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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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ORDEAL



Projet ayant connu une existence assez brève : 1996 – 2002, ORDEAL n’aura eu le temps que de nous gratifier de deux albums : « Traumende » et « Malan », évoluant chacun dans des styles radicalement différents – sinon opposés !
ORDEAL est le projet de Gabriele Santamaria, auquel il faut ajouter quelques musiciens additionnels, au moins sur « Traumende », le premier album. Notamment Maurzio Landini (H.P.P.), comparse de cet autre défunt projet de qualité : I BURN (3rd Degree Burns Ambience, Ipertermia…).

TRAUMENDE
Eibon Records 1997



1. Traumende
2. …A rift
3. The Never Raiser
4. Clouding
5. Dune
6. Bliss
7. As Without Light
8. Alle Sabbie
9. Opaque
10. Mirror of Glares
11. The Capitulation of the Clouds
12. Ultima Speme

Le sort d’ORDEAL semblant définitivement scellé, c’est avec un certain regret que l’on réécoutera le très beau “TRAUMENDE”, album évoluant entre le dark-orchestral et l’ambient instrumentale. D’autant plus triste que peu de groupe on réussit, avec autant de succès en tout cas, sur ce chemin de traverse qui a pourtant le mérite d’évoluer entre un style de composition plus classique, guitare, batterie, synthé, et l’ambient qui ne travaille (ou presque) qu’avec les machines.
« Traumende » est le premier titre et nous plonge tout de suite dans la magie de cet album. Quelques arpèges discrets de guitares, terriblement nostalgiques, et des synthés empreints de mélancolie qui se mêlent aux boucles de sons, aux samples d’instruments modifiés, déformés, un peu à la manière de Troum, d’Aidan Baker, ou du défunt Maeror Tri, mais de façon beaucoup plus discrète bien sûr. Le tout se mêlant en une parfaite osmose, créant une unité de sons, une harmonie délicieusement triste. Et curieusement, le mérite d’ORDEAL avec cet album, c’est de nous faire presque oublier les différents instruments qui composent chaque titre, au profit d’une musique ambiante terriblement nostalgique qui se dégage de ce mélange de sons.
« …A rift » poursuit dans cette voie. Guitare, piano, percussions, qui se noient dans une ambiance trouble d’automne dépérissant. La magie tient à ce mélange d’arpèges, ces harmonies sombres et oniriques de synthés, les boucles presque hypnotiques de sons, et ici la jolie voix de soprano de Novella Bassano. Quelque part entre rêve éveillé et souvenirs douloureux…
Plus rythmé, « The Never Raiser » réutilise ce mélange hypnotique d’arpèges de guitare, de boucles de sons, de mélodies répétitives, de percussions qui forment un tout curieusement envoutant.
« Clouding » est une simple mélodie de piano dont le mérite est de ne pas être lassante, malgré ce côté répétitif que l’on retrouve parfois dans certaines bandes originales.
Franchement envoutant « Dune » a quelque chose de rituel, d’hypnotique ici aussi dans l’utilisation des boucles sonores, des arpèges, de la guitare électrique parfois saturée, mais aussi dans la lourdeur menaçante de certains passage ne laissant la place qu’aux synthés et aux percussions. On recherche rarement la guitare dans ce style de musique, même si - comme chez Desiderii Marginis - elle s’intègre parfois bien à la musique, et pourtant, ici le résultat et franchement réussi.
« Bliss » est plus en demi-teinte ; moins fort certainement que les premiers titres, mais il n’en garde pas moins une certaine puissance évocatrice.
« As Without Light » est un morceau purement ambiant, assez proche des morceaux que Canaan intercale entre chacun de ses titres à la darkwave dépressive. Agréable, mais sans originalité, et n’atteignant pas non plus le pouvoir évocateur des autres titres.
Retour à la musique rituelle, aux boucles hypnotiques de piano, d’arpèges, de synthés, rythmés par des percussions discrètes avec « Alle Sabbie ». Ici aussi la voix de soprano de Novella Bassano intervient, mais plus grandiloquente, et en arrière-fond.
« Opaque » est sans doute le morceau ambiant le plus réussi, proche d’un dark-ambient sournois, abyssale, fait d’échos bourdonnants, de mélodies graves et superposées, de sonorités noires et oppressives.
« Mirror of Glares » est un autre morceau ambiant, plus insidieux, plus étranges que « As Without Light », sans doute grâce aux samples de voix, mais toujours en-deçà des autres titres.
Retour à l’envoutement rituel avec « The Capitulation of the Clouds »… plein de chuchotements…
« Ultima Speme » n’est pas le meilleur des titres de l’album ; assez fade en fait, il nous présente ce que « TRAUMENDE » aurait pu être sans cette touche de magie si particulière qui anime l’essentiel des titres : quelques instruments jouant sur une mélodie triste au milieu de synthés, de samples divers et de boucles, avec ici et là une jolie voix.
Voilà donc un fort bel album dont on aurait aimé qu’il est un digne successeur…

Malan
Eibon Records 2002



1. An Xtraordinary Popular Delusion
2. Malan
3. 0 Number Needed To Treat
4. Graduale
5. One Haiku in Halfsleep
6. Waiting, One Empty Dish And A Dead Clock
7. Just the Same Logic Aside
8. Season 2
9. Amazon Phalanx 2.0

Présenté à l’époque par Eibon Records comme drastiquement, dramatiquement, complètement, extrêmement différent de « Traumende », « Malan » est effectivement... un peu de tout celà à la fois !
Sorte d’album minimaliste et ambiant, il faut faire abstraction du premier CD pour le découvrir. Et même si certain titres, répétitifs, minimales, ne présente sans doute qu’un intérêt limité, « Malan » abrite dans ses replis les plus secrets quelques morceaux originaux.
Une mélodie plus que discrète, deux ou trois craquements, des percussions minimales, et voici « An Xtraordinary Popular Delusion » premier titre de l’album. Il est vrai qu’après « Traumende » le choc peut être brutal. On songe ici à certains albums de Cordell Klier sortis sous son propre nom pour ce côté épuré, les craquements et autres clicks & cuts, mêlés de quelques sonorités diffuses.
Le livret nous dit que : No keyboards or traditional sequencing have been used on this record. Les sons proviennent de samples divers, de guitares retravaillés à en être méconnaissable ainsi que de différents bruits enregistrés. S’il est toujours difficile de créer un morceau de la sorte, il faut bien avouer que pour un résultat aussi minimaliste, Gabriele Santamaria aurait simplement pu utiliser n’importe quel son de synthé, quelques samples bien choisis, plus une vulgaire boîte à rythme et le tour aurait été joué…
Cette méchanceté énoncée, il faut bien avouer malgré tout que, le choc passé de la première écoute, le CD se révèle attachant. Bien entendu, il ne contentera que ceux qui aiment ce genre de musique minimale, sorte de low-fi ambient aux sonorités profondes, parfois troublantes. Mais on trouve rapidement une unité aux morceaux, une certaine profondeur, voire même noirceur comme avec le trouble « Graduale » qui révèle toute la richesse des sons utilisés pour certains morceaux de cet album, étranges, insidieux, vibrant de façon inquiétante.
On retrouve un peu de I BURN, mais à un stade larvaire, beaucoup plus feutré que dans « 3rd Degree Burns Ambience ».
Si les trois premiers morceaux sont plus anodins, répétitifs et proche de l’expérimentation, l’album décolle avec « Graduale » et poursuit sur cette note avec « One Haiku in Halfsleep ». Autre morceau en demi teinte, trouble, presque lumineux vers la fin, et aux mélodies feutrées mais rampantes, plein de raclements, de cliquetis, et plus proche de certaines formations classiques de dark-ambient. On reste ici assez proche des morceaux ambiants de « Traumende » mais avec une richesse de son plus marquée.
Retour au minimalisme avec le titre suivant : quelques notes de piano, des samples discrets de voix, un vague fond sonore…
Plus travaillé en revanche « Just the Same Logic Aside » commence comme un morceau de dark-ambient souterrain, devenant peu à peu plus expérimental, mais sachant garder jusqu’à la fin une part de mystère et de noirceur.
Franchement minimal, répétitif et expérimental, « Season 2 » rappelle de nouveau Cordell Klier ou même Nordvargr avec « I End Forever » sorti sous son nom d’Henrik N. Björkk et relativement différent de ses productions habituelles.
« Amazon Phalanx 2.0 » commence de façon assez rituelle, parfois décalé, et propose de jolis passages rythmés, des breaks à l’étrangeté marquée.
Malgré quelques morceaux qui pourront sembler à certains plus faibles – et je suis de ceux-là – « Malan » demeure un album atypique (comme l’était aussi « Traumende » à sa manière) au charme feutré, aux mélodies insidieuses, qui retiendra malgré tout l’attention des rares adeptes de ce genre de musique.

http://www.myspace.com/ordeal1996

2 commentaires:

MB a dit…

Je suis sure...

Sylwen a dit…

Merci pour ton intérêt, Mario !