Drones brumeux, longues plages grisâtres de sonorités qui se perdent, sans espoir, et tournoient dans un gouffre sans fin : SVARTSINN c'est un dark ambient gris et désespéré dont ne perce que la face morne d'une existence qui a perdu depuis longtemps tout espoir de voir la lumière.
Une musique pour les esprits noirs (SVART / SINN).
Une musique pour les esprits noirs (SVART / SINN).
DEVOURING CONSCIOUSNESS
Eibon Records, CD, 2002
1- Draped in Shadows
2- I Mørkets Makt
3- Livredd
4- The Dark Covet
5- Reaching Desolation
6- Devouring Consciousness
7- Withering Visions
8- Skumringen Skjuler Skogens Sorg
D'abord gris, les morceaux de DEVOURING CONSCIOUSNESS gagnent peu à peu en puissance, une force semble émerger de toute cette grisaille à partir de Livredd. L'âme se perd dans la nuit, l'horizon se bouche et la vie semble enfin nous révéler son véritable visage fait de ténèbres et de gouffres, où la lumière s'étiole irrémédiablement, où les soleils se dissolvent dans une apostasie douloureuse qui conduit toujours à l'obscurité.
On reconnait dans cet album tout le style d'une certaine forme de dark ambient scandinave, avec des titres tels que Livredd ou Skumringen Skjuler Skogens Sorg qui rappellent certains moment du premier CD de NORTHAUNT, forcément, dira-t-on, puisque Hærleif Langas fut celui qui "initia" sur sa demande Jan Roger Pettersen au dark ambient. On songe aussi, quoique dans un moindre mesure, à VINTERRIKET voire plus lointainement à ILDFROST. Et puisqu'il faut donner des éléments de comparaison, quelques titres, notamment les premiers de cet album, se rapprochent beaucoup de certains morceaux du black ambient austère de NORDVARGR (sur PYRRHULA ou MURKHR) mais aussi des premières œuvres de NEW RISEN THRONE.
Reaching Desolation est sans doute l'un des morceaux les plus représentatifs de ces ambiances désolées, mais pas lassantes, propre à SVARTSINN : mélange de synthés désenchantés, de grondements sourds, de drones glacés, qui donnent aux titres toute son atmosphère. Mais on pourrait aussi citer les grondements, les échos caverneux et autres ambiances souterraines et abyssales du titre Devouring Consciousness. Un jolie premier CD, certes très sombre, parfois trop feutré, mais qui exhale déjà tout le dégout d'une vie abhorrée, d'une vie qui nous montre sa face sombre, celle des heures noires et du désespoir, de ces instants où tout se fige et glisse dans le néant.
OF DARKNESS AND RE-CREATION
Cyclic Law, CD, 2003
1- As A Black Stone Monument
2- Entrance To Emptiness
3- Mind Dust
4- Towards The Dark And Cold
5- The Oblivious Faces
6- Of Darkness And Re-Creation
7- Wasteland Corridors
8- Tremors Within The Void
Video : Draped In Shadows
Un album gris, rampant, où des notes éparses, comme une mécanique secrète, viennent ponctuer de longs drones ténébreux, des plages de synthés vouées à la noirceur d'un horizon bouché (on songe à Entrance To Emptiness). Sans doute plus atonal aussi que DEVOURING CONSCIOUSNESS, ce second album sorti chez Cyclic Law laisse l'âme se perdre dans la grisaille d'un océan de sonorités mortes dont n'émergent, ici et là, que quelques grincements, des bruits confus, à demi étouffés, qui se perdent dans un arrière-fond dépressif (Mind Dust) dont ne parviennent à s'extraire que de rares notes spectrales, que l'on sent solitaires, à bout de souffle, et qui ricochent comme une morne litanie sur cet horizon gris. On pense parfois sur cet album au regretté KEROVNIAN (notamment aussi avec le dernier titre : Tremors Within The Void); mais le propos est moins fantastique et plus désolé. Ici aussi des choses grattent, remontent, et l'on ne sait pas ce qu'elles sont ni d'où elles viennent. Tout ce que que l'on sait, c'est qu'elles finiront par nous trouver. Comme le vide et les ténèbres qui forment la thématique récurrente de cet album - de l’œuvre de SVARTSINN.
L'eau, la pluie, s'invitent au début de Towards The Dark And Cold, discrète, derrière des drones glacés, et l'on retrouve les notes mélancoliques de pianos du premier album qui rappelait, entre autre, le NORTHAUNT des débuts. Pas d'envolées ici bien entendu, mais des morceaux tout en abîme et en solitude, avec ce qu'il faut d'échos, de bruits, de grondements sourds, pour que l'ensemble ne sonne pas creux et ne génère pas l'ennui, mais devienne l'expression d'un dégout existentiel marqué. Quelques beaux passages quand même, comme la fin de Towards The Dark And Cold.
Quant à Draped In Shadows, présent sous forme de vidéo sur la première édition de OF DARKNESS AND RE-CREATION, il s'agit - musicalement parlant - de la même version que sur le premier album agrémentée ici d'images sombres et dépressives.
TRACES OF NOTHINGNESS
Cyclic Law, CD, 2003
1- Traces Of Nothingness
2- No Passage To The Innermost...
3- Lost In Reveries
4- Misanthropic Odyssey
5- Through Apathetic Eyes
6- All The Colours Are Fading
7-...But The Fire Burns No More
8- Emptiness Is Form
Moins linéaire que OF DARKNESS AND RE-CREATION, ce troisième album de SVARTSINN poursuit son voyage dans les ténèbres, le néant et la solitude.
Quelques notes désolées sortent de l'abîme gris de jours sans fin, des grondements, des synthés lointains (Traces of Nothingness), quelques bruits d'eau, des mélodies lugubres (No passage to the Innermost...) et il n'en faut pas plus pour plonger l'âme au fond du gouffre. Et à ce titre, Mysanthropic Odyssey est sans doute l'un des meilleurs moments de TRACES OF NOTHINGNESS.
Après un début presque épique et sinistre, le titre prend forme,
s'étoffe, se pare de toutes les nuances du dégoût. Les bruits, les
grincements du début du morceau rappellent parfois LITHIVM ou WHERE. Sans doute l'un des moments les plus riches, les plus travaillés et les plus variés de l’œuvre de SVARTSINN.
Souffles, grondements souterrains pour Lost in Reveries,
et de rares notes perdus dans un océan gris et tourmenté. Après une
mélodie désolée, tout se termine dans un brouillard sonore. Les longues
plages de synthés désolées de ...But The Fire Burns No More rappellent ici et là VINTERRIKET.
Plus abouti que que les précédents albums, plus évocateur aussi, TRACES OF NOTHINGNESS
a su trouver le parfait équilibre entre des drones discrets, des bruits
étouffés, des souffles moribonds et les rares mélodies exsangues qui
traversent cette musique du bout de l'âme.
ELEGIES FOR THE END
Cyclic Law, 2CD, 2009CD 1:
1-1 Vemod
1-2 September Dirge
1-3 And Time Will Erase
1-4 Torchbearer, Kill The Light (Collab. with Dahlia's Tear)
CD 2:2-1 Lost In Reveries (Reconstructed By Triarii)
2-2 Traces Of Nothingness (Kammarheit Mix)
2-3 Livredd (Letum Mix)
2-4 All The Colours Are Fading (Life Toward Twilight Mix)
2-5 Lost In Reveries (Gustaf Hildebrand Mix)
2-6 Wasteland Corridors (Tenebrious Mix)
2-7 As A Black Stone Monument (New Risen Throne Mix)
2-8 But The Fire Burns No More (M. Griffin Mix)
2-9 Misanthropic Odyssey (Visions Mix)
2-10 No Passage To The Innermost (Hovmod Mix)
ELEGIES FOR THE END
Lent, pesant comme un ciel bas d'hiver, comme le marbre d'une tombe, ELEGIES FOR THE END est un hommage à ce qui n'est plus, à ce qui va disparaître, se fondre dans les ombres grises du souvenir cher à l'écrivain allemand Hans Theodor Storm. Un hommage à tout ce qui, irrémédiablement, va disparaître dans les brumes d'un passé dont plus personne ne se souviendra, comme des visages qui s'efface un à un sur une vieille photographie. Un album lent, solennel, tout en souffrance retenue, en longue notes de synthés étirées.
Il y a quelque chose de triste, de méditatif, de douloureux dans les
morceaux de cet album, quelque chose de déréalisant aussi, comme si
cette musique, ce qu'elle évoque, ne faisait déjà plus partie de ce
monde, mais avait glissé de l'autre côté, rejoint le cortège des ombres.
A moins que ce ne soit le néant ? Comme un noir bouillonnement au-dessus des eaux noires du temps, Vemod s'étire, formant quelques reflets éphémères, vite dilués dans les notes éplorées de synthés.
Et à chaque titre, on sent que tout va bientôt disparaître, que cette élégie est la dernière, et que, bientôt, tout aura était oublié. Qu'il n'y aura plus personne pour se souvenir. Que le temps, effectivement, effacera tout.
Plus douloureux, plus triste aussi, September Dirge est d'une beauté intemporelle, un peu à la manière de certains titres de DESIDERII MARGINIS ou de LAND.
En revanche, à partir de And Time Will Erase, il y a quelque chose de plus spectral, un note plus inquiétante, comme si on était déjà passé de l'Autre Côté. Presque fantomatique même, vers la fin de Torchbearer, Kill The Light, écris en collaboration avec DAHLIA'S TEAR.
Seul regret, ce premier CD ne fait que 30 minutes.
REMIX
Jan Roger Pettersen peut-être fier d'avoir inspiré, avec autant de succès, ses condisciples, les "esprits noirs" du dark ambient. Un second CD de remix donc qui tient ces promesses, avec quelques faiblesses bien sûr, mais qui propose, dans la même thématique, des morceaux riches et variés, allant de la reprise épique, habité, de Lost In Reveries faites par TRIARII, au très jolie All The Colours Are Fading de LIFE TOWARD TWILIGHT (voix de femmes, cris de mouettes perdus dans le lointains, tout un univers de bruissements et de remous qui agitent l'espace et le transforme), jusqu’au jolie remix de Misanthropic Odyssey fait par VISIONS. Ce dernier nous propose sans doute l'un des plus beaux remix de l'album, pour un titre qui baigne dans la grisaille, lent, désolé, mais - chose rare dans le genre - avec juste ce qu’il faut de subtilité dans la recherche des sons, des grincements et autres sonorités éphémères, pour qu'il reste captivant du début à la fin.
GUSTAF HILDEBRAND n'est lui non plus pas en reste, là aussi avec une reprise de Lost In Reveries cosmique et hantée; un jolie morceau où les sons tourbillonnent, se perdent dans l'éther, la nuit, et déchirés par des samples de voix. Moins connus, M. GRIFFIN et HOVMOD ne sont pas non plus en reste. D'abord M. GRIFFIN avec But The Fire Burns No More, moins volontairement obscur que la plupart des autres remix, et par la même presque lumineux - mais d'une lueur entraperçue au fond d'un abîme existentiel - ce titre, à la manière de certaines œuvres ambiantes de VINTERRIKET (comme l'original de SVARTSINN d'ailleurs parut sur TRACES OF NOTHINGNESS), baigne dans une sourde tristesse qui ne le quitte pas jusqu'à la fin. HOVMOD ensuite, avec un titre noir, lugubre, plutôt efficace là aussi. A ce propos, dommage qu’aucun album de ce projet ne soit sorti à ce jour.
Les autres projets, quoique peut-être plus faible, ne sont pas en reste, surtout le remix de LETUM. KAMMARHEIT propose un morceau assez proche de ces deux albums sortis chez Cyclic Law; un titre dépouillé, qui retrouve assez fidèlement l'esprit de SVARTSINN. Quoique très classique aussi, le remix de NEW RISEN THRONE n'est pas désagréable non plus. Le morceau le plus faible reste peut-être celui de TENEBRIOUS, car - exercice difficile - basé uniquement sur des grondements, des souffles et autres échos sourds, sans aucun autre motif particulier.
Un très bel hommage à l’œuvre de SVARTSINN.
1- If Only My Heart Were Stone
Jan Roger Pettersen peut-être fier d'avoir inspiré, avec autant de succès, ses condisciples, les "esprits noirs" du dark ambient. Un second CD de remix donc qui tient ces promesses, avec quelques faiblesses bien sûr, mais qui propose, dans la même thématique, des morceaux riches et variés, allant de la reprise épique, habité, de Lost In Reveries faites par TRIARII, au très jolie All The Colours Are Fading de LIFE TOWARD TWILIGHT (voix de femmes, cris de mouettes perdus dans le lointains, tout un univers de bruissements et de remous qui agitent l'espace et le transforme), jusqu’au jolie remix de Misanthropic Odyssey fait par VISIONS. Ce dernier nous propose sans doute l'un des plus beaux remix de l'album, pour un titre qui baigne dans la grisaille, lent, désolé, mais - chose rare dans le genre - avec juste ce qu’il faut de subtilité dans la recherche des sons, des grincements et autres sonorités éphémères, pour qu'il reste captivant du début à la fin.
GUSTAF HILDEBRAND n'est lui non plus pas en reste, là aussi avec une reprise de Lost In Reveries cosmique et hantée; un jolie morceau où les sons tourbillonnent, se perdent dans l'éther, la nuit, et déchirés par des samples de voix. Moins connus, M. GRIFFIN et HOVMOD ne sont pas non plus en reste. D'abord M. GRIFFIN avec But The Fire Burns No More, moins volontairement obscur que la plupart des autres remix, et par la même presque lumineux - mais d'une lueur entraperçue au fond d'un abîme existentiel - ce titre, à la manière de certaines œuvres ambiantes de VINTERRIKET (comme l'original de SVARTSINN d'ailleurs parut sur TRACES OF NOTHINGNESS), baigne dans une sourde tristesse qui ne le quitte pas jusqu'à la fin. HOVMOD ensuite, avec un titre noir, lugubre, plutôt efficace là aussi. A ce propos, dommage qu’aucun album de ce projet ne soit sorti à ce jour.
Les autres projets, quoique peut-être plus faible, ne sont pas en reste, surtout le remix de LETUM. KAMMARHEIT propose un morceau assez proche de ces deux albums sortis chez Cyclic Law; un titre dépouillé, qui retrouve assez fidèlement l'esprit de SVARTSINN. Quoique très classique aussi, le remix de NEW RISEN THRONE n'est pas désagréable non plus. Le morceau le plus faible reste peut-être celui de TENEBRIOUS, car - exercice difficile - basé uniquement sur des grondements, des souffles et autres échos sourds, sans aucun autre motif particulier.
Un très bel hommage à l’œuvre de SVARTSINN.
NORTHAUNT / SVARTSINN
THE BORROWED WORLD
1- If Only My Heart Were Stone
2- Ashes Of The Late World
5 commentaires:
Salut! Je te suggère écouter quelques morceax de "black ambient", comme Moevot, Satanicum Tenebrae et Darkness Enshroud. C'est un peu different du genre habituel, avec exortations satanistiques, c'est plus macabre dans ce sens.
J'ai aimé beaucoup ton blog, et pardonnez mon français!
Je connais un peu Darkness Enshroud, j'aime bien Unveiled Ghostly Shadows et surtout Totentaz.
En revanche, je ne connaissais pas du tout les deux autres projets. J'ai réussi à écouter quelques morceaux de Moevot qui semble, en effet, très dérangeant. Je poursuis les recherches pour Satanicum Tenebrae.
En tout cas, merci pour les conseils !
Pas de problème : ton français est bien meilleur que ce que les français écrivent en général sur les blogs !
Juste un petit mot pour te dire merci et t'encourager à poursuivre l'énorme travail fourni sur ce blog. Bravo pour toutes ces découvertes et redécouvertes. Ce site est une véritable référence !
Juste un petit mot pour te dire merci et t'encourager à poursuivre le travail fourni sur ce blog. Bravo pour ces analyses fines et complètes, qui m'ont permis de découvrir (ou redécouvrir) de nombreux artistes. Et donc d'acquérir leurs albums. Ton site est, à mes yeux, une véritable référence.
Merci pour ces encouragements. Ça fait vraiment plaisir à lire. En tout cas j'essaye de faire pour le mieux ; je manque souvent de temps pour mettre les articles à jour, pour en écrire d'autres... Généralement un petit mot, comme le tien, et çà repart !
A bientôt
Enregistrer un commentaire