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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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NORDVARGR

BLACK AMBIENT MASTER
NORDVARGR PART I (2002-2008)

[NORDVARGR Part II (2009...)]



Née avec le black industrial sans concession de MZ.412, dont les albums avec des titres aussi évocateurs que “Burning the Temple of God” ou “In Nomine dei Nostri Satanas Luciferi Excelsi” sont devenus des classiques du genre, l’œuvre d’Henrik Nordvargr Björkk n’aura cessé d’évoluer ces dernières années, d’explorer toutes les possibilités d’une scène post-industriel en mouvement, du power electronics politisé de Folkstorm, à l’industrielle martiale de Toroidh, en passant par une multitude de collaborations aussi riches que variées, couvrant le large spectre de l’expérimentale, du noise, du black metal, de l’electronic…
Mais c’est à l’œuvre en solo de Nordvargr dont il est ici question. Et ce n’est sans doute pas un hasard si celle-ci compte parmi les plus sombre, les plus hantée et démoniaque de sa discographie...

AWAKEN
Eibon Records 2002



1- Awaken
2- Cellardweller
3- Kretslopp
4- Lament
5- Natt
6- Hascimh
7- Sulphur Mist
8- Seeds Of Blood (Acts 1-4)

L’œuvre de NORDVARGR commence donc en beauté avec « Awaken », pur album de black ambiant s’il en est ; et dès le premier titre on comprend tout de suite que les adeptes de noirceur sonore en auront pour leur compte avec ses mélodies sombres, pernicieuses, toutes imprégnées de doutes, de craintes, de cauchemars latents… Le CD se poursuit avec « Cellardweller » et les guitares lourdes et menaçantes de Drakh, ex comparse de MZ.412, qui signera avec NORDVARGR (Nordvargr/Drakh) toute une série d’albums débutant avec le mythique « Northern Dark Supremacy ». Et comme souvent sur ce CD, les climats se succèdent, les guitares de « Cellardweller » laissant leur place au profit de grincements, de sonorités sourdes, de bruits indéfinis, issus de quelque souterrain obscur, dont on ne sait, avec certitude, ce qui le hante.
Et tout l’univers sonore de NORDVARGR est déjà là, les mélodies susurrantes, atonales, comme dans « Kretslopp », tout ce monde rampant, hanté et gémissant, qui évoque l’au-delà cher à Lovecraft. Et ce ne sont pas les voix aériennes et spectrales de « Lament » qui contrediront ces propos, elles qui nous poussent vers des limbes brumeuses, comme savait si bien le faire, en son temps, le défunt et fascinant Kerovnian.
« Natt » reprend l’utilisation de mélodies atonales, neurasthéniques, mais aussi angoissantes, et comme toujours émaillées ici et là de bruits épars, de drones caverneux, de variations mauvaises. Car tout semble en effet bien sombre ici, et si l’on entrevoit, à certain moments, de brèves lueurs, ce ne peut être que les feux rougeoyants de quelque enfer intérieur, de quelque Pandémonium cérébrale, où l’âme s’étiole, où le fiel de l’existence bouillonne et rougeoie de toutes les désillusions, de toutes les haines…
On poursuit avec « Hascimh » et ces voix démoniaques, issus de nulle part, ces pulsations mauvaises, ces cris de damnés qui traverseront, au fil des ans, d’autres albums de NORDVARGR. Et si les projets évoluant dans les sphères infernales du black ambiant sont rares, et encore plus rares ceux de qualités (Kerovnian, Funerary Call…), NORDVARGR arrive régulièrement, au travers de plusieurs albums (Helvete, For the Blood is the Life, Pyrrhula…), à nous plonger dans un autre monde obscur, sournois, néantique, maléfique, qui n’est, en fin de compte, qu’une transcription plutôt juste de notre propre monde…
Et jusqu’au bout « Awaken » ne perd pas de son intérêt, même avec le plus discret « Sulphur Mist » qui se pare rapidement d’une aura trouble et… sulfureuse…
Quant au dernier titre « Seeds Of Blood (Acts 1-4) », long morceau varié de plus de seize minutes, ses mélodies noires et envoûtantes, ses rythmes mortuaires et sinistres, entrecoupés de scénettes pleines de ululements, de crépitements, de chants religieux qui, à contrario de Raison d’Être, revêtent ici un caractère morbide, voire démoniaque, termine en beauté cet album.
Pour ceux qui savent que l’enfer est ici, au-delà, en dedans, dans le regard du prêtre, la barbe de l’imam et le sourire de l’innocent…

ON BROKEN WINGS TOWARD VICTORY
Old Europa Cafe 2003



1- Rektal B
2- Hollow A
3- Hollow B
4-6142
5- Bakom Ilskan
6- On Broken Wings Towards Victory

On pouvait s’attendre à tout, vu le premier titre, au doux délire de Grismanenn jusqu’aux assauts débridés sonores des différentes collaborations de NORDVARGR, avec Hentai ou Merzbow, pourtant il n’en est rien. « Rektal B », qui n’a rien à voir non plus avec le mini disc Rektal_dist 1.4 sorti en 2003, est un morceau tout en demi teintes, plutôt effacé même, et qui reste bien en deçà des compositions d’« Awaken ».
Avec « Hollow A », créé à partir d’enregistrements de différentes pièces de métal, on se rapproche plus de certains albums d’Hazard et de son field recordings discret. En effet, on reste ici loin de Raison d’Être, de Lithivm, ou même de Where lorsqu’ils utilisent toute une suite de grincements, de raclements métalliques. Et là aussi, il faut bien l’avouer, le titre ne décolle pas. Drones discrets, souffles, bruits indéfinissables sont bien là, mais on reste plus – même lorsque les craquements métalliques s’amplifient – proche d’albums expérimental de second ordre, comme ceux de Sleep Research Facility, de Subinterior, de Dense Vision Shrine
Le troisième titre, « Hollow B » retrouve un peu de l’inquiétude distillé dans « Awaken », quelque chose de discret, de susurrant, mais qui une fois de plus, se démarque assez peu d’une foule d’autres projets. Le titre suivant reste assez proche dans l’esprit - et se pare d’une aura de plus en plus convaincante.
Et c’est avec « Bakom Ilskan » que « On Broken Wings Towards Victory » prend toute sa puissance, devient enfin passionnant, et digne du nom de NORDVARGR. Morceau beaucoup plus travaillé, dont l’ambiance ne déçoit jamais ; les bruits d’eau, les souffles, nourrissent un arrière fond sonore prenant, traversé de pulsations sourdes, de drones lugubres qui concourent à créer une véritable ambiance. Et le bonheur se poursuit avec le long dernier titre, lui aussi animé par des souffles rauques, des pulsations lourdes, des drones graves et des voix mauvaises ; le morceau est riche et varié, faisant de ce titre, en sa seconde partie, une véritable émission sonore capté du plus profond de l’abîme…
Si « On Broken Wings Towards Victory » commence de façon assez banale, il devient vraiment passionnant avec ces deux derniers titres qui totalisent à eux seuls plus de 30 minutes tout de même…

I END FOREVER
Horch ! 2004



1- Intromh
2- Not One Of You 1
3- Not One Of You 2
4- Intakt
5- Talamus
6- Patterns Emerging 1
7- Patterns Emerging 2
8- Patterns Disolving
9- Sonik Rankor Market
10- Epilepsignal
11- Stochastic Resonance
12- There Are Others
13- I End Forever
14- Instabil / Coredump
Video- Patterns Emerging

Si, à l’instar de Peter Andersson, l’œuvre de NORDVARGR, au travers de ces multiples projets parallèles et collaborations, est d’une grande variété, « I End Forever » n’est peut-être pas le meilleur album pour découvrir l’œuvre que le scandinave sort sous son propre nom. D’abord parce qu’elle n’en est pas la plus représentative, et ce, malgré la large différence de spectre (mauvais jeu de mot…) que couvre l’œuvre de NORDVARGR : de l’infernal « Helvete », au fantastique « For the Blood is the Life », en passant par le stellaire et néantique « Interstellar », « I End Forever » se rapproche plus d’une certaine forme de crossover expérimental entre, d’un côté, une version minimaliste de ces propre travaux ambiants, et de l’autre, les glitch et le click’n’cut dont est emprunt l’album. On songe, entre autre et en moins rythmés cependant, à l’album « Apparitions » de Cordell Klier. Certes, cela peu dérouter, et, n’étant pas particulièrement fan du genre, c’est avec une certaine réticence que j’ai découvert le résultat bien plus proche de l’electronica que du dark ambient.
Dès la courte intro passée, le ton est donné avec « Not One Of You 1 » : rythme plus ou moins décalé, plus proche de la pulsation que des percussions, inhérent à une certaine forme d’electronica expérimentale et low-fi, aux ambiances minimalistes de rigueur, et ce jusqu’à la fin du morceau. Suivent les plus électroniques « Not One Of You 2 » et « Intakt », toujours aussi minimaliste, car l’essentiel des morceaux est basé sur le rythme, avec seulement, en contrepoint, quelques floues insaisissables de synthés.
On retrouve un peu des ambiances ténébreuses que distillent généralement les albums de NORDVARGR avec « Talamus », vagues sombres de sons, plus proches du souffle, grincements, mais les rythmes décalés reviennent vite, et même si ils se font plus discrets, le morceau n’en reste pas moins minimaliste.
Quoique peu varié, et fort proche l’une de l’autre, les deux premières versions de « Patterns Emerging » restent sans doute parmi les titres les plus intéressants ; les rythmes sont là, mais les courtes phrases de synthés menaçantes qui les accompagnent se fondent assez bien dans l’ensemble.
Rythmes uniquement pour la dernière version de « Patterns Emerging », puis « Sonik Rankor Market » qui figure aussi parmi les titres les plus aboutis d’« I End Forever », d’un point de vue atmosphérique en tout cas, même si les rythmes décalés et autre percussions mi pop/électro, pour qui n’en est pas fan, demeurent omniprésentes. Néanmoins le morceau passe d’une ambiance à l’autre, retrouvant, à certains moments, la noirceur des autres œuvres.
Après le plus anodin « Epilepsignal », vient l’expérimental « Stochastic Resonance », et on retourne aux rythmes électro avec « There Are Others ».
Curieusement ambiant, presque onirique, le très sympathique « I End Forever », sorte de dream/électro/ambiant…
Autre morceau au rythme électro soutenu par des notes lugubre de synthé, « Instabil / Coredump » clôt avec une franche réussite cet album atypique de NORDVARGR, qui, une fois de plus, réussi à nous surprendre, même lorsque, comme moi, on ne recherche pas systématiquement ce genre d’expérience sonore…

THE DEAD NEVER SLEEP
Old Europa Cafe 2005



1- Khon
2- Algenon
3- TDNS
4- Noma Klaw

Malgré le titre, nous ne sommes pas ici dans un album de Megaptera, même si par instants, au fil des morceaux, le death ambient nihiliste du défunt projet scandinave n’est pas loin, non, ici, tout est plus insidieux, plus pernicieux, pour témoin les souffles, les échos sourds, les bruits impossibles à identifier, les mécaniques souterraines, les drones persiflant au fond de quelque catacombe oubliée, qui interviennent dans « Algenon », juste après la courte introduction « Khon ». Et même si ce morceau n’est sans doute pas à classer parmi les meilleurs titres de NORDVARGR, il prépare à merveille aux deux invocations suivantes…
« TDNS » commence de façon plus légère, avec des vagues de mélodies, des notes de piano, presque onirique, légèrement décalés, et pleine de brume, de mystère. Bien entendu tout s’obscurcit très rapidement, et de nouveau le même trouble nous envahie, la même grisaille rampe vers nous, nous recouvre, et la nuit éteint en nous tout espoir, toute illusion. Et l’on se retrouve ici, un instant, quelque part entre Northaunt et New Risen Throne : drones chtoniens, raclements, et par instant tout devient craquements, déchirement de métal, à l’instar de certain passages de Bocksholm, d’Atrax Morgue, ou des explorations plus bruitistes de NORDVARGR. Ce titre, d’une grande richesse, enchaîne avec réussite les ambiances, les atmosphères mauvaises et possédées, nous replongeant dans les meilleurs moments d’« Awaken ».
Suit l’excellent « Noma Klaw», qui lui aussi, sans doute, nous donne une certaine vision de l’enfer. Et à l’écoute de ces boucles de sons ondoyants, de ces craquements sans espoirs, de ces rythmes inquiétants, l’on se prend à croire que - effectivement - il se pourrait bien que les morts ne dorment jamais…

VITAGEN
Essence Music 2005



1- Steril
2- I See Shadows
3- Voidum
4- Orgasmo Nero
5- Munus
6- Surreal Adaptation
7- Omega
8- Snokth
9- Sesso Nero (Live Improv)

« Vitagen » est à classer parmi les meilleurs albums de NORDVARGR, ceux qui explorent toutes les noirceurs du black ambiant, ceux qui côtoient l’abîme, et qui pourraient servir de fond sonore aux meilleures toiles de Jérôme Bosch…
L’ensemble des titres fonctionnent comme de courtes pièces tourmentées, pleine de drones vibrants, de voix spectrales en arrière-fond, de claquements imprécis comme le très efficace « I See Shadows ». On est proche ici de la richesse torturée des meilleurs titres de Kraken. Et on peut dire la même chose de « Voidum » et de son côté expérimental, fourmillant de bruits, de drones haineux, de samples de voix déformées qui plonge l’auditeur dans un monde de cauchemar plutôt convaincant.
« Orgasmo Nero » fonctionne sur le même registre, cauchemardesque et industriel, que des cris de femmes ne font que renforcer.
Plus reposant en revanche « Munus » avec ces longues plages de synthés désolées, mélancoliques, qui préparent à d’autres cauchemars avec « Surreal Adaptation ». Mais cette fois, tout est plus insidieux, en drones expirant, en vagues plaintives de sons, en échos de marée et autres bruits auxquels les notes rauques de synthé donnent une structure.
Tout aussi efficace, « Omega » : martèlements, souffles, synthés dépressifs, bruits venus droit de l’abîme… Sans doute l’un des meilleurs titres de « Vitagen » qui rappelle, en sa seconde partie, certains des morceaux rythmés et obscurs d’Atrium Carceri.
Les deux derniers titres nous maintiennent au bord de l’abîme avec autant de réussite, que ce soit le plus lent et ambiant « Snokth », ou le plus rituel « Sesso Nero (Live Improv) », qui n’est pas sans certaine similitude avec « I End Forever ».
Du grand NORDVARGR.

FOR THE BLOOD IS THE LIFE
Old Europa Café 2007


1- Ekimmu
2- Masani
3- Pelesil
4- Moroii
5- Algul
6- Talamaur
7- Bruxsa
8- Vurkodlak
9- Upir
10- Ulukku
11- Swawmx

Autre album de choix dans la discographie de NORDVARGR, « For the Blood is the Life » ne pourra décevoir les adeptes d’ambiances cryptiques et funèbres ! Sans doute plus fantastique, voire surnaturel, dans l’esprit, au sens littéraire du terme, que ces prédécesseurs, cet album devient forcément l’évocation sonore d’une nouvelle, d’un roman, lu aux heures les plus sombres de la nuit… Et après tout, « For the Blood is the Life » est le titre d’une nouvelle vampirique plutôt réussi de l’écrivain de genre Francis Marion Crawford.
On commence avec le rituel « Ekimmu », rythmé, hanté, puis on passe aux crachotements de vieux vinyles de « Pelesil », qui, malgré des rythmes presque électroniques, demeure lui aussi fantastique grâce à ses synthés lancinants. Un peu à la manière du Kairos de Caul, influence dub en moins.
Plus expérimental, et trop court aussi, « Moroii », qui réussi néanmoins à maintenir une atmosphère spectrale dans ses clicks décalés. Suit le tout aussi fantomatique « Algul » qui rappelle avec plaisir le meilleur de Kerovnian.
Avec « Talamaur » on entre dans l’univers funèbre du Nosferatu d’Herzog, dont le morceau empreinte la mélodie fascinante du prologue, signé Popol Vuh, et qui réussit ici à en restituer toute la morbidité, tout le nihilisme sans appel qui sous-tendait ce prologue. Sans doute, grâce à cet emprunt, le meilleur morceau de l’album.
Très angoissant aussi et réussi, « Bruxsa », quelque peu gâché malgré tout, à mon sens, par les clicks qui le rythment et nous replonge dans l’inégal « I End Forever ». Mais le morceau garde encore, en dépit de ce traitement, une certaine noirceur. En revanche, le court titre suivant reprend avec beaucoup moins de succès la même formule.
Plus étrange, « Upir », presque onirique d’ailleurs, et qui se dégage aussi de l’ensemble.
« Ulukku » reste dans le même esprit ; et l’album se termine sur un titre, hélas, beaucoup plus anodin, mais qui, au-delà de décevoir, donne plutôt envie de se replonger dans les meilleurs moments de l’album.

In Oceans Abandoned By Life I Drown...
...To Live Again As A Servant Of Darkness
Essence Music 2007



1- In Oceans Abandoned By Life I Drown...
2-...To Live Again As A Servant Of Darkness

Plus lourds que ces prédécesseurs, « In Oceans Abandoned By Life I Drown...» comprend deux long morceaux de plus de vingt minutes chacun, et d’emblée, on remarque que cet album est à rapprocher de la collaboration NORDVARGR / Drakh, son ex-comparse de MZ.412, de part ces grondements graves, ces boucles de guitares saturées, ces pulsations oppressives qui traversent l’album.
Le premier titre est composé de long drones tumultueux, de vagues de sons samplés de riffs de guitare, voir, en sa seconde partie, de ces riff lourds et menaçants propre à certaines formations doom, comme les excellents Catacombs ou Nortt, et qui ponctuent aussi les albums des deux comparses (Northern Dark Supremacy ; The Betrayal of Light…). L’ensemble est riche et puissant et plonge l’esprit dans un noir maelstrom néantique. On regrettera malgré tout, et ce en dépit une fois de plus de la richesse des boucles, qu’il n’y ait pas plus de variations, car, même si le registre est ici différent, on n’atteint pas l’intensité hanté et funeste de la plupart des albums de NORDVARGR. On retrouve un peu de cette intensité dans les dernières minutes du premier titre, grondements, échos, craquements, sonorités spectrales qui collent à merveilles au concept…
« … To Live Again As A Servant Of Darkness » est très proche dans l’esprit, même drones gémissants, grinçants, ponctués de pulsations sourdes, qui rappellent aussi certains passages de Bocksholm, de Megaptera. Ici le sentiment de puissance abyssale et destructrice est de nouveau très fort, et les trois ou quatre séquences qui ponctuent le morceau n’ont rien de lassant, mais il manque une fois de plus le petit quelque chose qui permettrait de classer cet album parmi les meilleurs productions du scandinave.

HELVETE
Eternal Pride Production 2008



1-..
2- I Helvetet I
3- Conjugation To Him
4- The Shadows Are Bent By My Presence
5- Dronevessel Part II - For All Things Divine ...
6- Dronevessel Part III - ... I Summon My Master To Bring Forth Doom
7- Exit Cult, Enter Hell
8-:B.S.B
9- I Helvetet II

Pur chef-d’œuvre de black ambiant démoniaque, « Helvete » est proche dans l’esprit de « For the Blood is the Life » mais avec quelque chose d’infernal en plus, une aura ténébreuse qui envahit l’espace sonore de la première à la dernière seconde et ne nous laisse aucun repos.
Après une courte intro, on entre dans le vif du sujet avec le noir « I Helvetet I » : notes planantes, voix infernales, claquements sourds, échos distordus de sons et chœurs douloureux en arrière-fond… Un avant-goût de l’enfer…et bien meilleur que nombre d’intro, souvent plus pénibles que démoniaques, comme il en existe des tonnes dans le black metal.
Plus atmosphérique, mais tout aussi démoniaque, « Conjugation To Him » qui révèle la même richesse des sons, le même souci du détail inhérents, du reste, à chaque album de NORDVARGR. Et si le morceau se révèle moins démoniaque que le précédent, il n’en est pas moins lugubre et sinistre. Notes graves qui s’enchaînent sur fond de grincements, de raclements, d’éclats sourds et on poursuit cette inexorable descente aux enfers avec « The Shadows Are Bent By My Presence ». L’intro, véritable hymne mauvais, reste proche, dans ces samples de chœurs, de la musique du Nosferatu d’Herzog déjà utilisé dans « For the Blood is the Life », puis le morceau devient plus atmosphérique, les sons s’imbriquent, s’ajoutent les uns aux autres, se recouvrent en un Pandémonium angoissant.
La tension monte progressivement avec « Dronevessel Part II », les grondements s’amplifient, des voix éclatent ici et là en arrière-fond, des bruits épars agitent les profondeurs du morceau, et là aussi tout est dans le détail, dans la beauté hantée et sinistre des sons utilisés, jusqu’à ce que des mélodies latentes, des notes traînantes, s’assemblent, s’unissent jusqu’à former une unité noire de sons.
Il y a quelque chose d’Inanna et d’Archon Satani dans le début du morceau suivant, dans les boucles glaciales de sons entrecoupées de silences pesants, mais aussi, une fois de plus, de Kerovnian, dans les étranges voix maugréant qui interviennent par moments, puis les mélodies de synthés deviennent spectrales, les échos se font tourmentés, et des rythmes mortuaires traversent l’œuvre avec brio. Tout simplement superbe !!
Exactement dans la même veine, « Exit Cult, Enter Hell » qui reprend le rythme incantatoire et funèbre de « Dronevessel Part III » ; ici tout est noirceur spectrale, souffles hantés, et, comme souvent dans l’œuvre de NORDVARGR, si une lueur perce les ténèbres, c’est uniquement parce que l’on se rapproche de l’enfer…Ici c’est la voix de Drakhon qui invoque les démons, et – il semblerait – avec une certaine réussite.
Et ce ne sont pas les remous, les notes caverneuses, les rares voix désincarnées du très réussi « :B.S.B: » qui rompront le sortilège d’ « Helvete » !
Tout aussi noire, voici l’heure de la conclusion avec « I Helvetet II » : infernale, mauvaise, elle achève à merveille cette descentes aux enfers de ces boucles hargneuses et funèbres.
- Admirable -

INTERSTELLAR
Beast of Prey 2008



1- Transmission 1 / Nothingness Approaching
2- Transmission 2 / Massive Interstellar Darkness
3- Transmission 3 / Expanding Matter
4- Transmission 4 / Returning To A Balanced Existence

Il faut bien l’avouer, à l’écoute d’« Interstellar », nous sommes encore en présence d’une réussite dans l’œuvre de NORDVARGR. Beaucoup plus sombre que le déjà réussie « Starscape » de Gustaf Hildebrand, le fabuleux et magique « Kosmodron » de Bad Sector, ou que les expérimentations du projet Arecibo de Brian Lustmord, « Interstellar » c’est l’expérience du vide, de l’infini écrasant, du néant relatif qui œuvre entre les mondes et dont on perçoit ici les basses fréquences, le tumulte secret des particules, la lente marée stellaire qui envahit l’univers de ses drones impitoyables, de ces tourbillons désespérés…
Tout commence avec « Transmission 1 / Nothingness Approaching », et déjà, dès les premières secondes, tout est dit : souffles impitoyables, remous gémissants, grondements effroyables, stridulations intermittentes, que des voix humaines, d’astronautes, perdus en ces immensités douloureuses, ne parviennent pas à humaniser, mais, à contrario, ne servent qu’à renforcer le sentiment de solitude infini de l’espace. Bips et fréquences perdus ajoutent aussi au sentiment d’égarement qui nous étouffe dès les premières mesures.
Les souffles désincarnés et stellaires reviennent occuper l’espace dans « Transmission 2 / Massive Interstellar Darkness ». Ils ne sont d’abord que des vibrations lointaines, incertaines, mais dont on sent déjà tout le potentiel, et lorsqu’elles enflent, que des voix d’astronautes morts depuis longtemps peut-être s’y perdent, que des chuintements, des tourbillons imprécis de sons émergent de ces profondeurs, on sent que les ténèbres massives qui nous entourent auront raison de nous, de notre esprit, qu’il n’y a aucune fuite possible dans ces espaces ténébreux.. Curieusement, on se dit aussi qu’« Interstellar » aurait aussi pu être un hommage à l’horreur cosmique cher à Lovecraft, en plus d’être une illustration sonore de la théorie du Mal Absolue développé par un certain Haglund. « Transmission 2 » reste complexe et riche jusqu’au bout, et, comme toute œuvre de NORDVARGR s’écoute sur du matériel hifi de qualité ; tout mp3 téléchargé sur internet ne peut en donner qu’une médiocre opinion, si l’on veut pouvoir en saisir toute la richesse des sons.
La troisième transmission débute dans le même tumulte de souffle allant crescendo, de boucles sans compromis de vibrations, et même s’il parait plus faible que les précédents, les fréquences tourbillonnantes qui l’agitent comme des spasmes en ces dernières minutes ne laissent aucun doute sur l’issue de ce voyage aux confins de l’inconnu…
« Transmission 4 / Returning To A Balanced Existence » commence très fort, par des vagues de sons sans compromis que des drones souterrains viennent agiter inlassablement, et peu à peu, on perçoit de curieuses mélodies en contrepoint, des notes fantômes, des craquements, qui nous écrasent un peu plus au fond de notre fauteuil, broient un peu plus encore notre dernière espoir d’être sauvé.
NORDVARGR nous offre là un voyage de plus dans la nébuleuse intarissable de son esprit noir, noir et torturé.

PYRRHULA
Cold Spring 2008



1- Another Weeping Doomlord Lost
2- Pyrrhula One
3- Inwards To Salvation
4- Tordön
5- Hascimh Reborn
6- Pyrrhula Two
7- Aryana Of The Open Wound
8- Stripped Of All But My Loyalty I Serve

Autre album de choix, « Pyrrhula » est à classer, dans la fascinante discographie de NORDVARGR, quelque part entre « In Oceans Abandoned By Life I Drown...» et le sublime « Helvete ». Car il utilise les drones frémissants, implacables, du premier, tout en jouant sur les atmosphères infernales du second.
Pour témoin le fabuleux « Another Weeping Doomlord Lost », dans la parfaite lignée d’« Helvete » : ambiance infernale à souhait, ululations dépressives, gémissements, échos rythmés, chœurs blasphématoires et neurasthéniques en arrière-fond…
Le second titre est une longue suite de drones grinçants, saturés, puis graves, qui se superposent, et sont entrecoupés par des incantations de bien mauvais augure…
« Inwards To Salvation » s’avère d’emblée plus ambiant, puis la tension monte, des vagues de sons bourdonnants, graves, saturés, emplissent l’arrière-fond, donnant au morceau toute sa noirceur.
Aucune ambiguïté, en revanche, dans les rythmes sourds de « Tordön » qui laisse rapidement sa place à une nouvelle version de l’excellent « Hascimh », déjà présent sur « Awaken ». Tout aussi hanté, sombre, désolé et infernale, avec ces voix implorantes, ces échos sourds, ces notes graves et sans espoirs…
Autre morceau de pur black ambiant drone, et même s’il n’est pas le plus marquant de l’album, « Pyrrhula Two » gagne en puissance dans ces dernières minutes, lorsque les voix apparaissent, lorsque de lointaines stridulations percent l’abcès des ténèbres, lorsque tout se perd dans un brouillard dense et énigmatique de sons.
« Aryana Of The Open Wound » est en revanche beaucoup plus évocateur dès le début, et son climat malsain et sombre perdure jusqu’à la dernière seconde, jusqu’au fatidique dernier titre : « Stripped Of All But My Loyalty I Serve ». Fascinant, hanté, démoniaque, il clôt en beauté ce nouvel album qui, s’il n’a pas toujours la même puissance évocatrice, ténébreuse et démoniaque, d'« Helvete », n’en reste pas moins une réussite de plus dans l’œuvre multiforme de NORDVARGR.