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Prochains articles :MORTESIUM...INVERCAULD...KAMMARHEIT...
...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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SOSTRAH TINNITUS



SOSTRAH TINNITUS est le projet personnel de l'italien Mario Costa. Projet qui mêle l’ambient, le dark ambient au sein d’albums parfois contrastés, alternant des titres plus sombres avec des morceaux à l’ambient douce et mélancolique ; et si certains morceaux semblent trop minimalistes pour attirer pleinement l’attention de l’auditeur, d’autres, quoique toujours très discrets, ajoutent à une certaine linéarité toute une série de petites touches, de sonorités discrètes et fragiles, sombres et lacustres, qui font toute la différence, donnant ainsi naissance à de véritables pièces sonores qui évoquent aussi bien quelques grottes sous-marines (A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA ou LIBELLVS ALCHEMICVS AEGYPTICVS ) que les derniers flamboiements éphémères d’un été passé en des contrées étranges (LES DÉBRIS DE L’ÉTÉ ou NEBRA).
Tous les albums, tous les titres n’ont pas cette justesse de ton, mais les pièces concernées ont cette douceur évocatrice, donnent cette impression de plongée en des ténèbres tachées de rares lueurs, si bien que SOSTRAH TINNITUS mérite malgré tout que l’on s’y intéresse.


NEBRA
Umbra, 2004 / Cold Current Production, 2005

 


















1- Novena Di Falene
2- Rainlight Opaline
3- Terra Profumata Per Fabbricare Vasi
4- Sun Carriage
5- Spore
6- Carnival
7- Corifeo Delle Rane
8- Il Cuore Scintillante Dell'Europa
9- La Nave Della Notte

Comme beaucoup de compositeurs ambiants qui jouent avec la lumière, et savent, pour certains, en tirer toutes les subtilités, tous les mystères inhérents à une musique faite de clair-obscur, SOSTRAH TINNITUS arrive parfois à soulever le voile terne du quotidien, à faire scintiller quelques reflets au sein de ce puits ténébreux, et parvient aussi, paradoxalement, à jouer sur une palette de gris, de couleurs ternes et fades, sans pour autant susciter l’ennui.
En ce sens, Novena Di Falene rappelle de loin en loin le très beau DIE SCHLANGENKÖNIGIN de HIS DIVINE GRACE, et les boucles lumineuses de Terra Profumata Per Fabbricare Vasi et de Spore sont elles aussi très évocatrices, et se perdent dans une houle imprécise de sensations.
Notons aussi Sun Carriage, avec ses boucles répétitives, comme noyées en quelques brumes intérieures, quelques rémanences au goût amer, qui s’étirent et évoquent un paysage perdu sous un soleil langoureux. Mais on sent toujours percer aussi dans ses ambiances, l’haleine à peine retenue de quelques souvenirs douloureux, de quelques lointaines déceptions, qui font de NEBRA un album empreint de tristesse.
Une certaine magie, une certaine beauté s’installe parfois au hasard des titres, souvent discrète bien sûr, mais on la sent percer (Corifeo Delle Rane ou Novena Di Falene).
La Nave Della Notte semble moins efficace; les couches de sons sont plus fades, et rien, aucune lumière, aucune étrangeté n’en ressort réellement, sinon peut-être vers la fin. Et paradoxalement aussi, se sont les morceaux les plus linéaires, les moins chargés ou organiques, qui sont aussi les plus efficaces. Les percussions de Carnival et le piano de Il Cuore Scintillante Dell'Europa ne parviennent jamais réellement à convaincre.
Un premier album plutôt convaincant. 


FAVO DI FIELE
Umbra, 2004




















1- Passo Di Parca
2- L'umida Afa Che Fluttua Dal Suolo
3- Ascensional Air Columns
4- Lento Crescere Di Muffe
5- Favo Di Fiele
6- Radiolaria

Passo Di Parca est un long morceau ambiant, plein de chants d’oiseaux, de bruits d’eau qui s’écoulent en arrière fond, et de drones qui sonnent comme des mantras figés, le tout émaillé de notes à l’influence indienne presque discrète qui se noient dans la musique. Un titre rêveur qui rappelle certains albums d’ALIO DIE.
Les morceaux se succèdent, assez différents, du plutôt fade L'umida Afa Che Fluttua Dal Suolo aux spires assez quelconques de Lento Crescere Di Muffe, mais cependant pas désagréable, jusqu’au plus brumeux Ascensional Air Columns, tout en vagues immatérielles de sons, ou encore Radiolaria et sa suite de longues notes pulsantes, de vibrations sourdes, long cheminement brumeux de notes de synthés atonales et grises, parfois à la limite du spectral vers la fin. Quelques bruits d’eau, quelques tintements, suffisent à rendre l’atmosphère plus vivante. Radiolara est sans doute le meilleur morceau de l’album, le plus ostensiblement sombre et crépusculaire.
Plusieurs morceaux sont composés de ces spires répétitives de sons, de ces boucles presque atones, qui évoquent à la fois quelque chose de doux et amer, quelque chose de triste, pas franchement transcendant bien entendu, mais pas désagréable non plus. En fait, cela ne distingue sans doute pas SOSTRAH TINNITUS des compositeurs ambiants habituels, mais il y a malgré tout une certaine émotion qui passe dans ces titres.


LES DÉBRIS DE L’ÉTÉ
Beyond Productions, 2004

 




















1- Oozëë
2- Post_deflagration Tinnitus
3- Underwater Impression
4- Smell Of Moisture After The Rain
5- Infinite Colonie Di Cirripedi
6- Spheristerion
7- Senecio
8- Il Masso Che Si Sposta
9- Deep Water Globular Floods
10- Les Débris De L'Été

Jolie titre pour un album calme, méditatif, doté de juste ce qu’il faut de mélancolie, de douceur, mais aussi de ténèbres, pour répondre à tous les phantasmes, tous les mystères qu’un tel titre peut évoquer.
En effet tous les morceaux, à différents degrés, évoquent ce subtil mélange, chacun ayant bien entendu sa couleur dominante, du gris clair au noir ridé de vagues lueurs.
Une impression de calme, de contempler un lointain crépuscule à la campagne renforcé par des éléments de field recordings, pour Oozëë, une ambiance plus onirique pour Post_deflagration Tinnitus, et l’on retrouve les ambiances aquatiques, sous-marines, avec Underwater Impression, qui évolue lui aussi entre nostalgie, rêve, douceur, mêlé ici d’une certaine impression naissante d’angoisse, de plongée en sois, en quelques cavernes mystérieuses aux couleurs improbables.
Smell Of Moisture After The Rain rompt un peu avec les titres précédents. On reconnaît en arrière-fond des mélodies de pianos qui ne lassent pas de faire penser au Blade Runner de VANGELIS. Dommage que le titre soit essentiellement bâti sur cette évocation, n’y apportant, hélas, pas grand-chose de nouveau.
Les morceaux deviennent ensuite plus sombres, plus dépouillés, et légèrement moins efficaces aussi. C’est le cas des vagues de drones de Infinite Colonie Di Cirripedi, qui rappelle certaines des premières œuvres de NEW RISEN THRONE, ou Spheristerion, pas désagréable, mais pas essentiel non plus.
Senecio est un interlude uniquement construit à partir de percussions pour un morceau à l’influence bruitiste.
Il Masso Che Si Sposta est un morceau assez étrange, dont les vagues de sons successives, faites de spirales, de boucles, portent en elle une curieuse impression de mystère, d’angoisse et… d’étrangeté. Peu ou pas de variations mais il me semble que le morceau se suffit à lui-même.
Après le plus quelconque Deep Water Globular Floods, vient le titre éponyme de l’album, Les Débris De L'Été, sans doute le plus réussi, celui dont se dégage, ici et là, une certaine magie. Sensation de perte, du temps qui passe, des saisons qui filent et dont il ne reste, au final, que des souvenirs épars, des impressions fugitives et à demi oubliées. Tout ces détails dont on se souvient des années plus tard et qui symbolisent à eux seuls tel ou tel période morte de notre vie. Vers la fin le morceau devient de plus en plus sombre, hanté, et gagne en angoisse.
Comme toujours avec SOSTRAH TINNITUSLES DÉBRIS DE L’ÉTÉ est un album tout en touches discrètes, en détails, mais qui laisse au final une impression de perte, de fuite, simplement le temps qui s’échappe, insaisissable, dans son aura de mirages et d’oubli.


L’ODORE DEL RAMO SPEZZATO
Beyond Productions, 2005




















1- Aamrita
2- Nenra Noor Khnori
3- Yesil Türbe
4- Nirmon Kafì
5- Annapurna


Cinq longs titres plutôt minimalistes, aux drones discrets, atonaux, avec parfois des bruits de métal, de coquillages, qui trouvent difficilement leur place et semblent plaqués un peu à l’improviste, comme sur Aamrita. Rien de transcendant(al) donc, comme pouvait le laisser entendre la thématique de l’album. On retrouve un tant soit peu, à la fin de ce premier titre, les ambiances brumeuses et sous-marines de A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA.
En fait les titres restent assez fades dans leur ensemble, il y a bien toujours à un moment ou un autre un passage plus agréable, comme la fin d’Aamrita, ou les dernières minutes de Nenra Noor Khnori, ou une certaine étrangeté gagne le morceau, mais cela ne semble hélas pas suffisant, à l’image de Yesil Türbe qui est sans doute le morceau le plus quelconque de l'album, longue suite de drones, de vrombissements anémiés, qui vont et viennent avec un certain ennui pour qui n’est pas fan de minimalisme.
On retrouve de nouveau avec Nirmon Kafì un peu de l’ambiance de LES DÉBRIS DE L’ÉTÉ ou de A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA, ce mélange parfois prenant d’atmosphère liquide, feutrée et grise ; quelques tintements, quelques percussions et autres bruissements lointains, font naître de la grisaille des drones une certaine ambiance, et le morceau parait moins lassant que les précédents.
Plus varié, plus sombre que les titres antérieurs, le long Annapurna (+18min) fait penser à l’une des compositions crépusculaire de TOM WHITE, et c’est là que l’on retrouve toute la poésie du meilleur de SOSTRAH TINNITUS, lorsqu’il parvient, avec un certain dépouillement, une brume tenace, à évoquer un monde englouti, la fin de l’été, l’odeur des moisissures après la pluie…
Gris, monotone, sans réelles variations – sauf sur le plutôt réussi Annapurna, bien sûr -, L’ODORE DEL RAMO SPEZZATO ne parvient jamais réellement à convaincre. Dommage, car à l’écoute de ce dernier titre, et du meilleur des autres albums, on sent que SOSTRAH TINNITUS a sa place bien à part dans le monde de l’ambient et du dark ambient, avec des œuvres feutrées et évocatrices.


CARAVANSERRAGLIO
Blade Records, 2005




















1- Smell Moisture After The Rain
2- Meadow Of Anemophilous
3- Il Cimitero Delle Tartarughe
4- Miramar
5- The Drowned City (Long Version)
6- Transcentral I
7- Transcentral II


Déjà présent sur LES DÉBRIS DE L’ÉTÉ, Smell Of Moisture After The Rain apparaît ici en une version identique, en revanche nous avons droit à une version (un peu) plus longue de The Drowned City, présent lui sur A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA chroniqué un peu plus bas.
Passé ces deux titres, les autres morceaux sont, à ma connaissance en tout cas, inédits.
Miramar est long morceau cristallin, à rapprocher peut-être des œuvres de THOM BRENNAN, pas désagréable mais sans ces petites touches propre à SOSTRAH TINNITUS qui font parfois la différence.
Forcément plus sombre avec un tel titre, Il Cimitero Delle Tartarughe semble presque fantastique, plein d’échos feutrés, pour un morceau qui est sans doute celui à l’ambiance la plus convaincante de l’album. Quelques jolies notes, discrètes comme il se doit, viennent parfois, notamment vers la fin,  troubler la surface opaque des marbres, les eaux noires des pierres tombales, de ce cimetière.
Transcentral I est un  long morceau de plus de 20 minutes, fait de lentes spirales de sons où se perdent des échos agonisants, des sonorités lacustres et oniriques. Le morceau reste malgré tout assez long… quoique…
On ne peut hélas dire la même chose du dernier titre, plus quelconque, proche en cela de l’essentiel de L’ODORE DEL RAMO SPEZZATO.


A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA
Mystery Sea, 2005



















1- Catherine Barometer
2- The Drowned City
3- Emak Bakia (Rainmirage)
4- Stop Watch (Submerged)
5- Dream With Clam-Diggers
6- In A Flash Of Lightning. Then A Damp Gust Bringing Rain
7- Astrolabe


Label dédié à l’océan, aux ambiances marines, un peu à la manière en son temps du Nautilus de Spectre, mais en une version beaucoup moins sombre, Mystery Sea évolue donc dans des eaux plus placides, parfois mystérieuses forcément, comme l’est A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA, qui apparaît légèrement plus évocateur que la production habituel du défunt label belge qui laissait plus facilement la part belle à de long drones brumeux, ponctués de rares remous.
A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA c’est un peu cet instant de calme relatif, trompeur, avant la tempête, un album crépusculaire, trouble, qui n’a évidemment pas la noirceur abyssale des évocations marines d’OLHON, mais là n’est pas le propos, et certains titres parviennent à évoquer, à susciter l’impression d’explorer un monde sous-marin (Emak Bakia (Rainmirage) ou The Drowned City), de survoler, dans la lueur incertaine des fonds marins, quelques ruines à demi recouvertes par le sable, les coraux et autres anémones à la chevelure  onduleuses.
Il nous faut attendre Stop Watch (Submerged) pour qu’un peu de lumière perce de ces profondeurs. A l’image de son titre, Dream With Clam-Diggers est un morceau étrange, tout en notes éparses, qui s’égarent et se perdent tour à tour ; un titre presque trop discret aussi par certains côtés, mais pas désagréable cependant. On aurait pourtant aimé, j’imagine, que les sons ne semblent pas aussi noyés, aussi indistincts.
Ambiance trouble, eaux remuant des débris d’algues, du sable, au-dessus d’un ciel chargé d’orage pour In A Flash Of Lightning. Et suit le presque onirique Astrolabe, fait de toute une suite de destinations inconnues, mystérieuses, que l’on n’a jamais osé prendre.
A l’image de l’œuvre de SOSTRAH TINNITUS, A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA est un album tout en retenu, mais qui arrive parfois à susciter une impression, à éveiller un souvenir, et même parfois à laisser notre imagination errer le long de ces titres brumeux et sous-marins. Ce qui, finalement, n’est déjà pas si mal.


PICCOLA MUSICA PER STAGLIENO
Penumbra, 2005




















1- La Neve D'estate Sull'ardesia Di Cornia
2- Elzeviro D'Albania
3- Piccola Musica Per Staglieno

Etrange morceau comme porté, au début, par des chants de baleines déformés, retravaillés, La Neve D'estate Sull'ardesia Di Cornia se fait ensuite plus calme, soumis à quelques craquements, à des éléments de field recordings, pour un morceau ambiant plutôt agréable.
Vient ensuite Elzeviro D'Albania : boucles expérimentales, violons et autres sons décalés qui ouvrent sur un titre ensuite plus ambiant, mais moins marquant aussi que le précédent. 
Tout en retenu, discret comme toujours chez SOSTRAH TINNITUS, Piccola Musica Per Staglieno est sans doute le meilleur morceau de cet album, plein de mélancolie, de craquements de vieux vinyles, de notes feutrées, qui rappellent certain moment du très jolie  SUMMER FEELINGS  de TOMASZ BEDNARCZYK
Un agréable EP d'environ 17min.


LIBELLVS ALCHEMICVS AEGYPTICVS
Opaco Records, 2007



















1- Dream Of Tarkowsky
2- Nel Teatro Il Drago Danzava A Mezzanottel
3- Handful Of Herzog
4- Syr. Libellvs Alchemicvs Aegypt
5- A Piedi Nudi Sul Tappeto Persiano (Pt 1)


Album au dark ambient méditatif, aquatique, perdu en quelques profondeurs introspective, LIBELLVS ALCHEMICVS AEGYPTICVS est un peu le A RAIN WATER STRATUM ON THE SEA seconde version, notamment sur Dream Of Tarkowsky. Court morceau sombre, marin et plein de remous, ce rêve de Tarkovsky pourrait évoquer la plupart des films  du réalisateur Russe, mais on songe surtout à STALKER (qui avait déjà, j'imagine, inspiré une très belle collaboration entre LUSTMORD et ROBERT RICH pour un album du même nom); STALKER donc et ces êtres interlopes, qui vivent en marge de ce monde, à son inquiétante lisière, et tout droit sorti du roman éponyme des frères Strougatski que Tarkovsky a adapté en  1979.
 LIBELLVS ALCHEMICVS AEGYPTICVS, c’est cinq morceaux parfois originaux, avec des moments étranges, comme la fin de Nel Teatro Il Drago Danzava A Mezzanottel, celle de Syr. Libellvs Alchemicvs Aegypt ou l’essentiel de A Piedi Nudi Sul Tappeto Persiano (Pt 1), le tout entrecoupé de passages plus tristes (notamment Syr. Libellvs Alchemicvs Aegypt ), tout endolori de rêves, de reflets fugaces.
La fin de Nel Teatro Il Drago Danzava A Mezzanottel rappelle les moments les plus mystiques de la très belle bande originale de DUNE, film de David Lynch souvent décrié, et que l’on doit à TOTO (je pense surtout au Prophecy Theme, écrit lui par BRIAN ENO).
Voilà donc 30 minutes de musique plutôt sympathique, on regrettera juste que la courte évocation d’Herzog (Handful Of Herzog) ne soit pas aussi intéressante que celle de Tarkovsky, car l’essentiel de l’album fonctionne plutôt bien, quelque part entre tristesse, rêve, métaphysique et noirceur imbibée de rares lueurs.

OPIUM / SOSTRAH TINNITUS
STAIN
Silentes Minimal Editions, 2011





















1- Stain I : Cochlea Staircase
2- Stain II : Clogged Rain Box
3- Stain III : South Central Aeolic
4- Stain IV : Pleniluvium


M.B. + SOSTRAH TINNITUS
CONCREDRONES
Korm Plastics, CD, 2013



















1- Sustained Tonality
2- The Ongoing Sounds
3- Drone Establishment 
4- Solenoidi 
5- Monophonic Effects 
6- Tempered Resonances 
7- Objects In Mirror Are Closer Than They Appear      

PARHELION

MIDNIGHT SUN
Cyclic Law, 2010





















1- Tunturia (Part II)
2- Midnight Sun
3- Polar Night
4- Echoes From A Restless Sea
5- A Lament For Whales
6- Interlude
7- Meditation Over Open Waters
8- The Transmission
9- Atmospheric Refraction
10- Beneath
11- Forgotten Outpost
12- Solitude

MIDNIGHT SUN est le premier album de PARHELION. Album dont le concept est né, comme souvent dans le dark-ambient, de la passion de son auteur, Ihor Dawidiuk, pour les paysages désolés de l’arctique (North de FALSE MIRROR, Endurance d’IREZUMI, etc…), et forcément, avec ce point de départ, il faut s’attendre à une musique sombre, lente, d’une beauté mystique et froide tel le second morceau, Midnight Sun, avec ses longues mélodies tristes, pleine de miroitements indécis, de lointains cliquetis, d’échos fondus dans un arrière-plan de souvenirs tout en clair-obscur, pour un morceau d’une grande douceur, d’une nostalgie et d’une tristesse prenante.
Et on retrouvera cette douceur onirique, cette beauté teintée de nostalgie tout au long de l’album, des spires fragiles, des mélodies voilées de Meditation Over Open Waters, aux abîmes délicats, aux arpèges lumineux,  de The Transmission, et ce, jusqu’à la conclusion, avec le majestueux Solitude.
En effet, la plupart des titres baignent dans cette ambiance, dans cette grisaille feutrée, comme A Lament For Whales, traversée par quelques lueurs fugaces, qui émergent de ses drones où se noient des mélodies presque indiscernables, et dont ne se dégagent que quelques notes éparses, avant que les drones tournoyants ne reprennent possession de l’espace.
La plus belle réussite de l’album reste sans doute le mélancolique et hypnotique Forgotten Outpost, d’une terrible nostalgie, d’une douceur rêveuse où se cristallisent tous les souvenirs douloureux et magnifiques qui font de nos vies autre chose que cet écrin gris et mensonger que nous montre le quotidien. 
Et si quelques titres ne rompent pas avec la production habituelle du genre, et font songer à certains albums peut-être moins prenant et sortis à la même période chez Cyclic Law, notamment Oneironaut de PSYCHOMANTEUMBlack Pyramid de AUN ou Leviathan Device de TRIANGULAR ASCENSION, MIDNIGHT SUN vaut par ces quelques titres rares, emprunt de tristesse, de mélancolie, comme Midnight Sun, Meditation Over Open Waters, The Transmission ou le magnifique Forgotten Outpost qui rappelle certain titres du fabuleux UNDERNEATH THE SPIRIT OF TRANQUILITY de NECROPHORUS ou quelques passages à la douceur mélancolique et attristée de DESIDERII MARGINIS.
Un album toujours triste, mélancolique, aux lointains reflets oniriques, mais aussi avec un je ne sais quoi de glacial, de désenchanté qui se glisse au sein des titres les moins lumineux, ceux où les rêves, la beauté, la tristesse semblent se figer, se transformer en quelque chose de plus irrémédiable (Beneath), même si ces derniers ne sont pas à classer parmi les plus envoûtants. Et si tous les titres n’ont pas cette beauté, car certains semblent plus gris, plus crépusculaires, comme Polar Night ou Atmospheric Refraction par exemple, ils finissent toujours baignés par quelques ondoiements oniriques vers la fin.
Un album ambiant, noyé dans la froide grisaille d’une vie qui s’étiole, d’un soleil crépusculaire s’attardant au dessus d’un paysage arctique, souvent triste, toujours gris, et parfois d’une grande beauté. Une œuvre symbolique et enchanteresse.


TEMPLES IN ICE
Kalpamantra, MP3/CDr, 2013



















1- Descending To The Depths
2- Reflections In Ice 
3- Within The Primordial Cathedral  

Un peu de field recording, des tourbillons de synthés, quelques bruits d'eau, de vent, des arpèges de guitare (la fin de Within The Primordial Cathedral ), quelques bruissements industriels et discrets, pour ces trois titres mystiques, évoquant une fois de plus la froide majesté du Nord, des icebergs élevés vers les cieux en des cathédrales de cristal passées au prisme du soleil de minuit. 
Jamais lassant ce TEMPLES IN ICE, un peu comme la lumière qui se reflète à la surface de la glace, qui la transperce et se perd en une multitude de scintillements. Des morceaux délicats, évocateurs, qui se perdent dans un ondoiement sans fin. Trois jolis titres faits d'un tissus de sons qui se chevauchent, se poursuivent et se complètent. On notera particulièrement la beauté de Within The Primordial Cathedral, digne des meilleurs moments de NORTHAUNT.
Seul regret : le tirage très (trop!) limité de ce CDr ! 
A écouter ou à télécharger sur la page bandcamp de Kalpamantra : 
http://kalpamantra.bandcamp.com/album/temples-in-ice


PARHELION & ZAC KEILLER
FARTHEST NORTH
Cyclic Law, CD + DVD, 2013




















 1- Sunless Sea
2- Perfect Desolation
3- Smokey God
4- Abode of Light
5- Opal Sky
6- In the Midst of Eternal Ice
7- Farthest North
DVD Farthest North

Dans la droite lignée de MIDNIGHT SUN ou de TEMPLES IN ICE, plus proche sans doute aussi de l’œuvre de PARHELION que de celle de ZAC KEILLER, généralement plus éclectique ou en tout cas plus ambiante, FARTHEST NORTH c'est un peu la bande-son d'un monde nocturne, glacé, au-delà d'un océan aux vagues ténébreuse (Sunless Sea) et où l'homme n'a plus sa place. On imagine facilement une ville du bout du monde, loin par-delà le cercle polaire, perdue dans les ténèbres glacées d'une nuit irréelle et où plus rien ne semble pouvoir vivre. On a vraiment ce sentiment sur Perfect Desolation, celui d'un monde désolée, battu par des tempêtes sans fin; mais un univers que l'on sent aussi peu à peu hanté par des puissances effrayantes. Un monde qui va devenir de plus en plus fantastique à mesure que le morceau progresse, comme si des choses rôdaient à l'extérieur, hurlaient et grondaient dans les tempêtes éternelles, et ce sentiment, cette quasi certitude, trouve son apogée dans le noir et fantastique Smokey God, où l'on a vraiment l'impression que ce Nord extrême ne fait plus vraiment partie de ce monde, qu'il est au-delà, et qu'avec cet univers de glace, nocturne, on pénètre dans un autre monde. 
Puis la lumière arrive soudain, avec Abode of Light. Lointaine d'abord, parcimonieuse, et on la sent briller sur la glace, s'y refléter et l'agiter de mille reflets, d'une magie tourbillonnante. C'est éphémère, bien sûr. Peut-être n'est-ce d'ailleurs qu'une aurore boréale ? Qui sait ? Puis avec Opal Sky on replonge dans une certaine étrangeté, toujours cet univers glacé, peuplé de rares fantômes, de silhouettes perdues dans le blizzard; mais la lumière, certaines notes cristallines, quelques arpèges de guitare, instrument fétiche de ZAC KEILLER, attisent quelques reflets encore hésitants, et c'est tout un univers qui se transforme sous nos yeux, qui s'éveille et revient à la vie. 
Et on replonge dans le Nord éternel avec In the Midst of Eternal Ice, morceau désolé, et relativement triste aussi sur la fin. Avec Farthest North, on attaque sans doute le plus beau titre de l'album, celui où toute l'étrangeté de ce monde nous est enfin révélée. Il faut quelques minutes de prélude, puis soudain toute cette beauté terrifiante, ce royaume de glace, hors du monde, prend forme sous nos yeux. D'une terrible nostalgie, d'une grande beauté, voici - une fois encore - le meilleur titre de l'album. 
Noir, désolé, magique, cristallin et envoûtant, FARTHEST NORTH est un album à ne pas manquer ; simplement parce que ses compositions sont le fruit de ce que l'on peut imaginer comme une passion commune pour le Nord, une lente maturation issue d'heures observations, de rêveries, de moments d'introspection, et parce que ses compositions sont à la fois d'une grande richesse et d'une simplicité d’exécution que seules des mélodies prenantes, évidentes, peuvent rendre attachantes. Superbe !

Quelques mots sur le DVD, seul point faible à mon avis de cet album. Rien à redire côté musique : il s'agit là d'une sorte de medley de différents morceaux de l'album, mais les visuels, en revanche, sont assez pauvres. Si l'on omet le début et la fin, avec ces plans plus ou moins fixes d'un océan aux vagues ténébreuses, inquiétant, le reste ne comprend que des images d'archives qui sentent un peu la poussière - sans que cela leur donne le moindre cachet d'ailleurs. Pas la peine de faire appel à un à certain James Wright pour obtenir un résultat aussi quelconque. Un peu décevant, mais bon, le CD est excellent alors tant pis.

Notons que le mixage de l'album a été réalisé par un artiste peu connu, hélas, RAFAEL ANTON IRISARRI, qui a lui même travaillé sur un album dédié au Nord, THE NORTH BEND, et à qui l'on doit aussi, parmi plusieurs autres albums de qualité, le très jolie et d'une grande sensibilité DAYDREAMING, à mon sens l'une des œuvres les plus abouties du compositeur (bien qu'il s'agisse de son premier CD/LP). 
http://rafaelantonirisarri.bandcamp.com/
Notons aussi que le très jolie ATLANTIS IS DEAD, de ZAC KEILLER, parmi d'autres œuvres (les trois EP de STAY, MIGRATION et VENTURE, par exemple, qui sont en téléchargement libre) peut être écouté ou téléchargé pour moins de 2€ à l'heure où j'écris ces lignes, à l'adresse suivante :
http://tryharddarkness.tumblr.com/post/6930485883/atlantis-is-dead
Et téléchargements libres pour les trois EP :
http://tryharddarkness.tumblr.com/post/6750905794/stay-venture-migration


SCHLOSS TEGAL

Formé à la fin des années 80 par Richard Schneider et Mark Burch, SCHLOSS TEGAL apparait d’emblée comme un projet audacieux, novateur, qui a, en compagnie d’autres pionniers du genre bien sûr, permis de donner forme à un dark-ambient naissant, aux contours encore instables et flous. Loin de s’enfermer dans un style, le projet évolue aux confins des musiques industrielles et expérimentales auxquelles les deux compères, en plus du dark-ambient, ont su apporter toute la noirceur et l’étrangeté de leurs réflexions. Le résultat est un mélange détonnant, grotesque et macabre, véritable métaphore d’une humanité qui se cherche et ne semble jamais vouer à se trouver, sinon au fond de quelque gouffre délétère. 
La thématique de SCHLOSS TEGAL est vaste : recherches sur l’au-delà, les extra-terrestres, la violence, la chair, nos rapports avec une science destructrice, un intérêt pour des savoirs parallèles décriés, une technologie qui apparait plus comme une forme de drogue que comme un progrès réel, sans parler de toutes les obsessions d’un monde qui va mal.
Le nom de SCHLOSS TEGAL vient d’un hôpital psychiatrique établi dans un château, quelque part à l’est de l’Allemagne, près de Berlin, et réputé pour soigner des vétérans entre 1937 et 1940.
L'emplacement où fut construit le château est connu comme un ancien lieu de culte d’un peuple oublié et sacrificateur qui fut exterminé par les romains. Ceux-ci, horrifiés par ce qu’ils avaient trouvé sur place, les passèrent tous au fil de l’épée avant de les démembrer et de les brûler en de vastes bûchers !
L’endroit connu, tout au long de l’histoire, de grands bouleversement (templiers, alchimiste, sorcellerie, guerre, hôpital psychiatrique, détenus politique…) mais avec toujours une constante : une nette propension à l’horreur, à l’obscurité et à la folie… SCHLOSS TEGAL !


PROCESSION OF THE DEAD
Tegal Records, 7 , 1989



















A-Procession Of The Dead
B-Dreamtime

On peut dire qu’avec PROCESSION OF THE DEAD, SCHLOSS TEGAL commence sa carrière avec brio ! Voici un titre sombre, rituel, et dont on ne se lasse pas. Cela tient essentiellement à cette voix de prédicateur dément, hululant, qui intervient tout au long du morceau et auquel on prête volontiers toutes les haines, les aveuglements et insanités de l’époque ! Un morceau qui s’inscrit à merveille dans la thématique de démonologie, d’hystérie et d’inquisition de THE SOUL EXTINGUISHED sur lequel le titre est ressorti, en une version rigoureusement identique, en 1991.
En revanche, Dreamtime, sans doute lui aussi plus rythmé que ce à quoi le duo nous habituera par la suite, reste malheureusement plus anodin et ne semble pas justifier l’achat de ce vinyle.


THE SOUL EXTINGUISHED
Tegal Records, LP, 1991, CD, 1997

























Part Pnakotik
1- The Brides Of Loudun
2- Immunde Spiritus
3- Cadaver Obedience
4- Procession Of The Dead
5- Autopsy The Animal
Part Ektopik
6- The Visitation
7- Adoration Of Teitan
8- Godvision
9- Malefacia

Sorti à l’époque où Cold Meat Industry, Old Europa Cafe et autres labels underground parfois éphémères, pressaient leurs premiers albums (STRATVM TERROR, MEGAPTERA, BRIGHTER DEATH NOW, MEMORANDUM, IN SLAUGHTER NATIVES…), THE SOUL EXTINGUISHED fait office de pionnier dans la musique industrielle telle qu’on la connaît aujourd’hui avec un CD qui sent le souffre, l’hérésie, et où l’on découvre déjà certains des thèmes fétiches du duo.
On commence avec l’affaire des possédées de Loudun, The Brides Of Loudun, appuyé par de nombreux samples, cris et dialogues, peut-être tiré du film de Ken Russell lui-même, sujet béni pour Richard Schneider et Mark Burch puisqu’il leur permet de confronter pêle-mêle démonologie, psychose, crises d’hystérie (manipulés à l’époque par un clergé peu scrupuleux), obscénités, chasse aux sorcières, inquisition et autres tortures propre à ces années troubles.
Même ambiance insane qui sent le succube et l’ectoplasme, toujours avec samples à l’appui, bribes de discours, voix et notes gémissantes comme offerte à la géhenne d’une musique sulfureuse, pleine de cris, de hurlements et d’éclats de voix, pour le bien nommé Immunde Spiritus.
Cadaver Obedience poursuit dans cette voie. Tout en échos, en voix démoniaques posés sur un arrière-fond instable de remous sonores, répétitifs et industriels des plus glauques.
Procession Of The Dead est sans doute le titre le plus marquant de l’album avec ces notes grinçantes et gémissantes, au-dessus desquelles plane une voix chantante de prédicateur. Les hurlements de la foule rendent cette procession des morts, ce pseudo chant dément et spectral, vraiment efficace. Tout simplement sinistre et envoûtant. Dommage que SCHLOSS TEGAL n’est pas réitéré l’expérience dans les albums suivants.
Autopsy The Animal est tout en échos de sons superposés et torturés, de notes à la limite du souffle, qui confèrent au morceau quelque chose de spectral et haineux qui clôt à merveille cette première partie.
The Visitation est un titre morbide et déréglé qui annonce une partie des œuvres futurs du duo : notes décalées, boucles répétitives de sons, des voix qui répètent toujours le même discours qui laisse une désagréable impression de menace ; une froideur toute scientifique, l’idée d’être le cobaye d’un monde voué à la folie expérimentale de quelques vivisecteurs insensibles et méticuleux. L’idée que pour avancer, la science n’a pas uniquement besoin de cadavre, mais d’êtres vivants.
Même impression avec Adoration Of Teitan, mais sans les voix et avec une musique qui rappelle Cadaver Obedience. Musique répétitives comme un mauvais rêve donc et dont on ne parviendrait pas à émerger ; musique clinique et se perdant dans les méandres d’une psychiatrie douteuse – douloureuse, qui s’affirme de plus en plus avec le maladif Godvision, lui aussi de plus en plus décalé, et là aussi à prendre comme une sorte de mauvais rêve cathodique, passant d’une chaîne, d’une fréquence à l’autre, comme un poste défaillant, mais avec pour constante cette impression de cauchemar qui se poursuit jusqu’au bout de l’album avec Malefacia.
Un premier album plutôt réussi pour SCHLOSS TEGAL, surtout lorsque l’on songe qu’il est sortit en 1991.




THE GRAND GUIGNOL
Artware Productions, CD, 1993




















1 Meatgaze (Gnillik)
2 The Cannibal
3 Anthropophagy
4 Black Dahlia
5 Hunting For Humans
6 Certificate Of The Wound
7 From The Light Into The Darkness
8 Look At The World
9 Watch Me Flop Around
10 Epilogue

Avec THE GRAND GUIGNOL, SCHLOSS TEGAL entre vraiment dans le vif du sujet, de ce qui fera le "fond de commerce" de l'œuvre du duo, à savoir psychopathologie (ici le "Psychopathia Sexualis" du Baron Von Kraft-Ebling), meurtriers en série, perversions sexuelles , ufologie, horreur de la chair, dégoût de l'existence, d’une humanité qui ne semble devoir évoluer que dans l’atrocité et la haine. Certes, là aussi, on sent chez SCHLOSS TEGAL, comme chez l’ensemble des projets morbides et sans concession d’une certaine forme d’industrielle noire et underground de l’époque (BRIGHTER DEATH NOW, ATRAX MORGUE, MEGAPTERA et autres MURDER CORPORATION), ce désir de choquer par n’importe quel moyen : images chocs et idées choquantes s’entremêlant en un carnaval d’horreurs et de grotesques qui semble devoir se suffire à lui-même. Pourtant, il paraît dommage que les sujets n’aient pas été poussés plus  avant, qu’ils n’aient pas l’élaboration méthodique et sans concession d’un bréviaire de Schopenhauer ou de tout terroriste contemporain de la pensée qui s’inscrirait en faute d’une société - d’une humanité - ne devant mener nulle part.
THE GRAND GUIGNOL fait évidemment référence au théâtre parisien qui ne survécut que de quelques années aux horreurs de la seconde guerre mondial, et qui reçut le coup de grâce dans les années 60, sans doute décrédibiliser par toutes les horreurs du monde rendu disponible pour tous par le cinéma.
Incroyablement trouble, glauque, à fort volume, THE GRAND GUIGNOL est un véritable bourbier de sons, de sonorités cauchemardesques et imbriquées en une apostasie douloureuse, un dégoût existentiel prononcé. Et même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur, SCHLOSS TEGAL a ce désir d’aller voir au plus profond de l’âme humaine, de plonger dans les cloaques insoupçonnés de l’esprit et de voir ce qui macère en ces profondeurs ténébreuses.
Rarement bruitiste (quoique Watch Me Flop Around n’en soit pas loin), mais plus industriel, expérimental et… nauséeux, comme le fourmillant Meatgaze, le sournois Anthropophagy proche des morceaux les plus dark ambient du MEGAPTERA (voire du DEUTSCH NEPAL) de la même époque, et on retrouve les cauchemars (forcément), les mauvais rêves récurrents de THE SOUL EXTINGUISHED, avec le réussi Black Dahlia ou l’aquatique et létal Hunting For Humans. Là aussi révélateur d’un dark ambient déjà au mieux de sa forme, et déjà distinct des courants industriels et ambiants de l’époque. On plonge dans la folie et les hurlements avec Certificate Of The Wound, on demeure à la limite du power-electronics avec The Cannibal, bref un album que Cold Meat Industry, à une certaine époque, aurait qualifié de sick food for sick minds
A découvrir…


ORANUR III "The Third Report"
Tegal Records, CD,1995 /CDr 2006
Artware Production, LP, 1995




















1- Oranur III
2- Dark Eyes
9- L5
4- Coital Affirmation
5- DOR Manifestations
6- Beyond The Wall of Sleep
7- Orop Desert EA 1954-1955
8- We Just Got Tired
9- You Can't Wake Up

Etrange mélange que celui du dérangeant et paranormal ORANUR III.
Etrange car traitant d’une figure controversée de la psychanalyse mondial, à savoir Wilhelm Reich, née en 1897 et mort en 1957 en prison aux USA après une existence assez chaotique. ORANUR III explore l’essentiel de l’œuvre de Reich et s’intéresse aussi bien à la théorie de l’Orgone (universal cosmic and biological energy) développé par celui-ci, qu’aux dernières années de ce personnage qui sillonna les USA, notamment le Nouveau Mexique, l’Arizona, en expérimentant dans le désert sur l’énergie cosmique et se passionnant pour l’existence des extra-terrestres. Sans parler du fait que Wilhelm Reich est l’un des pionniers de la sexologie… Personnage dérangeant donc, dérangé diraient ses détracteurs.
A cela, nous dit-on, vient s’ajouter le matériel suivant : voices from space, crop circle recordings, sex and orgasms, UFO encounters, abduction experiences, cattle mutilations… encore un jolie mélange de théories et de thèmes qui, s’ils ne semblent pas devoir être pris au second degré, s’y prête néanmoins très facilement. Détonnant mélange donc, comme souvent chez SCHLOSS TEGAL.
Alors qu’en est-il de la musique ? Et bien l’ensemble tient plus qu’honorablement la route. ORANUR III (Oranur du nom de « Orgonotic Anti-Nuclear Radiation », machine créée par Wilhelm Reich pour soigner le cancer… et qui semble avoir irradié certains de ses patients…) est en fait un très bon album de dark-ambient aux consonances cosmique et paranormal.
Un album aux titres lents, sournois, insidieux (Oranur III, L5 ou Beyond The Wall of Sleep) ; parfois plus rituel, comme sur Dark Eyes et ses samples de voix tirées – j’imagine – de témoignage sur les extra-terrestres (pale colorsdark eyes…).
Et on retrouve tout au long de l’album ce côté trouble, dérangeant, comme sur Coital Affirmation : un arrière-fond sonore d’un onirisme sournois, avec voix de femmes en plein orgasme, et autres samples de voix plus doctoraux, pour un morceau obscur et délétère comme un mauvais rêve (oui, je sais, c’est une constante dans l’œuvre de SCHLOSS TEGAL). Et on pourrait dire la même chose de DOR Manifestations. Forcément, puisque DOR signifie Deadly Orgone Radiation… véritable leitmotiv que cette ambiance complexe, d’un onirisme interlope, qui revêt toujours à un moment ou un autre, de part les samples, les dialogues, les sonorités inquiétantes, ce côté dégradant, mauvais, qui fait référence au bas instinct de l’homme (violence sexuel, meurtre, souffrance animal, etc.…)
Faut-il voir une référence à Lovecraft dans Beyond The Wall of Sleep ? Ou bien est-ce le chapitre de l’un des nombreux livres de Wilhelm Reich ? (qui finirent tout de même brûlés dans un incinérateur aux USA sur décision de justice…). En tout cas l’ambiance y est foncièrement paranormale, bien plus que sur BLACK STATIC TRANSMISSION qui devait sortir quelques années plus tard, en 1999. L’impression de plonger lentement dans un autre univers. L’Au-delà de Lovecraft, justement, ou certaines œuvres (hélas) méconnues de Rosny-Ainé (Un Autre Monde ; Dans Le Monde Des Variants) ou encore Clark Ashton Smith (La Lumière de l’Au-delà, Mutation Cosmique…). Un morceau des plus réussi donc.
Plus sombre, plus angoissant aussi, Orop Desert, qui marque les dernières années de recherches  de Reich dans le désert avant l’emprisonnement - et la mort.
Cosmique, dérangeant et paranormal…


















AUBE / JOHN DUNCAN / SCHLOSS TEGAL
THE MIND OF A MISSILE
Heel Stone Records, CD, 1996




















1- Schloss Tegal – Anti-Life Equation
2- John Duncan – Change
3- Aube – Bugs In The Circuits

Plus spatiale que d’habitude, Anti-Life Equation rappelle par certain côté BAD SECTOR (le plus récent KOSMODRON) et se démarque légèrement de l’œuvre habituelle du duo, sans être toutefois réellement incontournable.
John DUNCAN est un compositeur qui évolue essentiellement dans une forme  d'experimental sans concession, aux lointains relents industriels. On retrouve ici un mélange de drones, d’expérimentations sonores pour un titre assez peu convaincant, il faut bien l’avouer, en ce qui me concerne. Sans doute moins expérimental et décalé que PLEASURE ESCAPE et plus linéaire que RIVER IN FLAMES par exemple.
Pour qui ne raffole pas franchement des musiques purement expérimentales et bruitistes, le Bugs In The Circuits d’AUBE ne présente lui aussi qu’un intérêt très limité.
Il est vrai que l’œuvre de Nakajima Akifumi est multiforme, du field recordings plutôt sympathique de certains albums de la série MILLENIUM, en passant par le plus connu LE SYNDROME AQUATIQUE, le dark ambient expérimental de METAL DE METAL (entre autres), jusqu’aux expérimentations sonores parfois bruitistes comme CEREBRAL DISTURBANCE. On pourrait aussi citer des albums plus ambiants, comme certains des Reworks de Maurizio BIANCHI qui rappelle l'excellent SUMMER FEELINGS de TOMASZ BEDNARCZYK.

A noter, Anti-Life Equation a été repris sur NEOTERRIK RESEARCH en une version plus courte.


HUMAN RESOURCE EXPLOITATION
Noise Museum, CD, 1997
Tegal Records, CDr, 2006




















1 Toxified Systems Resistor
1a Remake Zero
1b Quantaplex
2 Electromagnetic Subliminal Implant
3 Batch Consignment
3a EEG Entrainment
3b Automated Elf Functions
3c Hallucination
4 Alternative III
5 The Power Process

Il faut effectivement écouter HUMAN RESOURCE EXPLOITATION à fort volume pour saisir le potentiel de chaque boucle de sons, comme cela est d’ailleurs conseiller sur le livret, sinon les morceaux peuvent sembler assez lassant. Notamment sur Toxified Systems Resistor, long morceau plutôt dépouillé, voire à la limite du minimalisme, n’étaient les nombreux samples de voix et autres dialogues qui émaillent ces quelques 30 minutes. On y retrouve le fameux We are using reality technology to detoxify all of the technologies, car HUMAN RESOURCE EXPLOITATION s’intéresse aux rapports entre l’homme et la technologie. Longue suite d’interrogations donc, plutôt pessimistes, comme on peut facilement l’imaginer lorsque l’on prend la peine de s’intéresser à nos rapports avec celle-ci, à la dépendance – inconsciente ou non, qui est la notre. Ainsi peut-on lire sur le livret : never forget that the humans race with the technology is like a drunk with a barrel of wine.  When this is disrupted mayhem is assured. (!)
Musicalement, la comparaison s’impose avec les albums précédents, avec THE GRAND GUIGNOL et ORANUR III, eux-mêmes beaucoup plus fourmillant, et le moins que l’on puisse dire, c’est que HUMAN RESOURCE EXPLOITATION parait plus contrasté, alternant des passages presque fade par certains côtés avec d’autres beaucoup plus marquant. On le constate dès le premier titre, émaillé de passages vénéneux, subtils, qui relèvent le propos et semble renouer avec ce côté paranormal et délétère qui traverse l’œuvre de SCHLOSS TEGAL. C’est particulièrement vrai au début et la fin du morceau qui semblent plus marquants ; les passages où interviennent les samples de voix, les longs discours ont trop tendances à éteindre la musique, à la reléguer dans un arrière-fond où elle semble s’étioler et perdre de son étrangeté.
Même constat pour un deuxième titre plus industriel, qui se complexifie lentement, et devient nettement plus intéressant dans sa seconde moitié, à l’instant où l’ambiance se développe, envahit l’espace. Assez proche d’abord des expérimentations sonores d’AUBE ou de Maurizio BIANCHO, le titre devient de plus en plus rituel, tout en gardant ce côté industriel et puissant : souffles répétitifs, couches de sons superposées, remous industriels des plus efficaces que l’on retrouve, avec la même efficacité, sur le dernier titre.
S’il manque parfois cette part de folie, d’angoisse, de surnaturel, qui remontait à la surface des albums précédents avec une régularité métronomique, HUMAN RESOURCE EXPLOITATION mérite néanmoins que l'on s'y intéresse car on y retrouve dans le premier titres les passages étranges, presque surnaturelles des albums précédents, et les deux titres suivants préfigurent les tourments industriels des albums à venir.
Petite précision, le CD ne comporte que trois titres, difficile donc de savoir à quoi correspondent les morceaux quatre et cinq… S’agit-il de subdivision supplémentaire à ajouter au dernier morceau ? Qui sait…

BLACK STATIC TRANSMISSION
Cold Spring, CD, 1999



















 
1- Black Static Transmission
2- Tachyon Bombardment
3- Toxified Systems Resistor #2
4- Blind Fault Upheaval (R'Lyeh Rising)
5- Necronaut
6- Terra-Insanium (The Overbeast)
7- Into The Quantaplex

Autre album à la thématique complexe, BLACK STATIC TRANSMISSION s’intéresse essentiellement à l’anti-monde, cet anti-monde qui doit bien exister quelque part, nous dit-on dans le livret intérieur, quelque part dans le royaume de notre expérience, bien que nous ne puissions le sentir ou le voir.
Then the anti-world would constitute a continuous spectral band of oscillatory waves of black static which exist not only on the plane of oscillation in the cosmic spectral band that we are not able to perceive.
Cet anti-monde est étroitement lié aux sons, aux fréquences : These stellar transmissions have targeted our world and continually transmit a cosmic message whose meaning has yet to be deciphered.]…[ It now appears to be more readily comprehensible that certain frequency bands of electromagnetic oscillation can constitute a bridge between the planes of ambient-space fields.
On comprendra donc mieux ce que sont ces BLACK STATIC TRANSMISSION, auxquelles il faut ajouter les voix EVP ou Electronic voice phenomena, c’est-à-dire des enregistrements de voix supposées venir de l’au-delà, et sensées avoir été enregistrées par le duo lui-même avec l’aide d’un certain EN LLEWELLYN, spécialiste en la matière.
L’anti-monde semble donc aussi hériter, pour une bonne partie au moins, de l’œuvre de Wilhelm Reich, et on y retrouve aussi des thématiques chères aux deux compères, telles que les énergies cosmiques et les rapports complexes, destructeurs, que l’homme entretient avec les technologies.
Black Static Transmission est un long titre bouillonnant, plein de drones instables, de voix surgies de nulle part, de bribes de dialogues, d’éclats industriels et de sons saturés qui traversent l’espace et forment une sorte de gestalt sonore, d’entité multiple et complexe, mais on ne pouvait pas attendre moins d’une thématique aussi complexe et ambitieuse.
Et une constatation s’impose, si les deux comparses cherchent à mettre en évidence l’existence, la possibilité d’un au-delà potentiel, de cet anti-monde, il faut bien avouer que cette vision semble bien sombre, presque infernal par certains côtés, et on se rend rapidement compte que dans ce flots de fréquences, d’énergie, ce bombardements cosmique, l’homme - l’âme ? - ne semble pas avoir réellement de place.
Rien de calme, d’apaisé, dans ces vagues de sons où se noient des voix d’outre-tombe, des bribes de phrases, et si la tension semble retomber à certains moments, ce n’est qu’un leurre, car elle garde ce côté surnaturelle et dérangeant. On retrouve un peu dans ce morceau la noirceur bouillonnante et industrielle des deux derniers titres de HUMAN RESOURCE EXPLOITATION.
Et s’il semble parfois manquer une certaine cohérence, une certaine unité dans ce titre sombre et angoissé, car la musique donne parfois l’impression de se perdre en des méandres inutiles, vagues, et abscons, cela ne l’empêche pourtant pas, au final, de laisser cette désagréable impression d’avoir – un instant au moins – regarder au fond d’un puits ténébreux et d’y avoir vu les formes obscures, les êtres égarés et douloureux d’un autre monde.
Le second long morceau va de Tachyon Bombardment à Into The Quantaplex.
Après le minimaliste Tachyon Bombardment qui ne présente qu’un intérêt limité, le second titre Toxified Systems Resistor #2 paraît déjà plus intéressant, plus varié, et plus dense que la première version présente sur HUMAN RESOURCE EXPLOITATION ; on y retrouve ce mélange d’industrielle, de sons mécanique et de voix (We are using reality technology to detoxify all of the technologies) qui ouvre sur des passages puissants et industriels.
Le meilleur reste cependant à venir, car les autres titres, dans leur ensemble, quoique parfois répétitifs, semblent beaucoup plus marquants. Par exemple le déluge industriel et rituel de Blind Fault Upheaval qui marque l’un des passages les plus vivants du cd, même si la version présente sur TERRA INSANUM s’avère meilleur, car plus élaborée.
Difficile parfois de faire le distinguo entre les titres, de savoir à quel moment se termine l’un et commence l’autre. Néanmoins si l’on excepte le plus bruitiste Terra-Insanium, la suite reste des plus intéressante, que ce soit le plus apaisé Necronaut (avec son sample de Black Sabbath ?), ou Into The Quantaplex et son mélange de voix religieuse et de bruissements industriels.
Plus sûr que le paradis, l’anti-monde vous attend...


LIVE AT THE ARSENAL
Tegal Records, CDr, 2001,2002,2005




















1 - Toxified Systems Resistor
a - Remake Zero
b - Quantaplex
2 - Black Satanic Transmission
a - Tachyon Bombardment
b - Blind Fault Upheaval (R'iyeh Rising)
c - Necronaut
d - Terra Insanum (The Overburst)
e - Into The Quantaplex 


Il est dommage de constater que l’ensemble des enregistrements lives de SCHLOSS TEGAL datent à peu près de la même époque, (plus ou moins 1999-2002) et – forcément – tournent autour des mêmes albums, enfin surtout de BLACK STATIC TRANSMISSION, et de la première version de Toxified Systems Resistor présente sur HUMAN RESOURCE EXPLOITATION. En dehors de ces deux albums (enfin surtout le premier si l’on excepte HUMAN RESOURCE EXPLOITATION  LIVE), il ne faut pas espérer entendre grand-chose, voire rien… Dommage pour ORANUR III, THE GRAND GUIGNOL ou les titres présents sur l’anthologie NEOTERRIK RESEARCH qui auraient tout simplement mérité d’y figurer, ou en tout cas avec plus de régularité pour les rares élus.
LIVE AT THE ARSENAL ne fait donc pas exception à la règle. On y retrouve l’éternelle première version de Toxified Systems Resistor et le Black Satanic Transmission déjà présent sur BLIND FAULT UPHEAVAL et BST LIVE. Le son n’est pas extraordinaire et, comme souvent avec les CDr, il est vivement conseillé de faire une copie lossless de l’album avant qu’il ne plante irrémédiablement… Dommage, il existe pourtant des CDr qui ne se bousillent pas au bout de quelques années.
Un enregistrement quelconque donc, où les sons manquent de nuances, ou tout parait écrasé (toute proportion gardé bien sûr…), et dont seuls les samples de voix semblent s’en tirer à bon compte. L’étrangeté des meilleurs moments de Toxified Systems Resistor est ainsi plus ou moins étouffée.
Par rapport à ce qui est noté sur le CD, Toxified Systems Resistor #2 apparait juste après Tachyon Bombardment. Le timing des morceaux n’est pas toujours le même et certains titres semblent assez différents, mais cela tient surtout à l’enregistrement qui privilégie certaines sonorités au détriment d’autres. Pourtant il existe des différences notoires, notons simplement, parmi d’autres, les drones lancinants et les notes aigues de Tachyon Bombardment qui relèguent les bombardements en arrière-fond. Le CD se termine aussi sur quelques secondes de techno…
Un album rare, mais pas indispensable pour ceux qui possèdent déjà BLACK STATIC TRANSMISSION ou HUMAN RESOURCE EXPLOITATION. On préférera les deux DVDr sortis chez Ars Morta Universum en 2002 qui bénéficient d’un meilleur son, sans parler de l’image…


TERRA INSANUM
Ars Morta Universum, DVDr, 2002













1 Technocore
2. Alternative III
3. Invitation To An Outrage
4. Toxified System Resistor #2
5 Blind Fault Upheaval
6 Necronaut
7 Terra Insanum
8 Into The Quantaplex

Technocore/Alternative III rappellent certains passages d’ORANUR III, des nappes crépusculaires de sons sur des remous et des vagues plus industriels.
Invitation To An Outrage est présent sur l’anthologie NEOTERRIK RESEARCH en une version assez proche, mais moins saturée par les samples de voix, et donc, meilleur en ce qui me concerne.
Black Satanic Transmission reprend en une version rigoureusement identique le second long morceau de BLACK STATIC TRANSMISSION (de Toxified Systems Resistor #2 à Into The Quantaplex). Identique, soyons franc, pas tout à fait, ici et là des sonorités additionnelles ajoutent une touche particulière à l’oeuvre, la rendant plus vivante, plus rythmée et renforçant son côté industriel. Comme sur Blind Fault Upheaval, Necronaut avec ses souffles ou Into The Quantaplex avec ses vagues circulaires de sons par exemple. Malgré tout, rien de particulier à signaler sur ce live qui, forcément, demeure assez statique.
La qualité d’image reste correct, mais franchement pas extraordinaire. Quant à la jaquette elle est inexistante, impression noir et blanc des plus minimaliste. Le DVDr déraille vite, et il vaut mieux en faire une copie le jour de l’achat, sinon on est sûr d’avoir des soucis et de ne plus réussir à lire quoi que ce soit, et ce, encore une fois, très rapidement…


BLIND FAULT UPHEAVAL
Ars Morta Universum, DVD, 2002













1- Toxified Systems Resistor
2- Black Static Transmission
3- Blind Fault Upheaval (R'Lyeh Rising) 

Enregistré live en 1999 lors du Black Static Transmission Tour, BLIND FAULT UPHEAVAL nous offre trois classiques de SCHLOSS TEGAL.
D’abord Toxified Systems Resistor, proposé en une version très proche de l’album, on pense aussi  à la version présente sur LIVE AT THE ARSENAL, mais avec des samples de voix plus soutenus. Black Static Transmission est lui présent en une version plutôt efficace et on termine avec Blind Fault Upheaval (R'Lyeh Rising).
Même recommandation pour ce DVDr que pour TERRA INSANUM (ou tout autre CDr de chez Tegal Records aussi d'ailleurs) : il vaut mieux en faire une copie le jour de l’achat (si ce n’est pas trop tard…), sinon on est sûr d’avoir des soucis et de ne plus réussir à lire quoi que ce soit assez rapidement…


NEOTERRIK RESEARCH
Cold Spring, CD, 2004




















1- Last Glint Of Consciousness
2- Zero Situation
3- Felgeschrei (Folkstorm ST Remix)
4- That Demon That Feeds On The Chaos Of Man
5- Collapse Of The Wave Function
6- Unsub (Insect Mind)
7- Technocore (Iteration X)
8- Anti-Life Equation: Auto-Special Doctrine / Strike Code Launch / Autonomous Killing Systems
9- Black Static Transmission
10- The Hidden Variable
11- Invitation To The Outrage (Reptilian Mind) 

Album au dark ambient marqué, noir, et aux ambiances fantastiques et sinistres, NEOTERRIK RESEARCH est à mon sens l’un des meilleurs albums de SCHLOSS TEGAL, d’ailleurs, hasard ou nom, NORDVARGR ne s’y est pas trompé avec Felgeschrei, remix signé FOLKSTORM qui pourrait figurer en bon place de l’infernal HELVETE.  
Fait étonnant donc, car NEOTERRIK RESEARCH est en fait une succession de morceaux tirés de compilations oubliées, rares et introuvables, voire aussi d’inédits comme le remix cité plus haut. Et pourtant, il y a une unité de ton dans cet album. On y retrouve ce côté trouble et surnaturel qui marquait certains titres d’ORANUR III. Peut-être manque-t-il un peu de la noirceur surnaturelle et industrielle de BLACK STATIC TRANSMISSION (encore que des titres comme Unsub (Insect Mind) ou The Hidden Variable génèrent cette impression de noirceur bouillonnante, d’au-delà chaotique que l’on retrouvait sur cet album), mais l’ensemble reste, de fait, plus proche d’un dark ambiant "classique" et hanté.
Les ambiances ont quelque chose de surnaturelle, Last Glint Of Consciousness, Collapse Of The Wave Function, et se perdent en vagues de sons indiscernables, sinistres et inquiétants, et virent parfois au cauchemardesque (le remix de FOLKSTORM et The Hidden Variable) ou, à défaut, au mauvais rêve avec Technocore (Iteration X).
La courte version de Black Static Transmission comporte elle aussi des EVP (Electronic voice phenomena) et ne respire pas non plus la joie de vivre. Une fois de plus, si l’anti-monde existe bien, et ce, malgré le death is not the end qui apparait en leitmotiv tout au long du titre, il exhale plus le chaos, la solitude et le désespoir qu’autre chose. Amis croyants, s’abstenir…
Invitation To The Outrage (Reptilian Mind) apparait ici en une version très proche de celle présente sur TERRA INSANUM, toutefois cette dernière, plus riche, moins marquée par les voix, semble meilleur. D’ailleurs, on peut lire sur la page discogs du CD que certains des titres apparaissent ici en des versions différentes de celles présentes sur les compilations. J’avoue, en dehors de THE MIND OF A MISSILE, ne posséder aucune des compilations originales. Peut-être cela vaudrait-il le coup d’y jeter une oreille ?....
On notera aussi le plus spatial Anti-Life Equation, qui rappelle certain titres de BAD SECTOR, parmi les plus ambiants, et déjà présent  - en une version plus longue – sur le trois pouces THE MIND OF A MISSILE évoqué plus haut. Cette version, plus recentré, semble aussi plus efficace et moins lassante que l’originale.
Indispensable.


THE MYTH OF MEAT
Waystyx, CD, 2006/Tegal Records, CD, 2008




















1 Death Car Display
2 Cannibal Communion
3 Urban Funk Campaign (Feraliminal Lycanthropizer)
4 Panic Man
5 Custom Slaughtering
6 The Long Pig
7 Mes' Haf I Resh
8 Butchermaster's Meal
9 Bind Torture Kill (BTK)

Album de dark industrial assez classique, aux consonances expérimentales, THE MYTH OF MEAT s’attache à comprendre les rapports de l’homme avec la viande, ou, de façon plus générale, avec la chair : on y retrouve pêle-mêle nourriture, torture, psychopathologie (les meurtriers en série). Vaste thème donc dont les accointances avec cette exploration des tréfonds de l’âme humaine cher au duo, semblent d’emblée évidentes.
We believe in torture and we will torture you, apparaît comme slogan sur le livret intérieur. Cela peut aussi bien s’appliquer à nos rapports avec les animaux de boucherie (en effet qui se soucie sincèrement de savoir comment un steak arrive dans son assiette) mais aussi la chair meurtrie : accident de voiture de Death Car Display (fascination de la chair blessée que l’on retrouve dans le roman de Jim G. Ballard, Crash, adapté au cinéma par David Cronenberg sous le même titre), de même que la violence bestial des tueurs en série. On pourrait étendre ce domaine de la lutte sanguinaire à la pornographie, mais aussi à la mode, capacité de chacun à vêtir ce steak pas cuit qui est le notre. Boulimie et anorexie ne seraient alors que les deux extrêmes de cette vision réductrice (ou non) de soi.
Malgré la richesse de cette thématique, il faut bien l’avouer, THE MYTH OF MEAT n’est pas le meilleur album de SCHLOSS TEGAL. Quelques morceaux sortent néanmoins du lot, comme Cannibal Communion ; forcément, avec un tel titre, on ne pouvait pas en attendre moins. Grinçant, gémissant, dérangeant, mélange d’industrielle répétitive aux consonances expérimentales, où l’homme, la bonté, se noient dans ce devenir de steak qui est le lot de tout être vivant (de l’asticot à la maladie, en passant par tous les prédateurs imaginables, de la simple bactérie aux autres carnivores, ou pire : l’homme lui-même).
Butchermaster's Meal, sans fioriture pourtant, est assez sinistre lui aussi. Urban Funk Campaign, avec entre autres leitmotiv, des samples répétitifs tel que : I don’t want to die… est un morceau rythmé, de plus en plus industriel vers la fin.
Mais l’album reste malheureusement très inégal ; certains titres sont nettement moins marquant, comme The Long Pig, morceau qui rappelle le DEUTSCH NEPAL  des début, et pas au mieux de sa forme, ou  les machineries de Panic Man qui, certes, sont stressantes, mais somme toute assez ennuyeuses aussi.  On pourrait aussi citer Bind Torture Kill.
D’autres titres, comme Death Car Display, Custom Slaughtering ou Mes' Haf I Resh, quoique pas inintéressants, semblent aussi très linaires, sans réelles variations, et très loin des bouillonnements létaux de BLACK STATIC TRANSMISSION.
On l’aura facilement compris, sans être mauvais bien sûr, THE MYTH OF MEAT n’est pas le meilleur album de SCHLOSS TEGAL, loin s’en faut d’ailleurs. Il lui manque le côté dérangeant et paranormal d’ORANUR III, la noirceur sinistre de THE GRAND GUIGNOL, ou les bouillonnements paranormaux et ténébreux de BLACK STATIC TRANSMISSION. Sans parler de la très bonne anthologie qu’est NEOTERRIK RESEARCH.
Dommage, tout y était...