmée, avec ce troisième album d’HERBST9. Un album plus riche que de
coutume donc, évocateur de civilisations disparues, Sumer, l’Assyrie, la
Mésopotamie, y sont présents. Mondes défunts porteurs de rêves, de fantasmes
(pour celui qui n’a pas vécu à cette époque j’imagine…) et de croyances
obscures et inquiétantes. BURIED
UNDER TIME AND SANDS tourne autour de cette thématique, s’attache à évoquer
les arcanes de ce berceau des civilisations, enfoui sous les sables millénaires ;
et le paradoxe de cette œuvre, c’est qu’elle pourrait tout aussi bien
fonctionner avec une société futuriste. Certains titres, comme Etemenanki, pourrait
sans problème évoquer le survol de quelques villes futurs hybrides, aux
origines complexes, où ressurgissent des cultes oubliés, où naissent des
croyances abstruses et hermétiques. Tout un monde inquiétant, déshumanisé, et
ayant perdu de vue depuis longtemps ces origines, sinon pour les ressusciter en des parodies grotesques. Etemenanki - Foundation Of Heaven And Earth
justement, sans doute le meilleur titre de l’album, celui le plus à même de
faire renaître ces mondes obscurs, faits de cultes
mystérieux, de déesses sanguinaires et de batailles depuis oubliées longtemps.
Et comme
trop souvent avec HERBST9, la
plupart des autres titres ne sont pas désagréables, mais oscillent entre un
intérêt poli (Buried Under Time And Sand
ou Purifying Ceremony) et une
évocation assez réussie de ces mondes défunts (Lord Of The Shining Crown ou Nanab
Ishtar - Exalted Light Of Heaven).
Certains
titres, comme From
Dilmun, The Far mais aussi Of Gods
And Demons ou Sennacherib, Lugal,
restent vraiment trop quelconques, impropre par exemple pour ce dernier à ressusciter
ce haut lieu de l’empire assyrien qu’était Sennacherib. L’ensemble manque de force, reste trop flou, trop dilué,
sans cette petite touche personnelle qui rend un titre fascinant. En revanche 4000 Years Of Damascus réussit assez
bien à évoquer l’esprit millénaires d’une ville qui a connu, et connaîtra
encore, des bouleversements ethniques, religieux, et une multitude de conflits sous
les regards mauvais des dieux actuels ou passés. Mais on replonge dans un
certain ennui avec les deux derniers morceaux.
Un album
contrasté donc, meilleur que les précédents, mais qui ne parvient toujours pas
à retenir durablement l’attention.
LIVE 14th WAVE GOTIK TREFFEN LEIPZIG 2005
Shortwave Transmission, DVDr + tape, 2006
1- Buried Under Time And Sand
2- Bloodmoon Ritual
3- E Temen An Ki
4- Lord Of The Shining Crown
5- Ni Bi Ru Rises
6- Causa Mortis
7- Blood Whisper
8- Blood Whisper 2
9- Purifying Ceremony
10- In The Vein Of Purusa
A1- Permanence
A2- Spirit Of Green
A3- Mamud Kur (Mountaindream)
Une fois n’est pas coutume, je ne possède pas l’original de ce live, et c’est donc sur des mp3 que se base cette critique. Je suis d’abord étonné par la mauvaise qualité du live ; le son est très quelconque, souvent saturé, alors que l’album est sorti sur le label créée un temps par HERBST9 lui-même ! Cela vient-il des mp3 ou de l’enregistrement lui-même comme j’ai tendance à le penser ? On serait ici à un concert de métal, je comprendrai mieux le côté aléatoire de l’enregistrement, mais lorsque tout sort de machines, d’ordinateurs, je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi le son est si décevant. Et alors, pourquoi sortir un live avec un son médiocre alors qu'il serait plus simple d'attendre le prochain concert pour sortir quelque chose de valable ? Je n'ai pas la réponse.
DVD
A l'origine sorti sur FROM A DARK CHASM BELOW, Causa Mortis apparaît ici dans une
nouvelle version qui ne ressemble que très
peu à l’original, et où l’apport de notes de synthés, de cloches, en plus des
vues superposées de statues et autres mausolées filmés dans un cimetière,
rappelle un peu le bon vieux SAKRAL
WOUNDS de RAISON D’ÊTRE.
Toujours est-il que la musique est nettement plus convaincante ici, en devient
presque inquiétante, et s’éloigne sensiblement de l’ennui de l’original. Une
bonne surprise donc.
Bloodwhisper 2 est lui aussi très
différent de l’originale présent sur :ETA CARINAE:; cette seconde version est plus fourmillante,
avec des samples de voix, des échos sourds, des chœurs presque spectraux, et autres drones souterrains et synthés aux sonorités
cosmiques. Un bon morceau, peut-être un peu desservi par une vidéo quelconque,
un peu datée, forcément, comme les autres vidéos d'ailleurs.
Le DVD se termine avec Skelmir Narh, sans doute le titre le plus
proche de l’esprit de BURIED UNDER TIME
AND SANDS.
LIVE 14th WAVE GOTIK TREFFEN LEIPZIG 2005
1- Buried Under Time And Sand
2- Bloodmoon Ritual
3- E Temen An Ki
4- Lord Of The Shining Crown
5- Ni Bi Ru Rises
6- Causa Mortis
7- Blood Whisper
8- Blood Whisper 2
9- Purifying Ceremony
10- In The Vein Of Purusa
A1- Permanence
A2- Spirit Of Green
A3- Mamud Kur (Mountaindream)
Une fois n’est pas coutume, je ne possède pas l’original de ce live, et c’est donc sur des mp3 que se base cette critique. Je suis d’abord étonné par la mauvaise qualité du live ; le son est très quelconque, souvent saturé, alors que l’album est sorti sur le label créée un temps par HERBST9 lui-même ! Cela vient-il des mp3 ou de l’enregistrement lui-même comme j’ai tendance à le penser ? On serait ici à un concert de métal, je comprendrai mieux le côté aléatoire de l’enregistrement, mais lorsque tout sort de machines, d’ordinateurs, je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi le son est si décevant. Et alors, pourquoi sortir un live avec un son médiocre alors qu'il serait plus simple d'attendre le prochain concert pour sortir quelque chose de valable ? Je n'ai pas la réponse.
Concert
enregistré aux fameuses Wave Gotik de Treffen, qui laisse la part belle à BURIED UNDER TIME AND SANDS (le
troisième titre étant le Etemenanki -
Foundation Of Heaven And Earth de l’album précédemment cité). On y retrouve
aussi le Bloodmoon
Ritual de CONSOLAMENTUM ainsi
que quelques titres des deux premiers albums. HERTST9 ayant le plus souvent délibérément choisi, expérience live
oblige, des titres plus rythmés, moins ambiants, et aussi moins lassant il faut
bien le dire. Sans le son "déplorable", un très bon live. Quant aux trois titres inédits qui figurent sur la cassette : Permanence et Spirit Of Green rappellent une sorte de compromis entre la face B
de CONSOLAMENTUM, en une version
plus méditative - nettement moins marquante aussi - et les passages les plus
ambiants de BURIED UNDER TIME AND
SANDS. Pas désagréables mais pas essentiels non plus. Mamud Kur
(Mountaindream) a un côté plus mystérieux, plus oriental, mais ne retient
pas davantage l’attention.
SNAKE OF SAIGON / FROM BELOW
Shortwave Transmission, 7”,
2006/2009
Snake Of Saigon
From Below
Deux nouvelles
versions de titres présents sur le premier CD, FROM A DARK CHASM BELOW ; deux versions
plus resserrées, mais pas forcément plus efficaces, surtout en ce qui concerne The Snake
Of Saigon, on pourrait même dire que cette nouvelle version a expurgé tout
ce qui faisait la force du titre original, ne gardant en fait que le milieu du
morceau, c’est-à-dire le passage le plus faible, et plus ou moins réarrangé
avec force xylophones et autres samples de voix pas très convaincants. Tout le mélange de rythmes/pulsations/chœurs
païens qui faisait l’attrait de la première version, vers la fin du titre essentiellement,
a totalement disparu. L’influence asiatique tombe tout aussi à plat que sur
l’original. Quant à From
Below, la nouvelle version semble un peu moins fade que la précédente, sans
plus. Dommage, car le vinyle semblait plutôt bien réussir à HERBST9, si l’on songe aux réussites
qu’étaient CONSOLAMENTUM et :ENENYLYN :.
HERBST9 vs Z'EV
TROUGH BLEAK LANDSCAPES
Loki Foundation, CD, 20071- Downward
2- Sector 3214
3-
Reinvigorated (Maschinenkult Pt 1)
4-
Awakening Of The Soulless
5- Steel
vs Flesh
6- Life
Crawls Back
7- Through
Bleak Landscapes
8-
Hypnophobia (Downward Pt 2)
9-
Enshrinement (Maschinenkult Pt 2)
10- Coming
Into Power
Ce que l’on remarque tout de
suite avec TROUGH BLEAK LANDSCAPES, c’est que les
rythmes composés par Z’EV viennent
souvent apporter à la trop grande linéarité de la plupart des titres d’HERBST9, une force, une diversion, qui
rompt assez bien la monotonie de certains morceaux, même si ceux-ci, comme sur Enshrinement (Maschinenkult Pt 2)
semblent un peu trop appuyés. Car contrairement à nombre d’autres projets dark
ambient ou ambient qui se passent (évidemment) très bien de rythmes, de
percussions, les meilleurs morceaux du duo, notamment sur la trilogie
sumérienne, semblent être les plus rythmés, ceux où des percussions aux
influences tribales, des rythmes hypnotiques et lents, donnent toute sa force à
ces évocations d’un lointain passé. C’est notamment le cas sur TROUGH BLEAK LANDSCAPES avec des morceaux comme Sector 3214
et surtout de Reinvigorated
(Maschinenkult Pt 1), qui seraient finalement assez fades sans quelques
percussions. Et ce dernier titre, sombre, rituel, sans doute le seul vraiment
efficace de tout l’album, rappelle les passages les plus rythmés de THE GODS ARE SMALL BIRDS. Reinvigorated
(Maschinenkult Pt 1) rappelle aussi de loin en loin PHELIOS, notamment sur ASTRAL UNITY. Cette comparaison est sans doute valable aussi pour Steel vs Flesh, même
s’il semble déjà nettement moins efficace. Et comme toujours, plusieurs tires manquent vraiment d’intérêt : Through
Bleak Landscapes ou Hypnophobia
(Downward Pt 2), finalement assez ennuyeux. Les morceaux les plus ambiants,
comme Awakening Of The Soulless ou Life Crawls Back, malgré ces chœurs
profonds, venus droits de l’abîme du temps, et même s’ils semblent plus sombres
que d’habitude, ne présentent hélas qu’un intérêt assez limité.
Légère
parenthèse donc dans l’œuvre sumérienne d’HERBST9,
TROUGH BLEAK LANDSCAPES est
une fois de plus un album pas désagréable, mais franchement pas essentiel non
plus. On aurait pu espérer davantage de cette collaboration, d’autant plus qu’il
n’y a même pas sur cet album, comme sur les précédents, un ou deux titres
phares.
THE GODS ARE SMALL
BIRDS, BUT I’AM THE FALCON
Loki Foundation, CD, 2008
1- The Laments Begin
2- Must I Die? (Because
Of My Holy Songs)
3- Threshold Of Tears
4- Enenuru
5- The Gods Are Small
Birds, But I Am The Falcon
6- White Ashes (Black
Smoke)
7- ...And Everything
Around Him Answered
8- Shaking Ground
9- Ilimmu
De même que sur BURIED UNDER TIME AND SANDS, mais de façon peut-être plus
significative, THE GODS ARE SMALL BIRDS
semble enfin réussir là où les précédents albums d’HERBST9 échouaient : à savoir, créer des titres ambiants sur
une thématique bien précises, une fois de plus les civilisations disparues – Babylone,
Sumer…–, avec une musique qui, sans être minimaliste bien sûr, reste assez
simple, faites de notes de synthés éparses, de bribes de sons qui interviennent
ici et là, de quelques samples de voix, de boucles de sons discrètes, et
parfois aussi de rythmes tout aussi discrets. Et cela fonctionne plutôt bien
sur cet album, même si, comme trop souvent avec HERBST9, à part l’hypnotique Shaking Ground, rien de
transcendant n’attire réellement l’attention. The Gods Are Small Birds, But I Am The
Falcon semble être le morceau le plus représentatif de ce style assez épuré
: rythme tribaux discrets, voix, notes étirées à l’infini, pour un résultat
significatif. Mais on pourrait aussi citer White
Ashes (Black Smoke). On sent toujours une certaine influence
ethnique, orientale, sur les samples, comme sur BURIED UNDER TIME AND SANDS, et ce, dès The Laments Begin, introduction
aux samples orientaux qui met tout de suite dans l’ambiance de l’album.
La limite
est évidemment fragile, avec ce genre de musique, entre l’ennui et l’intérêt.
Evoquons par exemple ...And Everything
Around Him Answered, d’abord assez quelconque, mais qui s’éveille peu à
peu, et l’ambiance naît simplement de quelques sonorités qui interviennent en
contrepoint d’un rythme lent, de voix échantillonnées.
Le seul titre réellement
envoûtant, et le mot ne me semble pas exagéré, est Shaking Ground. Rythme hypnotique, voix
lourdes, notes graves, qui donnent cette impression de procession démoniaque
entraperçue au fond d’un hypogée (Le Prisonnier des Pharaons de Lovecraft...).
Bien entendu le morceau se disperse un peu, mais l’impression reste là. Voilà
le HERBST9 que l’on aimerait
entendre plus souvent.
Autre
bonne surprise, Ilimmu, titre qui rappelle
les meilleurs moments de FJERNYS ou de
CIRCULAR. Un titre limpide, plus
construit, plus organique (ce qui semble généralement bien réussir à HERBST9).
Sans doute
l’album le plus convaincant d’HERBST9,
même si l’esprit d’Innana, déesse sumérienne, ne souffle par sur chacun des
titres, on en sent tout de même, ici et là, la présence qui rôde. A ce propos,
rappelons d’ailleurs que le titre, THE
GODS ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON est
emprunté à un hymne antique adressé à la déesse.
UŚUMGAL KALAMMA
Loki Foundation, CD, 2011
CD1
Ušumgal Kalamma
1- She Filled The Wells
Of The Land With Blood
2- Napissunu Mutumma
3- Ludlul Bel Nemeqi
4- Birds Of Sorrow Are
Building Nests On These Flanks
5- Ušumgal Kalamma
6- A Sacred Dwelling
7- Ereškigal, Rise From
Your Throne
CD2
Edimgal Kalamma
1- Kima Šuškalli
Ukattimanni Šittu
2- Ilam-Pilah
3- Ningirsu Ušumgal
4- The Sage Lord
Ašimbabbar
5- Mutum Kima Imbari
Izannun Elišum
6- Ašar Tallaki Ittiki
Lullik
7- The Great Child Of
Suen
Ušumgal Kalamma
Superbe CD
qui s’ouvre sur She Filled The Wells Of
The Land With Blood, jolie introduction, titre plein de mélancolie, sorte
d’incantation discrète, qui oeuvre une fois de plus à recréer la magie des
civilisations disparues, à ressusciter les anciens dieux de Sumer, Inanna en
tête. La musique, une fois de plus, est
très simple, quelques notes de synthés plutôt jolies, une voix de femmes,
quelques tintements, et nous voilé plongé dans les mystères et les arcanes de
l’ancien empire sumérien.
Ce premier
CD reste très proche de BURIED
UNDER TIME AND SANDS et de THE GODS
ARE SMALL BIRDS, BUT I’AM THE FALCON, mais en une version transcendée, ou
chaque titre nous replonge dans un passé mystérieux. Un album enfin efficace, qui ne déçoit pas et répond pour la première fois pleinement à ses aspirations (du moins sur le premier CD...).
Certains morceaux semblent plus
intimistes (Napissunu
Mutumma ou A Sacred Dwelling),
mais le sentiment de puissance, de mystère, de nostalgie des précédentes
oeuvres, sont bien présents avec des titres comme Ereškigal, Rise From Your Throne et
surtout Ludlul Bel Nemeqi qui retrouvent
à merveille les ambiances rythmées des meilleurs moments des deux autres albums
"sumériens". Tout ce côté rituel et ambiant, qui exhale tout le
mystère, toute la magie, d’une civilisation qui continue de faire fantasmer les passionnés.
De plus en plus, on sent que les
deux compères d’HERBST9 sont à fond
dans leur sujet, qu’ils ne se contentent pas d’invoquer Inanna et les autres
divinités sumériennes pour assurer le spectacle, mais qu’il s’agit ici d’un
réel intérêt pour cette époque. Les titres font bien référence à cet univers,
les incantations et autres textes exhumés de l’époque attestent d’un évident
travail de recherche qui donne toute sa
profondeur, sa richesse à la musique.
De plus la magie est enfin
présente chez HERBST9 ; nous
l’attendions depuis un moment, mais un titre comme Birds Of Sorrow Are Building Nests On These
Flanks exhale enfin toute la magie d’une époque révolue, on plonge enfin
dans les brumes - les sables - de l’histoire pour en extraire une noire
décoction de souvenirs mêlés de rituels obscurs, de statues terrifiantes et de
batailles grandioses. Magie, évocation du passé réussie, que l’on retrouve
aussi sur Ušumgal Kalamma. Et contrairement
à une bonne partie des titres des albums précédents, les morceaux les plus
ambiants, comme A Sacred Dwelling, ne
sont pas lassants. Les thèmes sont suffisamment riches et évocateurs pour ne
pas lasser.
Edimgal Kalamma
Un second CD nettement plus
contrasté. Et une constatation s’impose d’emblée avec Edimgal Kalamma, c’est qu’il nous rappelle davantage les
précédentes œuvres d’HERBST9, et
hélas, pas de la meilleur manière, mais en ce sens que la plupart des titres, quoique
pas mauvais, n’ont souvent rien d’extraordinaires. Il y a bien entendu quelques
très bons morceaux, essentiellement Ningirsu Ušumgal, mais cela n’est pas suffisant pour intéresser
durablement l’auditeur. Certains titres, comme Ilam-Pilah ou Ašar Tallaki Ittiki Lullik, sont mêmes
très quelconques, voire ennuyeux, et c’est d’autant plus dommage que l’on sait
ce dont HERBST9 est capable.
Les morceaux plus posés, plus
intimistes, comme The
Sage Lord Ašimbabbar, n’ont eux aussi pas la puissance évocatrice du
premier CD. Quoique pas désagréable, il manque une certaine beauté à ce titre se
voulant l’évocation de la sagesse, d’une certaine philosophie, et qui rappelle
plus certaines œuvres parfois fades de A
CHALLENGE OF HONOUR. On pourrait aussi citer, The Great Child Of Suen, aux lointaines influences asiatiques plus
qu’orientales d’ailleurs, qui devient vite lassant, exception faite de sa
dernière partie qui retrouve dans les rythmes rituels, les notes graves et ses
voix, toute une part de l’envoûtement des meilleurs morceaux d’HERBST9.
Mutum Kima Imbari Izannun Elišum, après
un début assez quelconque, parvient lui aussi à nous faire plus ou moins croire
en la puissance des anciens dieux (pas ceux de Lovecraft, hein…). Les titres plus rythmés
s’en sortent un peu mieux aussi, comme le très beau Ningirsu Ušumgal déjà évoqué ou la fin de Mutum Kima Imbari Izannun Elišum, mais de justesse pour ce dernier.
Faut-il donc, comme je le pensais
avec les deux premiers albums du "cycle
sumérien", qu’HERBST9 compose deux albums, et ne
garde que les titres réussis pour en faire un album honnête ? C’est sans
doute un jugement un peu radical, pas très conciliant, surtout que je n’ai lu
que des critiques plutôt dithyrambiques des albums d’HERBST9, mais cela a au moins le mérite d’être ce que je pense.
Heureusement, il reste le superbe premier CD...