AGHAST

LE REGNE DES SORCIERES…



Ensorcelante et dépressive, l’œuvre d’AGHAST reste à ce jour un symbole de noirceur jamais égalée.
Né à cette époque où Cold Meat modelait le dark industrial et le dark ambient au gré de ses découvertes (Raison d’Être, Deutsch Nepal, Memorandum, In Slaugter Natives…) l’œuvre des funestes sorcières, Nacht et Nebelhexë, demeure un modèle du genre. Voix dépressives, ululements de désespoirs, synthés d’une noirceur de catacombes…

HEXEREI IM ZWIELICHT DER FINSTERNIS
(Cold Meat Industry) 1995

1- Enthrall
2- Sacrifice
3- Enter the Hall of Ice
4- Call from the Grave
5- Totentaz
6- The Darkest Desire
7- Das Irrlicht
8- Ende

Unique en son genre, « Hexerei im Zwielicht der Finsternis » nous convie à une noire séance de sorcellerie.
La courte introduction « Enthrall » révèle déjà tout ce qui nous attend avec ces quelques notes inquiétantes perdus dans un brouillard de sons hypnotiques.
Puis le terrible et dépressif « Sacrifice » débute, véritable hymne à la mort, œuvre suicidaire et rituelle qui ne laisse aucune place à l’espoir : synthé nauséeux, fluctuant, d’une grisaille absolue, chant douloureux…
« Enter the Hall of Ice » débute avec les mêmes harmonies sombres et hantées, synthés minimalistes mais véritablement efficaces, auxquels s’ajoutent des soupirs venus des profondeurs d’un sous-bois, des geignements de sabbat, des ululements de sorcière plongée dans une extase rituelle… Si jamais œuvre a su évoquer la noirceur du sabbat…c’est bien celle-ci ! Mais on sent aussi percer, toujours percer, de morceau en morceau, une noirceur pesante et nihiliste, un désespoir sans bornes…
« Call from the Grave » poursuit cette exploration ensorcelante et noire. Mélodies planantes, saturniennes et inquiétantes, voix éplorée et gémissante. Des grondements se mêlent parfois à cette terrible incantation.
Suit « Totentaz » avec ses roulements de tambours au-dessus desquels une polyphonie de cris, de geignements et de hurlements, s’entremêlent en un rituel de folie et de possession…
Vient ensuite le plus ambiant « The Darkest Desire». Grondements lointains, drones imprécis, sons erratiques, où surnagent tristement quelques voix à demi éteintes…
Rires de sorcières tirés des Innocents, film de Jack Clayton pour « Das Irrlicht ». De nouveaux les voix hantées, les grondements, les incantations…
Gris et tristes, inquiétants et ensorcelés comme l’ensemble de cet album…
Et enfin « Ende », étrange, plein de voix et d’échos moribonds, avec son violon désaccordé, qui conclut l’album.
Dérangeant et superbe, « Hexerei im Zwielicht der Finsternis » est l’histoire d’un suicide au cœur d’une forêt nocturne, alors que tout proche, dans une vieille église en ruine, se tient une curieuse messe noire, une invocation à quelques démons du mal et du désespoir…

LA SUITE....
HAGALAZ' RUNEDANCE, NEBELHEXE, AGHAST MANOR, NACHT, NCHT...

Séparées à la fin de cet album, Nacht and Nebelhexë poursuivirent chacune de leur côté leurs expériences musicales.
Nacht avec son propre projet (aujourdhui NCHT) et Nebel (Andrea Haugen) avec Hagalaz’ Runedance, ce dernier s’orientant plus vers un néo-folk païen, plongeant dans les racines de la mythologie scandinave, prônant le renouveau de ses traditions. Hagalaz’ Runedance mort, Andrea Haugen poursuivit ensuite sous son le nom de Nebelhexë, avec un projet qui s'éloignait alors de plus en plus des origines noires et tourmentées d'AGHAST (guitares, ambiances pop/gothic etc.)...
Il faut attendre 2012 pour que Nebel se rapproche de nouveau des ambiances de ses débuts avec AGHAST MANOR, sorte de compromis entre ses œuvres personnelles et sa collaboration avec Nacht.
Gaslight, premier album d'AGHAST MANOR, s'il n'atteint pas la noirceur désolée d'Hexerei im Zwielicht der Finsternis, reste malgré tout un album aux ambiances crépusculaires, presque fantastiques par certains côtés, et au néo-classicisme plus marqué mais toujours hanté. Ici la voix de Nebel se situe dans la droite lignée d'Hagalaz' Runedance, ce qui, malgré une certaine beauté, contraste avec les gémissements, les hululements et autres envolées mortuaires et douloureuses d'AGHAST et dessert sans doute aussi le propos. Bien entendu, le projet se rapproche sans doute volontairement de quelque chose de plus classique, et ne recherche pas nécessairement la noirceur dépressive des débuts, même si, une fois de plus, GASLIGHT demeure malgré tout assez sombre.
Un bon album donc, même si on peut regretter de n'y retrouver que par bribes le somptueux Hexerei im Zwielicht der Finsternis...

En fait la poursuite de l’œuvre unique d’AGHAST tient actuellement en deux morceaux de Nacht, tous les deux présents sur les compilations Cold Meat.

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...NACHT...

- Svartsinn in « The Absolute Supper » CMI 50

Véritable hymne nihiliste et noir, délaissant quelque peu le côté ensorcelé d’AGHAST pour une œuvre au rythme glacial, aux mélodies sinistres, et au chant plus désespéré et névrosé que jamais. Ce titre semblait alors bien prometteur… Surtout que CMI nous faisait espérer la parution prochaine d’un CD…

- Death Posture in « Flowers Made of Snow » CMI 130 qui s’éloigne soudainement de l’esprit d’AGHAST et du titre « Svartsinn ». « Death Posture » est plus une sorte de morceau expérimental qui annonce la réorientation musicale à venir...

Ce dernier titre est sorti en 2004 ; depuis aucune nouvelle de Nacht. Pourtant, Roger Karmanik semblait à chaque fois laisser entendre la sortie prochaine d'un album. Mais Nacht, alias Tania Stene, semble à présent s’orienter vers des sortes de collages sonores, de click’n’cut expérimentaux. Tant mieux pour le genre, dommage pour les fans d'AGHAST qui semble bien définitivement enterré…
Si quelqu’un connait la relève tant attendue…

Discographies : http://www.discogs.com
Nebelhexë : http://www.nebelhexe.com/
http://www.myspace.com/officialhagalazrunedance
Tania Stene : http://www.myspace.com/ncht