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...musiques obscures, funèbres, oniriques et dépressives ...
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DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES

DARK, BLACK AND HAUNTED SOUNDSCAPES
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IREZUMI

IREZUMI est le projet de Manuel Mesdag, connu aussi pour des œuvres plus techno, mais qui nous livre ici, avec Endurance, un superbe album d'ambient profonde et mystique, d'une beauté complexe et... rare... 
Le CD est sorti dans un jolie digipack chez Snwoblood, le label de Nicolas Faure, d'Asmorod.

ENDURANCE
Snowblood, 2008



















Untitled 1 à 10


Endurance est l’expression d’une quête désespérée, d’une aventure humaine poussée à l’extrême, sorte d’envolée mystique et sombre qui symbolise à elle seule la lutte inégale et perpétuelle de la vie contre la mort, en ces immensités glacées, blanches, où les âmes noires des hommes ne cessent de se perdre. Car Endurance est un hommage à l’expédition de Sir Ernest Shackleton dont la traversée du Pôle Sud fut un échec, en 1914, échec du point de vue de ces objectifs de départ, puisque, à l’exception des chiens de traineaux et du chat mascotte du navire, abattu par l’équipage sur ordre de Shackleton, tous survécurent après 22 mois de souffrances dans cet enfer blanc, poussés par cette rage de vivre, de survivre (1).
Il y a quelque chose d’intemporel dans cette musique, quelque chose qui fige l’instant, le retient, le rend éternel et sacré, comme ces œuvres dont on sait, avec une certitude sans faille, qu’elles sont en connexions directes avec l’âme. Endurance est cet instant sublime, tragique, où l’âme demeure brut, loin des contingences futile de l’existence, face à l’infini, face à ce Dieu cruel qu’est la Nature – la Vie, alors que jamais, elle n’a été aussi proche de la mort.
Mais loin d’être grandiloquent, tous les tourments de l’âme sont exprimés dans ces morceaux avec une surprenante retenue, comme dans Untitled 3, d’une calme tristesse, d’une terrible fatalité ou Untitled 2, enivrant avec ces boucle de voix, ce chant égaré et intérieur d’une âme poussée dans ces derniers retranchements, là où les futilités, les querelles bénignes, sont balayées, car il ne reste plus que l’âme mise à nue, seule, au milieu des immensités – seul face à Dieu, un Dieu immense et blanc, un Dieu glacé et dont il ne faut attendre aucune aide - alors, finalement, n’est-ce pas là une belle métaphore existentielle ?
Citons aussi le fabuleux Untitled 4 : I will not let them – bloody – die ! L’âme prend son envol, l’individu s’efface devant son destin, devant la pureté de ces aspirations, devant ce désir frénétique de vivre, de survivre, d’aller jusqu’au bout de ce combat inégal, qui semble perdu d’avance, comme toute vie est vouée à la mort par définition.
On est proche du sacrifice quasi religieux présent dans l’œuvre de Tarkovski, l’homme, l’individu s’efface devant son destin, devant la portée de son message, il n’est plus que ce sacrifice d’une âme qui, pour un instant dans sa vie, s’éloigne de cet océan de fange qu’est l’existence.
Après être monté en un crescendo mystique, la tension semble presque retomber avec Untitled 5, mais ce n’est qu’une illusion, beau, magique et pur, ce titre est la succession logique des premiers morceaux, et d’ailleurs, aucun des titres suivants ne laissera retomber cette tension mystique et tragique qui traverse l’album. Comme dans Untitled 8 : plein de souffrance, d’âme, de douleur et d’humanité.
Calme, magnifique et terrifiant à la fois, Endurance est un album qui, au travers de son ambient profonde, presque onirique et surtout mystique, sait exprimer tous les conflits d’une âme mise à nue par la rigueur des éléments, par une situation extrême, et nous permet ainsi, au-delà de sa douceur apparente, de saisir les drames intimes de l’esprit égaré en ces solitudes. Tous les conflits ouverts ou secrets qui ont pu opposer ces hommes, les doutes, la souffrance de l’âme et de la chair, dans cette prison blanche.
Et justement, face à l’omnipotence de la chair, d’une pensée sclérosée par des sociétés diverses, opposées, mais qui se retrouvent dans la médiocrité et la haine, Endurance nous montre que, parfois, la chair s’efface, disparait, guidée par le souffle impondérable de l’esprit.
Si Dieu n’existe pas, parfois, au travers de rares œuvres, on peut en rencontrer le fantôme.

(1) Rendons ici hommage aux 69 chiens, et à Mrs Chippy, le chat de l’expédition, abattus par les membres de l’équipage, bien que, à ce qu’il semblerait, la nourriture n’est jamais réellement manquée. Car bien entendu, comme toujours chez l’homme, il lui faut mêler à sa folie, à sa démesure, des animaux quand ces semblables ne lui suffisent pas…



















A noter, les dernières copies de ce chef-d'œuvre sont disponibles chez Deep Audio.






































Merci Nicolas ;)

3 commentaires:

Nicolas a dit…

de rien ;)

Dagon a dit…

Merci de m'avoir fait découvrir ce cd: la musique est sublime. Il faut que je me renseigne sur les autres prods de snowblood. Encore merci

Sylwen a dit…

Merci pour ce sympathique message. Snowblood devrait prochainement sortir un album de Chrysopée :

http://www.facebook.com/snowblood.rec
http://www.facebook.com/chrysopee.music